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Cour de Comptes: Rapport "La Grande Vitesse Ferroviaire: Un modèle porté au-delà de sa pertinence

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse, coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires, de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars, covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de l’indispensable rénovation du réseau classique.

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui
en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes
manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est
fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse,
coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les
péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de
moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires,
de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de
l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars,
covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison
de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de
l’indispensable rénovation du réseau classique.

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UN COÛT NON SOUTENABLE 111<br />

comme pour la DB, la marge opérationnelle <strong>de</strong> l’activité TGV <strong>de</strong> la<br />

SNCF se situerait à environ 740 M€.<br />

<strong>La</strong> <strong>Cour</strong> a cependant observé que la SNCF utili<strong>sa</strong>it d’<strong>au</strong>tres<br />

métho<strong>de</strong>s pour fixer <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> marge opérationnelle. Elle<br />

considère en effet que la marge opérationnelle doit absorber, outre<br />

l’actif net pondéré par le coût <strong>de</strong>s capit<strong>au</strong>x, une part d’amortissement<br />

supplémentaire, représentative du coût <strong>de</strong> remplacement futur <strong>de</strong> l’actif<br />

(notamment les rames TGV dont l’acquisition est projetée). Cette<br />

« refacturation <strong>de</strong>s amortissements » 101 représente environ 300 M€<br />

chaque année.<br />

<strong>La</strong> SNCF a confirmé qu’elle utilise <strong>de</strong>s valeurs d’actif net et<br />

d’amortissements « normées », c’est-à-dire recalculées « afin <strong>de</strong><br />

déterminer le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> marge qui permet <strong>de</strong> rémunérer et renouveler<br />

les actifs ». Ceci revient en pratique à amortir <strong>au</strong>jourd’hui les<br />

investissements, par exemple en matériel roulant, qui seront achetés<br />

dans le futur.<br />

Il résulte ainsi <strong>de</strong>s choix d’amortissement <strong>de</strong> l’entreprise que la<br />

SNCF amortit, <strong>de</strong> trois façons, les actifs du TGV (c’est-à-dire<br />

principalement le matériel roulant) :<br />

−<br />

−<br />

le résultat d’exploitation du TGV comprend une première<br />

dépréciation <strong>de</strong>s actifs par l’amortissement ; en 2012 et 2013,<br />

la SNCF a également déprécié dans ses comptes la valeur<br />

nette <strong>de</strong>s actifs TGV <strong>de</strong> 700 M€ en 2011 et à nouve<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />

1,4 Md€ en 2013. Cette dépréciation avait fait l’objet d’une<br />

observation <strong>de</strong>s commis<strong>sa</strong>ires <strong>au</strong>x comptes pour l’exercice<br />

2013 ;<br />

enfin, l’objectif retenu pour la marge opérationnelle<br />

comprend un amortissement supplémentaire, d’environ<br />

300 M€ par an.<br />

De ce <strong>de</strong>rnier calcul, la SNCF tire la conclusion que la marge<br />

opérationnelle requise sur l’activité TGV <strong>de</strong>vrait se situer entre 800 M€<br />

101 Selon le terme <strong>de</strong> l’Agence <strong>de</strong>s participations <strong>de</strong> l’État.<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> vitesse ferroviaire – octobre 2014<br />

<strong>Cour</strong> <strong>de</strong>s comptes - www.ccomptes.fr - @<strong>Cour</strong><strong>de</strong>scomptes

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