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Ce fleuve qui nous sépare - Eux et nous

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plus fragile de ce bas monde, suffisent à le garantir, n'est-ce pas parce que Mohammed<br />

n'a auparavant négligé aucun détail de sa protection ? La toile d'araignée suffit à Dieu<br />

pour faire Signe, pour <strong>nous</strong> montrer, à mon sens, qu'un presque rien suffit à Dieu pour<br />

aider celui <strong>qui</strong> combat en son chemin. Mais Dieu n'eût point permis à l'araignée la pose<br />

de c<strong>et</strong>te toile si Mohammed n'avait entrepris, pour échapper aux griffes de Abou<br />

Soufiane, c<strong>et</strong>te Geste inaugurale, l'Hégire.<br />

Si Mohammed n'avait point engagé ce fantastique détour, jamais il n'aurait pu, dix<br />

années plus tard, voir Abou Soufiane s'asseoir face à lui, la confusion au front, pour<br />

prononcer la chahada, <strong>et</strong> jamais il n'y aurait eu d'Islam.<br />

Tout au contraire, vous frère Ali criez : « Le pouvoir ne <strong>nous</strong> fera pas peur ! »<br />

*<br />

La japonaise magie du magnétoscope me perm<strong>et</strong> de vous revoir, en novembre 1990,<br />

vous exclamer face à une foule algéroise 12 : « Les gens d'aujourd'hui ne <strong>nous</strong> font pas<br />

peur, ni le gouvernement, ni les représentants de l'ordre ! Nous n'avons peur que de<br />

Dieu ! Avec quoi <strong>nous</strong> feraient-ils peur ? La prison ? Emmenez-<strong>nous</strong> en prison ! La<br />

mort ? Venez, je vous en prie ! »<br />

Hélas, Cheikh !<br />

Et vous leur parlez de nif... Vous en faites des tonnes, vous Algériens, avec ce nif. <strong>Ce</strong><br />

<strong>qui</strong> était une qualité de départ me paraît de plus en plus devenir un défaut national.<br />

Vous vous parez des couleurs du courage <strong>et</strong> du nif dans les moments où la modestie<br />

vigilante serait outil bien plus adéquat, <strong>et</strong> vous vous déguisez à vous-même. <strong>Ce</strong> nif est-il<br />

bien mohammedien ?<br />

Vous avez été porteur, Cheikh Ali Belhadj, dans vos prises de parole, d'une forte violence<br />

symbolique à l'égard de la génération de Novembre. Quelles charges n'avez-vous pas<br />

sonnées ! Que de mots, <strong>qui</strong> souvent c'est vrai disaient juste, contre les moudjahidine au<br />

pouvoir ! Rappelez-vous : même la minute de silence à la mémoire des chouhada était<br />

à vos yeux pratique athée, <strong>et</strong> vous la singiez devant des milliers d'Algérois, à vous raidir<br />

comiquement, pour la réjouissance de vos partisans ! C'est une flèche au curare que<br />

vous tiriez dans le cœur de pères <strong>qui</strong> avaient vu tomber <strong>qui</strong> un ami, <strong>qui</strong> un frère, <strong>qui</strong> un<br />

fils.<br />

Vous les avez bousculés dans le margouillis, vous les avez giflés d'invectives rogues.<br />

C'est folie que de ne pas avoir craint le r<strong>et</strong>our du boomerang. Plût à Dieu que, pour<br />

construire l'Algérie, à l'exemple de votre Prophète, vous eussiez été bien davantage<br />

vigilant <strong>et</strong> in<strong>qui</strong><strong>et</strong> ! C'est à l'hégire que vous étiez appelé. Non pas en fuyant<br />

fâcheusement à l'étranger, bien sûr. Mais l'Hégire fait guidance, c'était à vous de trouver<br />

le détour moderne.<br />

12 . Me<strong>et</strong>ing FIS à Alger du 9-11-1990, cass<strong>et</strong>te vidéo diffusée par la Fraternité algérienne en France.<br />

*<br />

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