Les Homes Indiens en Guyane française - Guyaweb
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CONCLUSION<br />
<strong>Les</strong> <strong>Homes</strong> <strong>Indi<strong>en</strong>s</strong> ont reçu, depuis maint<strong>en</strong>ant soixante ans, les <strong>en</strong>fants des six<br />
peuples amérindi<strong>en</strong>s de <strong>Guyane</strong> <strong>française</strong>. Cette expéri<strong>en</strong>ce a été vécue comme douloureuse,<br />
parfois viol<strong>en</strong>te, et a eu des répercussions sur chaque femme et homme qui y a séjourné.<br />
Ces internats ont fait partie de la politique de « francisation » mise <strong>en</strong> place par l’État<br />
français, à destination de ces populations à partir des années 1950. Elle a été l’un des outils de<br />
l’ars<strong>en</strong>al administratif qui a, quelques années plus tard, vu la mise <strong>en</strong> place de l’inscription à<br />
l’état-civil, et donc sur les listes électorales, ainsi que l’accès aux prestations sociales. L’un<br />
des objectifs de cette politique était de regrouper les populations amérindi<strong>en</strong>nes dans des<br />
bourgs. Ce regroupem<strong>en</strong>t devait permettre le contrôle administratif, politique et sanitaire des<br />
Autochtones de la région. Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater l’échec de ces<br />
rassemblem<strong>en</strong>ts. En effet, nous observons actuellem<strong>en</strong>t qu’un éclatem<strong>en</strong>t de ces bourgs se<br />
produit dans toutes les communautés. Sur l’Oyapock, de nouveaux villages familiaux se<br />
cré<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t parfois très loin du c<strong>en</strong>tre administratif (I. Tritsch & al., 2012, D. Davy<br />
& al., 2011). Sur le littoral, les Arawak-Lokono, les Kali’na et les Pahikhw<strong>en</strong>e se<br />
réappropri<strong>en</strong>t les terres à travers les ZDUC voire <strong>en</strong> dehors (F. Armanville, 2010, G. Filloche,<br />
2011). En effet, sur la commune de Mana, le service régional de l’archéologie constate <strong>en</strong> ce<br />
mom<strong>en</strong>t même, que certains très anci<strong>en</strong>s lieux d’occupation sont réinvestis par des groupes<br />
familiaux. <strong>Les</strong> discours sont toujours les mêmes : « Il y a trop de monde au village, ce n’est<br />
pas pour nous. Nous on a besoin de place pour être des Amérindi<strong>en</strong>s ». Au-delà de la pression<br />
démographique vécue dans les villages, ces familles s’install<strong>en</strong>t sur des territoires proches de<br />
cours d’eau qu’ils estim<strong>en</strong>t non pollués et où la terre est jugée plus productive.<br />
Ces établissem<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t pour objectifs de former les Amérindi<strong>en</strong>s afin de<br />
pallier le manque de main-d’œuvre qui se faisait ress<strong>en</strong>tir à l’époque. De plus, le désir de<br />
certains des initiateurs de cette politique était de créer un peuple guyanais, <strong>en</strong> effaçant les<br />
spécificités culturelles de ces communautés par le truchem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>fants. En inculquant une<br />
éducation <strong>française</strong> et catholique, et <strong>en</strong> provoquant une rupture presque totale avec leur<br />
famille et leur communauté, ils estimai<strong>en</strong>t que petit à petit se diffuserait cette culture unique.<br />
Sur le littoral, cette scolarisation s’est faite dans la douleur, et les stigmates rest<strong>en</strong>t toujours<br />
prés<strong>en</strong>ts dans les mémoires, mais le passage par les <strong>Homes</strong> <strong>Indi<strong>en</strong>s</strong> a permis à ces populations<br />
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