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anaLyse de la vioLence armée au burundi

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84<br />

ANALYSE DE LA VIOLENCE ARMÉE AU BURUNDI<br />

Forum for African Women Educationnalists mène une campagne <strong>de</strong> sensibilisation<br />

dans les écoles (Nijebariko, 2007). Organisées par <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> l’ONUB, <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> sensibilisation contre les<br />

violences sexuelles à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s responsables administratifs loc<strong>au</strong>x,<br />

<strong>de</strong>s policiers et <strong>de</strong>s écoliers et lycéens ont particulièrement mis l’accent sur<br />

l’importance pour <strong>la</strong> victime <strong>de</strong> porter p<strong>la</strong>inte <strong>au</strong>près <strong>de</strong> <strong>la</strong> police, <strong>de</strong> se<br />

rendre dans un centre médical dans les 72 heures suivant le viol et sur<br />

l’interdiction faite <strong>au</strong>x Bashingantahe (juges loc<strong>au</strong>x traditionnels) <strong>de</strong><br />

recourir <strong>au</strong>x règlements à l’amiable pour les affaires <strong>de</strong> viols (ONUB-OHCDH-<br />

B, 2006b, p. 6 ; 2006c, p. 5).<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> sa nouvelle stratégie <strong>de</strong> police <strong>de</strong> proximité, <strong>la</strong> PNB <strong>de</strong>vrait<br />

pouvoir mieux prévenir les violences basées sur le genre, qui se produisent<br />

souvent <strong>au</strong> sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> sphère domestique (Powell, 2007, p. 19). Par ailleurs,<br />

pour lutter contre les exactions commises par les forces <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong>s<br />

initiatives <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> sensibilisation ont été entreprises par l’Association<br />

<strong>de</strong>s femmes juristes et l’UNIFEM (Kandanga, 2007), ainsi que par<br />

Nturengaho (Nturengaho, 2007a). La réforme du co<strong>de</strong> pénal et du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

procédure pénale représente un pas en avant positif, dans <strong>la</strong> mesure où les<br />

nouve<strong>au</strong>x textes proposés mentionnent explicitement les violences domestiques<br />

et offrent <strong>de</strong> nouvelles mesures pour protéger les femmes : l’Action <strong>de</strong>s<br />

chrétiens pour l’abolition <strong>de</strong> <strong>la</strong> torture (ACAT) et l’Organisation mondiale<br />

contre <strong>la</strong> torture (OMCT) notent ainsi que « Pour les traitement cruels,<br />

inhumains ou dégradants <strong>au</strong> sein du foyer, il est <strong>de</strong>mandé une peine égale à<br />

celle prévue pour <strong>la</strong> torture (10 à 15 ans <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong> pénale principale) »<br />

(ACAT et OMCT, 2008, p. 12). Le co<strong>de</strong> a été adopté par le Parlement burundais<br />

en novembre 2008, cependant il existe encore <strong>de</strong>s réticences <strong>au</strong> sein du<br />

Sénat. La mise en application <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong> est un pas indispensable vers <strong>la</strong><br />

prévention et <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence sexuelle. Le nouve<strong>au</strong> co<strong>de</strong> spécifie<br />

<strong>au</strong>ssi qu’en cas <strong>de</strong> viol, le port, <strong>la</strong> menace ou l’usage d’une arme constituent<br />

<strong>de</strong>s conditions aggravantes (République du Burundi, Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice,<br />

2008, para.555).<br />

ii.e. Les violences liées <strong>au</strong>x conflits fonciers<br />

II.E.1. Contexte<br />

Le Burundi a une popu<strong>la</strong>tion importante <strong>au</strong> regard <strong>de</strong> sa petite superficie :<br />

plus <strong>de</strong> 8 millions d’habitants sur un peu plus <strong>de</strong> 27 000 km2, avec une<br />

<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 300 habitants/km2 (IRIN, 2007b). Le secteur primaire<br />

domine <strong>la</strong>rgement l’économie : plus <strong>de</strong> 95 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion burundaise vit<br />

<strong>de</strong> l’activité agricole (FIDA, 2008, p. 2). L’expansion démographique du pays,<br />

ainsi que <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> certains sols en raison d’une<br />

exploitation excessive ou inadaptée contribuent à créer <strong>de</strong>s disettes,<br />

notamment dans les provinces <strong>de</strong> Kayanza (nord du pays) et Rutana (sud-est)<br />

(BINUB-DDH, 2007e, p. 2). A ces problèmes d’exiguïté et <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté <strong>de</strong>s<br />

terres s’ajoutent <strong>de</strong>s contentieux liés <strong>au</strong> droit <strong>de</strong> propriété, qui voient<br />

s’affronter <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong>s familles pour <strong>la</strong> possession <strong>de</strong>s terres<br />

exploitables (ICG, 2003, p. 1).<br />

Les conflits fonciers peuvent prendre <strong>de</strong> multiples formes 133 . Le Centre<br />

d’alerte et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s conflits (CENAP) cite notamment <strong>la</strong> remise en<br />

c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> vente réalisés pendant les diverses crises qu’a connues<br />

le Burundi, souvent en l’absence <strong>de</strong>s propriétaires qui avaient dû fuir ; les<br />

contentieux liés <strong>au</strong> partage <strong>de</strong> parcelles trop petites en un nombre toujours<br />

croissant d’héritiers ; et <strong>la</strong> difficulté à faire valoir son droit à <strong>la</strong> terre dans un<br />

système où <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s transactions ne sont pas enregistrées formellement<br />

(CENAP, 2006). Il est très difficile <strong>de</strong> quantifier les actes <strong>de</strong> violence liés<br />

<strong>au</strong>x conflits fonciers, car le mobile n’est pas toujours connu, et les victimes<br />

sont parfois accusées <strong>de</strong> tout <strong>au</strong>tre chose par ceux qui convoitent leurs<br />

terres—d’actes <strong>de</strong> sorcellerie, par exemple—afin qu’elles soient livrées à <strong>la</strong><br />

justice popu<strong>la</strong>ire (Niyonkuru, 2008, p. 13).<br />

Les problèmes fonciers <strong>au</strong>xquels se heurtent les rapatriés appartiennent à <strong>de</strong>ux<br />

catégories : les spoliations <strong>de</strong> biens fonciers, et le cas <strong>de</strong>s « sans-terre 134 » .<br />

Spoliations <strong>de</strong> biens fonciers : les rapatriés qui reviennent trouvent<br />

parfois leurs terres attribuées en leur absence à quelqu’un d’<strong>au</strong>tre par<br />

l’administration locale 135 . Souvent, les conflits se situent à l’intérieur<br />

même <strong>de</strong>s familles qui ont, en l’absence <strong>de</strong>s rapatriés, vendu <strong>la</strong> propriété<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers ou se <strong>la</strong> sont appropriée 136 . Le gouvernement<br />

lui-même a encouragé <strong>la</strong> vente <strong>de</strong> terres, car chaque transaction est<br />

taxée et rapporte <strong>de</strong>s revenus à l’Etat et à <strong>la</strong> commune 137 . Enfin, les<br />

rapatriés retrouvent parfois leurs terres amputées d’une surface plus<br />

ou moins gran<strong>de</strong> par leurs voisins.<br />

Le problème <strong>de</strong>s « sans-terre »: les « sans-terre » est le nom donné <strong>au</strong>x<br />

rapatriés qui reviennent <strong>au</strong> Burundi mais ne possè<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>cune terre. Il<br />

peut également s’agir <strong>de</strong> personnes rejetées par leur famille, notamment<br />

à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> l’exiguïté <strong>de</strong>s terres. On compte ainsi <strong>de</strong> nombreux cas <strong>de</strong><br />

veuves rejetées par leur belle-famille 138 , <strong>de</strong> réfugiés dont <strong>la</strong> nouvelle<br />

épouse et les enfants sont rejetés par le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, les enfants<br />

nés à l’étranger, ou encore les orphelins 139 . La situation est <strong>de</strong>venue plus<br />

tendue <strong>de</strong>puis que le gouvernement tanzanien a fait savoir qu’il al<strong>la</strong>it<br />

fermer tous ses camps <strong>de</strong> réfugiés <strong>au</strong> fin.<br />

85<br />

LES MANIfESTATIONS DE LA VIOLENCE ARMÉE<br />

i<br />

ii<br />

iii<br />

iv

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