studia universitatis babeÅ â bolyai dramatica teatru, film, media 2
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OZANA BUDĂU<br />
Vérité. Quelle est cette Véritécchc? Tout homme a dedans lui son propre<br />
Inde, sa propre Afrique.<br />
La naissance du spectacle<br />
Le spectacle dure 9 heures, du crépuscule jusqu'à l’aube du jour<br />
suivant. La durée indique l’idée de fête ritualisée, ou la ritualité du théâtre et la<br />
théâtralité du rite sont dans un rapport constamment réciproque. Brook<br />
propose au public d’Avignon, et, après, au public du Théâtre des Bouffes du<br />
Nord., une expérience hors du temps et de l’espace, une expérience universel.<br />
Ce sont l’Inde et le Mahabharata qui font tout cela possible.<br />
De la terre battue se trouve sur le sol, les murs sont peints en ocre<br />
rouge, les bougies suspendues suggèrent le fleuve, les costumes sont<br />
dégages de toute notion de temps et de lieu, le maquillage, la musique<br />
d’inspiration (plutôt de l’improvisation fait sur place, par les musiciens qui suivent<br />
et accompagnent le déroulement scénique) indienne, mais créée avec des<br />
instruments africaines, japonais, iraniens, australiens, la distribution est<br />
internationale (africains, japonais, polonais, indiens, anglais, français, italien).<br />
Brook emploie des éléments fondamentales pour chaque culture: de la<br />
terre, de l’eau, du feu, du ciel, et de l’air, en essayant de créer l’énergie<br />
d’où tout vie naît et meurt. De toute façon, même si, à la première vue, tous<br />
ces éléments collaborent à créer l’atmosphère de l’Inde, c’est le caractère<br />
universel du mythe vif qui se dégage de ce spectacle.<br />
Une autre raison pour faire le détour du théâtre par l’ailleurs culturel<br />
du texte à l’aide du Mahabharata est la modernité évidente de cette épopée,<br />
modernité qui la rend très populaire en Inde. On trouve ici, les visions<br />
apocalyptiques pour l’age à venir, mais aussi des aspects narratifs très<br />
modernes. Le conteur, Vyassa, le poète originel, qui écrit sous les yeux des<br />
spectateurs, passe de l’omniprésence et omniscience presque divines (il parle<br />
avec les personnages, peut intervenir, peut féconder les princesses, autrement<br />
le récit ne peut pas continuer) a l’ignorance et a l’impouvoir: il ne connait plus<br />
l’histoire, il est même dépassé par le récit, et peut être tuer par les personnages.<br />
J’insiste sur cet aspect, parce que, a mon avis, Brook utilise ce<br />
déplacement entre les plans temporels (cent années écoulent entre le<br />
commencement et la fin du récit) et des espaces divers, pas seulement<br />
comme un moyen très théâtral, qui assure la fluidité du spectacle, mais aussi<br />
comme suggestion de l’espace et du temps mythique, circulaire, réversible, qui<br />
peut être expérimenté par les personnes qui vivent en rapport avec le sacre.<br />
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