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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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104<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

civile et <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> prolifération <strong>de</strong>s armes légères et <strong>de</strong> petit calibre<br />

(CDCPA). La mise en p<strong>la</strong>ce d’un programme <strong>de</strong> désarmement civil est<br />

cependant toujours en attente <strong>de</strong> réalisation (Conseil <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies, 2008a, para. 57).<br />

Des actions ponctuelles <strong>de</strong> saisies d’armes ont en revanche été menées par<br />

<strong>la</strong> police, avec <strong>de</strong>s résultats mitigés. En 2008, <strong>la</strong> Police nationale du Burundi<br />

(PNB) a saisi 388 armes légères et <strong>de</strong> petit calibre et 39 228 munitions <strong>au</strong><br />

cours <strong>de</strong> leurs opérations <strong>de</strong> désarmement forcé <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions civiles<br />

(Panapress, 2008e). Ces résultats très mo<strong>de</strong>stes <strong>la</strong>issent supposer que les<br />

gens s’attendaient à ces fouilles et ont eu le temps <strong>de</strong> cacher leurs armes 197 ,<br />

ou que <strong>la</strong> stratégie adoptée par <strong>la</strong> police pour ces fouilles manque d’efficacité 198 .<br />

Ce sujet <strong>de</strong>s fouilles a été débattu (un article les qualifiant même <strong>de</strong> « show<br />

pour les télévisions et pour <strong>la</strong> commun<strong>au</strong>té internationale », Rukindikiza,<br />

2008) et politisé, certains accusant les <strong>au</strong>torités <strong>de</strong> viser <strong>de</strong>s quartiers<br />

majoritairement peuplés par une ethnie ou l’<strong>au</strong>tre 199 .<br />

Les armes saisies <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> ces opérations sont stockées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s<br />

cinq commissariats <strong>de</strong> région, répartis sur l’ensemble du pays. Mise en p<strong>la</strong>ce<br />

avec l’ai<strong>de</strong> du Mine Advisory Group (MAG), une équipe mobile chargée <strong>de</strong><br />

recenser et <strong>de</strong> détruire les armes saisies ou remises à <strong>la</strong> police est opérationnelle<br />

<strong>de</strong>puis août 2008. L’équipe a ainsi collecté 2090 armes dont près <strong>de</strong><br />

90% <strong>de</strong> fusils d’ass<strong>au</strong>t. La plupart sont encore en état <strong>de</strong> fonctionner et leur<br />

<strong>de</strong>struction a débuté en décembre 2008. MAG a également <strong>de</strong>ux équipes <strong>de</strong><br />

terrain qui pendant cinq mois vont évaluer les armes en dotation à <strong>la</strong> PNB,<br />

l’état sécuritaire <strong>de</strong>s armureries et le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> compétence <strong>de</strong>s armuriers 200 .<br />

Un programme <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s armes et munitions périmées ou inutilisables<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Force <strong>de</strong> défense nationale (FDN) est <strong>au</strong>ssi en cours. L’<strong>armée</strong> a ainsi<br />

détruit, avec l’ai<strong>de</strong> du Bure<strong>au</strong> intégré <strong>de</strong>s Nations Unies <strong>au</strong> Burundi (BINUB),<br />

1697 fusils et 29 mortiers pendant le seul mois <strong>de</strong> janvier 2008 (Conseil <strong>de</strong><br />

sécurité <strong>de</strong>s Nations Unies, 2008a, para. 58) 201 .<br />

Les armes saisies par <strong>la</strong> police donnent un aperçu du type d’armes à feu qui<br />

circulent <strong>au</strong> Burundi. Entre janvier 2005 et décembre 2007, <strong>la</strong> police <strong>de</strong><br />

sécurité intérieure (qui fait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNB) a saisi 1138 armes, principalement<br />

<strong>de</strong>s grena<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s ka<strong>la</strong>chnikovs. Un peu plus <strong>de</strong> 5945 munitions ont<br />

également été saisies pendant cette pério<strong>de</strong> (voir Table<strong>au</strong> 2).<br />

Les armes et grena<strong>de</strong>s saisies par <strong>la</strong> police l’ont principalement été à Bururi,<br />

Bujumbura-Mairie, Bubanza, Ruyigi, Muramvya, Cibitoke et Bujumbura<br />

Rural (voir Graphique 14). En théorie, ce<strong>la</strong> ne signifie pas nécessairement<br />

que ces provinces sont les plus problématiques en termes <strong>de</strong> sécurité—<strong>la</strong><br />

taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> province, le nombre <strong>de</strong> policiers présents et leur zèle<br />

Table<strong>au</strong> 2 : Armes et munitions saisies par <strong>la</strong> police (2005–2007)<br />

Armes (nombre) Munitions (nombre)<br />

R4 (3) 5.56 x 45mm (1736)<br />

Ka<strong>la</strong>chnikovs (311)<br />

Simonov (5)<br />

FAL (26)<br />

MAG (4)<br />

G3 (2)<br />

Pistolets (33)<br />

Mitraillettes (3)<br />

Uzi (1)<br />

7.62 x 39mm (1874)<br />

7.62 x 51mm (107)<br />

Calibres inconnus (2 080)<br />

B10 (5) Pas <strong>de</strong> munitions saisies<br />

Lance-roquettes (6) Pas <strong>de</strong> munitions saisies<br />

Pas d’arme correspondante saisie Obus <strong>de</strong> mortier 60 (54)<br />

Pas d’arme correspondante saisie Obus <strong>de</strong> mortier 82 (94)<br />

Grena<strong>de</strong>s (739)<br />

Total : 1 138 Total : 5945<br />

Source : PNB, 2007b<br />

Note : Les chargeurs, les mines et les baïonnettes saisis n’ont pas été inclus dans ce table<strong>au</strong>.<br />

peuvent tout <strong>au</strong>ssi bien expliquer les variations existant d’une province<br />

à l’<strong>au</strong>tre. En pratique, ce résultat n’est pas particulièrement surprenant,<br />

dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> criminalité est particulièrement élevée à Bujumbura-<br />

Mairie, et où <strong>la</strong> rébellion est toujours active à Bujumbura Rural, Bubanza<br />

et Cibitoke. Bururi représente une anomalie, dans <strong>la</strong> mesure où <strong>au</strong>cune<br />

<strong>au</strong>tre source n’indique que cette province est particulièrement affectée<br />

par <strong>la</strong> violence <strong>armée</strong>, mais elle est connue pour avoir historiquement une<br />

forte présence d’armes à feu.<br />

Il existe un risque que <strong>de</strong>s armes appartenant <strong>au</strong>x forces <strong>de</strong> police ou à l’<strong>armée</strong><br />

ne se retrouvent parmi <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Tous les policiers sont armés <strong>de</strong> fusils<br />

d’ass<strong>au</strong>t ka<strong>la</strong>chnikov, une arme héritée <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre et peu adaptée <strong>au</strong>x tâches<br />

<strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> l’ordre qui font leur quotidien. Des armes <strong>de</strong> poing seraient plus<br />

adaptées <strong>au</strong> mandat <strong>de</strong>s policiers, mais le Burundi n’en a pas en stocks suffisants.<br />

105<br />

LES INSTRUMENTS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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