Histoire - Memoria
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Guerre de libération<br />
<strong>Histoire</strong><br />
à la recherche d’indices liés à la<br />
présence éventuelle de «fellaghas»<br />
dans cette zone au relief<br />
escarpé.<br />
L’aspirant Arthur avait pensé<br />
que cette étape serait la dernière<br />
et que le retour au campement<br />
se ferait par la traversée<br />
de l’oued Toursout, rassuré<br />
par le calme des lieux, synonyme,<br />
selon lui, d’absence de<br />
danger. Il est 11h 15 lorsque<br />
l’unité du 9e RIC arrive en<br />
contrebas du dernier douar<br />
visité, en l’occurrence Ouled<br />
Djerrah. Les militaires français<br />
avancent à des intervalles<br />
de dix mètres, une distance<br />
considérée comme stratégique<br />
en cas d’attaque surprise.<br />
Loin s’en faut. Au moment où<br />
la patrouille s’engage dans un<br />
col abrupt entouré de rochers et<br />
de taillis, les premiers coups de<br />
feu crépitent autour d’elle. Les<br />
tirs sont nourris et constants et<br />
proviennent des hauteurs du col,<br />
où le commando de l’ALN s’est<br />
posté en demi-cercle, sur une distance<br />
de vingt à trente mètres en<br />
hauteur, avant l’arrivée de cette<br />
unité dans la zone. Mitraillés<br />
sans relâche, les soldats français<br />
tombent les uns après les autres<br />
et sont cloués au sol. Réduits à<br />
cinq éléments, les survivants se<br />
rendent compte que les combattants<br />
algériens sont en nombre<br />
supérieur et se demandent où ils<br />
ont pu se doter de tant de munitions<br />
et d’armes automatiques. Le<br />
combat fut bref et n’a pas duré<br />
plus d’une vingtaine de minutes,<br />
peut-être quinze. Une fois assu-<br />
rés que l’ennemi n’est plus en mesure<br />
d’opposer de résistance, les<br />
éléments du commando se ruent<br />
sur l’unité anéantie. Ils entourent<br />
les cinq survivants et les cadavres<br />
de leurs compagnons, les désarment,<br />
puis prennent possession<br />
de leurs munitions et des équipements<br />
indispensables tels que les<br />
treillis, les chaussures et la radio.<br />
Peu après, des villageois arrivent<br />
sur les lieux et aident les moudjahidine<br />
à rassembler le matériel.<br />
Le bilan de cette attaque s’est<br />
soldé par la mort de 17 soldats<br />
alors que deux autres sont blessés<br />
et deux tout à fait indemnes.<br />
Ils seront faits prisonniers. Côté<br />
ALN, un moudjahid a été tué<br />
par inadvertance par ses compagnons<br />
au moment où il se précipitait<br />
pour récupérer l’armement<br />
des militaires hors de combat.<br />
Deux des prisonniers sont em-<br />
LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 93 )<br />
Soldats français évacuant leurs blessés<br />
menés, alors que les deux autres<br />
sont remis aux habitants du<br />
douar, car grièvement blessés.<br />
L’unité que commandait l’aspirant<br />
Hervé Arthur en était à sa<br />
troisième sortie dans la région de<br />
Ammal. En cette journée du 18<br />
mai 1956 ce fut la dernière. Une<br />
violente campagne médiatique<br />
orchestrée par la presse française<br />
de l’époque est lancée, faisant des<br />
soldats tués des victimes innocentes<br />
attaquées par des «sanguinaires»,<br />
refusant d’accepter l’idée<br />
d’un affrontement entre soldats<br />
des deux camps et la défaite subie<br />
face à des hommes déterminés<br />
et résolus à se sacrifier pour<br />
arracher l’indépendance de leur<br />
pays. Durant cinq jours, des représailles<br />
sanglantes vont être<br />
commises par l’armée française<br />
à l’encontre des habitants des<br />
douars situés dans les montagnes<br />
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