Cahier_des_signaux_faibles_-_Tome_2
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Penser aut rement les mo<strong>des</strong> de vie en 2030 Décembre 2014<br />
Nature. On y voit <strong>des</strong> photos valorisant <strong>des</strong> potagers, <strong>des</strong> sources d’eau pure,<br />
dans <strong>des</strong> paysages montagneux magnifiques.<br />
Le phénomène est abondamment suivi et commenté sur Internet. De nombreuses<br />
vidéos de yourtes sont mises en ligne, accompagnées de commentaires fournis.<br />
En fait s’expriment <strong>des</strong> sentiments entremêlés. Une certaine forme de précarité<br />
y est déplorée. D’autant plus, qu’on a le sentiment que chacun aujourd’hui peut<br />
la vivre.<br />
En même temps, ce nouveau nomadisme est ressenti comme une sorte de<br />
décroissance heureuse <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vie. On est là quelque part entre le tourisme<br />
vert, les vacances à la ferme, tendance en vogue parmi les classes aisées, et<br />
l’habitat précaire, menacé par les lois en vigueur, <strong>des</strong> milieux défavorisés.<br />
Le signe est intéressant, dans la mesure où il est révélateur d’un état d’esprit<br />
montant, ambigu en ce qui concerne une décroissance annoncée.<br />
« L’habitat sauvage », un débat montant de société<br />
L’habitat sauvage, non réglementé ou à contre-courant <strong>des</strong> réglementations<br />
en vigueur, apparaît comme un phénomène en progression. Notamment<br />
dans les régions montagneuses de la France rurale, peu pourvues en emplois.<br />
Les conflits se multiplient avec les autorités publiques. Plus insidieusement,<br />
une forme de protestation civile semble monter en puissance. La raison<br />
principale en est un habitat de moins en moins accessible et de plus en plus<br />
cher, par rapport à <strong>des</strong> populations qui ont le sentiment de se précariser et de<br />
s’appauvrir.<br />
À titre d’illustration, un article daté du 26 février 2010, dans un magazine<br />
comme Maison et Décoration évoquait « le droit au logement mo<strong>des</strong>te en<br />
temps de crise économique ». Y ajoutant, fidèle à sa ligne éditoriale, <strong>des</strong><br />
conseils pratiques : Habiter une yourte, comment ?<br />
Autre exemple, plus subversif : les commentaires postés à l’occasion de la<br />
parution d’un article du 5 avril 2010 sur le site de Libération Toulouse (« Léa et<br />
Tom, pionniers de l’Ariège dans leur Yourte »).<br />
Ainsi : «De toute façon, il y aura de plus en plus de bidonvilles et d’habitations<br />
précaires, alors pour l’instant on réprime, mais on sera bien vite obligés de<br />
normaliser. Les gens d’en haut ne se rendent pas compte de ce qui se prépare,<br />
peut-être une révolution ». Ou encore : « dans mon enfance, une ferme en<br />
Ariège coûtait 20 000 francs. Aujourd’hui, cette même ferme coûte 20 0000<br />
euros, et je n’ai pas l’impression d’être plus riche que mes parents ».<br />
Commissariat général au développement durable – Délégation au développement durable 131