22.07.2018 Views

Cour de Comptes: Rapport "La Grande Vitesse Ferroviaire: Un modèle porté au-delà de sa pertinence

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse, coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires, de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars, covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de l’indispensable rénovation du réseau classique.

Le modèle français de grande vitesse ferroviaire est aujourd’hui
en difficulté. Alors que le TGV a longtemps été l’une des plus brillantes
manifestations des réussites technologiques françaises, son bilan s’est
fortement dégradé depuis quelques années : trafic et recettes en baisse,
coûts de construction comme d’exploitation en hausse (notamment les
péages), recul important de la marge opérationnelle qui contribue de
moins en moins au financement des autres activités, toutes déficitaires,
de la SNCF. Cet état de choses semble devoir durer, compte tenu de
l’apparition de modes de transports alternatifs concurrents (autocars,
covoiturage) et de la contrainte financière résultant de la combinaison
de la construction de nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) et de
l’indispensable rénovation du réseau classique.

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

RÉPONSES DES ADMINISTRATIONS ET DES ORGANISMES CONCERNÉS 157<br />

RÉPONSE DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE<br />

DES CHEMINS DE FER FRANÇAIS (SNCF)<br />

<strong>La</strong> Société nationale <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer français (SNCF) partage le<br />

constat général que le système ferroviaire à gran<strong>de</strong> vitesse français s’est<br />

révélé tout à la fois pertinent par ses choix techniques et efficace dans son<br />

<strong>modèle</strong> économique et commercial pendant plusieurs décennies. Ce <strong>modèle</strong><br />

est toutefois <strong>de</strong>venu <strong>de</strong> moins en moins soutenable sous l’effet d’une<br />

extension importante du rése<strong>au</strong> et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssertes, couplée à une <strong>au</strong>gmentation<br />

très forte <strong>de</strong>s péages et à une dégradation <strong>de</strong> la robustesse du rése<strong>au</strong><br />

classique largement emprunté par les TGV.<br />

À cet égard, SNCF soutient avec force la réorientation <strong>de</strong>s moyens<br />

financiers vers la maintenance et la régénération du rése<strong>au</strong>, <strong>de</strong> préférence à<br />

la construction <strong>de</strong> nouvelles lignes à gran<strong>de</strong> vitesse (LGV). À titre<br />

d’illustration, la mise en service <strong>de</strong> la ligne Sud Europe Atlantique<br />

représentera pour SNCF une dégradation prévisionnelle comprise entre<br />

100 M€ et 200 M€ par an sur <strong>sa</strong> marge opérationnelle en fonction du nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong> péages et du schéma <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssertes retenu.<br />

<strong>La</strong> <strong>Cour</strong> relève avec justesse la baisse <strong>de</strong> rentabilité <strong>de</strong> l’activité TGV.<br />

Le ratio <strong>de</strong> marge opérationnelle - avant amortissement du matériel roulant -<br />

sur chiffre d’affaires <strong>de</strong> la branche SNCF Voyages a en effet évolué <strong>de</strong><br />

20,2 % en 2008 à 11,6 % en 2013. Cette baisse <strong>de</strong> rentabilité est très<br />

largement due à l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s péages. Sans celle-ci, le ratio <strong>de</strong> marge<br />

opérationnelle sur chiffre d’affaire <strong>de</strong> l’activité serait resté stable. Dans ce<br />

nouve<strong>au</strong> contexte, SNCF a étudié <strong>de</strong>s scénarios alternatifs, dont celui d’un<br />

TGV recentré sur le cœur <strong>de</strong> rése<strong>au</strong> le plus rentable, avec une réduction<br />

significative du nombre <strong>de</strong> rames et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssertes. Si ce scénario, que semble<br />

privilégier la <strong>Cour</strong>, offre <strong>de</strong>s perspectives d’amélioration <strong>de</strong> rentabilité<br />

indéniables <strong>au</strong>x bornes <strong>de</strong> l’activité TGV, il n’est pas non plus dénué<br />

d’inconvénients : investissements supplémentaires en rames <strong>de</strong> transport<br />

express régional (TER), capacité <strong>de</strong>s gares à absorber un surplus <strong>de</strong><br />

pas<strong>sa</strong>gers en correspondance, acceptabilité politique <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong><br />

certaines <strong>de</strong>ssertes dans le cadre <strong>de</strong> l’aménagement du territoire, pertes <strong>de</strong><br />

trafic liées <strong>au</strong>x ruptures <strong>de</strong> charge, sous-optimi<strong>sa</strong>tion <strong>de</strong> l’utili<strong>sa</strong>tion du<br />

rése<strong>au</strong> existant.<br />

Quoi qu’il en soit, la capacité <strong>de</strong> TGV à financer l’ensemble du<br />

système ferroviaire via <strong>de</strong>s h<strong>au</strong>sses <strong>de</strong> péages a <strong>au</strong>jourd’hui atteint ses<br />

limites <strong>au</strong> point d’obérer les perspectives <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong> la flotte. <strong>La</strong><br />

contribution financière (péages domestiques, contribution <strong>de</strong> solidarité<br />

territoriale (CST) et péages gares) <strong>de</strong> TGV (domestique et Europe) <strong>au</strong><br />

système ferroviaire <strong>de</strong>vrait représenter pour 2014 environ 40 % <strong>de</strong>s produits<br />

du trafic (et cette proportion <strong>de</strong>vrait encore <strong>au</strong>gmenter d’ici à 2020). <strong>La</strong><br />

redéfinition d’un <strong>modèle</strong> TGV soutenable <strong>de</strong>vra passer néces<strong>sa</strong>irement par<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> vitesse ferroviaire – octobre 2014<br />

<strong>Cour</strong> <strong>de</strong>s comptes - www.ccomptes.fr - @<strong>Cour</strong><strong>de</strong>scomptes

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!