Sveti Stefan (Montenegro) - cotemagazine

PORTRAITS PEOPLE [ Meet ]
Beigbeder
58 | DECEMBRE 2012 > JANVIER 2013 - www.cotemagazine.com
FRÉDÉRIC
Beigbeder / Beigbedar
Le Grand Prix de l’Horlogerie vient de s’achever, le maître de cérémonie Frédéric Beigbeder, son
smoking Kooples et ses chaussures vernis à paillettes improvisées viennent nous retrouver au
balcon du Grand Théâtre de Genève pour une petite conversation privilégiée…
-/ The Geneva Watchmaking Grand Prix has just finished, and master of ceremonies Frédéric
Beigbeder, looking smart in his in his Kooples tuxedo and shiny shoes, has graced us with his presence
on the balcony of the Grand Théâtre de Genève for a little chat.
Animer ce grand Rendez-vous de l’horlogerie, c’était une idée de l’oncle
de sa compagne. « Ca m’amuse de voir ce qu’il se passe quand j’accepte
de faire des choses que je ne connais pas ! » Montre IWC au poignet,
Frédéric Beigbeder apprécie certes l’horlogerie même s’il juge - sans
cruauté aucune - que « les montres et leur mécanique si complexes sont créées par
des fous pour une bande de maniaques ! » Si l’enfant terrible se permet cette ironie, c’est
aussi parce qu’il se considère comme un élitiste aristocrate « Le luxe est une injustice…
mais une belle injustice ! »
Installé pour quelques semaines en Suisse pour « raisons familiales :-) », Frédéric
Beigbeder est à la recherche d’une certaine tranquillité pour l’écriture de son prochain
roman. « A Paris, il y a trop de tentations…! », avoue cet ambassadeur des nuits
parisiennes. A propos de l’intrigue, du sujet de ce nouvel opus, nous n’en saurons pas
davantage. « Auparavant, je dévoilais tout et, systématiquement, je n’avais plus envie de
l’écrire ! »
Si aujourd’hui le personnage Beigbeder semble plus palpable - notamment depuis Un
roman français son récit le plus personnel -, l’écrivain, voire l’homme public se plaît à
toujours brouiller les pistes : grand bourgeois conseiller de campagne de Robert Hue ;
Bobo parisien à l’image volatile ou artiste touchant aux pendants romantiques ;
Beigbeder ou Beigbedar ? « Jouer à cache-cache, se demander sans cesse si l’auteur et
le personnage ne font qu’un… c’est la définition même du Roman ! » Alors si les romans
de Beigbeder partent toujours de quelque chose de personnel, l’écrivain aime avant tout
parler de ce qui le touche, de ce qui l’agace, de ce qui le fait rire ou même pleurer.
Aujourd’hui, Frédéric Beigbeder a le luxe de pouvoir choisir ce qui l’intéresse. Alors, sans
trop de limite « si ce n’est le chant », il enfile avec aisance un jour le costume de
chroniqueur télé ou presse écrite, un autre jour celui du scénariste ou d’écrivain et le
IIt was his partner’s uncle’s idea that he should present this major event
in the watchmaking calendar. “I like seeing what happens when I
agree to do things I know nothing about!” Judging by the IWC on his
wrist, Frédéric Beigbeder certainly appreciates a fine watch, despite
his quite uncritical observation that ”watches and their complex mechanics
are created by madmen for a bunch of maniacs!” But it’s because he considers
himself to be an aristocratic elitist that this enfant terrible allows himself this
touch of irony: ”Luxury is an injustice, but a beautiful injustice!”
Having settled in Switzerland for a few weeks for “family reasons”, Frédéric
Beigbeder is looking for a little peace and quiet to write his next novel. “There
are too many temptations in Paris!”, admits this Paris nightlife ambassador. But
he refuses to tell us anything about the plot of the new book. “In the past, I
revealed everything, and systematically I no longer wanted to write it!”
Beigbeder seems much more of a palpable character than he was before,
particularly since the publication of Un roman français (his most personal
book), but in public the writer still likes to muddy the waters: well-heeled
advisor to Communist Party candidate Robert Hue in the presidential election;
colourful Paris bobo (bourgeois-bohemian); touching artist with romantic
tendencies. “Playing hide-and-seek, constantly asking yourself if the author
and the character are one and the same, that’s the very definition of a novel!”
So although Beigbeder’s novels always start from something personal, above
Par Julie Rovero
lendemain celui de jury de grands prix littéraires ou
même de DJ le temps d’une soirée. « J’étais
schizophrène avant, j’ai enfin trouvé un autre moyen
d’avoir une vie qui ne m’ennuie jamais ! »
Et pourtant, l'auteur avoue qu’il apprécie tout
particulièrement la solitude dans l’écriture. « Je me
sens mal quand je n’écris pas, comme égaré. » Mais
cet exil imposé, voire nécessaire, semble être
contrebalancé par de nombreux projets collectifs
salvateurs. Pour L’Amour dure trois ans, pas moins
de 80 personnes ont travaillé sur le film. « Mais c’est
tout de même une énorme escroquerie pour les
autres ! Le réalisateur parle tout le temps de SON
film… » Alors selon le souhait de Monsieur Beigbeder
– et avec notre approbation – rendons hommage
au talentueux travail du Chef opérateur Yves Cape
qui a notamment livré des vues extraordinaires du
port de Guéthary – fin de parenthèse.
Mais il est déjà temps de laisser le séduisant
Beigbeder (et non Beigbedar ce soir-là !) retrouver sa
princesse genevoise pour mieux s’exiler dès demain
à Montreux et remplir probablement une nouvelle
page de la littérature contemporaine.
all the author likes to talk about what touches him, what annoys him,
what makes him laugh or cry.
Today, Frédéric Beigbeder has the luxury of being able to choose what
interests him. Almost with out limit, “except singing perhaps”, he slips
smoothly from TV presenter to radio host to newspaper columnist to
scriptwriter to author, to literary-prize judge and even DJ for an
evening. “Before, I was schizophrenic. Now, I’ve finally found another
way to live without getting bored!”
Yet the author admits that he really appreciates the solitude of writing.
“When I’m not writing I don’t feel good, like I’m lost.” But this forced,
perhaps necessary exile appears to be counterbalanced by numerous
salutary joint projects. No less than 80 people worked on the film of
L’Amour dure trois ans. “But even so, it’s a huge fraud for everyone else,
because the director always speaks of HIS film!” So we are happy to
grant Mr Beigbeder’s wish and pay homage to the work of talented
cinematographer Yves Cape, who produced such extraordinary shots
of the Port of Guéthary.
But the time has come to let the seductive Mr Beigbeder return to his
Genevan princess. Tomorrow, the exile will take them to Montreux
and quite probably a new page in contemporary literature.
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