Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro
de la Prensa-Basm Özeti
Et lIt.aft 19 MARS 2002
L'Europe dément l'existence d'un accord avec Washington
Berlin place cc tout engagement militaire supplémentaire sous condition d'un mandat de l'ONU »
BRUXELLES
de notre envoyé spécial
Parce qu'ils sentent que les Etats-
Unis sont décidés à agir, les contraignant
à se détenniner, les Européens
ont entamé une réflexion,
ainsi que des consultations informelles,
à propos de la perspective
d'une action militaire contre l'Irak
décidée par Washington. Le sujet
n'a pas été officiellement évoqué
au cours du sommet européen de
Barcelone, mais l'insistance avec
laquelle les chefs d'Etat et de gouvernement
ont tour à tour démenti
les rumeurs sur un accord européen
informel à ce sujet a montré
que la question irakienne est d'actualité.
Au cours du omer qui a réuni
les "Quinze samedi soir, Guy
Verhofstadt, le premier ministre
belge, a bien tenté d'ouvrir un
débat à ce sujet, pour être immédiatement
prié de n'en rien faire
par son voisin, Jacques Chirac ...
la Belgique, par la voix de son
ministre des affaires étrangères,
louis Michel, avait suggéré que
l'Union européenne entreprenne
une démarche auprès de Saddam
Hussein. Il s'agissait d'inciter celuici
à accepter le retour des inspecteurs
des Nations unies chargés de
vérifier que Bagdad n'a pas repris
la production d'armes de destruction
massive. Si personne n'a souhaité
reprendre la balle au bond,
c'est par souci de ne pas ouvrir un
débat qui ne peut que diviser.
Gerhard Schröder, Tony Blair et
Les Q!rlnze
préféreraient que
l'Irak ne provoque
pas une intervention
Jacques Chirac ont defactodémenti
la rumeur insistante selon laquelle
plusieurs capitales se seraient
mises d'accord pour soutenir le
principe d'une intervention militaire
oe ciblée et limitée dans le
temps ». A ce stade, les responsables
européens veulent se borner à
adresser des avertissements au président
irakien. C'est ce qu'a fait Jacques
Chirac samedi: oe Les dirigeants
irakiens seraient bien avisés
de prendre au sérieux les prescriptions
du Conseil de sécurité et les
conseils donnés par le secrétaire
général de l'ONU, Koji Annan. Ils
seraient bien inspirés de lefaire », a
répété le président français.
Les Quinze préféreraient que
l'Irak ne provoque pas, par son obstination,
une intervention américaine,
laquelle déclencherait nécessairement
des réactions diplomatiques
en cascade. Au sein de l'Union, le
Royaume-Uni fait, comme d'habitude,
figure d'allié inconditionnel de
Washington, à tel point que Tony
Blair est réputé se faire l'avocat de
George Bush auprès des Européens,
tout en essayant de convaincre
le chef de la Maison Blanche de
la nécessité de ne pas s'engager
dans une nouvelle opération contre
Bagdad sans les Européens.
A Barcelone, le premier ministre
britannique s'est efforcé de sonder
ses partenaires. La position de
Gerhard Schröder serait celle qu'il
a développée le 13 mars lors d'une
rencontre avec des intellectuels allemands,
dont Günter Grass. Le chancelier
a placé oe tout engagement
militaire supplémentaire du gouvernement
allemand sous condition
d'un mandat de l'ONU », a expliqué
sa porte-parole. Pas question,
autrement dit, de soutenir une
«guerre du Golfe-bis" sans une
résolution de l'ONU. Son ministre
des affaires étrangères, Joschka Fischer,
devant le congrès des Verts, a
rappelé dimanche qu'il oe n'existe
pas actuellement au Bundestag de
majorité pour la porticipation de l'Allemagne
à la guerre en Irak ».
Mais M. Blair lui-même n'a pas
les coudées franches: il doit compter
avec une minorité du Parti travailliste,
incarnée par Clare Short,
ministre chargée du développement,
foncièrement hostile à une
telle oe aventure» irakienne, rappelle
un responsable de l'Union européenne.
Lequel indique que deux
dates restent présentes à l'esprit:
en mai, les Nations unies doivent
renouveler le régime de sanctions
contre l'Irak; en novembre,l'actua-
Iité américaine sera dominée par les
élections parlementaires à mi-mandat
pour le président Bush ...
Laurent
Zecchini
TURQUIE
• les autorités turques pourraient soutenir une opération américaine contre leur voisin et
demander en retour une partie du pétrole du Kurdistan irakien comme le prévoit un accord de 1926
Ankara opposé àune offensive contre l'Irak, àmoins que ...
Comme les autres. pays du Moyen-
Orient, la Turquie s'apprête également
à signifier aux Américains spn opposition
au lancement d'ùne offenSive contre
Saddam. T~ cerbÙD8 cercles turcs calculent
le b&1tâce que la Turquie pourrait tirer
d'une opération américaine si c:el1e-ci devait
finalement lVoir &eu et louchent avec
envie sur le pétrolè d'Irak du Nord. Cela au
moment où le vic:e-prâident amfD:ain, Dick
Cheney, est attendu CO matdi lAnbra.
«Nous devons négoc:ierœue participation
à une action américaine et tIfiftuIndI'!r la ra.ctivation
des accords de 1926, c'est~ un
accès au pétrole de KUkuk et de Mosaoult,
explique ainsi une source proche de l'&at-
~. Les accords enquestionpmoyaientla
œuion de loo" du ~ nord-irakien à la
Turquie. La grande peur des généraux reste
que l'administration kurde autonome installée
depuis 1992 en Irak du Nord se transforme
un jour en un KurdÎstan indépendant.
«C' est la première chose que nous devons exiger
des Américains: l'assurance qu'il n'y aura
pas démembrement de l'Irak. De toute façon,
nous avons déjà les moyens d'empêchen ~
indépendance du Kurdistan irakien, poursuit
lamême source.
Depuis 1997, les troupes turqUes sont en
effet présentes de manière quasi pemùmente
dans la région. Les estimations varient entre
quelques milliers d'hoaunes de troupe et
jusqu'à deUx divisiorIa (15000 à 20000
hommes). La menace que ferait peser un
Kurdistan ind~t sur la Turquie
semble toutefois bien ténue, surtout au regard
des vues parfois ouvertement irrédentistes
des dirigeants turcs sur l'mcienne province
ottomane (mIayet») dcMossoul.
In........... tin
ConC::emant le p&Iole, les pmentions
turques ne sont pas DOUVeIles. L'accord de
1926 a réglé le tracé des frontières entre l'Irak,
alon sous tutelle britannique, et la Turquie.
Ankara, estimant que l'ancien vilayet kurde
de M08SOullui revenait de plein droit, acceptait
de s'en défaire moyennant un partage de
ses ressources pétrolières. Bagdad et Ankara
s'accorderont toutefois sur une compensa-
LE 1DIPS • Mardi 19 mars 2002
tion financière annuelle de 500 000 livres sterling
au profit de laTurquie.
Mais si l'iITédentisrne turc réapparai't de
temps à autre, ce sont bien les cercles conservateurs
américains qui ont, dès novembre dernier,
plaidé pour qu'Ankara fasse main basse
sur le pétrole nord-irakien. William Satire,
l'ancien conseiller de Richard Nixon, dans le
New Yorll Times, l'ancien directeur de la CIA,
James Woolsey, dans le Washmgton Post ou
Steve Forbes dans Ie magazine qui porte son
nom ont chacun appelé à une guerre contre
Saddam Hussein avec l'aide d'Ankara, cette
dernière étant «rémunéréet par l'octroi d'«un
rôle de garant de la stabilité du Nord irakien
ainsi qu'un accès aux puits de pétrolet.
A l'occasion d'un conoque sur la Turquie en
1995, l'universitaire Habib !show se demandait
sile pays ne serait pas tenté d'annexer tout
simplement l'ancien vi1ayet de Mossoul «ne
jour où] des circonstances particulières se p~
duirontt. La «guerre contre le telTOrismet des
Etats-Unis n'était guère prévisible en 1995,
mais laquestion méritait déjà d'être posée.
.rIo ....... , IlIbinbul
45