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Cour de Comptes: Rapport "La Grande Vitesse Ferroviaire: Un modèle porté au-delà de sa pertinence

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse, coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires, de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars, covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de l’indispensable rénovation du réseau classique.

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui
en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes
manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est
fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse,
coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les
péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de
moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires,
de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de
l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars,
covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison
de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de
l’indispensable rénovation du réseau classique.

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72 COUR DES COMPTES<br />

III - <strong>Un</strong>e évaluation optimiste <strong>de</strong> la rentabilité<br />

attendue <strong>de</strong>s LGV<br />

A - En théorie, <strong>au</strong>cun projet non rentable ne peut être<br />

financé par RFF <strong>sa</strong>ns compen<strong>sa</strong>tion<br />

L'article 4 du décret du 5 mai 1997 relatif <strong>au</strong>x missions <strong>de</strong> RFF<br />

vise en principe à protéger le groupe RFF en prévoyant que : « RFF ne<br />

peut accepter un projet d’investissement sur le rése<strong>au</strong> ferré national […]<br />

que s’il fait l'objet <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d'un concours financier<br />

propre à éviter toute conséquence négative sur les comptes <strong>de</strong> RFF sur<br />

la pério<strong>de</strong> d'amortissement <strong>de</strong> cet investissement ».<br />

Concrètement, RFF ne peut investir sur un projet, <strong>au</strong> maximum,<br />

que le montant <strong>de</strong>s recettes nettes actualisées que lui rapportera<br />

l’infrastructure sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> cinquante ans. Toutefois, il s’agit<br />

d’investissement dans <strong>de</strong>s projets dont le bilan financier ne sera connu<br />

qu’ex post, et qui reposent sur <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> réali<strong>sa</strong>tion future. Il est<br />

donc facile, pour l’État actionnaire et tutelle <strong>de</strong> RFF, <strong>de</strong> faire reposer les<br />

calculs sur <strong>de</strong>s hypothèses optimistes (trafics et recettes élevés, coûts <strong>de</strong><br />

construction contraints) permettant <strong>de</strong> conclure que le projet sera<br />

rentable et que RFF peut contribuer significativement à son<br />

financement. C’est pourquoi ces hypothèses, et, plus généralement, le<br />

calcul <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong> RFF pour chaque projet <strong>de</strong> LGV <strong>de</strong>vraient<br />

faire l’objet d’une contre-expertise, réellement indépendante du<br />

ministère <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> RFF, afin d’informer l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

parties prenantes <strong>de</strong> la validité <strong>de</strong> l’évaluation financière du projet.<br />

C’est ce que la <strong>Cour</strong> avait déjà recommandé pour la liaison Lyon-Turin.<br />

B - <strong>La</strong> pratique : une participation <strong>de</strong> RFF à <strong>de</strong><br />

nombreux projets non rentables<br />

1 - Métho<strong>de</strong> utilisée pour déterminer la participation <strong>de</strong> RFF<br />

Pour les grands projets, la participation financière maximale <strong>de</strong><br />

RFF est en général calculée comme la somme actualisée <strong>de</strong>s flux<br />

financiers futurs entraînés par le projet pour RFF, sur l'ensemble du<br />

rése<strong>au</strong> national (métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> trésorerie actualisés).<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> vitesse ferroviaire – octobre 2014<br />

<strong>Cour</strong> <strong>de</strong>s comptes - www.ccomptes.fr - @<strong>Cour</strong><strong>de</strong>scomptes

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