Cahier_des_signaux_faibles_-_Tome_2
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Penser aut rement les mo<strong>des</strong> de vie en 2030 Décembre 2014<br />
Le succès de ce modèle agraire coopératif a assuré sa notoriété et sa<br />
propagation à d’autres régions du monde. Le principe <strong>des</strong> banques de<br />
semences, notamment, s’est largement répandu (voir Kokopelli). On recense<br />
actuellement en Inde plus de soixante-cinq banques préservant plus de cinq mille<br />
variétés de plantes nourricières adaptées aux climats du pays. Les graines sont<br />
fournies gratuitement aux paysans qui, à leur tour, les diffusent autour d’eux, et<br />
constituent <strong>des</strong> réserves semencières.<br />
Reconstituer un milieu de vie après une catastrophe<br />
industrielle<br />
La ville de Détroit aux États Unis, ou « Motor City », ancien emblème de<br />
l’industrie automobile américaine et ville-symbole de la classe ouvrière<br />
américaine, constitue un cas, bien connu, et particulièrement exemplaire, de<br />
désindustrialisation brutale et massive. Illustre la manière dont un milieu de<br />
vie en crise, confronté à une transition économique rapide, développe <strong>des</strong><br />
capacités de résilience et de réorganisation de son tissu économique et social.<br />
En ce sens, l’on peut y voir une espèce de laboratoire du futur où s’expérimente<br />
le basculement d’un modèle économique et social fondé sur l’industrie, à un<br />
modèle de décroissance. Des cas similaires s’observent actuellement au Japon,<br />
en Corée et en Indonésie.<br />
Les émeutes de Détroit en 1967, les plus sanglantes de l’histoire <strong>des</strong> États Unis<br />
(plus de quarante morts, <strong>des</strong> centaines de blessés) ont marqué l’accélération<br />
d’un déclin économique et démographique amorcé dès les années 1960 avec<br />
les premières délocalisations industrielles. La ville, déclarée en faillite en 2011,<br />
a perdu en une cinquantaine d’années l’essentiel de sa population. Le taux de<br />
personnes vivant sous le seuil de pauvreté (26,1 %) y est deux fois plus élevé<br />
que la moyenne nationale américaine.<br />
L’exode massif de la population blanche a laissé un espace de friche industrielle,<br />
peuplé de maisons en ruine que leurs propriétaires n’avaient pas réussi à<br />
vendre. N’étaient restés que ceux qui n’avaient pas les moyens de partir et de<br />
retrouver un travail ailleurs. La plupart <strong>des</strong> commerces avaient fermé, faute de<br />
clientèle.<br />
Le premier réflexe de beaucoup d’habitants, rappelant la grande crise de 1929, a<br />
été de s’approprier sans autorisation, individuellement ou en groupes, les friches<br />
industrielles laissées vacantes. Progressivement, la municipalité a accompagné<br />
le mouvement. Le programme « Adopt a lot » (adopter une parcelle de terrain)<br />
permettant de cultiver sans titre légal les terrains abandonnés.<br />
90 Commissariat général au développement durable – Délégation au développement durable