12.07.2013 Views

anaLyse de la vioLence armée au burundi

anaLyse de la vioLence armée au burundi

anaLyse de la vioLence armée au burundi

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

46<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

Les perceptions liées à <strong>la</strong> sécurité varient selon les communes <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale. Ce<br />

sont en général dans les communes dites « mixtes » (Buyenzi, Buterere, Bwiza)<br />

et celles peuplées majoritairement <strong>de</strong> Tutsis (Kinindo, Nyakabiga, Musaga) que<br />

les habitants se sentent le plus en sécurité <strong>la</strong> nuit (voir Graphique 5).<br />

L’enquête <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s ménages montre que c’est dans <strong>la</strong> commune aisée <strong>de</strong> Rohero<br />

que les personnes interrogées ont le plus fréquemment répondu que « certains<br />

types d’armes peuvent être utiles pour se protéger ou protéger les membres <strong>de</strong><br />

leur ménage » (46,2 %, x=12, n=28). Seuls 7,4 % (x=2, n=27) <strong>de</strong>s gens ont donné<br />

une réponse simi<strong>la</strong>ire dans <strong>la</strong> commune popu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Kinama et 13 % (x=3, n=25)<br />

dans <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Kamenge qui est pourtant <strong>la</strong> commune où 91 % <strong>de</strong>s gens qui<br />

ont accepté <strong>de</strong> répondre à <strong>la</strong> question affirment que les habitants <strong>de</strong> leur quartier<br />

possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s armes. Les perceptions à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s armes varient<br />

gran<strong>de</strong>ment selon les communes. Ngagara et Kamenge sont les quartiers où le plus<br />

grand nombre <strong>de</strong> répondants pensent que les habitants <strong>de</strong> leur quartier possè<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s armes et <strong>de</strong>s explosifs (Ngarara : 82 %, x=14, n=25), les habitants <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

communes ne se sentent d’ailleurs que peu en sécurité. Kinindo montre un schéma<br />

différent : alors que 73,3 % (x=14, n=27) <strong>de</strong>s répondants affirment qu’il y a <strong>de</strong>s<br />

armes dans cette commune, ils sont 64,0 % (x=16, n=25) à se sentir « tout à fait<br />

en sécurité » <strong>la</strong> nuit. Ce paradoxe peut s’expliquer par le fait que Kinindo est un<br />

quartier où habitent <strong>de</strong> nombreux officiers <strong>de</strong> l’<strong>armée</strong> et <strong>de</strong>s personnalités qui<br />

sont gardées par <strong>de</strong>s hommes en uniformes.<br />

L’Observatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence <strong>armée</strong> mis en p<strong>la</strong>ce par le Programme <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies pour le développement (PNUD) 24 en 2007 montre qu’entre août 2007 et<br />

avril 2008, le nombre d’actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> n’a pas connu <strong>de</strong> changement<br />

significatif avec une moyenne <strong>de</strong> 77 actes par mois. Cependant, à partir du mois<br />

<strong>de</strong> mai 2008 et pendant les cinq mois suivants, ce nombre a fortement<br />

<strong>au</strong>gmenté, atteignant 201 actes en septembre. Bujumbura-Mairie a enregistré<br />

une <strong>au</strong>gmentation du nombre <strong>de</strong> ses actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> <strong>au</strong> mois <strong>de</strong> mars<br />

2008, une tendance qui s’est confirmée en avril avec <strong>la</strong> réapparition <strong>de</strong><br />

bombar<strong>de</strong>ments du Palipehutu-FNL sur <strong>la</strong> capitale (PNUD, 2008a). Les<br />

provinces <strong>de</strong> Bujumbura-Mairie et Bujumbura Rural ont toutes <strong>de</strong>ux connues<br />

un pic d’actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> en septembre 2008 dû en gran<strong>de</strong> partie à une<br />

très forte <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> banditisme ce même mois (Graphique 6).<br />

Quand ?<br />

L’enquête <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s ménages montre que c’est pendant <strong>la</strong> nuit que le<br />

sentiment d’insécurité est le plus fort : 41,9 % (x=622, n=1481) <strong>de</strong>s personnes<br />

interrogées se jugent « très peu » ou « pas du tout » en sécurité <strong>au</strong> cours<br />

Graph 5 : Pourcentage <strong>de</strong> personnes par commune ayant affirmé se sentir<br />

« tout à fait en sécurité » <strong>la</strong> nuit à Bujumbura-Mairie<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Buyenzi<br />

Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2008<br />

<strong>de</strong> leurs dép<strong>la</strong>cements pendant <strong>la</strong> nuit. De façon plus surprenante, les gens<br />

se sentent à peine plus en sécurité à l’intérieur <strong>de</strong> leur maison (39,8 %,<br />

x=590, n=1485) pendant qu’il fait nuit, ce qui suggère une crainte importante<br />

<strong>de</strong>s cambrio<strong>la</strong>ges et <strong>de</strong>s attaques nocturnes contre les habitations (voir<br />

Carte 4). Ces craintes semblent, dans une certaine mesure, fondées :<br />

l’analyse Taback-Coup<strong>la</strong>nd (TACO) <strong>de</strong> 246 inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> violence entre janvier<br />

et mars 2008 montre que 59 % d’entre eux ont eu lieu pendant <strong>la</strong> nuit, et que<br />

plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié d’entre eux se sont déroulés à l’intérieur d’un bâtiment (le<br />

domicile <strong>de</strong> <strong>la</strong> victime, dans 75 % <strong>de</strong>s cas 25 ) (Wille, 2008, pp. 5–6). Les<br />

femmes interrogées lors d’entretiens <strong>de</strong> groupe à Makamba et Gitega ont<br />

déc<strong>la</strong>ré ne pas se sentir en sécurité chez elles <strong>la</strong> nuit—elles craignent les<br />

cambrio<strong>la</strong>ges, qui s’accompagnent couramment <strong>de</strong> viols et d’homici<strong>de</strong>s.<br />

Quoi ?<br />

Kinindo<br />

Buterere<br />

Bwiza<br />

Nyakabiga<br />

Musaga<br />

Cibitoke<br />

Kinama<br />

Gihosha<br />

Rohero<br />

Ngagara<br />

Kamenge<br />

Kanyosha<br />

A <strong>la</strong> question « Quels types d’actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> ont lieu dans votre<br />

vil<strong>la</strong>ge/colline/quartier ? », <strong>la</strong> première réponse donnée était (pour les 42,8 % 26<br />

<strong>de</strong> personnes interrogées qui ont rapporté que <strong>de</strong> tels actes survenaient dans<br />

leur vil<strong>la</strong>ge/colline/quartier), à 95,7 % (x=602, n=629) les vols à main <strong>armée</strong><br />

et les cambrio<strong>la</strong>ges. Les réponses suivantes incluaient, dans l’ordre, les<br />

assassinats (41,3 %, x=260, n=629), les agressions (37,8 %, x=238, n=629) et<br />

les viols commis sous <strong>la</strong> menace d’une arme (20,7 %, x=130, n=629).<br />

Cette prédominance <strong>de</strong>s vols et cambrio<strong>la</strong>ges est confirmée par les données<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> PNB pour 2006. Les « vols qualifiés » représentent <strong>la</strong> catégorie d’infractions<br />

<strong>la</strong> plus importante (presque 28 % <strong>de</strong>s 8961 infractions recensées), avant<br />

les « coups et blessures volontaires simples » (PNB 2006, pp. 70–74). En<br />

47<br />

LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!