ACTANCE ET CHANGEMENTS DE VALENCE EN KRYZ Gilles - IFEA

ACTANCE ET CHANGEMENTS DE VALENCE EN KRYZ
valence ouverte, transitive : un agent peut être exprimé, mais rétrogradé au cas
« spatial » circonstanciel « adélatif ». L’accord reste comme toujours contrôlé
par le prime actant :
102. gada-v.ar gaç v-ata-(z) xhi-d-u
garçon-ADEL chat(F)(ABS) F-battre-DAT être-AOR-F
Le garçon a pu battre le chat.
V o i x c a p a c i t a t i v e d e s v e r b e s i n t r a n s i t i f s
Dans le cas d’un verbe intransitif non affectif à la voix capacitative, la
valence est monoactancielle. Le sujet S apparaît non plus à l’absolutif qui
représente sa fonction sous-jacente dans l’énoncé non transformé, mais
rétrogradé au cas adélatif. Il persiste pourtant à contrôler l’accord sur les deux
éléments verbaux du prédicat :
103. (gada-v.ar) ğa-Ø-ç’-(iz) xhi-yid
garçon-ADEL PV-(M)-sortir-(DAT) être-AOR.M
Il / (le garçon) a pu sortir.
104. (gaç-v.ar) ğa-b-ç’-(iz) xhi-d-u
chat(F)-ADEL PV-F-sortir-(DAT) être-AOR-F
Il / ( le chat) a pu sortir.
Bien qu’oblique « en surface », l’actant Z (=S) contrôle l’accord des deux
éléments du prédicat, l’auxiliaire « être (capable de) » ne s’accordant pas avec
le nom verbal complétif attribut (qui serait de classe neutre), mais avec le
prime actant de celui-ci, par « montée », comme avec l’auxiliaire « vouloir ».
Pour les verbes intransitifs de perception, la voix capacitative ne peut
s’appliquer, secondairement, qu’à leur voix ou valence dérivée « conative » :
105. gada-v.ar riş i-b-qar-a v-ar-iz xhi-d-u
garçon-ADEL fille(ABS) PV-F-voir-ADJ F-faire.PF-DAT être-AOR-F
Le garçon réussit à voir la fille.
C o n c l u s i o n
Comme on a pu le voir dans cette étude, les propriétés réunies dans les
langues accusatives sous la notion de « sujet » sont en kryz réparties entre des
rôles sémantiques variés, ce qui caractérise les langues ergatives en général, et
celles du Caucase en particulier. L’actant le plus saillant peut être ainsi
marqué par pas moins de quatre cas différents (absolutif, ergatif, datif, et
adélatif), tous « sujets ».
La position initiale de l’Agent et de l’Expérient semble moins désigner un
« sujet » qu’un topique, dans la mesure où la focalisation de ces actants
s’obtient par transfert en position préverbale, place normale de O/Y des
prédicats transitifs et de S/X des prédicats affectifs. Une étude des critères de
définition du sujet au niveau de la phrase complexe montrerait de même la
saillance particulière de X/Z, qu’il s’agisse d’une propriété pragmatique ou
d’un critère d’accusativité syntaxique, face à l’ergativité morphologique de la
phrase simple. Au niveau de la phrase simple d’ailleurs, l’ergativité du kryz,
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