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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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92<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

En-<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale, <strong>la</strong> situation est encore plus précaire. Le CNPK a<br />

développé, avec l’ONG HealthNet TPO qui dispose d’un psychiatre, <strong>de</strong>s soins<br />

ambu<strong>la</strong>toires qui fonctionnent en-<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale ; mais seuls 53<br />

patients pour 100 000 habitants en bénéficient (OMS-IESM, 2008, pp. 5, 9).<br />

Plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s psychologues, infirmiers et thérapeutes <strong>au</strong> Burundi<br />

travaillent pour <strong>de</strong>s ONG ou dans <strong>de</strong>s cabinets privés, ces <strong>de</strong>rniers étant<br />

presque exclusivement situés à Bujumbura (OMS-IESM 2008, pp. 13–14).<br />

iii.b. coûts médic<strong>au</strong>x<br />

Selon l’OMS, 90 % <strong>de</strong>s Burundais ne disposent d’<strong>au</strong>cune forme <strong>de</strong> couverture<br />

<strong>de</strong> santé (OMS, non-daté, p. 18). Depuis mai 2006, les soins maternels<br />

sont gratuits, tout comme les soins pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> cinq ans<br />

(UNICEF, 2007). Pour le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, il existe plusieurs types <strong>de</strong><br />

couverture médicale : <strong>la</strong> mutuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction publique, <strong>la</strong> carte d’assurance<br />

ma<strong>la</strong>die et les bons <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>. Mais <strong>la</strong> carte d’assurance ma<strong>la</strong>die<br />

est refusée dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s hôpit<strong>au</strong>x, et les bons <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> dépen<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne volonté <strong>de</strong> l’employeur. Selon l’OMS, 90 % <strong>de</strong>s Burundais<br />

ne disposent d’<strong>au</strong>cune forme <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong> santé (OMS, non-daté, p. 18).<br />

Les personnes sans ressources, ou « indigents », sont soignés par certains<br />

hôpit<strong>au</strong>x (notamment l’hôpital Prince Régent Charles) jusqu’à leur guérison,<br />

mais peuvent ensuite être littéralement emprisonnés <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> l’hôpital<br />

jusqu’à ce que quelqu’un (famille, ami, « bienfaiteur ») vienne régler leurs<br />

factures 166 . La Ligue Iteka note par exemple qu’à <strong>la</strong> date du 26 janvier 2006,<br />

48 indigents étaient retenus contre leur volonté <strong>au</strong> centre hospitalo-universitaire<br />

<strong>de</strong> Kamenge (CHUK), où étaient stockées également les dépouilles <strong>de</strong> 11<br />

personnes décédées que les familles ne pourraient récupérer qu’après<br />

paiement <strong>de</strong> leur facture (Ligue Iteka, 2007a, p. 87).<br />

Le coût <strong>de</strong>s soins représente un problème majeur pour <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s Burundais.<br />

Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> MSF évaluait en 2004 le nombre <strong>de</strong> Burundais exclus <strong>de</strong>s<br />

soins <strong>de</strong> santé primaires à 1 million (MSF, 2004, p. 2), ce qui représente environ<br />

12 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. A l’hôpital militaire <strong>de</strong> Kamenge, <strong>la</strong> facture d’une p<strong>la</strong>ie<br />

par balle s’élève à 450-500 000 FBU (entre 380 et 430 USD), dont 100 000 FBU<br />

(85 USD) pour <strong>la</strong> seule opération. Les <strong>au</strong>tres frais incluent l’hospitalisation, les<br />

fils et compresses, les soins, et les médicaments 167 . D’<strong>au</strong>tres estimations<br />

p<strong>la</strong>cent le coût d’une telle intervention entre 300 000 et 1 000 000 FBU (entre<br />

260 et 860 USD) à Bujumbura, et entre 130 000 et 500 000 FBU (entre 112 et<br />

430 USD) dans le reste du pays. Le coût d’une hospitalisation dépend <strong>la</strong>rgement<br />

<strong>de</strong> sa durée, et les blessures c<strong>au</strong>sées par les armes (comme les éventrations<br />

ou les atteintes osseuses nécessitant une intervention ou une<br />

amputation) peuvent nécessiter <strong>de</strong>s hospitalisations <strong>de</strong> plusieurs mois. En<br />

Graphique 13 : Pourcentage <strong>de</strong>s coûts médic<strong>au</strong>x hospitaliers en fonction du<br />

type <strong>de</strong> blessure en 2007, en francs burundais<br />

16 %<br />

10 % 1 %<br />

Source : entretiens avec le personnel soignant et recherches dans les registres <strong>de</strong> 8 hôpit<strong>au</strong>x (hôpital<br />

militaire <strong>de</strong> Bujumbura ; hôpital <strong>de</strong> Ngozi ; hôpital Prince Régent Charles <strong>de</strong> Bujumbura ; hôpital <strong>de</strong><br />

Gitega ; clinique Prince Louis Rwagasore <strong>de</strong> Bujumbura ; hôpital <strong>de</strong> Kiremba Nord dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong><br />

Ngozi ; centre hospitalo-universitaire Roi Khaled <strong>de</strong> Bujumbura) et cinq centres <strong>de</strong> santé (centre <strong>de</strong><br />

santé « Agasabirwa » <strong>de</strong> Kinama, à Bujumbura ; clinique « Ubuzima » <strong>de</strong> Cibitoke ; centre <strong>de</strong> santé<br />

« Espoir » <strong>de</strong> Kinama, à Bujumbura ; centre <strong>de</strong> santé « Chez Asmani » <strong>de</strong> Kinama, à Bujumbura ; centre<br />

<strong>de</strong> santé « Korineza » à Bujumbura) (Da<strong>la</strong>l et Nasibu Bi<strong>la</strong>li, 2008, p. 24).<br />

2007, les blessures par balle représentaient 73 % <strong>de</strong>s coûts médic<strong>au</strong>x<br />

supportés par les hôpit<strong>au</strong>x pour <strong>de</strong>s blessures liées à <strong>la</strong> violence <strong>armée</strong> (Da<strong>la</strong>l<br />

et Nasibu Bi<strong>la</strong>li, 2008, p. 24) (voir Graphique 13).<br />

Onze cas examinés dans quatre provinces (Bujumbura-Mairie, Gitega, Ngozi<br />

et Bururi) montrent que les coûts occasionnés par <strong>la</strong> violence <strong>armée</strong> peuvent<br />

varier <strong>de</strong> façon considérable d’une personne à l’<strong>au</strong>tre (notamment en<br />

fonction du type <strong>de</strong> blessure à traiter), mais que <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>s coûts<br />

médic<strong>au</strong>x pour ces 11 personnes se situait <strong>au</strong>x environs <strong>de</strong>s 601 000 FBU<br />

(environ 500 USD) 168 . Il a été possible <strong>de</strong> calculer <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> productivité <strong>de</strong> 8<br />

<strong>de</strong> ces personnes, et celle-ci s’élevait en moyenne à 631 875 FBU (520 USD) 169<br />

(Da<strong>la</strong>l et Nasibu Bi<strong>la</strong>li, 2008, p. 25–26). Ces moyennes cachent <strong>de</strong> très <strong>la</strong>rges<br />

écarts : <strong>de</strong> 181 000 à 1 652 000 FBU pour les coûts médic<strong>au</strong>x, et <strong>de</strong> 120 000<br />

FBU à 2 030 000 FBU pour les pertes <strong>de</strong> productivité.<br />

Certains hôpit<strong>au</strong>x rejettent purement et simplement les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s qui ne disposent<br />

pas <strong>de</strong>s ressources financières nécessaires à leur traitement. A l’hôpital<br />

militaire <strong>de</strong> Kamenge, les patients doivent payer une c<strong>au</strong>tion <strong>de</strong> 100 000 FBU (85<br />

USD) pour être pris en charge <strong>au</strong> bloc opératoire et <strong>de</strong> 30 000 FBU (25 USD) pour<br />

avoir un lit. Seuls les soins <strong>de</strong> première urgence sont assurés sans dépôt <strong>de</strong><br />

c<strong>au</strong>tion 170 . Ceux qui ne peuvent avancer cette somme sont renvoyés vers<br />

l’hôpital Prince Régent Charles. Ces pratiques s’expliquent en partie par <strong>la</strong><br />

situation financière difficile dans <strong>la</strong>quelle se trouvent bon nombre d’hôpit<strong>au</strong>x<br />

73 %<br />

Légen<strong>de</strong>:<br />

Instruments émoussés<br />

Armes b<strong>la</strong>nches<br />

Explosifs<br />

Blessures par balle<br />

93<br />

COûTS ET CONSÉqUENCES<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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