Les Homes Indiens en Guyane française - Guyaweb
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sincèrem<strong>en</strong>t essayé de se changer. Pourtant tous ces efforts n’avai<strong>en</strong>t abouti à aucun résultat.<br />
Il n’est pas inutile de s’appesantir sur cet échec, qui montre la remarquable cohésion de la<br />
vie indi<strong>en</strong>ne, et sa quasi immuabilité ». Afin peut-être de conforter cette p<strong>en</strong>sée nous nous<br />
permettons de relater ci-dessous une discussion qui a eu lieu il y a quelques mois <strong>en</strong>tre nous et<br />
le chef d’un village de l’Oyapock lors de l’un de ses déplacem<strong>en</strong>ts à Cay<strong>en</strong>ne 33 : « Tu sais,<br />
mon pé il va v<strong>en</strong>ir au village – Que vi<strong>en</strong>t-il faire ? – Il vi<strong>en</strong>t baptiser les <strong>en</strong>fants – Et qu’<strong>en</strong><br />
p<strong>en</strong>ses-tu – C’est joli quand il vi<strong>en</strong>t, après il repart… » * .<br />
2.2. <strong>Les</strong> pères du Saint-Esprit<br />
Depuis le départ des jésuites et la fin des missions, il semble que l’administration<br />
<strong>française</strong> ne se préoccupa plus guère des Amérindi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> dépit de quelques sursauts. La baisse<br />
démographique due au choc microbi<strong>en</strong> était alors constante (J. Hurault, 1989 : 175). Dans<br />
l’ouest guyanais les effets de l’expédition de Kourou et du comportem<strong>en</strong>t des colons se font<br />
toujours s<strong>en</strong>tir et il semble que les Kali’na ai<strong>en</strong>t migré vers le Surinam ou se soi<strong>en</strong>t réfugiés<br />
sur des rives plus éloignées des fleuves Iracoubo, Mana et Maroni (G. Collomb & al., 2000 :<br />
80). Selon H. Kor<strong>en</strong> (1982 : 125) <strong>en</strong> 1769, il ne restait qu’un seul prêtre <strong>en</strong> <strong>Guyane</strong>. Afin de<br />
pallier ce déficit, le gouvernem<strong>en</strong>t s’adressa au séminaire du Saint-Esprit qui <strong>en</strong>voya une<br />
vingtaine de prêtres qui devai<strong>en</strong>t s’occuper des âmes guyanaises. Ainsi que leurs<br />
prédécesseurs jésuites, les spiritains ont continué la mission d’évangélisation des Amérindi<strong>en</strong>s<br />
<strong>en</strong> souhaitant toujours reproduire ici le modèle des « réductions » paraguay<strong>en</strong>nes. Ils<br />
reçoiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cela l’aide du père Padilla, jésuite resté <strong>en</strong> <strong>Guyane</strong> malgré la dissolution de son<br />
ordre. Après la Révolution <strong>française</strong> et la déportation <strong>en</strong> <strong>Guyane</strong> des prêtres réfractaires, la<br />
spiritualité de la France équinoxiale n’est plus assurée. <strong>Les</strong> Amérindi<strong>en</strong>s sont laissés à leur vie<br />
coutumière. Voici le témoignage du père Brunetti <strong>en</strong> 1893 : «Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t déjà, p<strong>en</strong>dant mes<br />
divers séjours à Yracoubo, à Mana et à Saint-Laur<strong>en</strong>t, j’avais pu observer ces sauvages, et <strong>en</strong><br />
voyant leur état j’avais été pris d’une grande pitié pour eux, et je m’étais demandé pourquoi<br />
on ne travaillait pas à leur évangélisation. Plus d’une fois, <strong>en</strong> causant avec nos pères de<br />
Mana et du Maroni, j’avais manifesté mon étonnem<strong>en</strong>t de ce que ri<strong>en</strong> n’eût <strong>en</strong>core été fait<br />
pour ces débris de peuplades indi<strong>en</strong>nes à la <strong>Guyane</strong>, croupissant dans leur ignorance absolue<br />
des mystères de notre sainte foi. […] » (p. 272). La lecture de ce récit nous permet de p<strong>en</strong>ser<br />
que les prêtres prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>Guyane</strong> <strong>en</strong> cette fin de XIX e siècle conc<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t leurs efforts sur<br />
33 Cette conversation a eu lieu <strong>en</strong> septembre 2011 lors du festival « Bushi Conde Sama » qui réunit à Cay<strong>en</strong>ne les<br />
habitants du Maroni et de l’Oyapock.<br />
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