Histoire - Memoria
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police tire. A Alger, les militants<br />
organisent trois cortèges avec des<br />
citoyens venus des différents quartiers<br />
qui s’ébranlent de trois lieux<br />
différents : Place du gouvernement<br />
(actuelle Place des martyrs), mosquée<br />
Sidi Abderrahmane, Bab Jdid.<br />
La jonction était prévue à l’entrée<br />
de la rue d’Isly (actuelle rue Larbi-<br />
Ben-M’hidi) le lieu final de la dispersion<br />
étant fixé à la Grande Poste. Au<br />
moment où les deux premiers cortèges<br />
se retrouvent à la rue d’Isly, la<br />
police est là. A la vue des drapeaux<br />
algériens, elle tire. Quatre martyrs<br />
tombent : Haffaf Ghazali, Abdelkader<br />
Ziar, Ahmed Boualamallah,<br />
Abdelkader Kadi. Le cortège, qui<br />
a démarré de Bab Jdid, contourne<br />
par la rue Mogador pour arriver à la<br />
grande poste. Dans cette manifestation<br />
marchaient des étudiantes parmi<br />
lesquelles Mamia Abdelli, Kamila<br />
Bendimered, Kheïra Bouayed,<br />
Zoubida Safir ainsi qu’un groupe<br />
d’étudiants maghrébins. Il y eut aussi<br />
un martyr à Oran et un à Blida.<br />
Les militants des AML organisèrent<br />
des manifestations dans la plupart<br />
des villes de l’Est : Sétif, Aïn Beïda,<br />
Tébessa, Collo, Khenchela. Les militants<br />
réussirent à contenir les foules<br />
et firent respecter les consignes.<br />
Une stratégie unitaire<br />
La manifestation d’Alger fut un<br />
succès populaire. Le PPA avait montré<br />
son implantation et son influence<br />
sur les populations algériennes.<br />
Celles-ci révélèrent que la volonté<br />
d’indépendance était fortement<br />
ancrée. C’était la première fois que<br />
le mouvement populaire qui réclamait<br />
l’indépendance prenait une<br />
8 Mai 1945<br />
<strong>Histoire</strong><br />
telle place dans la lutte politique. La<br />
stratégie d’union des mouvements<br />
politiques avait fonctionné même<br />
si au sein des comités locaux des<br />
AML, certains militants montrèrent<br />
des hésitations, insistant pour que<br />
tout reste dans la légalité. Malgré un<br />
enthousiasme démesuré de ses militants,<br />
le PPA fit tout pour maintenir<br />
cette unité d’action. Devant le succès<br />
populaire des manifestations du 1er<br />
mai, la direction du PPA décida de<br />
renforcer son action en s’associant<br />
aux festivités marquant le succès des<br />
Alliés. Les témoignages que rapportèrent<br />
plus tard les membres de la<br />
direction ont été contradictoires.<br />
Il semble que c’est bien la direction<br />
du PPA qui prit la décision de manifester<br />
le 8 mai et que les instructions<br />
furent transmises par le biais<br />
des comités locaux des AML. La<br />
direction prit une décision unanime<br />
approuvée par tous ses membres :<br />
Mohammed Lamine Debaghine,<br />
Hocine Asselah, Hocine Mokri,<br />
LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 11 )<br />
Emeutes du 08 mai dans la ville de Sétif<br />
Chawki Mostefaï, Hadj Mohammed<br />
Cherchalli, Saïd Amrani, Ahmed<br />
Mezerna, Amar Khellil, Mahmoud<br />
Abdoun, Chadly Mekki, Messaoud<br />
Boukadoum. Mohammed Taleb<br />
était alors en prison, Ahmed Bouda<br />
et Embarek Fillali, recherchés par la<br />
police, exerçaient dans la clandestinité.<br />
Le PPA insista sur le caractère<br />
pacifique de ses manifestations qui<br />
devaient reprendre des mots d’ordre<br />
politiques au devant desquels l’indépendance.<br />
On devait affirmer l’identité<br />
nationale en brandissant le drapeau<br />
algérien qui avait été largement<br />
diffusé et en entonnant l’hymne<br />
patriotique.<br />
Selon Chawki Mostefaï, par<br />
crainte que l’esprit de revanche ne<br />
fasse tomber les militants dans les<br />
provocations, la direction du PPA<br />
décida de ne pas organiser de manifestations<br />
dans les villes d’Alger et<br />
d’Oran.<br />
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