Cahier_des_signaux_faibles_-_Tome_2
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Penser aut rement les mo<strong>des</strong> de vie en 2030 Décembre 2014<br />
Des revendications montantes de souveraineté alimentaire<br />
Les vingt dernières années ont vu une érosion très rapide de la diversité <strong>des</strong><br />
plantes cultivées et une concentration rapide du contrôle <strong>des</strong> semences par<br />
quelques gran<strong>des</strong> multinationales semencières. Dans de nombreux pays, les<br />
variétés locales traditionnelles ont été abandonnées au profit de semences<br />
génétiquement uniformes et à haut rendement. Ainsi le Mexique, qui en est<br />
pourtant le berceau historique, a perdu quatre-vingts pour cent de ses variétés<br />
traditionnelles de maïs.<br />
Le principe du droit de propriété intellectuelle appliqué à <strong>des</strong> organismes vivants<br />
génétiquement modifiés constitue un facteur lourd de réduction de la biodiversité.<br />
Près de trois quarts du marché mondial <strong>des</strong> semences (qui sont pourtant le<br />
premier maillon de la chaîne alimentaire) appartient actuellement à dix sociétés,<br />
la plupart de ces firmes multinationales étant par ailleurs <strong>des</strong> entreprises<br />
pétrochimiques, produisant tout à la fois <strong>des</strong> semences, <strong>des</strong> engrais chimiques<br />
et <strong>des</strong> pestici<strong>des</strong>.<br />
La perte de souveraineté de l’agriculture<br />
paysanne sur ses propres semences (et la perte<br />
de biodiversité qui en est la conséquence directe),<br />
ouvre à <strong>des</strong> débats de société importants.<br />
La question d’avenir est donc celle du vivant,<br />
en tant que bien commun de l’humanité<br />
ou marchandise, pouvant faire l’objet de<br />
droits de propriété intellectuels à travers les<br />
biotechnologies.<br />
La perte de souveraineté<br />
de l’agriculture<br />
paysanne sur ses<br />
propres semences ouvre<br />
à <strong>des</strong> débats de société<br />
importants<br />
De nombreux États membres de l’Union Européenne ont adopté un système<br />
de catalogues. Les variétés végétales sont enregistrées sur la base de critères<br />
d’homogénéité et de stabilité. L’enjeu prioritaire pour les variétés végétales est<br />
de répondre à un impératif économique de transformation et de distribution<br />
industrielle à grande échelle. L’inscription dans un catalogue conditionne la<br />
possibilité de vendre la variété sur le marché. Elle constitue de ce fait, une<br />
incitation forte à planter les même semences produisant une même nourriture<br />
standardisée. L’agriculture de terroir qui suppose une offre diversifiée, se voit<br />
ainsi contredite par la difficulté pour le paysan de conserver <strong>des</strong> variétés<br />
semencières anciennes et originales.<br />
En ce sens, l’agriculture paysanne est au cœur <strong>des</strong> luttes pour la préservation de<br />
la biodiversité et contre le modèle agricole industriel.<br />
Commissariat général au développement durable – Délégation au développement durable 105