Untitled - Opéra de Lyon
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MAURICE ROCHE<br />
(Louis Saguer) ; et, à la suite <strong>de</strong>s Peri et Caccini, nombre <strong>de</strong><br />
dramma per musica (la fonction crée l’organe !) virent le jour.<br />
Mais l’élite se lasse vite, et le genre eût sans nul doute été<br />
voué, du fait <strong>de</strong> son inconsistance, à une existence éphémère,<br />
si quelques musiciens en avaient conservé l’exclusivité.<br />
Monteverdi allait en élargir la portée. Son art ne s’adresse<br />
plus à <strong>de</strong>s spectateurs privilégiés, choisis, mais à tous les<br />
hommes.<br />
[...] Monteverdi, en même temps qu’il crée le style baroque<br />
musical, met au point les formes musicales logiques <strong>de</strong><br />
son art : le madrigal concertant d’abord, puis l’opéra. Le<br />
compositeur qu’il est va « se servir <strong>de</strong> toutes les acquisitions<br />
structurales <strong>de</strong> la musique antérieure et les transformer en<br />
moyens d’expression dramatique ».<br />
[...]<br />
Le 23 février [1607], veille du carnaval <strong>de</strong> Mantoue,<br />
Carlo Magni écrit à son frère Giovanni, représentant ducal à<br />
Rome : « Demain le S.S. Prince fait réciter une comédie qui<br />
sera curieuse en ce sens que les interlocuteurs doivent parler<br />
en musique. »<br />
Une toccata écrite en do [...] se joue trois fois avec tous les<br />
instruments avant le lever du ri<strong>de</strong>au. Suit un prologue où une<br />
allégorie <strong>de</strong> la musique présente le spectacle et s’excuse<br />
auprès <strong>de</strong>s illustres spectateurs qu’il ne sera pas fait allusion<br />
à leurs exploits. Puis c’est le premier acte, une scène pastorale<br />
dans le goût du temps. La campagne. Des nymphes et<br />
<strong>de</strong>s bergers ; au milieu d’eux, Orfeo ; « il chante assis au<br />
bord du ciel splendi<strong>de</strong> » son amour pour son pays natal<br />
(charmante chanson qui n’est pas sans nous faire songer à<br />
certaines pages pastorales <strong>de</strong> Pergolèse). Il chante aussi son<br />
amour pour Euridice. (Pendant qu’il chante, son épouse<br />
s’amuse un peu à faire courir certain Aristée, un petit apiculteur,<br />
bâtard d’Apollon. Mais Striggio et Monteverdi ne font<br />
pas allusion à ce personnage ni à cet épiso<strong>de</strong> : pour eux elle<br />
cueille <strong>de</strong>s fleurs à quelques pas <strong>de</strong> là.)<br />
Striggio a sacrifié à la coutume : ce premier acte est une<br />
pastorale conventionnelle, ni plus ni moins, mais que<br />
Monteverdi revêt <strong>de</strong> toutes les couleurs d’une musique <strong>de</strong><br />
bonheur ; c’est le mon<strong>de</strong> terrestre, un univers <strong>de</strong> fleurs et <strong>de</strong><br />
bois, <strong>de</strong> nymphes et <strong>de</strong> bergers, <strong>de</strong> chansons, <strong>de</strong> soleil, décrit<br />
par les flûtes, les cor<strong>de</strong>s, le cembalo et l’orgue.<br />
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