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Les Homes Indiens en Guyane française - Guyaweb

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ces propos. Il est donc fréqu<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre un discours sur une scolarisation forcée et<br />

obligatoire. Et nous avons parfois <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, lors d’interv<strong>en</strong>tions officielles, que le clergé se<br />

faisait aider des g<strong>en</strong>darmes pour « Pr<strong>en</strong>dre les <strong>en</strong>fants à leurs par<strong>en</strong>ts ». Nous avons constaté<br />

sur ce sujet, que les hommes sont beaucoup plus radicaux que les femmes. Et les débats sont<br />

souv<strong>en</strong>t passionnels. Au cours de nos recherches archivistiques, le seul docum<strong>en</strong>t pouvant<br />

accréditer cette théorie est le projet de statut de l’association des <strong>Homes</strong> <strong>Indi<strong>en</strong>s</strong> de la<br />

<strong>Guyane</strong> 71 , qui m<strong>en</strong>tionne dans son article 11 : « <strong>Les</strong> <strong>Homes</strong> <strong>Indi<strong>en</strong>s</strong> sont habilités à recueillir<br />

des <strong>en</strong>fants âgés de 4 à 16 ans, ceux-ci sont pris <strong>en</strong> charge <strong>en</strong> qualité de « recueillis<br />

temporaires » par la direction de la population ». Nous n’avons trouvé aucun autre docum<strong>en</strong>t<br />

allant dans ce s<strong>en</strong>s, s’ils ont existé, ceux-ci ne sont plus disponibles aujourd’hui. Comme nous<br />

l’avons vu, il est fréqu<strong>en</strong>t que les anci<strong>en</strong>s p<strong>en</strong>sionnaires utilis<strong>en</strong>t le terme d’orphelinat pour<br />

désigner les <strong>Homes</strong>. Nous avons égalem<strong>en</strong>t constaté que certaines sœurs nomm<strong>en</strong>t<br />

« pupilles » leurs p<strong>en</strong>sionnaires 72 . Françoise Gr<strong>en</strong>and, qui a beaucoup travaillé sur l’éducation<br />

des Amérindi<strong>en</strong>s nous a indiqué que cette scolarisation était « Fortem<strong>en</strong>t recommandée, mais<br />

<strong>en</strong> aucun cas obligatoire ». <strong>Les</strong> témoignages que nous avons recueillis vont plutôt dans ce<br />

s<strong>en</strong>s. Ainsi, Madame C. nous raconte sa r<strong>en</strong>trée des classes : « Lorsque v<strong>en</strong>ait le mom<strong>en</strong>t de la<br />

r<strong>en</strong>trée, au village on se faisait belle. Ma mère me passait la lame Gilette pour que je sois<br />

bi<strong>en</strong> propre et elle me passait de l’huile de coco dans les cheveux. Après on mettait nos t<strong>en</strong>ues<br />

les plus belles et on att<strong>en</strong>dait le ramassage. Tu sais pour nous c’était le seul moy<strong>en</strong> d’aller à<br />

l’école, alors c’était important ». De même pour Madame V. « On se faisait belles et on<br />

roulait nos hamacs, tu compr<strong>en</strong>ds, on allait à l’école ». Mais, il est bi<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>t que cette<br />

situation ne conv<strong>en</strong>ait pas à tous les p<strong>en</strong>sionnaires, ainsi Monsieur M. nous dit : « <strong>Les</strong> pères<br />

n’étai<strong>en</strong>t pas g<strong>en</strong>tils, et il y avait les gardi<strong>en</strong>s aussi, ils étai<strong>en</strong>t méchants et nous battai<strong>en</strong>t. Je<br />

me suis sauvé un soir de Mana. <strong>Les</strong> g<strong>en</strong>darmes m’ont trouvé mais ils m’ont accompagné à<br />

Saint-Laur<strong>en</strong>t chez ma mère, mais elle n’était pas cont<strong>en</strong>te parce que je n’irais plus à l’école.<br />

Mais je suis resté au village, j’avais neuf ans ». Monsieur D. s’est lui aussi sauvé du Home<br />

d’Iracoubo, il nous a confié que le P. Le Lay était v<strong>en</strong>u voir ses par<strong>en</strong>ts pour qu’il retourne à<br />

l’école, mais il est resté chez lui. Ces fugues sont égalem<strong>en</strong>t relatées par les sœurs dans leurs<br />

archives : « Ce sont des oiseaux sauvages dans une cage dorée et n’aspirant qu’à la liberté.<br />

L’une d’elles dernièrem<strong>en</strong>t, après trois mois de séjour, sautant par une f<strong>en</strong>être, escaladant la<br />

71 Cf. annexe II.<br />

72 Courrier de la sœur supérieur du Home féminin de Mana à Monseigneur Marie, datée du 3 février 1955.<br />

(Archives de l’évêché de la <strong>Guyane</strong>, non coté).<br />

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