AUTOINSIDE Édition 5 – Mai 2019
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FORMATION<br />
Une responsable des cours<br />
Esther Amrein : la première<br />
femme responsable des cours<br />
Son dos l’empêchant d’effectuer les travaux en atelier qu’elle aime tant, Esther Amrein s’est tournée vers son autre passion<br />
: la formation des apprentis. Elle est la première femme responsable des cours au CF de Horw. Daniel Schwab<br />
Esther Amrein de Schwarzenberg vient d’une<br />
famille de garagistes. Il y a peu encore, son<br />
père dirigeait le garage Fuchs au Reusszopf,<br />
à Lucerne. Tel père, telle fille ? Nullement !<br />
« Mes parents n’ont pas sauté de joie quand<br />
j’ai commencé à m’intéresser à la mécanique<br />
à l’école », raconte Esther. Une fille dans un<br />
univers masculin aurait la vie dure, selon eux.<br />
<strong>Mai</strong>s la jeune femme de 43 ans a su s’imposer.<br />
Après un apprentissage de mécanicienne<br />
d’automobiles, elle a entamé un apprentissage<br />
complémentaire d’électricienne de véhicules.<br />
Ont suivi quelques cours de perfectionnement,<br />
notamment de diagnosticienne d’automobiles.<br />
Au fil des ans, son rôle au sein de l’entreprise<br />
a évolué. Esther Amrein a officié en tant<br />
que cheffe d’atelier et responsable de la réception<br />
des véhicules. Le lecteur averti notera<br />
que ces professions sont d’ordinaire réservées<br />
aux hommes. Pour Esther Amrein, cela n’est<br />
pas un problème. « C’est une tradition, et je<br />
ne me sens pas du tout discriminée en tant<br />
que femme. »<br />
Ce qui la dérange plutôt, c’est quand les<br />
clients ne la prennent pas au sérieux. Une fois,<br />
un homme est entré dans le garage et lui a<br />
demandé à parler au chef d’atelier. Elle lui a<br />
répondu qu’il se tenait devant lui. Le client a<br />
alors demandé à parler à son supérieur. Il a finalement<br />
dû se contenter d’Esther et est resté<br />
bouche bée face aux connaissances techniques<br />
de la collaboratrice a priori incompétente.<br />
MIDLAND.CH<br />
Esther Amrein à côté du futur mécanicien en maintenance d’automobiles Antonio Pileggi (19 ans) dans l’entreprise<br />
formatrice Auto Fuchs und Schmid AG à Reussbühl. (Photo apimedia)<br />
Une réorientation inévitable<br />
Tout se passait donc pour le mieux ? Pas du<br />
tout. En raison de maux de dos chroniques, elle<br />
a dû mettre ses outils au placard il y a quelques<br />
années. Au début, elle a songé à se retirer totalement<br />
de la branche automobile. Elle a alors<br />
commencé à exercer une nouvelle activité au<br />
sein de l’entreprise. Lorsqu’elle a vu, dans une<br />
annonce, que l’on cherchait un nouveau responsable<br />
des cours pour le CF de Horw, elle a<br />
immédiatement postulé. Au fil des ans, elle a<br />
formé de nombreux apprentis dans l’entreprise.<br />
Esther Amrein estime qu’une bonne atmosphère<br />
est essentielle à la formation, sans pour<br />
autant perdre de vue le succès de l’apprentissage.<br />
Pour y parvenir, elle est prête à sacrifier<br />
ses soirées et ses week-ends pour effectuer des<br />
travaux théoriques et pratiques avec les apprentis.<br />
Pas étonnant que quasiment tous les<br />
diplômés encensent leur formatrice. Certains<br />
d’entre eux sont même venus la remercier dans<br />
l’entreprise après l’apprentissage. L’un d’entre<br />
eux lui a déclaré un jour : « Sans toi, je n’y serais<br />
jamais arrivé ».<br />
« Une lueur dans les yeux »<br />
Et c’est parti ! La première responsable des<br />
cours prend ses fonctions au sein de l’UPSA<br />
Suisse centrale le 1 er mai <strong>2019</strong>. Esther Amrein<br />
se réjouit de travailler avec les jeunes. « C’est<br />
formidable de pouvoir les accompagner à une<br />
étape importante de leur vie », déclare-t-elle.<br />
« Ça l’est aussi de voir la lueur dans les yeux de<br />
quelqu’un qui vient de résoudre un problème. »<br />
La différence avec l’accompagnement<br />
des apprentis en entreprise : les jeunes ne<br />
viennent au centre de formation qu’une fois<br />
par semaine. Des liens étroits ne peuvent donc<br />
pas se créer. En revanche, on rencontre des<br />
personnalités et des points de vue différents.<br />
Et les apprentis ont souvent des connaissances<br />
techniques approfondies sur les différentes<br />
marques grâce à leur entreprise formatrice.<br />
Esther Amrein espère qu’elle pourra accueillir<br />
davantage de filles. « Les métiers de<br />
l’automobile sont parfaitement adaptés aux<br />
femmes », déclare-t-elle. Un seul bémol : « les<br />
ongles longs stylisés ne sont pas très pratiques<br />
au garage ! » <<br />
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<strong>Mai</strong> <strong>2019</strong> | <strong>AUTOINSIDE</strong>