september-2010

Illustration: Kat Heyes
marie-odile briet
Reality bites for French gastronomy
— THE TALKER —
P A R I S
On August 19, after months of suspense, French television
channel TF1 fi nally brought its most sizzling programme
of the new season out of the oven: MasterChef.
This is super-size reality TV, with an epic casting process
(18,000 amateur chefs were auditioned in 25 French cities) and
swanky production values. Just as so-called intellectuals love
vegging out in front of French Pop Idol, we’re willing to bet our
best Japanese ceramic knife that even the snobbiest of foodies
will be gobbling up MasterChef served TF1-style.
Our British friends, however, can’t believe we’re getting so
excited over such an old-hat concept. Indeed, their version of
MasterChef is a stalwart of the BBC. Here in France we’re only just
getting a taste of prime-time cook-offs: the M6 channel launched
its version of Come Dine with Me in 2008 – after it had already
taken off in 16 countries. Meanwhile Top Chef, an American buy-in,
has been a huge hit since it fi rst aired in early 2010.
M6 is also home to France’s only real TV chef, Cyril Lignac,
Jamie Oliver’s Aveyronnais avatar, who has followed in his
original’s footsteps in uninspired style (Cyril at the school
canteen, Cyril with young no-hopers). Adored by the public yet
snubbed by his peers and critics, the young Gallic chef is still
struggling for legitimacy.
It seems that in France a “real” chef is expected to fl ee the
cameras. Apparently our culinary icons (Gagnaire, Ducasse and
Passard) declined TF1’s offer. Many “starred” chefs were afraid
of being scolded by the big Michelin man.
Under threat for years from the onslaught of Spanish,
Danish and Anglo-Saxon chefs, the microcosm that is French
gastronomy hesitates to grab its only lifeline, which would
be to meet real people in their living rooms. Even if, in the
short term, it won’t help them sell more tasting menus.
In 2008 Nicolas Sarkozy suggested that putting French
gastronomy on the Unesco World Heritage list might stem
its decline. Here’s hoping that his wife will sweet-talk him
into watching MasterChef.
La téléréalité hexagonale s’attaque à un gros gibier
// Chaud devant ! Après des mois de suspense, TF1 a
fi nalement sorti du four, le 19 août, son programmephare
de la rentrée : MasterChef. De la télé-réalité
XXL, avec un casting de péplum (18 000 cuisiniers
amateurs auditionnés dans 25 villes de France) et
des moyens délirants. On parie ? De même que les
intellos aiment s’encanailler devant la Nouvelle Star,
MasterChef à la sauce TF1, même les plus snobs des
« foodies » vont adorer. On en mettrait notre main à
couper au couteau en céramique japonais.
Seuls nos amis britanniques auront du mal à
croire qu’on s’excite sur une telle vieillerie. Chez eux,
MasterChef, le légendaire concours culinaire de la
BBC, moult fois lifté, bat des records de longévité à
l’antenne. En France, on goûte tout juste aux battles
de cuisine en prime time. Le Dîner presque parfait de
M6, lancé en 2008, existait déjà dans 16 pays. Top
Chef, diffusé début 2010, cartonnait depuis un bail
outre-Atlantique. C’est également à M6 qu’on doit
notre unique chef TV national, Cyril Lignac, avatar
aveyronnais de Jamie Oliver, téléguidé pour marcher
sur ses traces (Cyril à la cantine, Cyril avec des jeunes
en galère…). Adoré du public, mais snobé par ses pairs
et la critique, le jeune cuisinier se cherche toujours
une légitimité.
Comme si, en France, un « vrai » chef devait
fuir les caméras. Il paraît que nos idoles culinaires
(Gagnaire, Ducasse, Passard…) ont décliné la
proposition de TF1. Que pas mal d’étoilés sollicités
ont eu peur de se faire gronder par le gros Bibendum.
Mis au défi depuis des années par les cuisiniers
espagnols, danois ou anglo-saxons, le microcosme de
la « haute gastronomie » hexagonale hésite à saisir la
seule planche de salut : aller à la rencontre des
« vrais gens » dans leur salon. Même si, à court terme,
ça ne fait pas vendre plus de menus-dégustation !
En 2008, Nicolas Sarkozy, vaguement conscient du
déclin de la cuisine française, proposait de la classer…
au Patrimoine de l’Unesco ! Pourvu que Carlita le
convainque un de ces soirs de regarder MasterChef.
Marie-Odile Briet est journaliste indépendante et
collabore au supplément Styles de l’Express
METROPOLITAN 9