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SÉRIE MUSIQUE D’AVENIR<br />
Cellu<strong>le</strong>s souches et diabète<br />
Henryk Zu<strong>le</strong>wski, médecin-chef suppléant a.i., Département d’endocrinologie,<br />
de diabétologie et de nutrition clinique, Hôpital universitaire de Bâ<strong>le</strong><br />
N o 6 Déce<strong>mb</strong>re 2008<br />
La substitution de l’insuline manquante<br />
par injection sous-cutanée constitue depuis<br />
1922 la base pour <strong>le</strong> traitement du<br />
diabète sucré de type 1. Cette première utilisation<br />
de l’insuline a permis de sauver la<br />
vie des patients, principa<strong>le</strong>ment des enfants,<br />
alors condamnés à mort. C’est donc<br />
à juste titre que <strong>le</strong>s chercheurs qui avaient<br />
trouvé l’insuline ont reçu quelques<br />
années plus tard <strong>le</strong> Prix Nobel de médecine.<br />
Il a ensuite fallu attendre plusieurs<br />
décennies jusqu’à ce que <strong>le</strong>s complications<br />
tardives du diabète comme la rétinopathie<br />
diabétique, la néphropathie, la<br />
polyneuropathie et la macroangiopathie,<br />
fassent <strong>le</strong>ur apparition et puissent être<br />
observées. C’est ce qui a alors permis de<br />
classer <strong>le</strong> diabète de type 1 traité à l’insuline<br />
comme nouvel<strong>le</strong> maladie.<br />
Environ 70 ans se sont écoulés jusqu’à ce<br />
qu’on puisse clairement établir un lien<br />
entre une glycémie é<strong>le</strong>vée et l’apparition<br />
de complications tardives. Deux études<br />
évolutives à large échel<strong>le</strong> en Suède et aux<br />
Etats-Unis ont permis de prouver qu’un<br />
diabète contrôlé avec un taux d’HbA1c<br />
de 7% ou moins pouvait manifestement<br />
retarder l’apparition de ces complications<br />
tardives, voire même <strong>le</strong>s empêcher.<br />
Imiter la nature<br />
Pour atteindre cet objectif, on tente d’imiter<br />
la sécrétion physiologique de l’insuline<br />
en administrant une insuline basa<strong>le</strong>,<br />
principa<strong>le</strong>ment pendant la période de<br />
jeûne, par exemp<strong>le</strong> pendant la nuit ou<br />
l’après-midi, qui couvre <strong>le</strong> besoin en<br />
insuline ainsi que par l’injection d’une<br />
insuline pour <strong>le</strong> repas qui est appliquée<br />
à dose adéquate en fonction de la prise<br />
de glucides. L’imitation de la sécrétion<br />
norma<strong>le</strong> de l’insuline sur une période de<br />
24 heures pose cependant d’importantes<br />
difficultés au quotidien. Il faut donc souvent<br />
corriger des glycémies trop é<strong>le</strong>vées<br />
ou alors réduire l’insulinothérapie en<br />
cas d’activité physique accrue. Tout cela<br />
exige une coopération optima<strong>le</strong> de la part<br />
du patient et éga<strong>le</strong>ment une compréhension<br />
de la physiologie du métabolisme<br />
glucidique ainsi que de la cinétique de<br />
l’insuline. Nous formons <strong>le</strong>s patients pour<br />
<strong>le</strong>ur permettre de gérer ces exigences<br />
particulières dans <strong>le</strong> cadre de l’insulinothérapie<br />
fonctionnel<strong>le</strong>.<br />
Remplacer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s bêta<br />
Bien qu’on ait pu observer d’énormes<br />
progrès dans ce domaine ces dernières<br />
années, il ne demeure pas moins diffici<strong>le</strong><br />
de contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> diabète chez de no<strong>mb</strong>reux<br />
patients sans <strong>le</strong>s exposer au danger<br />
d’hypoglycémies sévères. Cel<strong>le</strong>s-ci constituent,<br />
à part <strong>le</strong>s complications tardives, <strong>le</strong><br />
deuxième problème majeur de l’insulinothérapie<br />
intensive. Contrairement aux<br />
personnes ne souffrant pas de diabète, <strong>le</strong>s<br />
patients atteints de diabète de type 1 présentent<br />
sous traitement à l’insuline des<br />
taux de glycémie qui fluctuent presque en<br />
permanence. L’objectif visant à obtenir<br />
des taux de glycémie proches des taux<br />
physiologiques conduit souvent à l’apparition<br />
d’hypoglycémies qui sont, plus <strong>le</strong><br />
HbA1c est bas, d’autant plus fréquentes<br />
et graves. Ce lien a déjà été établi dans<br />
<strong>le</strong> cadre de l’étude DCCT à large échel<strong>le</strong><br />
réalisée en 1993 [1].<br />
Il n’existe jusqu’ici aucun appareil qui<br />
permettrait de mesurer la glycémie<br />
en continu et de manière fiab<strong>le</strong>, tout en<br />
appliquant la dose d’insuline correspondante.<br />
Cette faculté constitue une des<br />
caractéristiques marquantes de la cellu<strong>le</strong><br />
pancréatique bêta qui surveil<strong>le</strong> quasiment<br />
minute par minute la glycémie<br />
et qui sécrète l’insuline en fonction du<br />
besoin momentané. Le remplacement<br />
des cellu<strong>le</strong>s bêta manquantes chez des<br />
patients atteints de diabète de type 1 constituerait<br />
donc <strong>le</strong> traitement idéal de cette<br />
maladie. La transplantation des îlots pancréatiques<br />
qui contiennent <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
bêta est une issue possib<strong>le</strong> au di<strong>le</strong>mme<br />
thérapeutique auquel sont confrontés<br />
ces patients. Cette méthode a déjà été<br />
appliquée avec succès dans des centres<br />
expérimentés [2, 3]. Le problème qui se<br />
pose ici est qu’il n’existe pas suffisamment<br />
d’organes pour la majorité des<br />
PERSPECTIVES<br />
diabétiques et que <strong>le</strong>s patients doivent<br />
prendre des immunosuppresseurs après<br />
une transplantation des îlots, qui présentent<br />
des effets secondaires considérab<strong>le</strong>s.<br />
Ce traitement reste donc réservé aux<br />
patients qui souffrent d’un diabète particulièrement<br />
instab<strong>le</strong> et dont la qualité de<br />
vie est fortement réduite, ce qui justifie<br />
alors la prise des risques liés à la transplantation<br />
des îlots pancréatiques. La<br />
fabrication de cellu<strong>le</strong>s produisant de<br />
l’insuline à partir de cellu<strong>le</strong>s souches<br />
constitue donc d’une manière généra<strong>le</strong><br />
une alternative intéressante à la transplantation<br />
des îlots.<br />
Je veux présenter ici l’état actuel de la recherche,<br />
en particulier en tenant compte<br />
des cellu<strong>le</strong>s souches e<strong>mb</strong>ryonnaires, des<br />
cellu<strong>le</strong>s souches du pancréas et du foie<br />
ainsi que des cellu<strong>le</strong>s souches mésenchyma<strong>le</strong>s.<br />
Les données présentées ci-après se<br />
rapportent en premier lieu à des résultats<br />
qui ont été obtenus sur la base de matériel<br />
humain.<br />
Cellu<strong>le</strong>s souches<br />
e<strong>mb</strong>ryonnaires<br />
Les cellu<strong>le</strong>s souches e<strong>mb</strong>ryonnaires ont<br />
<strong>le</strong> potentiel de produire de l’insuline de<br />
manière quasi illimitée. Seu<strong>le</strong>ment une<br />
année après que, pour la première fois,<br />
une production d’insuline dans des cellu<strong>le</strong>s<br />
souches e<strong>mb</strong>ryonnaires de la souris<br />
ait été publiée en 2000, <strong>le</strong> même résultat<br />
a été obtenu avec des cellu<strong>le</strong>s souches<br />
e<strong>mb</strong>ryonnaires humaines (ESC) [4]. Depuis<br />
lors, de no<strong>mb</strong>reux essais ont été<br />
réalisés pour améliorer l’efficacité du<br />
procédé lors de la différenciation des cellu<strong>le</strong>s<br />
souches e<strong>mb</strong>ryonnaires en cellu<strong>le</strong>s<br />
productrices d’insuline. L’objectif est<br />
d’augmenter <strong>le</strong> no<strong>mb</strong>re des cellu<strong>le</strong>s productrices<br />
d’insuline et d’améliorer <strong>le</strong>ur<br />
capacité de sécréter de l’insuline lors<br />
d’une augmentation du glucose. Le procédé<br />
qui a apporté <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus<br />
prometteurs jusqu’ici tente d’imiter <strong>le</strong><br />
développement naturel de la cellu<strong>le</strong> pancréatique.<br />
Les cellu<strong>le</strong>s souches e<strong>mb</strong>ryonnaires<br />
ont ainsi d’abord été transformées<br />
<strong>VSAO</strong> JOURNAL ASMAC 25