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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

Photo Rassemblement <strong>de</strong> prisonniers à <strong>la</strong> prison <strong>de</strong> Ngozi, 2006.<br />

© Jose Cendon/AFP Photo<br />

Les accords d’Arusha ont jeté les bases d’un mécanisme <strong>de</strong> justice transitionnelle<br />

composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux organes : un Tribunal pénal international pour le<br />

Burundi et une Commission nationale pour <strong>la</strong> vérité et <strong>la</strong> réconciliation<br />

(CENAP, 2008, p. 35). Le projet stagne <strong>de</strong>puis lors : alors que l’ONU se<br />

positionne contre l’amnistie, le parti <strong>au</strong> pouvoir souhaite inst<strong>au</strong>rer une<br />

Commission qui privilégie le « pardon mutuel » et un Tribunal Spécial qui<br />

jugerait les personnes qui n’<strong>au</strong>raient pas confessé leurs crimes (Burundi<br />

Info, 2007). Des consultations nationales visent à son<strong>de</strong>r ce qu’atten<strong>de</strong>nt les<br />

Burundais <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice transitionnelle. En juin 2008, un projet d’appui à ces<br />

consultations a été signé par le gouvernement et le comité <strong>de</strong> pilotage<br />

conjoint pour <strong>la</strong> consolidation <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix <strong>au</strong> Burundi, cependant ces consultations<br />

n’ont toujours pas commencé (CENAP, 2008, pp. 35-36). Le fait que<br />

les crimes <strong>de</strong> guerre et les nombreuses vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme<br />

commises pendant le conflit n’aient pas été punis ou reconnus a contribué à<br />

ancrer, dans <strong>de</strong> nombreuses mentalités, une culture <strong>de</strong> l’impunité.<br />

Les premiers à bénéficier <strong>de</strong> cette impunité sont les agents <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />

défense et <strong>de</strong> sécurité, et en particulier les membres du Service national <strong>de</strong><br />

renseignement (SNR). En mars 2008 par exemple, seuls 2 policiers ont été<br />

condamnés sur les 59 cas <strong>de</strong> torture policière amenés <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> justice<br />

<strong>de</strong>puis 2006 avec l’ai<strong>de</strong> d’Avocats sans frontières (HRW, 2008b, p. 31). Si<br />

ces agents peuvent agir impunément, c’est parce que leurs victimes n’osent<br />

pas porter p<strong>la</strong>inte, que les témoins craignent <strong>de</strong> témoigner et que les<br />

procureurs sont réticents à se charger <strong>de</strong> ce type d’affaires. En 2006, le<br />

procureur <strong>de</strong> Muyinga a bénéficié d’une protection policière après avoir<br />

reçu <strong>de</strong>s menaces alors qu’il traitait le dossier d’un agent h<strong>au</strong>t p<strong>la</strong>cé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

SNR (HRW, 2006b, p. 23). D’après Human Rights Watch (HRW), il existe une<br />

véritable « culture <strong>de</strong> protection mutuelle entre les policiers, les procureurs<br />

et les juges », souvent motivée par <strong>de</strong>s affiliations politiques (HRW, 2008b,<br />

p. 33). Les agents <strong>de</strong> <strong>la</strong> SNR <strong>de</strong>vraient être soumis à une légis<strong>la</strong>tion c<strong>la</strong>ire<br />

leur attribuant <strong>de</strong>s pouvoirs limités, et <strong>au</strong> contrôle <strong>de</strong>s <strong>au</strong>torités judiciaires<br />

(HRW, 2006b, p. 4).<br />

Plus généralement, alors que 40 % <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong>s 31 actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong><br />

détaillés dans l’enquête <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s ménages connaissaient leur agresseur,<br />

seuls 3 <strong>au</strong>teurs ont été punis (Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2008). La<br />

majorité <strong>de</strong>s victimes d’actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> ne portent pas p<strong>la</strong>inte car elles<br />

ne connaissent pas l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> leur agresseur, ont peur <strong>de</strong>s représailles<br />

97<br />

COûTS ET CONSÉqUENCES<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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