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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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62<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

Graphique 10 : Réponses à <strong>la</strong> question : « Qu’est-ce qui pourrait être fait<br />

pour réduire le type <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> le plus courant dans votre quartier/<br />

colline/vil<strong>la</strong>ge ? » (n=586)<br />

Pourcentage<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

Régler le conflit avec le FNL<br />

Désarmer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

Augmenter l'activité <strong>de</strong>s forces<br />

<strong>de</strong> l'ordre<br />

Renforcer <strong>la</strong> sécurité<br />

Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2008<br />

Assurer le bon fonctionnement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> justice<br />

Réponses<br />

Créer <strong>de</strong>s emplois<br />

Attribuer <strong>de</strong>s peines plus lour<strong>de</strong>s<br />

Sensibiliser/Eduquer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

Intégrer les combattants du FNL<br />

entretiens <strong>de</strong> groupe menés dans les communes <strong>de</strong> Makamba, Gitega,<br />

Bujumbura et Cibitoke. D’<strong>au</strong>tres participants à ces entretiens réc<strong>la</strong>ment<br />

également le cantonnement <strong>de</strong>s membres du Palipehutu-FNL, afin <strong>de</strong> les<br />

empêcher <strong>de</strong> commettre <strong>de</strong>s exactions à l’encontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion—mais<br />

également parce qu’une fois ces combattants séparés <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,<br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s criminels sera plus facile 60 .<br />

« Désarmer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion » (23,2 %, x=136, n=586) arrive en secon<strong>de</strong> position,<br />

suivi <strong>de</strong> « <strong>au</strong>gmenter l’activité <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> l’ordre » (17,6 %). Cette volonté <strong>de</strong><br />

voir se multiplier les positions <strong>de</strong> policiers et <strong>de</strong> militaires a également été<br />

exprimée <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s entretiens <strong>de</strong> groupe, alors que paradoxalement <strong>la</strong> police<br />

est souvent jugée inefficace, voire dangereuse (voir II.C.3.) 61 . Un peu plus <strong>de</strong> 6 %<br />

(6,3 %, x=37, n=586) <strong>de</strong>s personnes interrogées 62 mettent l’accent sur <strong>la</strong><br />

nécessité d’assurer le bon fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice, un signe du sentiment<br />

d’impunité qui semble <strong>la</strong>rgement partagé par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion 63 . De fait, le Burundi<br />

obtient <strong>de</strong>s scores médiocres, selon <strong>la</strong> Banque mondiale, pour ce qui est <strong>de</strong> l’état<br />

<strong>de</strong> droit et du contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> corruption en 2007 : -1,16 et -1,06, respectivement,<br />

sur une échelle al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> -2,5 à +2,5 (K<strong>au</strong>fman, Kraay et Mastruzzi, 2008). La<br />

p<strong>au</strong>vreté et le chômage sont également perçus par certains comme une source<br />

d’insécurité, poussant les individus vers <strong>de</strong>s activités criminelles pour survivre 64 .<br />

Interrogées sur les mesures personnelles <strong>de</strong> protection qu’elles ont prises<br />

pour elles-mêmes ou leur famille, 91 % (91,0 %, x=537, n=590) <strong>de</strong>s person-<br />

Autre<br />

nes interrogées 65 ont répondu qu’elles n’en avaient prises <strong>au</strong>cune. Cette<br />

proportion est va<strong>la</strong>ble pour presque toutes les provinces à l’exception <strong>de</strong><br />

Bururi, où 25 % (25,0 %, x=16, n=64) <strong>de</strong>s personnes interrogées 66 disent<br />

prendre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> protection (principalement <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s<br />

nocturnes, souvent entre personnes d’un même voisinage). L’éventail <strong>de</strong>s<br />

mesures existantes peut être divisé en plusieurs catégories :<br />

L’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce, consistant à veiller <strong>la</strong> nuit—avec pour<br />

effet <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> fatigue et <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> productivité le len<strong>de</strong>main 67 .<br />

A Makamba et Bururi, les gens font parfois <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>la</strong><br />

nuit—une pratique héritée <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> guerre. Il arrive toutefois que <strong>de</strong>s<br />

personnes soient prises pour cible à tort lors <strong>de</strong> ces ron<strong>de</strong>s 68 . Une alternative,<br />

pour ceux qui en ont les moyens, est <strong>de</strong> louer les services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s 69 .<br />

L’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s capacités d’<strong>au</strong>to-défense, avec l’achat d’armes à feu et<br />

<strong>de</strong> machettes 70 .<br />

La réduction <strong>de</strong> sa propre vulnérabilité, en évitant <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> nuit 71 , en<br />

gardant <strong>de</strong>s <strong>la</strong>mpes ou <strong>de</strong>s lumières allumées toute <strong>la</strong> nuit 72 , en mettant son<br />

téléphone portable sur silencieux ou vibreur quand on se promène le soir 73 , en<br />

faisant <strong>de</strong>s détours en voiture pour éviter les routes dangereuses 74 , en évitant les<br />

bistrots et les cabarets qui peuvent être l’objet d’attaques 75 . Dans certaines<br />

zones, l’administration locale fait fermer les bars à 18h <strong>de</strong> crainte que les attaques<br />

à <strong>la</strong> grena<strong>de</strong> contre <strong>de</strong>s bars survenus <strong>au</strong>x mois d’août et <strong>de</strong> septembre 2006 ne<br />

se reproduisent 76 . D’<strong>au</strong>tres mesures <strong>de</strong> prévention consistent à s’éloigner <strong>de</strong>s<br />

commun<strong>au</strong>tés les plus dangereuses, à construire <strong>de</strong>s murs et <strong>de</strong>s clôtures en fil<br />

barbelé <strong>au</strong>tour <strong>de</strong>s maisons, ou à installer <strong>de</strong>s barre<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x fenêtres 77 . Enfin, une<br />

tactique visant à limiter l’impact <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> banditisme sur sa famille et sur sa<br />

propre personne est <strong>de</strong> donner <strong>au</strong>x cambrioleurs ce qu’ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt sans<br />

résister 78 et <strong>de</strong> ne pas dénoncer les crimes dont on a été témoin 79 .<br />

Le recours à <strong>de</strong>s sources externes <strong>de</strong> protection : certaines personnes (chefs<br />

administratifs, hommes d’affaires) se p<strong>la</strong>cent sous <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

police 80 . Les participants <strong>au</strong>x entretiens <strong>de</strong> groupes ont déc<strong>la</strong>ré qu’ils<br />

feraient appel à <strong>la</strong> police s’ils étaient attaqués, mais certains soulignent<br />

également qu’en raison <strong>de</strong>s problèmes d’impunité, ils ont parfois peur <strong>de</strong><br />

dénoncer les criminels dont ils savent qu’ils ne resteront pas longtemps en<br />

prison et reviendront pour se venger 81 . Pour les <strong>au</strong>tres, il reste le recours à <strong>la</strong><br />

prière, souvent cité 82 .<br />

Enfin, pour limiter les actes <strong>de</strong> banditisme qui pourraient être commis par les<br />

forces <strong>de</strong> l’ordre, une participante à un entretien <strong>de</strong> groupe à Bujumbura<br />

recommandait <strong>la</strong> création d’une police <strong>de</strong>s polices pour améliorer <strong>la</strong> discipline<br />

<strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> sécurité—et éviter que militaires et policiers ne<br />

63<br />

LES MANIfESTATIONS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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