Histoire - Memoria
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nouveau gouverneur désigné par<br />
le général de Gaulle. La commission<br />
des réformes qui est alors installée<br />
reçoit les contributions des<br />
différents représentants algériens.<br />
A l’exception des communistes, les<br />
délégués algériens penchent vers<br />
une large autonomie politique.<br />
Bachir El Ibrahimi parla d’une<br />
citoyenneté algérienne et d’un<br />
gouvernement algérien. Abbas et<br />
Sayah représentant les signataires<br />
du Manifeste rappellent le principe<br />
essentiel « chaque peuple est<br />
libre de disposer de lui-même » et<br />
demandent la constitution d’un «<br />
gouvernement algérien ». Messali<br />
Hadj au nom du PPA demande «<br />
un parlement algérien élu au suffrage<br />
universel ».<br />
De Gaulle nie le droit à la<br />
liberté<br />
Le gouvernement français néglige<br />
ces demandes et se contente<br />
d’une mesure extrêmement limitée<br />
qui ne tienne pas compte<br />
de l’avancée de la revendication<br />
nationale. L’ordonnance du 7<br />
mars 1944 promulguée par de<br />
Gaulle, nie la revendication de<br />
l’égalité politique en se contentant<br />
d’élargir l’accès à la citoyenneté<br />
française à 60.000 Algériens<br />
qui conserveraient leur statut de<br />
musulman. Le 14 mars 1944, les<br />
partisans de Ferhat Abbas, des<br />
oulémas et du PPA se regroupent<br />
dans un front : les Amis du Manifeste<br />
et de la Liberté (AML). Dans<br />
ses statuts, ce groupement se fixe<br />
comme mission : « La condamnation<br />
définitive des contraintes du<br />
régime colonial, de son dogme<br />
8 Mai 1945<br />
<strong>Histoire</strong><br />
racial et de son arbitraire. » Le 22<br />
mai 1944, il affirme que « l’assimilation<br />
annoncée par l’ordonnance<br />
du 7 mars 1944 est contraire aux<br />
aspirations des populations musulmanes<br />
».<br />
On le voit, au début de l’année<br />
1945, le mouvement national a<br />
connu de profondes évolutions<br />
depuis les années 1930. Le mouvement<br />
populaire national, porté<br />
à l’origine par l’Etoile Nord-Africaine<br />
puis par le PPA, devient<br />
largement majoritaire et s’impose<br />
sur la scène politique. Il n’est plus<br />
dans l’émigration qui lui a donné<br />
les conditions de sa naissance et<br />
de son essor, lieu où une population<br />
algérienne pauvre, regroupée<br />
et non émiettée, a pu avoir<br />
les meilleures conditions pour<br />
s’éveiller à une conscience sociale<br />
LA REVUE DE LA MÉMOIRE D'ALGÉRIE ( 25 )<br />
charles de Gaulle<br />
et à une conscience nationale. A<br />
partir des années 1930, le mouvement<br />
accueille des couches intermédiaires<br />
non ouvrières (petits<br />
commerçants, artisans, employés)<br />
et se renforce par l’arrivée des<br />
cadres moyens, des intellectuels,<br />
des étudiants. Ce brassage crée<br />
la composante d’un mouvement<br />
de masse qui s’enracine dans une<br />
société en rapide mutation. La<br />
paupérisation des couches rurales,<br />
l’exode vers les villes font des populations<br />
urbaines prolétarisées la<br />
base d’un mouvement de revendication<br />
sociale et politique. De<br />
plus, le rejet multiforme de la présence<br />
coloniale à travers la vie associative,<br />
les pratiques collectives,<br />
l’enseignement de la langue arabe,<br />
la fréquentation des cercles culturels<br />
renforcent le sentiment d’ap-<br />
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