12.07.2013 Views

anaLyse de la vioLence armée au burundi

anaLyse de la vioLence armée au burundi

anaLyse de la vioLence armée au burundi

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

112<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

Graphique 17 : Catégories <strong>de</strong> détenteurs d’armes à feu selon les personnes<br />

interrogées, novembre–décembre 2005 et février–mars 2008<br />

Pourcentage<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Anciens<br />

combattants<br />

Militaires<br />

Policiers<br />

Bandits<br />

Rebelles<br />

Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2008<br />

Note : les catégories « ne sait pas » et « ne souhaite pas répondre » ne sont pas représentées ici. Le<br />

total <strong>de</strong>s pourcentages pour chaque catégorie est supérieur à 100, dans <strong>la</strong> mesure où les personnes<br />

interrogées pouvaient donner plusieurs réponses à cette question. Les pourcentages en ordonnées<br />

sont donc les pourcentages <strong>de</strong> réponses données et non les pourcentages <strong>de</strong> personnes interrogées.<br />

semble y avoir moins d’armes <strong>de</strong> poing, en proportion, qu’ailleurs. Certaines<br />

armes <strong>de</strong> guerre (comme les mitrailleuses) sont également citées, quoique peu<br />

fréquemment, et principalement à Bujumbura Rural (15,2 %, x=7, n=46).<br />

Les mugobore (fusils artisan<strong>au</strong>x) ne sont cités que par 3,7 % (x=7, n=191) <strong>de</strong>s<br />

personnes interrogées ayant déc<strong>la</strong>ré savoir qu’il y a <strong>de</strong>s armes en circu<strong>la</strong>tion<br />

dans leur quartier ou colline, ce qui paraît re<strong>la</strong>tivement peu élevé compte tenu<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> facilité <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> ce type d’armes. Les mugobore sont d’ailleurs<br />

souvent nombreux dans les cérémonies <strong>de</strong> collectes d’armes organisées <strong>de</strong>puis<br />

plusieurs années <strong>au</strong> Burundi par <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile.<br />

Le banditisme est <strong>la</strong> première c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> possession d’une arme pour les<br />

détenteurs d’armes qui ne sont ni policiers, ni militaires, selon 55,1 % (x=109,<br />

n=198) <strong>de</strong>s personnes interrogées211 . Les motifs invoqués ensuite sont <strong>la</strong><br />

protection personnelle et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille et <strong>de</strong>s biens, suivis du<br />

« reste du conflit » qui montre que l’héritage <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre est encore lourd,<br />

surtout à Bujumbura Rural. La réponse « pour <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> commun<strong>au</strong>té<br />

» a obtenu <strong>de</strong>s scores très faibles dans toutes les provinces, s<strong>au</strong>f à<br />

Bururi. Enfin, <strong>la</strong> « protection politique » et « par tradition » n’ont été cités<br />

comme motif <strong>de</strong> possession d’une arme qu’à Bujumbura-Mairie.<br />

N'importe qui<br />

Autre<br />

Catégories <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

Légen<strong>de</strong>: Novembre–décembre 2005 Février–mars 2008<br />

Milices ou<br />

anciennes milices<br />

Gangs<br />

Polititicens<br />

Compagnies privées<br />

<strong>de</strong> sécurité<br />

IV.C.3. Evolution du nombre d’armes à feu, 2005–2008<br />

Selon les personnes interrogées <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> l’enquête sur les ménages, le<br />

nombre d’armes à feu présentes dans leur commun<strong>au</strong>té a diminué plutôt<br />

qu’<strong>au</strong>gmenté <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années (30,6 % [x=67, n=219] contre<br />

26 % [x=57, n=219]). Pour 15,1 % (x=33, n=219) <strong>de</strong>s personnes interrogées, le<br />

nombre d’armes à feu est resté le même. En 2005, seuls 4,8 % <strong>de</strong>s personnes<br />

interrogées pensaient que le nombre d’armes à feu avait <strong>au</strong>gmenté <strong>au</strong> cours<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années. Ce résultat était à l’époque peu surprenant, dans <strong>la</strong><br />

mesure où le pays sortait <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre et où l’on pouvait s’attendre à ce que le<br />

passage d’une situation <strong>de</strong> conflit à une situation <strong>de</strong> post-conflit se traduise par<br />

une diminution du nombre d’armes à feu en circu<strong>la</strong>tion. Trois ans plus tard,<br />

cette situation <strong>de</strong> post-conflit apparaît particulièrement instable, avec 26 % (x<br />

= 57, n = 219) <strong>de</strong>s personnes interrogées convaincues que le nombre d’armes<br />

dans leur commun<strong>au</strong>té a <strong>au</strong>gmenté <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années précé<strong>de</strong>ntes.<br />

Cette même question posée dans <strong>de</strong>s entretiens <strong>de</strong> groupe à Makamba, Gitega,<br />

Mwaro et Bujumbura a suscité <strong>de</strong>s réponses mitigées. A Makamba, certains ont<br />

noté que le désarmement <strong>de</strong>s milices n’a eu qu’une influence marginale sur le<br />

nombre total d’armes en circu<strong>la</strong>tion dans leur voisinage 212 . Au cours <strong>de</strong> ces<br />

entretiens <strong>de</strong> groupe, il est apparu qu’une ka<strong>la</strong>chnikov ou un pistolet coûtait<br />

approximativement entre 50 et 100 USD. Les grena<strong>de</strong>s, quant à elles, coûtent <strong>au</strong>x<br />

alentours <strong>de</strong> 3 USD 213 . Selon les personnes interrogées, le prix <strong>de</strong>s armes a baissé<br />

continuellement <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, et baisse encore <strong>au</strong>jourd’hui, ce qui<br />

tendrait à indiquer soit une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s Burundais, soit une<br />

offre plus importante. La PNB note dans son rapport d’activité 2006 que <strong>de</strong><br />

nombreuses marchandises traversent illicitement <strong>la</strong> frontière tanzanienne, et le<br />

rapport 2005 <strong>de</strong> l’Association pour <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s droits humains et <strong>de</strong>s<br />

personnes détenues (APRODH) signa<strong>la</strong>it l’existence d’un trafic d’armes à feu sur<br />

cette même frontière, dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Ruyigi (APRODH, 2006a, p. 12) 214 .<br />

iv.d. Quelles perspectives pour un désarmement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion civile ?<br />

IV.D.1. Les armes : protection ou danger ?<br />

L’enquête sur les ménages montre qu’à <strong>la</strong> question « Pensez-vous que<br />

certains types d’armes peuvent être utiles pour vous protéger ou pour<br />

protéger les membres <strong>de</strong> votre ménage ? », seuls 19 % (x=282, n=1487) <strong>de</strong>s<br />

personnes interrogées ont répondu « oui » contre 78,7 % (x=1170) « non »<br />

(voir Carte 8). Ces résultats doivent néanmoins être interprétés avec<br />

préc<strong>au</strong>tion, car les questions sur les armes sont toujours sensibles et les<br />

personnes interrogées peuvent craindre <strong>de</strong> montrer qu’elles ont une image<br />

113<br />

LES INSTRUMENTS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!