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Untitled - Opéra de Lyon

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OVIDE<br />

Mort d’Orphée<br />

Livre XI<br />

Tandis que par <strong>de</strong> tels récits inspirés le chantre <strong>de</strong><br />

Thrace entraîne à sa suite les forêts, les animaux sauvages,<br />

les rochers, voici que les femmes <strong>de</strong>s Cicones, la poitrine<br />

couverte, dans leur délire, <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bêtes, du haut d’un<br />

tertre aperçoivent Orphée accompagnant son chant sur la lyre<br />

dont il frappe les cor<strong>de</strong>s. L’une d’elles, agitant sa chevelure<br />

dans l’air léger : « Le voilà, dit-elle, le voilà : c’est l’homme<br />

qui nous méprise », et elle lança sa lance contre la bouche<br />

aux doux sons du chantre aimé d’Apollon ; mais la pointe<br />

garnie <strong>de</strong> feuilles n’y laissa que sa marque, sans faire <strong>de</strong> blessure.<br />

Une autre, pour projectile, prend une pierre qui, une<br />

fois lancée, fut, dans l’air même, arrêtée par l’harmonieux<br />

concert <strong>de</strong> la voix et <strong>de</strong> la lyre et vint, comme suppliant, qu’il<br />

lui pardonnât sa folle tentative, tomber aux pieds d’Orphée.<br />

Cependant, les attaques se multiplient avec une audace qui<br />

ne connut bientôt plus <strong>de</strong> bornes [...] Tous les projectiles<br />

auraient pourtant été rendus inoffensifs par le chant d’Orp<br />

h é e ; mais l’immense clameur, la flûte <strong>de</strong> Bérécynthe au<br />

pavillon coudé, les tambourins, les battements <strong>de</strong> mains, les<br />

hurlements <strong>de</strong>s Bacchantes, couvrirent le son <strong>de</strong> la cithare.<br />

Alors enfin les rochers se rougirent du sang du chantre qu’ils<br />

n’entendaient plus.<br />

Tout d’abord ce fut sur les oiseaux innombrables, les serpents,<br />

le troupeau <strong>de</strong>s bêtes sauvages, que retenait jusqu’à ce<br />

moment encore, frappés d’admiration, la voix du chanteur,<br />

que les Ména<strong>de</strong>s s’acharnèrent, car ils attestaient le triomphe<br />

remporté par Orphée. Puis, les mains ensanglantées, elles se<br />

tournent contre Orphée lui-même et se rassemblent, comme<br />

les oiseaux s’ils voient s’aventurer en plein jour l’oiseau <strong>de</strong><br />

nuit, et comme, dans l’amphithéâtre, autour du cerf condamné<br />

à périr au matin dans l’arène, les chiens dont il est la proie ;<br />

elles fon<strong>de</strong>nt sur le chantre inspiré, lui jettent leurs thyrses<br />

garnis <strong>de</strong> feuilles vertes et faits pour un tout autre usage ; les<br />

unes brandissent contre lui <strong>de</strong>s mottes <strong>de</strong> terre, d’autres <strong>de</strong>s<br />

branches arrachées à un arbre, quelques-unes <strong>de</strong>s pierres.<br />

Et, pour que les armes ne fissent pas défaut à leur fureur, il<br />

se trouva que <strong>de</strong>s bœufs retournaient la terre sous l’effort <strong>de</strong><br />

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