anaLyse de la vioLence armée au burundi
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ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />
distincte <strong>de</strong>s « civils »). C’est <strong>la</strong> cor<strong>de</strong> qui est le plus utilisée pour les suici<strong>de</strong>s,<br />
et les <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong> justice popu<strong>la</strong>ire se servent majoritairement <strong>de</strong> bâtons pour<br />
exécuter leurs victimes. Quelques victimes <strong>de</strong> lynchage ont <strong>au</strong>ssi été tuées par<br />
<strong>de</strong>s pierres ou <strong>de</strong>s armes b<strong>la</strong>nches (Ligue Iteka, 2008, Annexe I). Entre mars<br />
2006 et avril 2008, 143 cas <strong>de</strong> justice popu<strong>la</strong>ire ont été répertoriés par <strong>la</strong><br />
division <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme du BINUB 207 , soit plus <strong>de</strong> 7 cas par mois. En<br />
général, ces actes ont été commis après une accusation <strong>de</strong> sorcellerie ou <strong>de</strong> vol.<br />
L’utilisation <strong>de</strong>s grena<strong>de</strong>s est extrêmement courante <strong>au</strong> Burundi : elles ont<br />
été utilisées dans 22 % <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> commis en 2008 (voir<br />
Graphique 15). Si les grena<strong>de</strong>s sont si nombreuses parmi <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, c’est<br />
parce qu’elles sont particulièrement bon marché et faciles à cacher, qu’elles<br />
ont aisément pu être gardées après <strong>la</strong> guerre (Pézard et Florquin, 2007, p.<br />
17), et qu’elles peuvent provoquer <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges dégâts à moindre coût : en juillet<br />
2008, par exemple, une grena<strong>de</strong> <strong>la</strong>ncée <strong>au</strong> cours d’une fête familiale dans le<br />
centre du pays a tué <strong>de</strong>ux personnes et en a blessé 45 (AFP, 2008e). Dans le<br />
cas <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> banditisme, les grena<strong>de</strong>s sont principalement utilisées par<br />
les <strong>au</strong>teurs pour couvrir leur fuite lors <strong>de</strong> braquages ou <strong>de</strong> cambrio<strong>la</strong>ges ; il<br />
arrive également que ces <strong>de</strong>rniers <strong>la</strong>ncent <strong>de</strong>s grena<strong>de</strong>s dans plusieurs<br />
Photo Des armes sont brulées lors du <strong>la</strong>ncement officiel du<br />
programme <strong>de</strong> DDR à Muramvya, 2004. © UN Photo/WPN<br />
directions différentes <strong>au</strong> cours d’une attaque pour créer une confusion parmi<br />
les forces <strong>de</strong> l’ordre quant <strong>au</strong> bâtiment qui est réellement attaqué 208 .<br />
iv.c. Prévalence <strong>de</strong>s armes <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
IV.C.1. La détention d’armes <strong>au</strong> Burundi : un historique<br />
Au cours <strong>de</strong>s différentes crises politiques qui se sont succédé <strong>au</strong> Burundi,<br />
<strong>de</strong>s armes ont été distribuées à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion par les différentes factions en<br />
conflit. Ce<strong>la</strong> a été le cas <strong>au</strong> moment <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> 1972 et, à une plus gran<strong>de</strong><br />
échelle, dans les années 1990. En 2006, les milices qui avaient combattu ou<br />
soutenu les troupes gouvernementales pendant <strong>la</strong> guerre, les<br />
« Gardiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix », ont été démantelées (en échange d’une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong><br />
réintégration <strong>de</strong> 100 USD par personne) et leurs armes ont été récupérées <strong>au</strong><br />
nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s régions militaires. Une initiative i<strong>de</strong>ntique a été mise en p<strong>la</strong>ce<br />
pour les civils connus sous le nom <strong>de</strong> « Militants combattants », qui avaient<br />
soutenu le Conseil National pour <strong>la</strong> Défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> Démocratie–Forces <strong>de</strong><br />
Défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> Démocratie (CNDD-FDD). Selon une liste conservée à l’état-<br />
109<br />
LES INSTRUMENTS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />
i<br />
ii<br />
iii<br />
iv