les éducateurs ou <strong>au</strong>tres professionnels, qui battent ou maltraitent les enfants enten<strong>de</strong>nt les« redresser ». De nombreux parents conduisent parfois eux-mêmes leur enfant récalcitrant<strong>au</strong>près d’un instituteur ou d’un agent <strong>de</strong> police afin qu’il le corrige même si les ONG font<strong>au</strong>jourd’hui un gros travail <strong>de</strong> sensibilisation <strong>au</strong>près <strong>de</strong> ces groupes. La société entière estcomplice <strong>de</strong> ce phénomène banalisé <strong>au</strong> Bénin (notamment les exploiteurs et trafiquants, lespatrons, les enseignants, les parents, les prêtres v<strong>au</strong>dou, les agents <strong>de</strong> police et <strong>de</strong> l’armée,etc.).Par ailleurs, <strong>au</strong>cune sensibilisation sur les alternatives possibles <strong>au</strong> châtiment corporeln’existe. Certaines certitu<strong>de</strong>s ont la vie dure comme le fait <strong>de</strong> penser qu’il est peut être dansl’intérêt <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> le « frapper avec pédagogie » c’est-à-dire par exemple <strong>de</strong> le taper,même faiblement, pour lui faire comprendre ses erreurs, sa place dans la commun<strong>au</strong>té,certaines valeurs et normes sociales, pour lui apprendre à ne pas mentir ni voler ni trahir etbien retenir ses leçons. Ainsi, la thèse selon laquelle le châtiment corporel ne <strong>de</strong>vrait pas êtrebanni d’office existe même <strong>au</strong>ssi parmi quelques représentants d’ONG. Dans les pratiquescoutumières, le châtiment corporel est d’abord perçu comme un moyen d’éduquer les enfants,c’est un mo<strong>de</strong> préparatoire à un environnement physique et psychologique hostile.En pratique, malgré l’interdiction d’utiliser le châtiment corporel contre les élèves, il continued’être utilisé dans les écoles sans être découragé. Les enseignants souvent n’intègrent pas <strong>de</strong>démarche pédagogique lorsqu’ils donnent <strong>de</strong>s cours <strong>au</strong>x élèves. La formation <strong>de</strong>s enseignantsest véritablement insuffisante <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue. A cet égard, une formation très ponctuelle<strong>de</strong>s ONG existe, même s’il apparaît, selon ces <strong>de</strong>rnières, que les éducateurs ne semblent pasvraiment convaincus par la pertinence <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> sensibilisation. Lechâtiment corporel <strong>de</strong>s enfants est même une c<strong>au</strong>se d’absentéisme à l’école car <strong>de</strong>s enfantsont peur <strong>de</strong> leur instituteur ou professeur. L’école reste basée sur le modèle colonial, selonlequel les enseignants blancs n’hésitaient pas à battre les enfants <strong>au</strong>tochtones. Des enseignantsconsidèrent encore que, sur le modèle colonial, un bon maître doit taper ses élèves. Malgrél’indépendance du Bénin <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies, ce schéma perdure et se transmet car lesenseignants actuels ont été <strong>de</strong>s élèves battus qui reproduisent une métho<strong>de</strong> d’apprentissagesans la remettre en c<strong>au</strong>se. Malgré <strong>de</strong> nombreuses sensibilisations, be<strong>au</strong>coup d’enseignants nesont pas convaincus du bien fondé <strong>de</strong> l’interdiction du châtiment corporel.32
6. Protection contre l’exploitation économique (article 32 CRC) 266.1. LégislationIl existe une législation en la matière qui visent à établir un certain nombre <strong>de</strong> garanties contretoutes les formes d’exploitation économique <strong>de</strong>s enfants, notamment les Conventions BIT 138et 182, le Co<strong>de</strong> du Travail et plusieurs arrêtés interministériels.Le Co<strong>de</strong> du travail béninois établit l’âge minimum d’accès à l’emploi à 14 ans et interdit letravail <strong>de</strong> nuit pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 14 ans ainsi que certains trav<strong>au</strong>x pénibles et établitun repos obligatoire entre 21h et 5h. Par dérogation, un âge minimum pour les trav<strong>au</strong>x légersest abaissé à 12 ans. 27 Une liste <strong>de</strong> ces trav<strong>au</strong>x <strong>au</strong>rait dû être déterminée par les <strong>au</strong>toritésbéninoises mais elle n’a pas encore été établie à la date <strong>de</strong> rédaction du présent rapport (finmars 2006). Par contre une liste <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x susceptibles <strong>de</strong> nuire à la santé, la sécurité ou lamoralité <strong>de</strong>s enfants a été établie par l’arrêté n°132/MFPTRA/MSP/DC/SGM/ DT/SST du 2novembre 2000 : « Il est interdit d’admettre <strong>de</strong>s jeunes travailleurs <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> dix-huit ans àprocé<strong>de</strong>r en marche, sur <strong>de</strong>s transmissions, mécanismes et machines comportant <strong>de</strong>s organesen mouvement, à <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> visite ou <strong>de</strong> vérification, ainsi qu’à <strong>de</strong>s opérationsd’entretien telles que : nettoyage, essuyage, époussetage, graissage, applications d’adhésifs, àmoins que <strong>de</strong>s dispositions appropriées ne les mettent à l’abri <strong>de</strong> tout contact avec les organesen mouvement. Il est également interdit d’employer ces jeunes travailleurs <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> dixhuitans dans les loc<strong>au</strong>x, ateliers ou chantiers où fonctionnent <strong>de</strong>s transmissions, mécanismesou machines, lorsque <strong>de</strong>s dispositifs appropriés ne sont pas mis en place pour empêcher unaccès direct :1) <strong>au</strong>x organes <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> transmission tels que : courroie, câbles, chaînes, bielles,volants, roues, arbres, engrenages, cônes ou cylindres <strong>de</strong> friction, cames, coulisse<strong>au</strong>x ;2) <strong>au</strong>x pièces faisant saillie sur <strong>de</strong>s organes en mouvements, telles que vis d’arrêt, boulons,clavettes, bossages, nervures. »Un <strong>au</strong>tre arrêté ministériel fixe le poids maximum <strong>de</strong>s charges qu’un enfant puisse porter,traîner ou pousser.Par contre la législation ne définit pas clairement les conditions <strong>de</strong> la participation ou non <strong>de</strong>senfants à <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x souterrains ou sous-marins, <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x dans lesquels il est fait usage <strong>de</strong>matériels explosifs ou fulminants, <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> mines et <strong>de</strong> substances inflammables.6.2. Des conditions <strong>de</strong> travail inhumaines pour <strong>de</strong>s enfantsLa pratique va à l’encontre <strong>de</strong>s règles en vigueur et la mise en œuvre effective <strong>de</strong>s garantieslégales n’est pas envisagée, principalement à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’inexistence <strong>de</strong> contrôles réguliersd’inspecteurs du travail dans les secteurs où travaillent <strong>de</strong>s mineurs.Il se trouve qu’un nombre important d’enfants travaillent encore dans les plantations <strong>de</strong> coton,manipulent <strong>de</strong>s produits pestici<strong>de</strong>s et insectici<strong>de</strong>s, sont contraints à travailler dans le secteur26Voir <strong>au</strong>ssi Trafic, placement et travail <strong>de</strong>s enfants à l’adresse Internet suivante :www.<strong>de</strong>veloppement<strong>benin</strong>.org/traficenfant.php .27 Exception prévue par la Convention 138 elle-même.33