Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Ozeti
COCA: ELECTION PRESIDENTIELLES
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LIONEL JOSPIN: RÉPONSE
,
AUX ARMENIENS D.E FRANCE
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Monsieur le Président,
Vous m'avez adressé une série de questions au nom
du Comité de défense de la Cause Arménienne.
Je vous en remercie, vos questions me permeltent de
m'adresser aux Arméniens de France tout en précisant rna
position à l'égard des sujets qui vous préoccupent
Celte campagne électorale me donne aussi "occasion
de souligner le r61e irremplaçable joué par les AssocIations
qui s'Inscrivent dans le cadre républicain et qui contribuent
au débat démocratique; dans ce sens, je veux - en particulier
- saluer la récente création du Conseil de Coordination
des Organiselions Arméniennes de France (CCAF).
le génocide dont les Arméniens ont été victimes en
1915 est un fait historique discuté par certains, mais que je
n'ai jamais mis en cause. Ma femille politique a, depuis l0ngtemps,
recomu un droit à la mémoire pour le peuple arménien.
François Mitterrand déclarait, le 29 avrl11981, • Il n'est
pas possible d'effacer las traces du génocide (... ) Il faut que
cela s'inscrive dans la mémoire des hommes ( ... ) que ce
sacrifice (... ) puisse servir d'enseignement ". Députés et
sénateurs socIa/istes ont œuvré de concert lors de la dernIère
législature pour donner, rnalgré l'opposition de la droite
sénatoriale, un caractère solennel à la reconnaissance du
génocide. La proposition de loi a, vous le savez, été adoptée
le 18 janvier 2001. la loi a été publiée dans le Joumai officiel,
lois et décrets, du 30 janvier 2001. Elle porte le n° 2001-70.
Celte initiative parlementaire française s'inscrit dans un
mouvement favorable a une reconnaissance internationale.
les Sénats argentin et belge, la Chambre des députés ita.
Iienne, ont en effet discuté et adopté des initiatives voisines.
En donnant une dimension pariementaire à ia reconnaissance
du génocide arménien, un signal fort a été ainsi envoyé à
la Oöriiniilriaut.Hïiematiöiîäia êt bien sOr è 18Turqu19.
Ces faits, si je suis élu, détermineront le cadre des initiatives
susceptibles d'être prises en France et par la France
pour contribuer au devoir de mémoire dans un esprit de justice
mais aussi de réconciliation. En aucun cas, le souvenir du
génocide, ia mémoire des terribles événements survenus
dans l'Empire Ottoman en 1915, ne saurait être utilisé à
d'autres fins que celles-là. le moment venu, le Parlement,
c'est dans ses attributions, pourra travailler à compléter utilement
la législation en vigueur pour prévenir et si nécessaire
réprimer la négation, sur le territoire national, des génocides
reconnus par la France.
la Turquie a posé sa candidature pour adhérer à
l'Union européenne. Cette candidature doit être examinée
comme toutes les autres, avec un esprit de rigueur et
d'ouverture. Tout pays souhaitant entrer dans rUnion européenne
doit en assumer les acquis et les principes fondateurs.
Depuis 1997, la France a souligné que la Turquie
devait mettre en œuvre des réformes significatives afin
d'améliorer la situation des droits de rhomme, conformément
aux critères dits de Copenhague qu'elle a acceptés en dép0-
sant sa candidature. Aujourd'hui encore, catte adhésion à
rUnion européenne soulève de graves questions relatives au
respect des droits de minorités, parmi lesquelles la reconnaissance
du génocide arménien perpétré avant la naissance
de la Turquie moderne.
une lsIue négociée au conIHt du Haut-Karabagh. La priorité
aujourd'hui est la préservation dO cessez-le-feu et l'incitation
faite aux parties de renoncer à la forœ. Mals, si ce préaJabIe
est Incontoumable, je suis bien conscient qu1' ne s'agit que
d'un premier pas vers une solution supposant - pour être
durable - un compromis accepté par les Intéressés. La
France doit poursuivre demain, avec opiniâtreté et discrétion,
le travail déjà commencé pour trouver un compromis
équitable et accepI8bIe par lei deux parties. Cela suppoee le
maintien d'une relation fIulde et régulière avec , 'ensemble
des représentants, arméniens et azerbaTdjanals, à Erévan,
Bakou, Stépanakert et Paris. Je m'emploierai dans cette
tAche.
La France a été la première à envoyer un ambassadeur
dans la nouvelle ArménIe Indépelldante. Très vite, ce
geste du cœur a été Inséré dans un réseau d'accords de
toute nature unissant la France à la République arrnénlern 18.
Depuis 1997, j'al veillé à que ces échanges s'approfondissent,
nos relations économiques et comrnerclales se sont
ainsi consldér8bIemen accrues. La pounUte de cette p0litique
volontaire est la meilleure réponse que la France peut
donner à des mesures de rétorsion économique prises
contre l'Arménie. Par ailleurs, "aide et la coopération de
runion européenne Il régard de rArménle doivent se poursuivre
; cette poIillque a été fortement encouragée pendant
la présidence française de l'Union. A l'avenir, une altention
particulière doit être apportée au développent des relations
avec le tissu des PME arméniennes.
La France a, par ailleurs, favorisé rexlstence
de ponts
culturels avec rArménle. Je pense en pertlculier au soutien
apporté à la cré8tion d'une unIversM franco.arrnck1lenne qui
a ouvert ses portes en 2001.
les thèmes cuItur8Is revêtent pour mol une Importance
cruciale, la mondialisation ne doit pas entralner une uniformisation
des cultureS et des savöif8.-Alnsl, dans ie cadre de la
RépublIque, nous devons assurer le plein épanouissement
des apporta des civilisations différentes.
Je peux vous signaler que, depuis 1981, la cuhure
arménienne a fait l'objet d'une préoccupation particulière.
Ces dernières années encore, le minlatère de la culture a
aid6 plusieurs institutions culturelles arméniennes. Des
grandes expositions 8I1Istlques ont aidé le public français à
mieux connaltre ie riche passé culturel de l'Arménie; à
Nantes en 1995 puis à lyon en 1998. Il Y a quelques mois
une grande exposition consacrée à Ani, capitale de
l'Arménie en "an mille, a été Inaugurée Il Paris. Je pense
que la culture et rldentlté arménienne dOIvent être préservées
en soutenant les associations arrnénlemes repl'âentatIves.
Or, rellse\gl!&m8Ol de la langue arménienne à récole
de la République est un chantier encore ouvert Je considère
que, avec une concertation pr6aIable, rarménlen doIt'pouvoIr
être propoeé aux ~ de 1108 écoles.
J'espère YOUS awlr apporté les éléments de réponse
sur les enjeux qui vous tiennent à cœur, sur mes orientations
et sur la volonté qui m'anime de les mettre en œuvre.
à l'assu-
Je vous prie de croire, Monsieur le Président,
rance de mes sentiments les meileurs.
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