Groupe El-Djazaïr.com . MÉMORIA . Guerre de libération <strong>Histoire</strong> la première explosion, « Gerboise blanche », placée à 60 km à peine des habitations locales. Pour l’opération « Gerboise verte », 195 soldats français auraient servi de cobayes. Des témoignages pour corroborer ces thèses existent. Cobayes humains Ces essais nucléaires ont révélé au monde des négligences graves, voire des pratiques dignes de crimes contre l’humanité. A en juger : des prisonniers algériens auraient été exposés volontairement lors d’un essai aérien à Hamoudia. Un légionnaire d’origine allemande, affirmait au cinéaste René Vautier, avoir reçu instruction, juste avant l’explosion d’aller récupérer dans des prisons et des camps de concentration 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes juste au point zéro. Les recherches effectuées dans les années 2000 en Algérie ont fini par dissiper le doute sur ces actes délibérés, comme le confirmera plus tard, l’avocate Me Fatima Ben Braham en affirmant que l’étude iconographique de certaines de ces photos « nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements ». A côté de cela, elle affirme que certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, encore moins libérés. Idem pour d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration. Un groupe de médecins et de médecins légistes n’a pas manqué aussi de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.). William Kob, survivant des 195 cobayes de « Gerboise verte », fournit un recoupement sérieux à ces affirmations, à travers son témoignage : « Ce jour-là, il y avait un vent de sable terrible, je conduisais le JMC mais je ne voyais rien. Lorsque j’ai vu le char, c’était trop tard, le pare-chocs de mon camion était déjà arraché. Nous sommes peut-être arrivés à 200 ou 300 mètres du point zéro, il y avait des mannequins renversés qui fumaient encore, nous avons récupéré les dosimètres et nous sommes repartis… » Selon lui, le rapport le confirme. Il est textuellement écrit : « Des mannequins équipés de la tenue spéciale ( 80 ) et de 4 dosimètres placés sur la tête, le cœur, le dos et les jambes furent installés dans divers emplacements, certains étaient recouverts d’une plaque de polyester protégeant la tête et le haut du corps. » Les autorités françaises ont d’abord répondu en 2005 qu’il s’agissait uniquement de mannequins, pour tester les habillements face aux essais, pour ensuite rétorquer que «s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie ». Des ratés et de nombreux accidents La France dut, suite à cela, abandonner les essais aériens, à partir de novembre 1961, portant son choix pour effectuer ses essais souterrains sur le site d’In Ecker, au sud de Reggane et à environ 150 km au nord de Tamanrasset. Mais cela n’a pas été sans incidents, dont le spectre des conséquences n’a pas encore été cerné. Ainsi, le 1er mai 1962, lors du deuxième essai souterrain, un nuage radioactif s’est échappé de la galerie de tir à In Ecker, au Sahara, entraînant l’accident de Béryl. Cet accident n’est pas le seul, d’autres incidents eurent lieu, à l’instar de l’accident Améthyste (30 mars 1963) à la suite duquel un panache contenant des aérosols et des produits gazeux s’est dirigé vers l’estsud-est et a touché l’oasis d’Idelès, située à 100 km, où vivaient 280 habitants. Lors de l’expérience « Rubis », le 20 octobre 1963, une sortie de gaz rares radioactifs et d’iodes s’est produite dans l’heure qui a suivi la réalisation de l’essai, avec formation d’un panache. La contamination a été détectée jusqu’à Tamanrasset. Lors de l’expérimentation « Jade », le 30 mai 1965, il est observé une sortie de gaz rares et d’iodes par la galerie. Après six essais– dont quatre dans l’atmosphère – durant la période coloniale et onze autres après l’Indépendance, du 5 juillet 1962 à février 1966, conformément aux Accords d’Evian, l’armée française annonce son départ, en 1967. Elle fait état du démantèlement de toutes les infrastructures, mais en réalité, cette zone d’essais, qu’on a voulu présenter comme inhabitée, n’a pas été décontaminée par l’armée française, au grand dam des populations locales qui en porteront des séquelles indélébiles. Djamel Belbey Supplément N° 13 - Mai 2013.
Guerre de libération <strong>Histoire</strong> Les conséquences et effets de la bombe Les essais nucléaires français ont provoqué des dégâts irréversibles à la population algérienne, à la faune et à la flore de la région. Par Djamel Belbey LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 81 ) www.memoria.dz