Histoire - Memoria
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Guerre de libération<br />
<strong>Histoire</strong><br />
que la paix se restaure dans le<br />
pays : « Je prends acte au nom de<br />
la France et je déclare, qu’à partir<br />
d’aujourd’hui, la France considère<br />
que, dans toute l’Algérie, il n’y a<br />
qu’une seule catégorie d’habitants<br />
: il n’y a que des Français à<br />
part entière, des Français à part<br />
entière, avec les mêmes droits et<br />
les mêmes devoirs. »<br />
Mais il ignore toute revendication<br />
politique du peuple algérien<br />
et son aspiration légitime à la liberté<br />
et à l’indépendance ; alors<br />
que la guerre était à son apogée.<br />
Au contraire, il s’est attaché, tout<br />
au long de son discours, à glorifier<br />
l’armée coloniale et ses chefs<br />
: « L’armée, l’armée française, cohérente,<br />
ardente, disciplinée, sous<br />
les ordres de ses chefs, l’armée<br />
éprouvée en tant de circonstances<br />
et qui n’en a pas moins accompli<br />
ici une œuvre magnifique de<br />
compréhension et de pacification,<br />
l’armée française a été sur cette<br />
terre le ferment, le témoin, et elle<br />
est le garant du mouvement qui<br />
s’y est développé. » Il lui exprime<br />
sa confiance et dit compter sur<br />
elle « pour aujourd’hui et pour<br />
demain. » Ce qui ne sera évidemment<br />
jamais le cas.<br />
De Gaulle conclura son discours<br />
avec un vibrant : « Vive la<br />
République !<br />
Vive la France ! » qui prendra<br />
bientôt une autre connotation<br />
lors du discours qu’il va prononcer,<br />
le 6 juin, à Mostaganem. Là,<br />
aussi, il reprend la même rengaine<br />
d’égalité et de fraternité : «La<br />
France entière, le monde entier,<br />
sont témoins de la preuve que<br />
Mostaganem apporte aujourd’hui<br />
que tous les Français d’Algérie<br />
sont les mêmes Français. Dix<br />
millions d’entre eux sont pareils,<br />
avec les mêmes droits et les<br />
mêmes devoirs», en réitérant son<br />
engagement à bannir le deuxième<br />
collège pour les « musulmans », à<br />
un moment où les Algériens luttaient<br />
pour leur affranchissement<br />
total. Et là encore, de Gaulle<br />
annonce l’avènement d’une nouvelle<br />
ère, pour la France, faite<br />
de « grandeur » et de « rénovation<br />
». Rénovation institutionnelle<br />
qu’il voudrait renforcer par<br />
de nouvelles élections générales,<br />
en faisant participer l’ensemble<br />
LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 59 )<br />
Alger, le 13 mai 1958<br />
des « Français habitant l’Algérie<br />
». Pour lui, et pour ses partisans,<br />
c’était la meilleure façon de sauvegarder<br />
cet esprit d’Algérie française,<br />
et d’éviter, par-là, de nouvelles<br />
frictions et de nouveaux «<br />
combats fratricides » qui auraient<br />
tant nui à l’image de la France.<br />
« Une preuve, clame-t-il, va être<br />
fournie par l’Algérie tout entière<br />
que c’est cela qu’elle veut car, d’ici<br />
trois mois, tous les Français d’ici,<br />
les dix millions de Français d’ici,<br />
vont participer, au même titre, à<br />
l’expression de la volonté nationale<br />
par laquelle, à mon appel, la<br />
France fera connaître ce qu’elle<br />
veut pour renouveler ses institutions.<br />
»<br />
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