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Ce fleuve qui nous sépare - Eux et nous

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Autre côté du <strong>fleuve</strong>. Gilles Mill<strong>et</strong> <strong>nous</strong> raconte 6 votre intervention devant des milliers<br />

des vôtres le 15 juin à la mosquée de Kouba.<br />

« Belhadj est là. On écoute. Après quelques vers<strong>et</strong>s donnés en pâture à la foule, le<br />

jeune incendiaire passe à l'explication de texte. »<br />

Propos cités : les élections ont été remportées « grâce à la volonté de Dieu <strong>et</strong> du<br />

peuple. […] On n'a pas donné une claque au FLN, on a donné une claque à ceux <strong>qui</strong><br />

ont trahi le FLN […] 7 Les élections ne sont pas une victoire de la démocratie mais de<br />

l'Islam. » Mais l'Islam n'est pas que conjecture électorale, il « est bien plus grand que<br />

tout cela ».<br />

« Le chemin sera dur. Très dur. Ils ne <strong>nous</strong> pardonneront pas nos erreurs, eux <strong>qui</strong> en<br />

ont tant commis. Il faudra alors r<strong>et</strong>rousser nos manches », par exemple « en n<strong>et</strong>toyant<br />

les rues, en vidant les poubelles ». <strong>Ce</strong>ux <strong>qui</strong>, comme le président Mitterrand, portent<br />

des jugements sur le bien-fondé du choix fait par les Algériens sont égratignés : « Nous<br />

n'avons de leçon à recevoir de personne. Nous sommes libres de notre destin. »<br />

Fin des citations de Gilles Mill<strong>et</strong>. Le lecteur français aura frémi, on l'espère, devant<br />

l'évidence « incendiaire » de la « pâture ».<br />

*<br />

L'heure de la prière est arrivée. Le journaliste français est r<strong>et</strong>ourné à son hôtel. Et vous,<br />

« par certains côtés, admirables <strong>et</strong> peu communs, le symbole d'une grande partie de la<br />

jeunesse algérienne » 8, en ce jour historique, vous la dirigez. Un journaliste algérien 9, <strong>qui</strong><br />

est resté, <strong>nous</strong> raconte. Avec une voix « comme l'arch<strong>et</strong> d'un violon » vous lisez le<br />

Coran. « […] arrivé au passage où tous les mécréants sont promis au feu de l'enfer, sa<br />

voix s'étrangle d'émotion, qu'il communique à ces milliers d'hommes <strong>et</strong> de femmes. On<br />

l'entend sangloter doucement <strong>et</strong> toute la foule est parcourue d'un frisson. Elle pleure,<br />

elle aussi doucement. »<br />

Nous eûmes plus tard le détail de votre khotba du 15 juin.<br />

*<br />

« Nous ne pensions jamais que dans un pays musulman où les hommes ont combattu<br />

pour élever la parole de Dieu, l'Islam allait être subordonné à des élections. Est-il<br />

concevable de voter pour l'Islam dans un pays musulman ? Nous vaincrons avec ou<br />

sans élections... » 10<br />

6 . Libération, 16/17-06-1990.<br />

7 . Je n'y étais pas, <strong>et</strong> Ali Belhadj s'exprime en langue arabe. Mais il est prince de la parole, <strong>et</strong> il est<br />

improbable qu'il ait usé de mots <strong>qui</strong> se puissent traduire de ce français vulgaire. Traduttore, traditore.<br />

8. Aïssa Khelladi, op 43.<br />

9. <strong>qui</strong> signe G.M., in AA, 21 au 27-06-1990.<br />

10 . cf.op 41.<br />

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