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PERSPECTIVES<br />
mineurs et de personnes passagèrement<br />
incapab<strong>le</strong>s de discernement. Quant au<br />
consentement pour une lésion corporel<strong>le</strong><br />
grave, la situation juridique est un peu<br />
plus comp<strong>le</strong>xe:<br />
Le consentement<br />
pour une lésion corporel<strong>le</strong><br />
grave<br />
Alors que <strong>le</strong> Tribunal fédéral n’a pas encore<br />
eu à se prononcer sur la question du<br />
consentement du patient pour une lésion<br />
corporel<strong>le</strong> grave, l’enseignement juridique<br />
s’intéresse en détail à cette question.<br />
L’art. 122 CP définit la lésion corporel<strong>le</strong><br />
grave comme suit:<br />
–b<strong>le</strong>ssure mettant la vie en danger,<br />
–mutilation du corps, d’un organe ou<br />
me<strong>mb</strong>re important,<br />
–rendre inutilisab<strong>le</strong> un organe ou me<strong>mb</strong>re<br />
important,<br />
–causer une incapacité de travail, une<br />
infirmité ou une maladie menta<strong>le</strong> permanentes,<br />
–défigurer une personne d’une façon<br />
grave et permanente,<br />
–toute autre atteinte grave à l’intégrité<br />
corporel<strong>le</strong> ou à la santé physique ou<br />
menta<strong>le</strong> d’une personne.<br />
Selon la doctrine, une lésion corporel<strong>le</strong><br />
grave doit avoir un but positif (curatif)<br />
pour être justifiée par un consentement.<br />
D’après Günter Stratenwerth, spécialiste<br />
du droit pénal, il faut déterminer «si <strong>le</strong><br />
consentement peut être considéré comme<br />
une décision judicieuse et défendab<strong>le</strong> eu<br />
égard à l’intérêt de la personne concernée».<br />
Il s’agit donc de décisions liées<br />
aux va<strong>le</strong>urs fondamenta<strong>le</strong>s. Il en résulte<br />
qu’un consentement valide peut être<br />
donné pour des opérations lourdes, éga<strong>le</strong>ment<br />
mutilantes, comme par exemp<strong>le</strong><br />
une amputation, si el<strong>le</strong>s sont médica<strong>le</strong>ment<br />
indiquées, mais pas si el<strong>le</strong>s sont<br />
effectuées pour une escroquerie à l’assurance.<br />
Les interventions cosmétiques qui<br />
conduisent à des b<strong>le</strong>ssures, des mutilations<br />
mettant la vie du patient en danger<br />
ou qui rendent des organes ou me<strong>mb</strong>res<br />
inutilisab<strong>le</strong>s, posent éga<strong>le</strong>ment problème.<br />
En ce qui concerne <strong>le</strong> prélèvement d’un<br />
organe important comme par exemp<strong>le</strong><br />
un rein, <strong>le</strong> législateur a déjà anticipé <strong>le</strong>s<br />
décisions de va<strong>le</strong>ur s’y rapportant. La loi<br />
sur la transplantation en vigueur depuis<br />
<strong>le</strong> 1 er juil<strong>le</strong>t 2007 règ<strong>le</strong> à quel<strong>le</strong>s conditions<br />
et dans quel but on peut pré<strong>le</strong>ver sur<br />
une personne des organes, des tissus ou<br />
34 <strong>VSAO</strong> JOURNAL ASMAC<br />
des cellu<strong>le</strong>s. La loi inclut éga<strong>le</strong>ment des<br />
dispositions péna<strong>le</strong>s en cas de contravention.<br />
Urgence et consentement<br />
probab<strong>le</strong><br />
Le Tribunal fédéral reconnaît, dans certaines<br />
circonstances, éga<strong>le</strong>ment la légitimité<br />
d’un comportement qui ne peut se<br />
baser que sur <strong>le</strong> consentement probab<strong>le</strong><br />
de la personne concernée. On posera<br />
comme condition préalab<strong>le</strong> qu’il s’agit de<br />
décider d’interventions concernant des<br />
droits individuels sans que la personne<br />
concernée puisse en décider, en particulier<br />
parce qu’el<strong>le</strong> est inatteignab<strong>le</strong><br />
(p.ex. inconsciente) ou passagèrement<br />
incapab<strong>le</strong> de discernement. Quant à savoir<br />
si on peut supposer <strong>le</strong> consentement<br />
probab<strong>le</strong> du patient, cela dépend de la<br />
question de savoir si <strong>le</strong> patient donnerait<br />
son consentement à l’intervention prévue<br />
s’il pouvait en décider. Cette question doit<br />
en premier lieu être appréciée en fonction<br />
de son attitude subjective et pas uniquement<br />
selon <strong>le</strong>s circonstances objectives.<br />
On ne peut en particulier pas conclure au<br />
consentement probab<strong>le</strong> de la personne<br />
concernée par <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> fait que l’intervention<br />
est, selon <strong>le</strong>s critères courants, effectuée<br />
dans son intérêt. Une intervention<br />
médica<strong>le</strong>ment indiquée peut par exemp<strong>le</strong><br />
être en contradiction avec <strong>le</strong>s convictions<br />
religieuses du patient inanimé. Pour<br />
autant que cela soit possib<strong>le</strong>, il convient<br />
d’éclaircir la situation – par exemp<strong>le</strong> en<br />
questionnant <strong>le</strong>s proches du patient – en<br />
ce qui concerne la décision que <strong>le</strong> patient<br />
aurait prise s’il avait été en mesure de <strong>le</strong><br />
faire. Si on ne dispose d’aucun élément<br />
permettant de déterminer la décision<br />
que prendrait probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> patient s’il<br />
<strong>le</strong> pouvait, <strong>le</strong> médecin peut, en cas d’urgence,<br />
accorder la priorité à la protection<br />
de la vie, conformément à la doctrine.<br />
Erreur médica<strong>le</strong><br />
Si <strong>le</strong> patient consent à une intervention<br />
médica<strong>le</strong>, ce consentement couvre l’intervention<br />
effectuée selon <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de l’art<br />
médical et élimine <strong>le</strong> caractère illicite de<br />
l’intervention. Cela vaut éga<strong>le</strong>ment pour<br />
<strong>le</strong> cas où, malgré la manière correcte de<br />
procéder du médecin, un risque inhérent<br />
à l’intervention survient et que <strong>le</strong> patient<br />
subit un dommage. Le consentement<br />
du patient ne couvre par contre pas <strong>le</strong>s<br />
lésions subies par <strong>le</strong> patient ou la mort<br />
de celui-ci résultant d’une violation des<br />
règ<strong>le</strong>s de l’art médical. Autrement dit, <strong>le</strong><br />
médecin reste péna<strong>le</strong>ment responsab<strong>le</strong> de<br />
ses erreurs médica<strong>le</strong>s éga<strong>le</strong>ment lorsqu’il<br />
dispose du consentement du patient pour<br />
l’intervention. Un médecin qui omet ou<br />
retarde la prise de mesures médica<strong>le</strong>s<br />
nécessaires est éga<strong>le</strong>ment péna<strong>le</strong>ment<br />
responsab<strong>le</strong> si <strong>le</strong> patient subit un dommage<br />
qui aurait pu être évité par ces<br />
mesures.<br />
Check-list pour médecins<br />
Les artic<strong>le</strong>s de la série «Tout ce qui relève<br />
du droit» ont avant tout montré que <strong>le</strong>s<br />
médecins entrent en conflit avec la loi<br />
lorsque – à part <strong>le</strong>s erreurs médica<strong>le</strong>s – ils<br />
n’accomplissent pas (correctement) <strong>le</strong>ur<br />
devoir d’information envers <strong>le</strong> patient ou<br />
qu’ils omettent d’obtenir <strong>le</strong> consentement<br />
du patient pour un traitement médical.<br />
En ce qui concerne <strong>le</strong>s interventions médica<strong>le</strong>s,<br />
l’Association suisse des méde-<br />
N o 6 Déce<strong>mb</strong>re 2008