anaLyse de la vioLence armée au burundi
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ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />
Graphique 22 : Institutions <strong>au</strong>xquelles <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile accepterait <strong>de</strong><br />
remettre ses armes, par province<br />
Pourcentage <strong>de</strong> personnes interrogées<br />
Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2008<br />
L’ordre <strong>de</strong> préférence <strong>de</strong> ces institutions a toutefois changé <strong>de</strong>puis 2005 (voir<br />
Graphique 23). Alors qu’à l’époque les militaires venaient en premier, suivis<br />
<strong>de</strong>s responsables du gouvernement, <strong>de</strong>s responsables administratifs puis <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> police, en 2008 on trouve <strong>la</strong> police en première position, suivie <strong>de</strong>s militaires,<br />
<strong>de</strong>s responsables administratifs, et du gouvernement. Cette hiérarchie est<br />
remarquablement simi<strong>la</strong>ire dans les six provinces étudiées, et peut peut-être<br />
Graphique 23 : Institutions <strong>au</strong>xquelles <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile accepterait <strong>de</strong><br />
remettre ses armes, en 2005 et 2008<br />
Pourcentage <strong>de</strong> personnes interrogées<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Ensemble<br />
Bujumbura-<br />
Mairie<br />
Bujumbura-<br />
Rural<br />
Cibitoke<br />
Police Armée Administration Gouvernement ONU ONU locale<br />
Source : Small Arms Survey et Ligue Iteka, 2006 et 2008<br />
Bururi<br />
Mwaro<br />
Police Armée Administration Gouvernement ONU ONG locale<br />
Ruyigi<br />
2005 2008<br />
s’expliquer par le fait que <strong>la</strong> police est <strong>au</strong>jourd’hui décentralisée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />
communal (ce qui n’était pas le cas en 2005), et qu’elle est donc plus proche<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion 225 .<br />
Ce résultat est surprenant dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> police burundaise n’a pas<br />
nécessairement bonne presse (voir section II.C.2). D’un <strong>au</strong>tre côté, on a vu<br />
que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion réc<strong>la</strong>mait souvent comme réponse à l’insécurité et à <strong>la</strong><br />
criminalité une plus gran<strong>de</strong> présence policière. Cette attitu<strong>de</strong> ambivalente<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> police montre que, quoique consciente <strong>de</strong>s insuffisances <strong>de</strong><br />
cette institution, notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> discipline <strong>de</strong>s<br />
recrues, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion est néanmoins prête à lui faire confiance pour<br />
redresser <strong>la</strong> situation sécuritaire et assurer <strong>la</strong> collecte <strong>de</strong>s armes <strong>au</strong> cours<br />
d’une campagne <strong>de</strong> désarmement. Quoiqu’imparfaite, <strong>la</strong> nouvelle police<br />
burundaise est pour be<strong>au</strong>coup <strong>la</strong> seule source <strong>de</strong> sécurité qui existe.<br />
Encadré 4 : Armes et désarmement en milieux urbain et rural : une différence <strong>de</strong><br />
perspective<br />
L’enquête <strong>au</strong>près <strong>de</strong>s ménages met en relief un certain nombre <strong>de</strong> différences<br />
importantes entre Bujumbura-Mairie et les cinq <strong>au</strong>tres provinces sondées sur les<br />
questions portant sur les armes et le désarmement. Les habitants <strong>de</strong> Bujumbura-<br />
Mairie ont une perception plus positive <strong>de</strong>s armes que les habitants <strong>de</strong>s cinq <strong>au</strong>tres<br />
provinces sondées226 : un peu plus d’une personne interrogée sur six considère que<br />
les armes à feu représentent davantage une protection qu’un danger (17,4 %, x=59,<br />
n=340). Ils sont également plus nombreux à admettre possé<strong>de</strong>r une arme à feu (2,6<br />
%, x=9, n=341) 227 et à souhaiter en possé<strong>de</strong>r une (12,6 %, x=37, n=293) 228 .<br />
Ces perceptions différentes à l’égard <strong>de</strong>s armes se reflètent dans les perceptions<br />
vis-à-vis d’un possible programme <strong>de</strong> désarmement. Les habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale<br />
interrogés pour l’enquête sont, re<strong>la</strong>tivement <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres provinces, moins enclins à<br />
penser qu’un programme <strong>de</strong> désarmement pourrait être un « grand succès » dans<br />
leur quartier (63,5 %, x=217, n=342) 229 . Ils sont également plus nombreux<br />
qu’ailleurs230 à considérer le fait que tout le mon<strong>de</strong> participe à un programme <strong>de</strong><br />
désarmement comme une motivation pour y prendre part (10,2 %, x=48, n=469),<br />
ce qui suggère l’existence d’un « dilemme <strong>de</strong> sécurité »—les gens possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
armes pour se protéger <strong>de</strong> ceux qui en ont, <strong>au</strong> risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir eux-mêmes une<br />
menace pour les <strong>au</strong>tres. Ce facteur peut expliquer un apparent paradoxe, à savoir<br />
le fait que les habitants <strong>de</strong> Bujumbura interrogés sont également plus nombreux<br />
qu’ailleurs231 à proposer le désarmement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion comme une solution<br />
possible <strong>au</strong>x problèmes <strong>de</strong> violence <strong>armée</strong> dans leur quartier (40,8 %, x=60,<br />
n=147). Ils sont également plus nombreux à faire confiance à l’ONU pour collecter<br />
les armes—un reflet probable <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence très visible <strong>de</strong> l’organisation<br />
internationale dans <strong>la</strong> capitale (12,6 %, x=74, n=588) 232 .<br />
121<br />
LES INSTRUMENTS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />
i<br />
ii<br />
iii<br />
iv