Histoire - Memoria
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Groupe El-Djazaïr.com . MÉMORIA .<br />
Guerre de libération<br />
<strong>Histoire</strong><br />
Le matin du 13 février à 6 heures,<br />
jour « j », heure « h » du premier<br />
tir nucléaire de la France. Les militaires<br />
français somment les habitants<br />
de Reggane d’accrocher à<br />
leur cou des pendentifs en forme<br />
de clichés. Quelques instants plus tard, une violente<br />
déflagration est entendue. L’armée française, une<br />
fois son forfait accompli, n’a même pas pris le soin<br />
de décontaminer la zone de tir de Hamoudia, à 15<br />
km de la ville de Reggane, ou d’enlever tout le matériel<br />
et outils radioactifs. Les retombées radioactives<br />
des essais qui ont été effectués sur un rayon de 60<br />
km, ont été enregistrées jusqu’à plus de<br />
3000 km du site (Ouagadougou,<br />
Bamako, Abidjan, Dakar,<br />
Khartoum), soutiennent<br />
les chercheurs. Que<br />
dire alors des populations<br />
locales sédentaires<br />
ou nomades<br />
de la région ? De<br />
nombreux témoignages<br />
récoltés par<br />
les chercheurs ou<br />
historiens, auprès<br />
de personnes ayant<br />
assisté ou participé<br />
de près ou de loin aux<br />
essais nucléaires français<br />
de 1960 à 1966, sont unanimes<br />
sur le fait que ces expériences<br />
ont laissé des traces indélébiles<br />
sur la faune, la flore et les hommes. Des<br />
effets qui sont encore palpables de nos jours, sur la<br />
population de Reggane qui continue d’enregistrer<br />
un taux important de cancers de la peau, de leucémies,<br />
des malformations chez les nouveau-nés et des<br />
hémorragies internes pour les femmes, et d’innombrables<br />
cas de pathologies liées à cette catastrophe.<br />
( 82 )<br />
De nombreuses pathologies<br />
Lors du 2e colloque international sur les explosions<br />
nucléaires dans le Sahara algérien, organisé en<br />
2010, le président de la Fondation nationale pour la<br />
promotion de la santé et le développement de la recherche<br />
(Forem), le docteur Mostéfa Khiati, a ainsi<br />
noté l’apparition de formes de cancer étrangères à<br />
la région, notamment celui de la peau, des atteintes<br />
oculaires et pulmonaires, des cas d’avortement, de<br />
mortalité, de stérilité. Le professeur Kamel Bouzid,<br />
du Centre Pierre-et-Marie-Curie, pour sa part a indiqué,<br />
que dans les rapports médicaux sur le cancer<br />
dans les trois régions, Adrar, Timimoun et Tamanrasset,<br />
il a été décelé une importance de cas de<br />
cancers de la thyroïde, de la peau et<br />
une affectation de l’ADN chez<br />
les enfants. Et plus grave<br />
encore, il fait état de la<br />
naissance d’un cyclope<br />
à Timimoun. Pour<br />
le chercheur Abdel<br />
Khadum Al Aboudi,<br />
docteur en physique<br />
nucléaire,<br />
il y a un lien<br />
entre les fausses<br />
couches, malformations,<br />
cancers<br />
et autres maladies<br />
rares observées<br />
dans la région et les<br />
essais nucléaires effectués<br />
par l’armée française<br />
entre 1960 et 1966.<br />
«On a enregistré 87 fausses<br />
couches en une année dans une<br />
petite commune de cette région», a-t-il<br />
relevé. A cela s’ajoute un effet encore méconnu que<br />
sont le stress et l’instabilité psychologique chez les<br />
irradiés, et que révèle l’étude de scientifiques soumise<br />
par Abdel Khadum Al Aboudi, de l’université<br />
d’Oran, qui explique, que ceci résulte du fait que «<br />
la population ne disposait de connaissances suffisantes<br />
et cohérentes sur le sujet ». Selon son étude,<br />
Supplément N° 13 - Mai 2013.