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Untitled - Opéra de Lyon

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ORPHÉE DANS LES MÉTAMORPHOSES<br />

ce qu’il soit sorti <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> l’Averne ; sinon, cette faveur<br />

sera rendue vaine. Ils s’acheminent, à travers un silence que<br />

ne trouble nulle voix, par les pentes d’un sentier abrupt, obscur,<br />

noyé dans un épais brouillard. Ils n’étaient plus éloignés,<br />

la limite franchie, <strong>de</strong> fouler la surface <strong>de</strong> la terre ;<br />

Orphée, tremblant qu’Eurydice ne disparût et avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

contempler, tourna, entraîné par l’amour, les yeux vers elle ;<br />

aussitôt elle recula, et la malheureuse, tendant les bras,<br />

s’efforçant d’être retenue par lui, <strong>de</strong> le retenir, ne saisit que<br />

l’air inconsistant. Mais, mourant pour la secon<strong>de</strong> fois, elle ne<br />

proféra aucune plainte contre son époux : <strong>de</strong> quoi se plaindrait-elle,<br />

en effet, sinon <strong>de</strong> ce qu’il l’aimât ? Elle lui dit un<br />

suprême adieu, que <strong>de</strong>vaient avec peine recueillir ses<br />

oreilles, et, revenant sur ses pas, retourna d’où elle venait.<br />

Frappé une secon<strong>de</strong> fois par la mort <strong>de</strong> son épouse, Orphée<br />

resta figé <strong>de</strong> stupeur, comme celui qui fut pris <strong>de</strong> peur en<br />

voyant les trois cous du chien infernal, dont celui du milieu<br />

était enchaîné : la terreur ne l’abandonna pas qu’il n’eût<br />

auparavant changé <strong>de</strong> nature, son corps s’étant pétrifié. [...]<br />

Malgré ses prières, ses vains efforts pour obtenir <strong>de</strong> passer<br />

une secon<strong>de</strong> fois, le nocher l’avait écarté. Il resta cependant<br />

sept jours entiers assis sur la rive, sans prendre aucun soin<br />

<strong>de</strong> sa personne, sans toucher aux dons <strong>de</strong> Cérès ; sa peine, sa<br />

douleur, ses larmes furent ses aliments. Quand il eut épuisé<br />

ses plaintes contre la cruauté <strong>de</strong>s dieux <strong>de</strong> l’Erèbe, il se retira<br />

sur le sommet du Rhodope et sur l’Hémus, battu par les<br />

Aquilons. [...] Orphée s’était dérobé à toutes les séductions<br />

<strong>de</strong>s femmes, soit parce que leur amour lui avait été funeste,<br />

soit parce qu’il avait engagé sa foi. Beaucoup pourtant brûlaient<br />

<strong>de</strong> s’unir au poète, beaucoup souffrirent d’être repoussées.<br />

Et ce fut aussi lui dont les chants apprirent aux peuples<br />

<strong>de</strong> Thraces à reporter leur amour sur <strong>de</strong> jeunes garçons et à<br />

cueillir, avant l’épanouissement <strong>de</strong> la jeunesse, le court printemps<br />

et la première fleur <strong>de</strong> l’âge tendre.<br />

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