constitue en <strong>au</strong>cun cas un examen médical détaillé, ni ne révèle l’absence d’humiliation ou <strong>de</strong>harcèlement psychologique éventuel.La détention est très loin d’être considérée comme une mesure <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier ressort, surtout dansles villes, et on a même l’impression qu’elle est parfois envisagée avant toute <strong>au</strong>tre mesure.C’est ce qui ressort <strong>de</strong> la proportion importante <strong>de</strong> mineurs en détention préventive pour <strong>de</strong>sinfractions parfois peu graves (vol simple, fr<strong>au</strong><strong>de</strong> électorale, etc.). C’est ce qu’illustre le cas<strong>de</strong> ce jeune poursuivi pour fr<strong>au</strong><strong>de</strong> lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières élections prési<strong>de</strong>ntielles. Un jeune <strong>de</strong> 14ans s’est présenté le dimanche 5 mars 2006 avec une carte d’électeur falsifiée. Il a été arrêté etle Parquet a requis qu’il soit placé en détention préventive. Le juge <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong>vant ledécalage entre la mesure <strong>de</strong> prévention requise par le Parquet et l’infraction a été tenté <strong>de</strong>refuser la détention préventive mais il a pensé qu’en pério<strong>de</strong> d’élections il pourrait être accusé<strong>de</strong> faire le jeu du parti politique qui avait envoyé l’enfant et, par pru<strong>de</strong>nce, il a préféréaccepter la détention préventive même si l’enfant <strong>de</strong>vait être jugé dans les quelques jours quisuivent.De même, la durée <strong>de</strong> la détention varie be<strong>au</strong>coup. Si elle peut être relativement courte danscertains cas, dans d’<strong>au</strong>tres (notamment quand le juge est surchargé, ce qui paraît récurent) ellepeut s’avérer particulièrement longue comme ce jeune en détention préventive à la prison <strong>de</strong>Cotonou <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 4 ans. Néanmoins, lorsqu’un tribunal condamne un mineur à unepeine privative <strong>de</strong> liberté, il prend en compte la pério<strong>de</strong> passée en détention préventive et lemineur peut être relâché dès la fin du procès si la condamnation à la peine privative <strong>de</strong> libertéest égale ou inférieure à la durée <strong>de</strong> la détention préventive.10.3. Le droit d’accès à l’assistance juridique, psychologique, médicale,sociale pour les enfants détenus ou risquant <strong>de</strong> l’êtreL’ article 18 alinéa 2 <strong>de</strong> la Constitution béninoise établit le droit <strong>de</strong> tout prévenu ou détenu <strong>de</strong>se faire examiner par un mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> son choix. Ce principe v<strong>au</strong>t pour toutes les personnes ycompris les enfants. En pratique, la mise en œuvre <strong>de</strong> ce droit est quasi-inexistante.10.4. Le droit <strong>de</strong> faire appel d’une décision privative <strong>de</strong> libertéLorsqu’une mesure privative <strong>de</strong> liberté est décidée par un juge ou un tribunal, le mineur ouses parents ont la possibilité <strong>de</strong> contester la légalité <strong>de</strong> la décision en faisant appel <strong>au</strong>prèsd’une juridiction supérieure. Cependant, en matière pénale, il n’existe pas <strong>de</strong> juridictionspéciale d’appel pour les mineurs. De tels recours sont considérés par la Cour d’Appel <strong>de</strong>droit commun.10.5. La réinsertion <strong>de</strong>s détenus à leur sortieIl n’y a pas <strong>de</strong> suivi, ni <strong>de</strong> réinsertion ou <strong>de</strong> programme <strong>de</strong> réadaptation prévu par lalégislation ou mis en œuvre par les <strong>au</strong>torités, même si dans les faits le Centre National <strong>de</strong>S<strong>au</strong>vegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Enfance et <strong>de</strong> l’Adolescence (CNSEA) y contribue en proposant unapprentissage. Certaines ONG peuvent s’occuper <strong>de</strong>s enfants (ou <strong>de</strong>s jeunes adultes) quisortent <strong>de</strong> prison et faciliter leur réinsertion notamment par l’apprentissage.48
11. Réadaptation et réinsertion <strong>de</strong>s enfants victimes (article 39CRC)11.1. La réparation pécuniaire <strong>de</strong>s victimesIl est possible d’obtenir un droit à réparation <strong>au</strong>près <strong>de</strong> la Cour constitutionnelle mais même sila victime ou sa famille réussit à obtenir gain <strong>de</strong> c<strong>au</strong>se <strong>de</strong>vant la Cour constitutionnelle et quecelle-ci lui octroie un droit à réparation, le système juridictionnel administratif béninois est telqu’il n’existe pas <strong>de</strong> mécanisme contraignant les <strong>au</strong>torités responsables à payer un montantdécidé par la justice.Lors du procès contre une personne responsable <strong>de</strong> violences contre un enfant ou <strong>de</strong> violation<strong>de</strong> ses <strong>droits</strong>, le tribunal juge l’<strong>au</strong>teur selon la procédure ordinaire (si l’<strong>au</strong>teur est un adulte)mais les débats ont lieu à huis clos lorsque l’infraction commise sur le mineur est <strong>de</strong> nature àporter atteinte à sa dignité.11.2. La réinsertion sociale <strong>de</strong>s victimesCette activité reste encore principalement à la charge <strong>de</strong>s ONG.49