Switzerland - Kirchhofer

43 | ERLEBNIS
Un art de vivre plein de couleurs
Le jardin botanique alpin abrite quelque 600
variétés de végétaux qui croissent dans les
Alpes suisses. Chaque variété a développé ses
propres stratégies pour survivre dans les conditions
de vie extrêmes de la haute montagne.
Fin mai, la neige est encore présente à 2000
mètres d’altitude. Et pourtant, la saxifrage valdôtaine
déploie déjà ses fleurs violettes sur les
parois rocheuses abruptes. La petite plante qui
grimpe dans les Alpes à plus de 4000 mètres,
fleurit tôt dans l’année afin de pouvoir
former ses graines durant le bref été des zones
froides. La pollinisation a lieu par l’intermé -
diaire des bourdons velus qui produisent de la
chaleur avec leurs puissants muscles et sont
ainsi capables de voler même lors des journées
de grand froid.
Economiser, voler et mystifier
La floraison des anémones alpines débute juste
après la fonte des neiges. À l’instar de nombreuses
plantes de montagne, leur «pelage» empêche
l’humidité de s’évaporer; elles peuvent
ainsi économiser leur eau sous les climats venteux.
Les pédiculaires s’organisent différemment:
ils se fixent sur des espèces voisines à l’aide de
leurs racines et se procurent ainsi en permanence
la quantité d’eau qui leur est nécessaire.
L’eau n’est pas la seule ressource à manquer à
ces plantes qui poussent sur les maigres terrains
alpins. La nourriture est rare elle aussi. C’est
pourquoi un grand nombre de plantes utilisent
leur pollen (dans lequel elles ont placé beaucoup
d’énergie) de la manière la plus économe
et ciblée possible afin d’assurer leur reproduction.
Le pollen du rhododendron, par exemple,
est si fermement fixé dans les sacs polliniques de
l’anthère de la fleur que de grandes quantités
ne peuvent être disséminées que par les vibrations
provoquées par les battements d’ailes des
abeilles. Les bleuets des montagnes permettent
d’observer comment ils n’expulsent leur pollen
clair des couronnes d’un bleu foncé que lorsque
de doux effleurements signalisent l’arrivée d’un
papillon ou d’un autre insecte pollinisateur.
Les fleurs d’autres plantes, telles les parnassies
des marais ainsi que de nombreuses espèces
d’orchidée, attirent les insectes en se «déguisant»
avec des caractéristiques de fleurs riches
en nectar; en réalité, elles produisent peu, voire
pas de nectar et économisent ainsi d’énergie.
Rester souple
Même les parois et éboulis instables sont recouverts
d’un tapis de fleurs multicolores en
été malgré leur ensevelissement permanent.
L’épilobe de Fleischer et maints habitants des
éboulis forment de longs rhizomes souterrains
trouvant ainsi chaque été un nouvel endroit où
ils peuvent croître et fleurir. Le jardin botanique
alpin de la Schynige Platte vous présente cet
art de vivre plein de couleurs pendant la
période exempte de neige qui s’étend de juin à
octobre.
Fleischers Weidenröschen (Epilobium fleischeri) gedeiht in Geröllhalden durch unterirdische Ausläufer
Multi-coloured masters in the art of
survival
The Schynige Platte Botanical Alpine
Garden is home to 600 species of plants
native to the Swiss Alps – and each has
developed its own strategy on coping with the
extreme living conditions in the mountains.
Snow still lies at 2000 metres above sea level at
the end of May but purple saxifrage is already
opening its violet blossoms on the sheer rock
faces. The tiny plant, which climbs to over 4000
metres in the Alps, flowers early in the year so it
can produce seeds in the short summer of the
cold zones. The plant is pollinated by furry
bumblebees, which generate heat with their
powerful muscles and so can also fly on cold
days.
Save, steal, swop
The Alpine anemone begins to flower immediately
after the snow has melted. It needs its
«fur» – as do many other mountain plants – not
as protection against the cold but against
evaporation, allowing it to save water and
avoid drying out in the windy climate. The
lousewort has a different way of doing things:
it uses its roots to tap nutrients from neighbouring
plants and thus can always ensure a
sufficient supply of liquid.
However, nutrients as well as water are in short
supply for plants growing on the poor Alpine
Bergflockenblume (Centaurea montana)
soil. To ensure propagation, many plants make
sparing and targeted use of the pollen in which
they have invested so much energy. As an
example, the pollen of the Alpine rose is so
firmly attached to the stamen that larger
amounts are only loosened by the vibration
caused by the beat of a bee’s wings. And with
the mountain cornflower, it’s easy to see how it
first ejects light pollen from its dark-blue anthers
when a gentle movement announces the arri val
of a butterfly or other pollinator.
The flowers of other plants such as the bogstar
and several species of orchid attract insects
by camouflaging themselves with the distinguishing
features of other nectar-rich flowers
while actually producing little or no nectar
themselves and thus saving a lot of energy.
Remaining flexible
In summer, even the unstable scree slopes
are covered by a colourful carpet of flowers,
although the plants are repeatedly buried under
loose rock. The Alpine willowherb and other
similar cohabitants on the scree slopes grow
long, subterranean runners and so find fresh locations
where they can grow and blossom in
every mountain summer.
The Schynige Platte Botanical Alpine Garden
displays these multi-coloured masters in the art
of survival in the snow-free period from June to
October.
Frühlings-Anemone (Pulsatilla vernalis)