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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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68<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

2009). Ceci permettra peut être à ces <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> ne pas venir grossir les rangs<br />

<strong>de</strong>s démobilisés qui n’ont pas réussi à trouver une activité génératrice <strong>de</strong><br />

revenus. Afin <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r si ce programme doit également être ouvert <strong>au</strong>x<br />

dissi<strong>de</strong>nts (une solution à <strong>la</strong>quelle le Palipehutu-FNL s’oppose formellement),<br />

une Commission a été créée par décret en août 2008. Composée d’officiers <strong>de</strong>s<br />

forces <strong>de</strong> défense et <strong>de</strong> sécurité, elle doit « vérifier le statut <strong>de</strong> combattant <strong>de</strong>s<br />

dissi<strong>de</strong>nts du mouvement Palipehutu-FNL <strong>de</strong> Randa et Buramata », et établir<br />

les listes <strong>de</strong>s personnes à démobiliser ainsi que <strong>de</strong> celles à intégrer <strong>au</strong> sein <strong>de</strong><br />

l’<strong>armée</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> police (République du Burundi, Cabinet du Prési<strong>de</strong>nt, 2008).<br />

ii.c. Les violences liées <strong>au</strong>x forces <strong>armée</strong>s<br />

En février 2008, le gouvernement du Burundi a, dans un communiqué <strong>de</strong><br />

presse sur <strong>la</strong> situation sécuritaire du pays, exhorté « les responsables <strong>de</strong>s<br />

corps <strong>de</strong> défense et <strong>de</strong> sécurité à continuer à prendre <strong>de</strong>s sanctions exemp<strong>la</strong>ires<br />

à l’encontre <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses agents, qui dans certains cas, sont<br />

complices ou <strong>au</strong>teurs <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme » (GdB,<br />

2008)—une reconnaissance explicite <strong>de</strong>s exactions commises, souvent dans<br />

l’impunité, par certains éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> FDN, <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNB et du SNR.<br />

II.C.1. Contexte<br />

L’<strong>armée</strong> a longtemps été dominée par <strong>la</strong> minorité Tutsi, pour qui elle était un<br />

gage <strong>de</strong> sécurité et l’assise du pouvoir politique. La réforme <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong><br />

défense et <strong>de</strong> sécurité a donc été un enjeu majeur du conflit burundais, les<br />

partis et mouvements politiques armés (PMPA) majoritairement hutus<br />

revendiquant une p<strong>la</strong>ce conséquente <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> ces institutions (Small Arms<br />

Survey, 2008, p. 4). Les accords d’Arusha ont posé le principe <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong>s<br />

nouve<strong>au</strong>x corps <strong>de</strong> défense et <strong>de</strong> sécurité, en interdisant à tout groupe<br />

ethnique <strong>de</strong> représenter plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> FDN ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> PNB (Accord d’Arusha,<br />

2000, protocole III, art.14.1.g et 2.e). Ces accords, ainsi que l’accord global <strong>de</strong><br />

cessez-le-feu <strong>de</strong> 2003, prévoyaient également <strong>la</strong> réforme et <strong>la</strong> professionnalisation<br />

<strong>de</strong> l’<strong>armée</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong> police et du service <strong>de</strong> renseignement. Les rebelles les<br />

plus gradés 94 ont en général été intégrés à l’<strong>armée</strong> (une institution particulièrement<br />

prestigieuse <strong>au</strong> Burundi), les <strong>au</strong>tres étant dirigés vers <strong>la</strong> PNB95 .<br />

Créée en décembre 2004 dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme du secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

sécurité, <strong>la</strong> police est composée <strong>de</strong> quatre corps : <strong>la</strong> police <strong>de</strong> sécurité<br />

intérieure, <strong>la</strong> police judiciaire, <strong>la</strong> police pénitentiaire, et <strong>la</strong> police <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong>s<br />

frontières et <strong>de</strong>s étrangers. La PNB est formée à 41 % d’anciens gendarmes, à<br />

34 % d’anciens membres <strong>de</strong>s PMPA, à 15 % d’anciens militaires et à 10 % <strong>de</strong><br />

policiers (HRW, 2008b, p. 22). Près <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong> police n’ont donc<br />

pas reçu <strong>de</strong> formation spécifique. Aujourd’hui <strong>la</strong> police compte, selon<br />

différentes estimations, entre 18 000 et 22 000 membres 96 et un recensement<br />

est en cours. Elle doit démobiliser plusieurs milliers <strong>de</strong> personnes si<br />

elle veut atteindre l’effectif <strong>de</strong> 15 000 hommes imposé par <strong>la</strong> Banque<br />

mondiale et le Fonds monétaire international (HRW, 2008b, p. 22).<br />

II.C.2. Perceptions <strong>de</strong>s corps en uniforme<br />

L’enquête menée <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s ménages révèle que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion fait peu<br />

confiance <strong>au</strong>x forces <strong>de</strong> sécurité pour lutter contre le crime 97 (voir Carte 7). 20,7<br />

% <strong>de</strong>s personnes interrogées (x=307, n=1485) ont déc<strong>la</strong>ré que les <strong>au</strong>torités<br />

publiques étaient « moyennement » ou « un peu » efficaces contre le crime et<br />

13,5 % (x=201, n=1485), « pas du tout » (Small Arms Survey et Ligue Iteka,<br />

2008). A Mwaro, par exemple, <strong>de</strong>s personnes interviewées reprochent <strong>au</strong>x<br />

policiers <strong>la</strong> lenteur <strong>de</strong> leurs interventions, affirmant qu’ils ne daignent parfois<br />

même pas se dép<strong>la</strong>cer 98 . L’analyse TACO montre que lorsque <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s<br />

forces <strong>de</strong> sécurité interviennent pendant une agression, ils sont plus souvent<br />

tués ou blessés par les criminels que l’inverse. Le faible nombre <strong>de</strong> civils blessés<br />

<strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s mêmes inci<strong>de</strong>nts prouve néanmoins que l’intervention <strong>de</strong>s forces<br />

<strong>de</strong> sécurité a pu ai<strong>de</strong>r à protéger les civils présents (Wille, 2008, p. 11).<br />

Une rapi<strong>de</strong> comparaison avec les résultats <strong>de</strong> l’enquête menée en 2005 par le<br />

Small Arms Survey et <strong>la</strong> Ligue Iteka montre que <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

capacité <strong>de</strong>s <strong>au</strong>torités à lutter contre le crime a fortement baissé en <strong>de</strong>ux ans<br />

Graphique 11 : Pourcentages <strong>de</strong> personnes ayant répondu « pas du tout » à<br />

<strong>la</strong> question : « Est-ce que vous jugez les <strong>au</strong>torités publiques (police, <strong>armée</strong>)<br />

efficaces contre le crime ? » en 2005 (n=3078) et en 2008 (n=1485)<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

Ensemble Bujumbura-<br />

Mairie<br />

Bujumbura<br />

Rural<br />

Bururi<br />

Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2006 et 2008<br />

Cibitoke Mwaro Ruyigi<br />

2005 2008<br />

69<br />

LES MANIfESTATIONS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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