36 | <strong>Guide</strong> <strong>climatique</strong> de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> et du <strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong> | Etude de cas : L’Indonésie Etude de cas : L’Indonésie | <strong>Guide</strong> <strong>climatique</strong> de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> et du <strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong> | 37Etude de cas :L’IndonésieLes catastrophes n’épargnent jamais lesindonésiens. Cet archipel de 17 000 îles,l’Indonésie a, au cours des dix dernièresannées, connu un nombre croissant decatastrophes naturelles fréquentes. Selonles statistiques gouvernementales, il y aen moyenne 2,7 catastrophes par jour endouze mois.Le réchauffement de la planète a déjà faitses premières victimes et le pire reste àvenir. Pour Palang Merah Indonésie (PMI),la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> indonésienne, l’intégrationdes changements <strong>climatique</strong>s dans lapréparation aux catastrophes et les programmesde réduction des risques fondéssur la communauté continue dans l’urgence: faire face aux défis d’aujourd’hui etréduire les vulnérabilités.L’Indonésie est de plus en plus vulnérable à l’impactdu changement <strong>climatique</strong>. Le réchauffement de laplanète menace d’élever le niveau de la mer etd’inonder les zones agricoles côtières. L’augmentationdes températures, a raccourci la saison despluies, intensifié les précipitations et prolongé les sécheresses.Les inondations graves menacent égalementla sécurité alimentaire et la santé et mettent endanger les habitats et les moyens de subsistancedes communautés côtières.Telles sont quelques-unes des conclusions d’unrapport du département de consultation de l’institutleader de recherche indonésien Pelangi Indonésie,financé par la Banque mondiale et le Départementbritannique du développement international (DFID).Il faisait ainsi suite à un avertissement du ministreindonésien de l’Environnement Rachmat Witoelarselon lequel le pays pourrait perdre plus de 2000îlots d’ici 2030 à cause de l’élévation du niveaudes mers.Pelangi Indonésie, un organisme indépendant quiconseille le ministère, est émoussé. Le phénomènedu changement <strong>climatique</strong> touchera des millionsd’Indonésiens, soit en leur obligeant à se déplacer,soit en détruisant les zones agricoles, industriellesou des zones de pêche sur lesquelles leurs moyensde subsistance et leur prospérité dépendantes. Lecontrôle des inondations et les systèmes d’égoutsseront submergés, entraînant ainsi davantage demaladies d’origine hydrique et la perturbation desactivités commerciales et des réseaux de transport.Pour faire face au réchauffement de la planète, uneforte détermination et des programmes d’action sontnécessaires. Le défi auquel la Fédération internationale,la PMI et d’autres parties prenantes sontconfrontées est l’intégration des mesures d’adaptationaux efforts de réduction des risques de catastropheet aux programmes de santé et de soins. Lescommunautés à risque devraient être classées prioritairespour la préparation et la prévention. L’adaptationau changement <strong>climatique</strong> et l’action au sein dela communauté peuvent à la fois traiter les préoccupationsactuelles et réduire la vulnérabilité future.Les coûts des catastrophesL’Indonésie connaît une saison sèche et une moussond’est (de juin à septembre) et une saison despluies accompagnée d’une mousson d’ouest (de décembreà mars). Les températures restent élevéestout au long de l’année et il y a très peu de différenceau fil des mois.Il est un des pays les plus exposés aux catastrophesdiverses dans le monde. Selon le <strong>Centre</strong> de recherchesur l’épidémiologie des catastrophes (CRED), il ya eu plus de 100 inondations majeures au cours dusiècle dernier, 85 tremblements de terre et 46 éruptionsvolcaniques.Ces catastrophes, en particulier les inondations, ontde graves conséquences économiques. Les inondationsqui ont couvertes une large région de Javaouest et de Banten en février 2007, ont déplacésprès d’un demi-million de personnes ou sans abri.Le commerce et les systèmes de télécommunicationsont été perturbés pendant plusieurs semaines,causant des dommages économiques d’un montanttotal de plus d’un milliard de dollars américains.La revue annuelle 2006 du CRED sur les statistiquesdes catastrophes a placé l’Indonésie première dela liste régionale des pays sinistrés. Les donnéesmontrent également qu’il y a eu une forte augmentationde la fréquence des inondations qui ont représenté59 pour cent de toutes les catastrophes decette année.« Au cours des dernières années, la répartitiondes pluies en Indonésie a été changeants et imprévisible.», a déclaré Arifin Muh Hadi, chef de la gestiondes catastrophes du PMI. « Les inondations de févrierpeuvent probablement être considérées commeune des incidences du changement <strong>climatique</strong>parce que ces évènements inhabituels autrefois,sont devenues monnaie courante. »Les risques d’inondationont triplésJakarta, la capitale indonésienne, a connu de gravesinondations suite à des pluies torrentielles survenuesen février 2007. Les rivières et les ruisseaux sont sortisde leurs lits et certaines régions ont été envahiespar d’eau fortement polluée. L’infrastructure a été enpartie détruire et les secours ont été très compliqués.Les problèmes ont causé plusieurs problèmes desanté, notamment une épidémie de dengue.Bien que Jakarta ait été frappée par des inondationsintervenues par cycle de cinq ans, celles-ci étaientles pires en 30 ans, selon des témoins oculaireset selon les analyses faites par les scientifiques duclimat de l’Institut Royal Météorologique des Pays-Bas, le pire reste à venir. Le risque des inondationsau niveau de celles de février pourrait déjà être de20 pour cent supérieur par rapport à il y a 30 ans àcause du réchauffement global, disent-ils, et pourraitbien continuer à augmenter, pour tripler au cours dece siècle.« Je ne me souviens pas que nous n’ayons jamaiseu de telles inondations auparavant. », a déclaré lebénévole de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> Deasy Sujatiningrani.
38 | <strong>Guide</strong> <strong>climatique</strong> de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> et du <strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong> | Etude de cas : l’Indonésie Etude de cas : l’Indonésie | <strong>Guide</strong> <strong>climatique</strong> de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> et du <strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong> | 39« Lors des précédentes inondations en 2002, lescitadins pouvaient encore faire la navette. Mais lesrécentes inondations ont été très inhabituelles ».La communauté de Rawa Buaya, à Cenkareng, àl’ouest de Jakarta, est une autre zone qui a été durementtouchée. Ce bidonville, où vivent environ 2000résidents pauvres, a été inondé par l’eau de la procherivière de Cikamangi qui s’est déversée dans lesrues encombrées.La plupart des résidents de Rawa Buaya viennentdes provinces. Ponira a vécu ici pendant des annéesavec son fils, Ahmad, et son mari, Mustakin.L’eau a atteint la moitié de la porte de sa maison.« Nous n’avons pas essayé de sortir. Nous sommesjuste restés au deuxième étage », a déclaré Ponirah.Lorsqu’on leur a demandé quelle était la cause del’inondation dans cette région, Ponirah était d’abordréticente à répondre. Elle a ensuite ri timidement,en disant : « C’est probablement à cause de nosenfants. Ils sont toujours entrain de jeter des orduresdans la rivière ».Selon Arifin Muh Hadi, du PMI, de nombreux citadinsdemeurent confus. Mais depuis que la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong>a commencé son programme d’intégration de réductiondes risques / changements <strong>climatique</strong>sadapté à la communauté, le public a pris consciencedes questions sanitaires liés à la préparation auxcatastrophes et à la santé.Le PMI et les changements<strong>climatique</strong>sLe PMI, la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> néerlandaise, par le biais ducentre sur le changement <strong>climatique</strong> et la Fédérationinternationale de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> / <strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong>,ont commencé à travailler conjointement sur unprogramme intégré en 2005, appuyé plus tard parla <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> allemande. Le PMI est alors devenumembre d’un réseau indonésien sur les changements<strong>climatique</strong>s qui comprend le ministère de l’Environnementet le point de contact pour le changement<strong>climatique</strong>, l’office national de la météorologie,Pelangi Indonésie, l’agence américaine pour le développementinternational (USAID), l’université agricolede Bogor et d’autres organismes.Le programme est basé dans les branches duPMI Est et Ouest de Jakarta, et met l’accent surKampung Malayu, sous-quartier de la ville Est etRawa Buaya à l’Ouest. La sélection de ces branchesse situe autour des risques de phénomènes météorologiquesextrêmes et des impacts de changements<strong>climatique</strong>s prévus ; les questions de pauvreté; la capacité et l’engagement des branchesde PMI ; le soutien du gouvernement local et lavolonté et les capacités des communautés à mettreen œuvre le programme.Pour Achmad Djaelani, du système d’informationde la gestion des catastrophes du PMI, « Le programmea été établi à Jakarta à la suite de phénomènesde changements <strong>climatique</strong>s tels que lesdernières inondations de février ».Le conseil national du PMI a fait du changement<strong>climatique</strong> une de ses priorités. Il était le thème dela journée mondiale de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong>/<strong>Croissant</strong>-<strong>Rouge</strong> en 2007 et des discussions de la réunionannuelle de l’assemblée générale de l’organisation.« Jusqu’à aujourd’hui, nous avons formé des bénévolesà partir de branches et chapitres sélectionnésdu PMI », a déclaré Bevita Dwi Meidityawati, le coordonnateurde la préparation aux catastrophes basédans la communauté du PMI. « Nous n’en sommesqu’au début, mais nous croyons que par le biais denos efforts, nos bénévoles seront en mesure d’aiderà promouvoir la sensibilisation du public dans lesactivités communautaires. »La délégation de la Fédération internationale enIndonésie coopère avec Pelangi Indonésie, et l’institutde recherche a aidé le PMI à devenir un organismede ressources sur les changements <strong>climatique</strong>set les questions énergétiques, à diverses sessionsde formation.« Les gens ont vraiment besoin d’être convaincusque les changements <strong>climatique</strong>s sont déjà une réa-lité et affectent la façon dont nous vivons, que ce soitl’augmentation du niveau de la mer, les inondationsou les sécheresses », a déclaré Nugroho Nurdikiawandu service information et communication dePelangi Indonésie. « Nous avons besoin de preuvesmais le problème en Indonésie est qu’il n y a passuffisamment de données ou de recherche sur cesquestions. Davantage de recherche est nécessairepour appuyer le plaidoyer », a-t-il dit.Intégrer les changements<strong>climatique</strong>sLe quartier de Wajo est une des régions les plusexposées aux catastrophes dans le sud de Sulawesi.Il abrite le lac Tempe, le plus grand lac de la région.Neuf cours d’eau s’y ‘alimentent, mais il n’existequ’une seule sortie, qui est souvent bloquée par lesfilets de pêche. La population locale utilise la rivièrepour boire, aller aux toilettes, et comme décharge.Le district englobe une population de 360 000 personnes.La majorité des résidents de Wajo sont despêcheurs et leurs familles, ils vivent dans des régionsvulnérables aux catastrophes naturelles. La dernièrecatastrophe en date a été les graves inondations dejuillet qui ont touché plus de 8000 personnes. Cetteannée, les 400 ménages du village de Laelo ont étéinondés pendant plus de quatre semaines.« Les inondations sont un problème courant ici », ditAbou Bakar Fattah, 61 ans. « Le gouvernement locala une politique visant à nous déplacer dans d’autresrégions plus sûres, mais nous ne voulons pas y aller.Cette terre appartient à nos ancêtres et nous ne savonspas comment gagner notre vie si nous ne pratiquonspas la pêche. »Idris Muhamad, 42 ans, ne veut pas partir non plus.Pendant les inondations, il pouvait encore aller àla pêche, même s’il gagnait moins. « Depuis quela pêche ne nous donne plus un revenu suffisantpour vivre, nous devons trouver des emplois secondaires.Parfois, je travaille sur un chantier deconstruction en ville. »PMI a travaillé avec la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> danoise pourmettre en œuvre un programme de préparationaux catastrophes communautaire (CBDP), visantà améliorer la préparation aux catastrophes, àréduire les risques des dangers naturels, et à renforcerles capacités des communautés locales à faireface aux catastrophes. Pour Lars Moller, coordinateurde la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> danoise des programmesde CBDP à Sulawesi, l’intégration des questions estune progression naturelle.Pour Lars Moller, coordinateur de la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong>danoise pour les programmes de CBDP à Sulawesi,l’intégration des questions relatives aux changements<strong>climatique</strong>s dans l’étape suivante du programmeest une progression naturelle.« Lorsque la <strong>Croix</strong>-<strong>Rouge</strong> danoise a planifié et misen œuvre son programme de préparation aux catastrophescommunautaire dans le sud de Sulawesiil y a cinq ans, la question des changements <strong>climatique</strong>sn’était pas vraiment intégrée. Cependant,comme le changement <strong>climatique</strong> a commencéà avoir une influence, nous allons nous ajuster àla prochaine étape afin de mieux servir la communautéet la population locale. »Le lac Tempe est souvent couvert par des nénupharsqui se répandent rapidement, créant de nombreuxproblèmes aux villageois de Laelo. Les plantesont obstrué l’écoulement des cours d’eau dans lelac et ont également causé l’envasement des litsdes rivières. Pendant les inondations, ils sont balayésen immenses masses et peuvent endommagerles maisons lorsqu’ils sont entraînés par le torrent.« La plupart des villageois de Laelo ont conscienceque les inondations sont les conséquences des problèmesd’environnement chroniques de la région »,a déclaré Irawan Kharie du PMI. « Et ils ne comprennentpas ce que « le changement <strong>climatique</strong> » signifievraiment.Auparavant, il n y avait aucune sensibilisation sur laprotection de l’environnement, en particulier celleliée à la croissance des colonies le long des coursd’eau et à la réduction du captage de l’eau. Le gou-