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Sveti Stefan (Montenegro) - cotemagazine

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PHOTOGRAPHIE : LE NU<br />

Par Faustine Sappa<br />

70 | DECEMBRE 2012 > JANVIER 2013 - www.<strong>cotemagazine</strong>.com<br />

UAND la UESTION<br />

du CORPS se POSE<br />

THE BODY POSED AS A QUESTION<br />

Andrea et Barbora dans une rue de Praha : A Night in Praha, by Guido Argentini, États-Unis. © Guido Argentini/Taschen<br />

On n’est plus dans des archétypes de nu<br />

classique, estime Laetitia Guillemin,<br />

responsable de l’iconographie du magazine<br />

Photographe, dont le premier numéro était consacré<br />

au nu. Aujourd’hui, la question du corps et du nu se<br />

confond. Avant la Seconde Guerre mon diale, il fallait<br />

que ce soit beau. Désormais, on observe un retour à la<br />

réalité des corps. » Une réalité qui raconte une histoire,<br />

propre à chacun et à la fois universelle. « Je travaille sur<br />

le corps. C’est une grande nuance par rapport au nu,<br />

explique Patrick Gomme, photographe. Le nu artistique,<br />

érotique, avec des jolies filles, est aujourd’hui galvaudé<br />

et me semble être quelque chose sans intérêt, déjà vu. »<br />

Alors Patrick Gomme fait poser des gens de tous les<br />

jours, car chaque corps a une histoire à raconter. « Des<br />

vergetures ? Cela peut devenir esthétiquement et<br />

graphiquement intéressant ! »<br />

Raconter une histoire<br />

« Une femme qui regarde une de mes photos s’iden -<br />

tifie forcément à un détail et fait du coup un travail<br />

sur elle-même… Mon travail ? Il s’agit de faire prendre<br />

conscience que nous nous laissons dévorer par la<br />

profusion d’images produites par la société, affirme<br />

celui qui a longtemps travaillé dans la publicité. Une<br />

femme très mince, au XIXe siècle, évoque la pauvreté.<br />

Aujourd’hui, la femme svelte est valorisée pour sa<br />

capacité à prendre soin d’elle. Sa minceur est aussi le<br />

signe de son aisance financière. Je suis surpris de<br />

constater à quel point nous avons perdu de vue les<br />

repères simples. »<br />

Le photographe Olivier Valsecchi n’a, pour sa part, pas<br />

du tout l’impression de faire du nu. « Le corps est un<br />

support pour faire passer un message autre. Un support<br />

chargé émotionnellement, dénué de codes sociaux ou<br />

historiques, et qui donne un cadre intemporel. » Alors<br />

si ses modèles sont pourtant toujours issus de castings<br />

sélectifs, c’est juste pour « mieux faire passer la pilule ».<br />

Un détail, en quelque sorte. « Un message autre,<br />

comme un retour aux vraies valeurs », souligne Bruno<br />

Rédarès, président fondateur du Festival européen de la<br />

photographie de nu, qui a remarqué une évolution dans<br />

la perception du nu. « Une photo de nu réussie doit<br />

pouvoir s’adresser à tous les publics. Or, différents<br />

courants artistiques s’appuyant sur le nu pour exprimer<br />

leur besoin de provocation ont eu pour conséquence<br />

un retour à un certain puritanisme au début des années<br />

2000. » Olivier Valsecchi parle de cadre intemporel :<br />

pour preuve, la photo de la femme nue servant pour<br />

{Nude photography }<br />

Le corps fascine, intrigue, attire. Il fait peur, aussi,<br />

parfois. Le nu est depuis toujours un objet d’étude<br />

sur lequel se sont penchés les artistes. Mais l’évo -<br />

lution des mentalités et de la technique mène les<br />

photographes d’aujourd’hui à dénuer le nu de désir<br />

et à s’interroger sur le corps lui-même.<br />

-/ The body fascinates, intrigues and attracts, scares too<br />

sometimes. Nudity has always been studied and explored<br />

by artists, but changing mentalities and modern<br />

techniques are leading today’s photographers to divest the<br />

nude of desire and investigate the body per se.<br />

“It’s no longer about classical archetypes of<br />

nudity,” says Laetitia Guillemin, head icono -<br />

grapher for Photographe magazine. “Today the<br />

notions of body and nudity are blurred. Before<br />

the Second World War nudity had to be<br />

beautiful. Now we’re coming back to the body<br />

as it really is.” A reality that tells a story specific<br />

to each person but universal. “I photograph<br />

the body. That’s very different from photogra -<br />

phing nudes,” explains photographer Patrick<br />

Gomme. “Artistic, erotic photography of naked<br />

pretty girls is hackneyed now and seems to<br />

me of no interest, we’ve seen it all.” So he asks<br />

perfectly ordinary people to pose for him,<br />

because each body has a story to tell. “Stretch<br />

marks? They can become aesthetically<br />

interesting!”<br />

TELLING A STORY<br />

“A woman looking at one of my photos<br />

neces sarily identifies with a detail and so<br />

reflects on herself. My aim? To make people<br />

aware that we’re letting ourselves be devou -<br />

red by the profusion of images that society<br />

produces,” states Gomme, who worked in<br />

advertising for a long time. “In the 19th century<br />

a very thin woman evoked poverty. Nowadays<br />

slim women are admired for their ability to<br />

take care of their body. And their slimness also<br />

indicates they are financially secure.”<br />

Photographer Olivier Valsecchi doesn’t at all<br />

feel he practises nude photography. “The body<br />

is a means of communicating a different<br />

mes sage. An emotionally charged means<br />

that’s devoid of social or historical codes and<br />

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