12.07.2015 Views

La demande de diffusion d'une réponse dans la presse audiovisuelle

La demande de diffusion d'une réponse dans la presse audiovisuelle

La demande de diffusion d'une réponse dans la presse audiovisuelle

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Avec l’aimable autorisation <strong>de</strong>s éditions <strong>La</strong>rcierJ. Englebert, « <strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong><strong>audiovisuelle</strong> (loi du 23 juin 1961). Questions <strong>de</strong> procédure »,in Les actions en cessation, <strong>La</strong>rcier 2006, CUP, vol. 87, pp. 399-465.9<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>(loi du 23 juin 1961)Questions <strong>de</strong> procédureJacques ENGLEBERT 1maître <strong>de</strong> conférences à l’U.L.B.,avocat aux barreaux <strong>de</strong> Bruxelles et <strong>de</strong> ParisSommaireSECTION 1Propos introductifs 401SECTION 2Problèmes <strong>de</strong> procédure 412SECTION 3Considérations finales 4601. Je remercie particulièrement Isabelle Crispin pour son attentif et ingrat travail <strong>de</strong> relecture.


SECTION 1Propos introductifsA. L’action « en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> » 2 <strong>dans</strong> l’audiovisuelest-elle une action en cessation ?1Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel a été reconnu <strong>dans</strong> notre système légis<strong>la</strong>tif parune loi du 4 mars 1977 3 qui est venue compléter <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> qui ne prévoyait, à l’origine, un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> qu’à l’égard <strong>de</strong>s « écritspériodiques ».Le légis<strong>la</strong>teur n’a toutefois pas simplement é<strong>la</strong>rgi le champ d’application dudroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>. Il a en réalité introduit un nouveau type <strong>de</strong> « droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », propreà l’audiovisuel, d’une conception « diamétralement opposée » 4 à celle régissant ledroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> pour les écrits périodiques.En effet, plutôt que <strong>de</strong> reconnaître à <strong>la</strong> personne mise en cause <strong>dans</strong> une émission<strong>audiovisuelle</strong> un réel droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, le légis<strong>la</strong>teur a préféré lui reconnaître uniquementun droit <strong>de</strong> rectification.C’est ainsi que, si en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite, toute personne (physique oumorale), citée nominativement ou implicitement désignée <strong>dans</strong> un écrit périodique, a ledroit <strong>de</strong> requérir l’insertion gratuite d’une <strong>réponse</strong> 5 , seules les personnes justifiant d’unintérêt personnel ont, <strong>dans</strong> l’audiovisuel, le droit <strong>de</strong> requérir <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> gratuite d’une<strong>réponse</strong> qui doit être <strong>de</strong> nature à rectifier un ou plusieurs éléments <strong>de</strong> faits erronés les con-2. C’est par un glissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage que l’on parle improprement <strong>de</strong> « <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ».L’expression, entrée <strong>dans</strong> le <strong>la</strong>ngage courant, vise en réalité le droit <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> (voy.F. Jongen, « Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> et l’audiovisuel », in Prévention et réparation <strong>de</strong>s préjudices causéspar les médias, dir. A. Strowel et F. Tulkens, <strong>La</strong>rcier, 1998, pp. 51 à 65, ici pp. 53 à 55).3. Répondant à une question préjudicielle, <strong>la</strong> Cour d’arbitrage <strong>dans</strong> son arrêt 14/91 du 28 mai 1991, a ditpour droit que les dispositions re<strong>la</strong>tives au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, insérées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin1961 par <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977, ne vio<strong>la</strong>ient pas les règles établies par <strong>la</strong> Constitution ou en vertu <strong>de</strong> celle-cipour déterminer les compétences respectives <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s Communautés et <strong>de</strong>s Régions. En d’autres termes,selon cet arrêt, le légis<strong>la</strong>teur fédéral serait resté compétent pour légiférer <strong>dans</strong> cette matière. Sur le conflit <strong>de</strong>compétence entre légis<strong>la</strong>teurs fédéral et communautaires et l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette question sur l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong>légis<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong> cette matière, voir infra, n os 5 à 11.4. M. Hanotiau, Droit <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication, P.U.B., 1991-1992, p. 199 ; F. Tulkens et M.Verdussen, « <strong>La</strong> radio et <strong>la</strong> télévision, le délit <strong>de</strong> <strong>presse</strong> et le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », Ann. dr. Louvain, 1987, 53-93, icip. 83.5. Loi du 23 juin 1961, art. 1 er .9401


Les actions en cessationcernant ou <strong>de</strong> répondre à un ou plusieurs faits ou déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> nature à porter atteinteà leur honneur 6 .2Cette distinction a une inci<strong>de</strong>nce directe sur <strong>la</strong> procédure.En matière d’écrits périodiques, l’insertion d’une <strong>réponse</strong> est <strong>de</strong> droit pour <strong>la</strong>personne « citée nominativement ou implicitement désignée ». Si l’éditeur refuse d’insérercette <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> les conditions fixées par <strong>la</strong> loi et pour autant que <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> n’entrepas <strong>dans</strong> une <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> refus visées par <strong>la</strong> loi 7 , il s’expose à <strong>de</strong>s poursuitespénales 8 . Si une p<strong>la</strong>inte est déposée, c’est le juge pénal qui sera amené à ordonner <strong>la</strong><strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>. En effet, « si, à <strong>la</strong> date du jugement, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> n’a pas été insérée,le tribunal en ordonne l’insertion <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i qu’il détermine » 9 .Bien que cette voie ne soit pas expressément reconnue par <strong>la</strong> loi du 23 juin1961, rien n’empêche, évi<strong>de</strong>mment, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>de</strong> renoncerà entamer <strong>de</strong>s poursuites pénales et, en conséquence, <strong>de</strong> solliciter du juge civil <strong>la</strong>condamnation <strong>de</strong> l’éditeur à diffuser sa <strong>réponse</strong> 10 . Le juge saisi (qu’il s’agisse d’unechambre correctionnelle ou d’une chambre civile du tribunal <strong>de</strong> première instance)doit, au vœu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, statuer sur cette <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> « toutes affaires cessantes » 11 .Au contraire, en matière <strong>audiovisuelle</strong>, s’il n’y a pas d’accord entre le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>uren <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> et l’organisme producteur 12 sur <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’un texte(soit celui initialement <strong>de</strong>mandé, soit celui résultant d’une contre-proposition <strong>de</strong> l’organismeproducteur), le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit saisir le prési<strong>de</strong>nt du6. Loi du 23 juin 1961, art. 7.7. Loi du 23 juin 1961, art. 3 : « Peut être refusée, l’insertion <strong>de</strong> toute <strong>réponse</strong> : 1° Qui n’a pas <strong>de</strong> rapport immédiatavec le texte incriminé ; 2° Qui est injurieuse ou contraire aux lois ou aux bonnes moeurs ; 3° Qui met un tiersen cause, sans nécessité ; 4° Qui est rédigée <strong>dans</strong> une <strong>la</strong>ngue autre que celle du périodique ».8. Loi du 23 juin 1961, art. 5, al. 1 er .9. Loi du 23 juin 1961, art. 5, al. 3.10. S. Hoebeke et B. Mouffe, Le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong>, Académia-Bruy<strong>la</strong>nt, 2 e éd., 2005, p. 594, n os 861 et 863 ;Dans le même sens, <strong>la</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles a jugé, <strong>dans</strong> un arrêt prononcé le 14 juin 1966 (Pas., 1967, II,106 ; J.T., 1966, p. 635), que « l’insertion forcée ne constitue pas une peine que seules les juridictions répressives pourraientprononcer ; qu’elle est une forme <strong>de</strong> réparation donnée par <strong>la</strong> loi à <strong>la</strong> personne qui s’est vu refuser l’insertiond’une <strong>réponse</strong> sans motif va<strong>la</strong>ble. Le tribunal civil, compétent pour connaître <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en insertion, l’est égalementet par le fait même, pour juger du caractère justifié ou non du refus <strong>de</strong> cette insertion ». C’est d’ailleurs cettereconnaissance qui est à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> controverse quant à savoir si, en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite, le juge <strong>de</strong>s référéspeut intervenir pour ordonner, au provisoire, l’insertion d’une <strong>réponse</strong> (voir infra, n os 56 et 64 à 67). Cetteopinion n’est toutefois pas unanimement partagée. Ainsi, selon les auteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information et modifiant l’article 587 du Co<strong>de</strong> judiciaire (Doc. parl., Chambre, 1999-2000,n° 0325/001, p. 6), il conviendrait « d’extraire <strong>la</strong> problématique du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> du contexte pénal » au motif« que le passage obligé par le droit pénal afin <strong>de</strong> faire droit à une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, peut constituer unfrein à l’action du juge ».11. Loi du 23 juin 1961, art. 18.12. <strong>La</strong> loi précise qu’en matière <strong>audiovisuelle</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit être adressée à« l’organisme producteur <strong>de</strong> l’émission ou du programme » ou à « l’éditeur ». Pour simplifier, j’utiliserai ci-après uniquementle terme d’organisme producteur.402


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>tribunal <strong>de</strong> première instance s’il veut contraindre l’organisme producteur à diffuser sa<strong>réponse</strong>. L’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 précise que le prési<strong>de</strong>nt, « siégeant commejuge unique 13 , statue au fond et en <strong>de</strong>rnier ressort et selon <strong>la</strong> procédure prévue auxarticles 1035, 1036, 1038 et 1041 du Co<strong>de</strong> judiciaire ».34Nous tenons-là notre action comme en référé, objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente note.On relèvera d’emblée que le légis<strong>la</strong>teur s’est contenté <strong>de</strong> faire référence à quatre<strong>de</strong>s sept articles <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie du Co<strong>de</strong> judiciaire consacrés à l’« Introduction et [l’]instruction<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé » 14 , alors que, plus généralement, lorsqu’il instaure <strong>de</strong>s procédurescomme en référé, le légis<strong>la</strong>teur se contente <strong>de</strong> préciser que le juge saisi, « siège »et/ou « statue » comme en référé ou que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est « introduite et instruite commeen référé » 15 .L’action dont peut être saisi le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance enmatière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel tient sans doute une p<strong>la</strong>ce un peu à part<strong>dans</strong> le cadre du présent recyc<strong>la</strong>ge dès lors qu’à mon sens, il ne s’agit pas stricto sensud’une action en cessation. On peut certes soutenir que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> a pour but <strong>de</strong> fairecesser le refus illégitime — selon le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur — opposé par l’organisme producteur à<strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>. Toutefois, comme le souligne à juste titre Ch.Dalcq, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne sollicite en réalité pas une mesure <strong>de</strong> cessation mais bien unemesure d’injonction : « l’injonction d’insérer un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> une émission<strong>audiovisuelle</strong> » 16 .En matière <strong>audiovisuelle</strong>, il n’y a infraction pénale que si l’organisme producteur ne diffusepas <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>, soit après avoir marqué son accord sur <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’insertion <strong>de</strong>celle-ci, soit après que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ait marqué son accord sur <strong>la</strong> contre-proposition <strong>de</strong>l’organisme producteur, soit encore après que le prési<strong>de</strong>nt du tribunal ait ordonné <strong>la</strong><strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>.5B. État actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong><strong>La</strong> coexistence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux régimes différents en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, l’un s’appliquantaux écrits périodiques, l’autre à l’audiovisuel, fait l’objet <strong>de</strong> critiques anciennes et13. Cette précision <strong>la</strong>isse perplexe. Comment en effet, pourrait-il en être autrement ?14. Quatrième partie, Livre II, Titre VI du Co<strong>de</strong> judiciaire.15. Not. art. 587, al. 2, C. jud.16. Ch. Dalcq, « Les actions ‘comme en référé’ », in Le référé judiciaire, dir. scient. J. Englebert et H. Bou<strong>la</strong>rbah,éd. Jeune Barreau <strong>de</strong> Bruxelles, 2003, pp. 145 à 193, ici p. 170 ; J.-Fr. van Drooghenbroeck, « <strong>La</strong> nature et lerégime <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence exercée ‘comme en référé’ — l’exemple <strong>de</strong> l’action en dommages et intérêts », J.T.,1996, pp. 554 à 558, ici sp. note (1), p. 554 ; add. Ch. Dalcq et S. Uhlig, « Vers et pour une théorie générale du« comme en référé » : le point sur les questions transversales <strong>de</strong> compétence et <strong>de</strong> procédure », <strong>dans</strong> le présentouvrage.4039


Les actions en cessationrécurrentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine qui en appelle régulièrement à une unification <strong>de</strong>sconditions d’exercice du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et <strong>de</strong>s procédures à mettre en œuvre en cas<strong>de</strong> refus 17 .Depuis une dizaine d’années, <strong>la</strong> matière a fait l’objet d’une série <strong>de</strong> projets et <strong>de</strong>propositions <strong>de</strong> lois, visant notamment à unifier les <strong>de</strong>ux régimes en étendant le principedu droit restreint <strong>de</strong> rectification à <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite (ainsi qu’aux nouveaux mediaissus <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> l’information) 18 .67C’est en réalité une ordonnance rendue par le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> commerce 19 <strong>de</strong>Bruxelles, le 6 janvier 1995, qui mit le feu aux poudres.En effet, saisi sur requête uni<strong>la</strong>térale par <strong>la</strong> SABENA, ce magistrat fit interdictionau quotidien f<strong>la</strong>mand De Morgen <strong>de</strong> publier un article si cette publication ne s’accompagnaitpas simultanément du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> du requérant 20 . C’est en réaction à cettedécision, violemment contestée par les organes <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite, mais également critiquéepar une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine 21 , que fut déposée <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi du13 décembre 1995 22 . Cette proposition visait à étendre purement et simplement à <strong>la</strong><strong>presse</strong> écrite le régime applicable à l’audiovisuel et notamment <strong>la</strong> procédure prévue àl’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961. Cette première proposition <strong>de</strong> loi ne connutaucune suite.Le gouvernement s’est, à son tour, saisi <strong>de</strong> cette question en 1997. Toutefois, cettematière n’a pas échappé aux aléas <strong>de</strong>s réformes institutionnelles belges et plus particulièrementà <strong>la</strong> communautarisation <strong>de</strong>s compétences en ce qui concerne les matièresrelevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio et <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévision.17. En ce sens, notamment F. Jongen, « L’indispensable réforme du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », A.&M., 2000, pp. 167 à170, et du même auteur : « Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong>… », op. cit., p. 65 ; « L’intervention du juge <strong>dans</strong><strong>la</strong> procédure <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », note sous civ. Liège (réf.), 19 décembre 1989, J.L.M.B., 1990, p. 423 ;« L’intervention du juge <strong>dans</strong> l’exercice du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », note sous Cass., 29 octobre 1998, R.C.J.B., 2001,pp. 273 à 302, ici sp. pp. 301 et 302 ; S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit., n os 816 et 817.18. Dans l’exposé <strong>de</strong>s motifs du projet <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tif au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information et du projet <strong>de</strong>loi modifiant l’article 587 du Co<strong>de</strong> judiciaire, déposés par le Gouvernement le 4 mars 1999 (Doc. parl., Chambre,S.O. 1998-1999, 2034/1 et 2035/1, p. 2), le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice souligne que « au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, lemon<strong>de</strong> du journalisme et spécialement <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite, a exprimé une certaine irritation à l’égard du système léga<strong>la</strong>ctuel gouvernant le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, estimant que celui-ci accor<strong>de</strong> trop facilement le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et que sesmodalités sont critiquables. En effet, l’article 1 er <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi actuellement en vigueur, ne requiert, en ce qui concerne lesécrits périodiques, aucun intérêt personnel <strong>dans</strong> le chef du requérant et n’exige pas que l’information suscitant le droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> soit incorrect ou dommageable (alors que ces conditions ont bien été imposées en 1997 pour l’audiovisuel) ».19. Qui s’était estimé matériellement compétent dès lors que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur était commerçant.20. Comm. Bruxelles, (prés)., 6 janvier 1995, inédit, cité par S. Hoebeke et B. Mouffe, p. 595, n° 863. Cettedécision fut rétractée sur tierce opposition du journal par une ordonnance du 6 mars 1995, Mediaforum, 1995,n° 4, p. B55 ; sur cette affaire, voyez S. Hoebeke et B. Mouffe, p. 595, n° 863.21. Not. M. Hanotiau, op. cit., p. 207.22. Proposition <strong>de</strong> loi modifiant <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, Doc. parl., Chambre, S.O.1995-1996, 311/1.404


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>C’est ainsi qu’après avoir adopté en juillet 1997 un avant-projet <strong>de</strong> loi visant àuniformiser les <strong>de</strong>ux procédures et à étendre le champ d’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sur ledroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> aux nouveaux moyens <strong>de</strong> communication issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> l’information(et plus spécialement Internet) 23 , le gouvernement fédéral s’est, <strong>dans</strong> un premiertemps, résigné à déposer, le 4 mars 1999, un double projet <strong>de</strong> loi visant à réformer<strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, mais excluant expressément « <strong>de</strong> sonchamp d’application le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> s’exerçant par <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio et <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévisiondès lors que <strong>de</strong> l’avis du Conseil d’État, le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> s’exerçant par <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioet <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévision échappe à <strong>la</strong> compétence du légis<strong>la</strong>teur fédéral pour ressortir <strong>de</strong> celle dulégis<strong>la</strong>teur communautaire, ceci conformément à l’article 4, 6° <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi spéciale du 8 août1980 <strong>de</strong> réforme institutionnelle » 24 . Ce projet n’ayant pas survécu à <strong>la</strong> dissolution <strong>de</strong>schambres intervenue le 5 mai 1999, il fut réintroduit, à l’i<strong>de</strong>ntique mais cette fois-cisous forme <strong>de</strong> proposition <strong>de</strong> loi, le 17 décembre 1999 25 .Toutefois, ayant manifestement revu sa position sur ce point, le nouveau gouvernementredéposa lui-même, le 17 juillet 2000, <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> loi 26 s’écartant cettefois-ci résolument <strong>de</strong> l’avis précité du Conseil d’État. Le but recherché était une modificationglobale du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, tant en matière d’écrits périodiques que d’audiovisuel27 . Dans les gran<strong>de</strong>s lignes, <strong>la</strong> réforme proposée intégrait les adaptations suivantes :« - uniformiser les règles en <strong>la</strong> matière, indépendamment du support sur lequel lemédia périodique est diffusé ;- éviter un usage non justifié du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et, partant une utilisation abusive<strong>de</strong> celui-ci ;- préciser, <strong>dans</strong> les limites du champ d’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi en projet, les critèresdéterminant <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> d’une manière uniforme ;- mettre en p<strong>la</strong>ce, en vue <strong>de</strong> confirmer le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> présomption d’innocence,un droit sui generis ‘d’information’ (rectification a posteriori) pour les personnesdésignées <strong>dans</strong> un média périodique comme étant inculpées, prévenues, ou accuséeset ensuite libérées <strong>de</strong> toute poursuite ou acquittées ;- améliorer l’efficacité du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en permettant une décision <strong>de</strong> justicerapi<strong>de</strong>, sans que soit altéré l’équilibre précaire entre les revendications du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>uret <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté rédactionnelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> ;- extraire <strong>la</strong> problématique du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> du contexte pénal 28 ».23. Sur le contenu <strong>de</strong> cet avant-projet, voyez F. Jongen, « Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> et l’audiovisuel »,op. cit., pp. 56 et s.24. Doc. parl., Chambre, S.O. 1998-1999, 2034/1 et 2035/1, pp. 2 et 3.25. Doc. parl., Chambre, S.O. 1999-2000, 0325/001 ; une proposition simi<strong>la</strong>ire fut déposée au sénat le3 décembre 1999 (Doc. parl., Sénat, 2-234/1).26. Projet <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tif au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information (Doc. parl., Chambre, S.O. 1999-2000,0815/001) et Projet <strong>de</strong> loi modifiant l’article 587 du Co<strong>de</strong> judiciaire (Doc. parl., Chambre, S.O. 1999-2000, 0816/001).27. Voy. D. Voorhoof, Handboeck mediarecht, <strong>La</strong>rcier, 2003, pp. 180 et s.9405


Les actions en cessationOn notera que le projet avait notamment pour effet <strong>de</strong> généraliser <strong>la</strong> compétencedu prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance, siégeant comme en référé, parl’insertion d’un 10° à l’article 587, alinéa 1 er , du Co<strong>de</strong> judiciaire, prévoyant que le prési<strong>de</strong>ntserait dorénavant compétent pour statuer « sur toute contestation résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> loire<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information » 29 .D’un point <strong>de</strong> vue strictement procédural, le projet prévoyait par ailleurs l’introductiond’un chapitre XXV <strong>dans</strong> le livre IV (« Procédures particulières ») <strong>de</strong> <strong>la</strong> quatrièmepartie du Co<strong>de</strong> judiciaire. Ce nouveau chapitre, ne comportant qu’un seul article(l’article 1385duo<strong>de</strong>cies), prévoyait, d’une part, l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> requête contradictoire(articles 1034bis et suivants du Co<strong>de</strong> judiciaire) pour l’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 30 et,d’autre part, que « lorsque le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance ordonne l’insertiond’une <strong>réponse</strong> ou d’une information, il statue au fond et en <strong>de</strong>rnier ressort ». Il étaitencore prévu que « si, à <strong>la</strong> date du jugement, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> ou l’information n’a pas été insérée,le juge en ordonne l’insertion <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i et selon les modalités qu’il détermine, le caséchéant, sous peine d’astreintes ». Enfin, un <strong>de</strong>rnier alinéa précisait que « le prési<strong>de</strong>nt dutribunal <strong>de</strong> première instance peut, à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong>s parties, adapter le contenu <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>réponse</strong> ou <strong>de</strong> l’information ».8Le gouvernement fédéral fut toutefois interrompu <strong>dans</strong> son é<strong>la</strong>n puisque le Parlementf<strong>la</strong>mand saisit <strong>la</strong> Chambre d’une motion faisant état d’un conflit d’intérêt mettant encause <strong>la</strong> compétence du légis<strong>la</strong>teur fédéral à intervenir en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> à<strong>la</strong> radio et à <strong>la</strong> télévision 31 .À <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> cette motion, <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chambre a rendu le21 mai 2001 un rapport circonstancié sur le conflit <strong>de</strong> compétences entre l’autoritéfédérale et les autorités fédérées pour légiférer en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong>l’audiovisuel. Deux conclusions étaient soumises au vote <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission,l’une confirmant <strong>la</strong> compétence du Parlement fédéral, l’autre estimant que <strong>la</strong>réglementation du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> s’exerçant par <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio et <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévision,ressortait à <strong>la</strong> compétence du légis<strong>la</strong>teur communautaire. C’est <strong>la</strong> première propositionqui fut adoptée, par neuf voix contre six et une abstention.Saisie <strong>de</strong> <strong>la</strong> même question, <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong>s affaires institutionnelles du Sénatarriva à <strong>la</strong> conclusion que « le conflit d’intérêt soulevé par le Parlement f<strong>la</strong>mand est enfait un conflit <strong>de</strong> compétences qui <strong>de</strong>vrait être tranché par <strong>la</strong> Cour d’arbitrage. Par consé-28. Doc. Chambre, S.O. 1999-2000, 0815/001 et 0816/001, pp. 8 et 9.29. Article 2 du projet <strong>de</strong> loi modifiant l’article 587 du Co<strong>de</strong> judiciaire, Doc. parl., Chambre, S.O., 1999-2000,0816/001, p. 45. On sait par ailleurs, que le second alinéa <strong>de</strong> cet article précise que « sauf si <strong>la</strong> loi en dispose autrement,les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s prévues au premier alinéa sont introduites et instruites selon les formes du référé ».30. Cette <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong>vait être introduite <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i d’un mois à compter, soit <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong><strong>réponse</strong> ou l’information aurait dû être insérée, soit <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle le refus d’insérer était porté à <strong>la</strong> connaissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui a fait usage du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ou d’information, soit <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> contrepropositiona été refusée, soit encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle une <strong>réponse</strong> ou une information non-conforme auxdispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi aurait été insérée.31. Voyez Doc. parl., Chambre, S.O. 2000-2001, 0815/002.406


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>quent, on peut conseiller au comité <strong>de</strong> concertation <strong>de</strong> conclure qu’il n’y a pas <strong>de</strong> conflitd’intérêt, <strong>de</strong> manière à ce que <strong>la</strong> procédure légis<strong>la</strong>tive puisse suivre son cours à <strong>la</strong>Chambre ». Cette position fut adoptée par huit voix contre une.Malgré ces prises <strong>de</strong> positions favorables à l’initiative fédérale, les projets <strong>de</strong> loidu gouvernement ne connurent aucune suite jusqu’à ce qu’intervienne <strong>la</strong> dissolution<strong>de</strong>s chambres le 10 avril 2003.910Au cours <strong>de</strong> l’actuelle légis<strong>la</strong>ture, c’est au Sénat qu’une « proposition <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tive audroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information » a été déposée, le 11 août 2003, par H. Van<strong>de</strong>nberghe.Cette proposition reprend intégralement le texte <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> loi déposés à<strong>la</strong> Chambre en 1999 32 qui, comme on l’a vu, excluaient <strong>de</strong> leur champ d’application ledroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en matière <strong>de</strong> radio et <strong>de</strong> télévision.Cette « nouvelle » proposition fut envoyée en Commission et n’a connu jusqu’àce jour aucune suite.Les choses n’en sont toutefois pas restées là, puisque prenant le légis<strong>la</strong>teur fédéral <strong>de</strong>vitesse, le Parlement f<strong>la</strong>mand a adopté, le 18 juillet 2003, un décret insérant <strong>dans</strong> lesdécrets re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong> et à <strong>la</strong> télévision, coordonnés le 25 janvier 1995, « undroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et un droit <strong>de</strong> communication à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio et <strong>de</strong> <strong>la</strong> télévision ».Une numérotation <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong>venus totalement illisible a conduit le Parlement f<strong>la</strong>mandà procé<strong>de</strong>r à une nouvelle coordination <strong>de</strong> ces décrets, le 4 mars 2005. Le droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong> est repris aux articles 177 à 191 <strong>de</strong>s décrets coordonnés 33 .On constate donc que le désir d’unification <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> quel que soit le média concerné est loin d’avoir été concrétisé puisqueaujourd’hui <strong>la</strong> situation est <strong>la</strong> suivante : le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en matière d’écrit périodique est toujours réglementé, <strong>dans</strong>l’ensemble du territoire belge, par les articles 1 à 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ; le régime est toujours celui d’un droit quasi discrétionnaireouvert à toute personne citée nominativement ou implicitementdésignée ; par contre, le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel est réglementé, d’une part, parles articles 7 et suivants <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 et, d’autre part, pour les émissions<strong>de</strong> radio et télévision produites par <strong>de</strong>s organismes producteurs soumisaux décrets f<strong>la</strong>mands re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong> et à <strong>la</strong> télévision 34 , par lesarticles 177 et suivants <strong>de</strong> ce même décret.32. Doc. parl., Chambre, S.O., 1998-1999, nos 2034/1 et 2035/1.33. <strong>La</strong> communauté germanophone a, par décret du 27 juin 2005 sur <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong> et les représentationscinématographiques, prévu <strong>de</strong> son côté, que « les chapitres II et III <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, insérés par <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977, s’appliquent aux programmes <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> radio<strong>diffusion</strong> télévisuelle,<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne ouverte et <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> radio<strong>diffusion</strong> sonore » (art. 5). L’art. 40 du décret <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communautéfrançaise du 17 juillet 1987 sur l’audiovisuel contenait <strong>la</strong> même précision.34. C’est-à-dire les émissions produites par <strong>la</strong> VRT ainsi que par les radiodiffuseurs privés agréés par le Gouvernementf<strong>la</strong>mand ou par le V<strong>la</strong>ams Commissariaat voor <strong>de</strong> Media.4079


Les actions en cessationOn retiendra que l’article 185 <strong>de</strong>s décrets f<strong>la</strong>mands maintient <strong>la</strong> compétence duprési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance « siégeant comme en référé », pour connaître<strong>de</strong> toute contestation en cette matière. Cet article est en réalité très <strong>la</strong>rgement inspirépar le projet d’article 1385duo<strong>de</strong>cies, qui était contenu le projet <strong>de</strong> loi du 17 juillet2000 35 .11Un doute subsiste quant au pouvoir <strong>de</strong>s Communautés à légiférer <strong>dans</strong> cette matière.Par son arrêt du 28 mai 1991 36 , <strong>la</strong> Cour d’arbitrage avait expressément rappelé que <strong>la</strong>matière du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel restait une compétence du légis<strong>la</strong>teurfédéral 37 . Il semble toutefois que cette jurispru<strong>de</strong>nce soit elle-même <strong>de</strong>venue obsolète.En effet, <strong>la</strong> Cour d’arbitrage avait conclu à <strong>la</strong> compétence du légis<strong>la</strong>teur fédéral aumotif que <strong>la</strong> matière du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> participait <strong>de</strong> l’exercice d’un droit fondamental.Or, <strong>de</strong>puis, comme le souligne F. Jongen, « le Conseil d’État a considéré qu’il n’y avaitplus <strong>de</strong> compétence fédérale exclusive sur les droits fondamentaux, et cette thèse a été confirméepar un arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour d’arbitrage du 25 novembre 1999 (…) » 38 . L’auteur se<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> toutefois s’il ne serait pas opportun d’envisager une modification <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi spéciale<strong>de</strong> réforme institutionnelles du 8 août 1980, « afin d’y inscrire <strong>la</strong> réglementation dudroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> comme une exception explicite à <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s Communautés enmatière <strong>de</strong> radio<strong>diffusion</strong> et <strong>de</strong> télévision » 39 .Seule une future saisine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour d’arbitrage, soit sur <strong>la</strong> validité du décret f<strong>la</strong>mand,soit une nouvelle fois, sur celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977, serait <strong>de</strong> nature à réglerdéfinitivement cette controverse.35. Doc. parl., Chambre, S.O. 1999-2000, 0815/001. L’article 185 <strong>de</strong>s décrets f<strong>la</strong>mands est rédigé comme suit :« Sans préjudice <strong>de</strong> <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> soumettre le litige à un organe sectoriel compétent, toutes contestations résultantdu présent titre sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence exclusive du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance, siégeant comme enréféré. Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur saisit le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i d’un mois à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> dateà <strong>la</strong>quelle, conformément aux dispositions du présent décret, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> aurait dû être insérée ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quellele refus d’insérer a été porté à <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui a signé <strong>la</strong> requête, <strong>la</strong> contre-proposition a été refuséeou <strong>dans</strong> le mois <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle une insertion non conforme aux dispositions du présent décret a été insérée.Lorsque le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance ordonne l’insertion d’une <strong>réponse</strong>, il statue au fond et en<strong>de</strong>rnier ressort.Si à <strong>la</strong> date du jugement, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> n’a pas été insérée, le juge en ordonne l’insertion <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i et selon les modalitésqu’il détermine, le cas échéant sous peine d’astreinte.Le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance peut faire droit aux suggestions <strong>de</strong>s parties visant à adapter le contenu<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> ».36. C.A., arrêt 14/91, 28 mai 1991 ; à propos <strong>de</strong> cet arrêt, voy. F. Jongen, « Contre toute attente… », note sousl’arrêt, J.L.M.B., 1991, pp. 1193 à 1195 et du même auteur : « Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel : en routepour <strong>la</strong> Cour d’arbitrage », note sous Civ. Bruxelles, 12 janvier 1990 (il s’agit du jugement qui a posé <strong>la</strong> questionpréjudicielle à <strong>la</strong> Cour d’arbitrage à l’origine <strong>de</strong> l’arrêt du 28 mai 1991), J.L.M.B., 1990, pp. 429 à 431 et « Droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> : en attendant… <strong>la</strong> Cour d’arbitrage », note sous civ. Nivelles (réf.), 30 octobre 1990, J.L.M.B., 1991,pp. 671 et 672.37. Sur les arguments qui peuvent être développés en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence du légis<strong>la</strong>teur fédéral, voyez Doc.parl., Chambre, S.O. 1999-2000, 0815/001 et 0816/001, pp. 4 à 8 et Doc. parl., Chambre, S.O. 2000-2001, 0815/002.38. F. Jongen, « L’indispensable réforme… », op. cit., p. 168. Voy également, du même auteur : « Modifications<strong>dans</strong> l’audiovisuel f<strong>la</strong>mand », J.T., 2004, p. 498 ; D. Voorhoof, Handboeck…, pp. 175 et 176.39. F. Jongen, « L’indispensable réforme.. », op. cit., pp. 168 et 170.408


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>C. Présentation <strong>de</strong>scriptive <strong>de</strong> l’action « comme en référé »prévue à l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>1213En matière <strong>audiovisuelle</strong>, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit être adressée parpli recommandé à l’organisme producteur <strong>de</strong> l’émission, au plus tard le trentième jourqui suit <strong>la</strong> date <strong>de</strong> l’émission 40 .L’organisme producteur peut accepter cette <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ainsi que le texte proposé.Dans ce cas, il <strong>de</strong>vra diffuser <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> « à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus prochaine émission ou duplus prochain programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> même série ou du même type, à l’heure <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong>celle où cette émission ou programme a eu lieu » 41 .L’organisme producteur peut également accepter <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> maispas le texte proposé. Dans ce cas, il doit soumettre au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur une contre-propositionqui doit être communiquée par pli recommandé à celui-ci <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatrejours ouvrables prenant cours le len<strong>de</strong>main du jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> 42 . Dans cette hypothèse, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur peut soit accepter cettecontre-proposition, soit <strong>la</strong> refuser.Enfin, l’organisme producteur peut refuser purement et simplement <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong><strong>de</strong> <strong>réponse</strong>. Dans ce cas, il doit en avertir le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur par lettre recommandée toujours<strong>dans</strong> le même dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours ouvrables, prenant cours le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong>réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 43 .En cas <strong>de</strong> refus <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ou en cas <strong>de</strong> refus <strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-propositionformulée par l’organisme producteur ou encore « en cas d’absence » <strong>de</strong>s formalités prévuesà l’article 11, § 2, alinéa 1 er et § 3 (en d’autres termes, en cas d’absence <strong>de</strong> réaction<strong>de</strong> l’organisme producteur à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>), le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur peut introduire uneaction en justice <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours qui suit <strong>la</strong> notification du refus ou <strong>de</strong> <strong>la</strong>contre-proposition (ou à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle le refus ou <strong>la</strong> contre-propositionaurait dû lui être notifié, <strong>dans</strong> l’hypothèse où sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> n’a suscité aucune réaction<strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> l’organisme producteur).Dans le même dé<strong>la</strong>i, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur peut choisir <strong>de</strong> ne pas introduire directementune action contentieuse, mais bien <strong>de</strong> déposer une requête écrite en conciliation 44 .L’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> renvoie à cet égard expressément auxarticles 731 et suivants du Co<strong>de</strong> judiciaire 45 . L’article 12 précise que « cette requête pro-40. Loi du 23 juin 1961, art. 8.41. Loi du 23 juin 1961, art. 11, §1 er .42. Loi du 23 juin 1961, art. 11, §2.43. Loi du 23 juin 1961, art. 11, § 3.44. Je pense pouvoir signaler que le recours à cette procédure préa<strong>la</strong>ble en conciliation est plus fréquent quene le pense <strong>la</strong> doctrine (not. F. Jongen, « L’intervention du juge <strong>dans</strong> l’exercice du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », op. cit.,p. 283, n° 14). <strong>La</strong> pratique montre en effet que cette voie, qui reste certes minoritaire, gar<strong>de</strong> les faveurs <strong>de</strong> certains<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs avec parfois à <strong>la</strong> clé un procès-verbal <strong>de</strong> conciliation, même lorsque l’organisme producteuravait initialement opposé un refus pur et simple à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>.45. Toutefois, en exigeant une requête écrite, <strong>la</strong> loi déroge au droit commun qui autorise une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> verbaleen conciliation (art. 732 C. jud.).4099


Les actions en cessationduit quant au dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours les effets d’une citation à <strong>la</strong> condition que celle-ci soit donnée<strong>dans</strong> les quinze jours du procès-verbal constatant <strong>la</strong> non-conciliation <strong>de</strong>s parties ». End’autres termes, si une requête en conciliation est introduite <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze joursvisé à l’article 12, alinéa 1 er , le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> disposera d’un nouveaudé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours pour introduire une procédure contentieuse <strong>dans</strong> l’hypothèse où <strong>la</strong>conciliation n’aboutit pas (et ce à dater du procès-verbal <strong>de</strong> non conciliation).1415Le prési<strong>de</strong>nt du tribunal, siégeant comme en référé, statue au fond et en <strong>de</strong>rnier ressort46 , sur l’obligation <strong>de</strong> l’organisme producteur <strong>de</strong> diffuser <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>.L’article 12, alinéa 5, précise que « l’ordonnance » 47 est notifiée aux parties parpli judiciaire 48 . L’alinéa 4 du même article précise que lorsque « l’ordonnance » est renduepar défaut, une opposition peut être formée « <strong>dans</strong> <strong>la</strong> quinzaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification ».Dans le cadre du présent recyc<strong>la</strong>ge, il m’a paru utile <strong>de</strong> consacrer ma contributionexclusivement aux questions <strong>de</strong> procédure que posent les dispositions légis<strong>la</strong>tives enmatière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel. Je n’abor<strong>de</strong>rai donc pas, ou que très inci-46. Voir infra, n os 51 à 63.47. Avec G. Closset-Marchal, je pense que « le terme ‘jugement’ […] paraît plus adéquat <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong>décision est rendue au fond » (G. Closset-Marchal, « Eléments communs aux procédures comme en référés’ », inLe développement <strong>de</strong>s procédures ‘comme en référé’, C.I.U.D.J., Kluwer/Bruy<strong>la</strong>nt, 1994, pp. 17 à 36, ici p. 32) ; <strong>dans</strong>le même sens voyez J. van Compernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès : le développement <strong>de</strong>s procédures ‘comme enréféré’ — conclusions générales », in Le développement <strong>de</strong>s procédures ‘comme en référé’, op. cit., pp. 206 à 220,ici p. 218, n° 21 : « Bien que souvent qualifiée d’ordonnance par le légis<strong>la</strong>teur, <strong>la</strong> décision rendue par le prési<strong>de</strong>ntstatuant comme en référé est un véritable jugement » ; D. Van Gerven, « Le droit d’action en matière <strong>de</strong> protection<strong>de</strong> l’environnement », J.T., 1993, p. 619, note (101).48. À titre d’exemples <strong>de</strong> <strong>la</strong> confusion qui règne quant à <strong>la</strong> qualification <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue en application<strong>de</strong> l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961, on peut relever que le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong>Bruxelles a qualifié sa décision <strong>de</strong> « jugement » notamment <strong>dans</strong> les affaires suivantes : civ. Bruxelles (prés.),25 novembre 1994, inédit, RG 94/1559/C, Nicoletti/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.), 18 janvier 1995, inédit, RG94/15947/A, TCB/BRTN ; civ. Bruxelles (prés.), 19 février 1996, inédit, RG 96/1266/A, Thorburn/RTL-TVI ; civ.Bruxelles (prés.), 19 février 1996, inédit, RG 96/1267/A, Thorburn/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.), 25 juin 1997,inédit, RG 97/4487/A, P<strong>la</strong>quet/BRTN ; civ. Bruxelles (prés.), 1 er septembre 2005, inédit, RG 05/4412/A, Féret/R.T.B.F..Au contraire, <strong>la</strong> décision rendue est qualifiée « d’ordonnance » par <strong>la</strong> même juridiction, <strong>dans</strong> les cas suivants :civ. Bruxelles (prés.), 30 décembre 1992, inédit, RG 17/005/92, Van Den Eyn<strong>de</strong>n/BRTN ; civ. Bruxelles (prés.),7 avril 1993, R.W., 1993-1994, p. 471 ; civ. Bruxelles (prés.), 4 octobre 1995, inédit, RG 95/7322/A, Jacques/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.), 4 octobre 1995, inédit, RG 95/7323/A, Sierra 21/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.),17 septembre 1996, inédit, RR 96/902/C, Eykerman/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.), 24 juin 1997 ; inédit, RR 97/433/C, Front National et cts/TéléBruxelles (on notera que <strong>dans</strong> son dispositif, le prési<strong>de</strong>nt persistant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> confusion,précise qu’il statue « au provisoire » ; il faut sans doute y voir une erreur <strong>de</strong> plume provoquée par l’habitu<strong>de</strong>— en ce sens, F. Jongen, « Toutes affaires cessantes », J.L.M.B., 1999, pp. 900 et 901) ; civ. Bruxelles (réf.),10 septembre 1997, J.L.M.B., 10 septembre 1997, p. 893 (<strong>dans</strong> cette affaire également, le prési<strong>de</strong>nt précise, <strong>dans</strong>son dispositif, qu’il statue « au provisoire ») ; civ. Bruxelles (prés.), 7 mai 2002, inédit, RG 01/8720/A, Postal/R.T.B.F. ; civ. Bruxelles (prés.), 4 mai 2001, J.L.M.B., 2004, p. 803 ; civ. Bruxelles (prés.), 3 juin 2004, A.&M., 2005,p. 84.410


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong><strong>de</strong>mment 49 , les questions <strong>de</strong> fond essentiellement re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> pertinence du texte <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>réponse</strong> proposée, ni les conditions <strong>de</strong> forme que doit respecter <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>réponse</strong>elle-même, visées par les articles 8 et 9 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961.Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> sera toutefois particulièrement attentif à cesconditions, eu égard notamment au dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription, extrêmement court, pourpouvoir introduire une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> (trente jours à dater <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> l’émission).Il est utile <strong>de</strong> savoir que le non-respect <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> forme ou <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, peut être soulevé par l’organisme producteur pour <strong>la</strong> première fois<strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure judiciaire. En effet, si l’article 11, § 3, <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin1961, précise que le refus d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit être motivé, iln’est nullement précisé qu’en cas <strong>de</strong> procédure judiciaire, l’organisme producteur nepourrait pas soulever d’autres moyens <strong>de</strong> défense que ceux déduits <strong>de</strong> <strong>la</strong> motivation <strong>de</strong>son refus <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> 50 . Cette solution est logique puisqu’en réalité, i<strong>la</strong>pparaît d’une lecture combinée <strong>de</strong>s articles 11 et 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, que l’organisme producteurpourrait très bien déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ne réserver aucune suite à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, attitu<strong>de</strong>équivalente à un refus qui, par <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s choses, ne sera pas motivée.Or, les conditions <strong>de</strong> forme prévues à l’article 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, sont prescrites à peine d’irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong>. En cas <strong>de</strong> procédure judiciaire, si une seule <strong>de</strong> ces conditions n’est pas respectée,le prési<strong>de</strong>nt du tribunal ne pourra que constater l’irrecevabilité initiale <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> et en conséquence, le non fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’actionjudiciaire visant à condamner l’organisme producteur à diffuser <strong>la</strong> dite <strong>réponse</strong>.Et au moment où ce constat sera fait par le juge, le dé<strong>la</strong>i pour introduire undroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> sera inévitablement dépassé, interdisant au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>de</strong> réintroduireune nouvelle <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, cette fois-ci correcte en <strong>la</strong> forme.16Une <strong>de</strong>rnière remarque s’impose avant d’abor<strong>de</strong>r les questions <strong>de</strong> procédures. C’est sur<strong>la</strong> base <strong>de</strong> données factuelles manifestement incomplètes que certains ont pu prétendrequ’en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, « le juge est <strong>de</strong>venu un point <strong>de</strong> passage quasiobligé » 51 . L’analyse statistique <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>, en tous cas<strong>dans</strong> l’audiovisuel 52 , montre que <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>s sont49. Sous réserve <strong>de</strong> ce qui sera dit ci-<strong>de</strong>ssous quant aux conditions <strong>dans</strong> lesquelles une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong>d’une <strong>réponse</strong> peut être formulée par l’avocat du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur (infra, n os 17 à 27) et <strong>de</strong> quelques considérationsquant aux dé<strong>la</strong>is applicables au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase précontentieuse (infra, n os 26 et s.).50. En ce sens (solution implicite) : civ. Bruxelles (prés.), 27 décembre 2001, inédite, Boscherini/R.T.B.F.51. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., p. 279, n° 7.52. Certes, les chiffres dont je dispose ne concernent que <strong>la</strong> R.T.B.F.. Ils m’ont été aimablement communiquéspar le service juridique <strong>de</strong> celle-ci. Le lecteur en trouvera un tableau synthétique en annexe I à <strong>la</strong> présente note.Toutefois, comme le souligne à juste titre F. Jongen, en cette matière, ce sont surtout les chaînes publiques quialimentent le contentieux judiciaire (« L’intervention du juge… », op. cit., p. 279, n° 7).4119


Les actions en cessationréglées sans l’intervention du juge. À mon sens, il s’agit donc d’un contentieux qui n’aconnu aucun développement exceptionnel ces <strong>de</strong>rnières années 53 et qui reste étonnammentmarginal, malgré les (prétendues) dérives dont il est <strong>de</strong> bon ton, <strong>de</strong> nos jours,d’accabler <strong>la</strong> <strong>presse</strong>.Enfin, j’estime encore <strong>de</strong>voir avertir le lecteur qu’ayant, en ma qualité d’avocat,le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> défendre <strong>de</strong>puis plusieurs années les intérêts d’un organisme producteurd’émissions <strong>de</strong> radio et <strong>de</strong> télévision, notamment pour le contentieux dit du « droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong> », les considérations qui suivent et qui se veulent les plus objectives possibles,sont tout autant le fruit <strong>de</strong>s analyses d’un spécialiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure civile que <strong>de</strong>sexpériences et <strong>de</strong>s réflexions d’un praticien <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure « comme en référé » endroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>.SECTION 2Problèmes <strong>de</strong> procédureA. <strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> adressée par un avocat -Nécessité d’un mandat17Bien que cette question ne concerne pas strictement <strong>la</strong> procédure judiciaire en droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, puisqu’elle se situe <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phase précontentieuse, il n’est pas sans intérêtd’attirer l’attention <strong>de</strong> l’avocat sur le fait que l’acte consistant à adresser à l’organismeproducteur une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> ne relève pas <strong>de</strong> son mandat adlitem, qui ne vaut que pour <strong>la</strong> représentation en justice du client et qui est donc limitéeaux actes <strong>de</strong> procédure accomplis pendant l’instance 54 .Il convient donc que l’avocat qui adresse lui-même une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong>d’une <strong>réponse</strong> ait reçu <strong>de</strong> son client un mandat spécial à cette fin.Par ailleurs l’article 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> prévoit, à peined’irrecevabilité, que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> doit être signée et doit, pour les personnesmorales ainsi que pour les associations <strong>de</strong> fait, indiquer « <strong>la</strong> qualité du signataire <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ».53. Voir les chiffres repris en annexe I.54. Sur l’étendue et les limites du mandat ad litem qui trouve son fon<strong>de</strong>ment légal <strong>dans</strong> l’article 440 al. 2, C.jud., voy. not. A. Braun et F. Moreau, R.P.D.B., V° « Avocat », complément VI, Bruxelles, Bruy<strong>la</strong>nt, 1983, p. 190 ;P. <strong>La</strong>mbert, Règles et usages <strong>de</strong> <strong>la</strong> profession d’avocat du Barreau <strong>de</strong> Bruxelles, Bruxelles, Nemesis, 2 e éd., 1988,p. 313 ; D. Sterckx, « Le mandat procédural <strong>de</strong> l’avocat », J.T., 1997, pp. 412 et s. ; P. Corvi<strong>la</strong>in et F. G<strong>la</strong>nsdorff,« Mandat <strong>de</strong> l’avocat et apparence », Cah. dr. jud., 1993, pp. 84 et s.412


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>18Qu’en est-il lorsque <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est adressée à l’organisme producteur par l’avocat du<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur qui se contente <strong>de</strong> préciser qu’il intervient « en qualité <strong>de</strong> conseil » <strong>de</strong> celuici?Par jugement du 4 mai 2001 55 , le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong>Bruxelles a considéré que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> envoyée et signée uniquementpar l’avocat du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> n’était pas recevable dès lorsqu’en l’espèce, l’avocat « se limite à dire être ’ le conseil ’ [<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse], ce quin’implique nullement l’existence d’un mandat spécifique pour signer <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, un conseil juridique n’étant en réalité qu’un intermédiaire <strong>de</strong> fait pour négocierou exprimer <strong>de</strong>s arguments, mais jamais pour poser un acte juridique en droit ». Le tribunalprécise que si une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> peut être signée par un mandataireconventionnel, « encore faut-il que le mandataire conventionnel, signataire <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, invoque l’existence <strong>de</strong> ce mandat spécifique, pour que sa qualité soit va<strong>la</strong>blementexprimée comme le requiert l’article 8 <strong>de</strong>uxième tiret [<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong>] ». Partant « <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, signée par une personne, soit-elleavocat, qui n’indique pas sa qualité <strong>de</strong> mandataire [<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse] ni l’existence d’unmandat spécial pour introduire un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, est irrecevable ».Le tribunal précise par ailleurs que « <strong>la</strong> preuve d’un mandat spécial, produit ultérieurement<strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong>s débats judiciaires, ne peut couvrir l’irrecevabilité initiale,pour défaut d’indication <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité du signataire ».1920On relèvera qu’une décision qui semble aller en sens contraire, a été rendue par le tribunalcorrectionnel <strong>de</strong> Bruxelles, le 18 janvier 2000 56 . En l’espèce, il s’agissait <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’insertion d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> un écrit périodique. L’avocat du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur eninsertion avait adressé lui-même <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> à l’éditeur <strong>de</strong> l’hebdomadairepar une lettre contenant l’indication suivante : « je vous écris en ma qualité <strong>de</strong> conseil <strong>de</strong>(…) ». L’éditeur avait refusé d’insérer <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> en invoquant notamment l’absence <strong>de</strong>signature du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur. Si le tribunal correctionnel a rejeté cet argument, c’est aumotif qu’en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite <strong>la</strong> loi n’exige pas, à l’inverse <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure enmatière <strong>audiovisuelle</strong>, que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> soit signée par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ni, afortiori, qu’elle contienne <strong>la</strong> qualité précise du signataire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>. L’enseignement<strong>de</strong> cette décision n’est donc pas transposable en matière <strong>audiovisuelle</strong>.Par jugement du 27 décembre 2001, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong>Bruxelles a confirmé sa jurispru<strong>de</strong>nce du 4 mai 2001, mais cette fois-ci <strong>dans</strong> une hypothèseou <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> était introduite par un particulier (etnon plus par une personne morale). <strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> adressée et signée parl’avocat du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur est irrecevable s’il se contente <strong>de</strong> préciser qu’il intervient « en955. Civ. Bruxelles (prés.), 4 mai 2001, J.L.M.B., 2004, p. 803.56. Corr. Bruxelles, 18 janvier 2000, A.& M., 2000, p. 143.413


Les actions en cessationqualité <strong>de</strong> conseil » <strong>de</strong> son client, sans faire état <strong>de</strong> ce qu’il agit en vertu d’un mandatspécial. <strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> adressée à l’organisme producteur étant irrecevable,l’action judiciaire doit être déc<strong>la</strong>rée non fondée 57 .21Notons qu’en France, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation a été amenée à trois reprises à se pencher sur<strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> effectuée par un avocat pour le compte <strong>de</strong> sonclient.<strong>La</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Paris avait estimé que c’était à bon droit que le directeur <strong>de</strong><strong>la</strong> publication n’avait pas fait droit à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où« l’exercice du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong> toute personne (…) lui est personnel, qu’elle est seulejuge <strong>de</strong> l’opportunité d’en user et (…) qu’elle seule peut requérir du directeur <strong>de</strong> publicationl’intervention d’une <strong>réponse</strong> à un article <strong>la</strong> mettant en cause ; que, si l’avocat est seul habilitéà assister ou représenter une partie <strong>de</strong>vant les juridictions et les organismes juridictionnels<strong>de</strong> quelque nature que ce soit, et peut, <strong>de</strong> même, assister ou représenter autrui <strong>de</strong>vantles administrations publiques, ce monopole a ses limites, et ne saurait s’étendre au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>scas prévus par <strong>la</strong> loi (…), qu’un organisme <strong>de</strong> <strong>presse</strong> n’étant ni une juridiction, ni un organismejuridictionnel, ni une administration publique, l’avocat ne peut prétendre à représentersans pouvoir spécial, une partie exerçant un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ».Saisi d’un pourvoi contre cet arrêt, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation <strong>de</strong> France a, par un arrêtdu 9 mai 1990 58 , rejeté le recours au motif qu’« aucune disposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du31 décembre 1971 59 n’autorise l’avocat à exercer, sans mandat spécial, le droit exceptionnelet personnel accordé par l’article 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1881 aux personnes mises encause <strong>dans</strong> un écrit périodique ».Dans un second arrêt du 22 février 2000 60 , <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation <strong>de</strong> France franchitun pas supplémentaire. L’arrêt soumis à sa censure avait décidé que « si aucune disposition<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 31 décembre 1971 n’autorise l’avocat à exercer, sans mandat spécial,le droit exceptionnel et personnel accordé par l’article 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1981 auxpersonnes mises en cause <strong>dans</strong> un écrit périodique, aucun texte n’exige que ledit mandatsoit joint à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’exercice du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ; qu’il suffit par conséquent, quel’avocat puisse en justifier ». Dans son pourvoi, le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication concernéeinvoquait que, dès lors qu’un avocat ne peut adresser une <strong>réponse</strong> au nom <strong>de</strong> son clientque s’il peut justifier d’un mandat spécial, il s’en déduit que « ce mandat doit nécessairementêtre transmis par l’avocat au directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication <strong>dans</strong> le même courrier que<strong>la</strong> <strong>réponse</strong> établie au nom <strong>de</strong> son client ». Faisant droit à cet argument, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassationa décidé que « le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication n’est pas tenu d’insérer une <strong>réponse</strong> enapplication <strong>de</strong> l’article [13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 29 juillet 1881] lorsqu’elle lui est <strong>de</strong>mandée par un57. Civ. Bruxelles (prés.), 27 décembre 2001, inédit, Boscherini/R.T.B.F.58. Cass. fr., ch. crim., 9 mai 1990, Bull. crim., 1990, n° 178, p. 453.59. Loi portant réforme <strong>de</strong> certaines professions judiciaires et juridiques, organisant notamment <strong>la</strong> professiond’avocat en France.60. Cass. fr., ch. crim., 22 février 2000, Legi<strong>presse</strong>, 2000, III, p. 217 avec note <strong>de</strong> P. A<strong>de</strong>r, p. 218.414


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>avocat sans que celui-ci produise le mandat spécial qui lui a été remis à cet effet par <strong>la</strong>personne mise en cause ». <strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation <strong>de</strong> France poursuit ainsi : « en se contentant<strong>de</strong> constater que le mandat spécial avait été produit <strong>de</strong>vant le premier juge et qu’ilétait ainsi établi que l’avocat en disposait bien lorsque le directeur <strong>de</strong> publication a reçu <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, mais ‘sans constater que le mandat spécial dont disposait l’avocat avait été portéà <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévenue lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’insertion’, <strong>la</strong> cour d’appel n’a pasdonné <strong>de</strong> base légale à sa décision ». En conséquence, le directeur <strong>de</strong> publication n’ayantpas été va<strong>la</strong>blement saisi <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’insertion d’une <strong>réponse</strong>, il ne pouvait pasêtre poursuivi du délit <strong>de</strong> refus d’insertion <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>.<strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation française a complété cette jurispru<strong>de</strong>nce par un arrêt du14 décembre 2000 61 , rendu cette fois-ci au civil. <strong>La</strong> Cour y confirme d’une part quel’avocat qui forme pour son client <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’insertion d’une <strong>réponse</strong> doit préciserqu’il agit en vertu d’un pouvoir spécial et qu’en outre, d’autre part, il doit joindre <strong>la</strong>preuve <strong>de</strong> ce mandat spécial à son courrier.B. L’introduction <strong>de</strong> l’action - Inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> tentative<strong>de</strong> conciliation22À défaut <strong>de</strong> disposition spécifique, l’action en justice en vue d’obtenir <strong>la</strong> condamnation<strong>de</strong> l’organisme producteur à diffuser une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel doit être introduitepar citation. <strong>La</strong> référence à l’article 1035 du Co<strong>de</strong> judiciaire, contenue <strong>dans</strong> l’article 12,alinéa 3, confirme sans <strong>la</strong> moindre hésitation possible cette règle 62 .<strong>La</strong> saisine du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance par requête contradictoirene sera donc pas va<strong>la</strong>ble 63 . Le choix d’un tel acte introductif d’instance sera sanctionnépar l’irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> dès lors qu’il contrevient à une règled’organisation judiciaire d’ordre public selon <strong>la</strong>quelle, sauf dérogation ex<strong>presse</strong> prévuepar <strong>la</strong> loi, les actions en justice doivent être introduites par citation 64 .23Saisi d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> à l’encontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> R.T.B.F., par requête— en l’espèce, il s’agissait d’une simple lettre adressée par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong> au prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance —, le tribunal a, par erreur, d’ini-61. Cass. fr., 2 e ch. civ., 14 décembre 2000, Legi<strong>presse</strong>, 2001, III, p. 34.62. En ce sens, G. Closset-Marchal, « Eléments communs aux procédures ‘comme en référés’ », op. cit., p. 27,n° 31.63. Si le projet <strong>de</strong> loi du 17 juillet 2000 re<strong>la</strong>tif au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information (Doc. parl., Chambre,S.O. 1999-2000, 0815/001) prévoyait l’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> par voie <strong>de</strong> requête contradictoire (ce qui estparadoxal puisqu’en pratique ce<strong>la</strong> aurait inévitablement pour effet <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> procédure — en ce sens : J. vanCompernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès », op. cit., p. 217, n° 18), l’article 185 <strong>de</strong>s décrets f<strong>la</strong>mands re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong>radio<strong>diffusion</strong> et à <strong>la</strong> télévision, coordonnés le 4 mars 2005, bien que s’inspirant très <strong>la</strong>rgement du texte du projet<strong>de</strong> loi, ne reprend pas cette possibilité d’introduire <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> par requête contradictoire.64. Cass., 27 mai 1994, Pas., I, 519 ; Cass., 30 octobre 1997, Pas., I, 1102.4159


Les actions en cessationtiative inscrit cette requête « <strong>dans</strong> le registre <strong>de</strong>s conciliations » et l’a traitée comme une<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> fondée sur l’article 12, alinéa 2, <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, c’est-à-dire comme une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en conciliation (qui peut être suivie d’uneaction au fond en cas d’échec). <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> « requête » faisait toutefois apparaîtrequ’il n’y était nullement <strong>de</strong>mandé l’intervention du juge <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédureen conciliation, mais bien <strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong> l’organisme producteur à diffuser <strong>la</strong><strong>réponse</strong> sollicitée, ce que le requérant confirma lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> séance en conciliation.Constatant cette erreur, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxellesa dû, à l’issue <strong>de</strong> l’audience <strong>de</strong> conciliation, réserver un sort à <strong>la</strong> requête. Par ordonnancedu 8 avril 2005 65 , après avoir relevé que « lors <strong>de</strong> l’audience <strong>de</strong> conciliation, il aété souligné qu’un problème <strong>de</strong> recevabilité ne manquerait pas <strong>de</strong> se poser si l’affaire<strong>de</strong>vait être traitée au fond, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> comme en référé <strong>de</strong>vant être introduite par citationet non par requête », le prési<strong>de</strong>nt du tribunal se contenta <strong>de</strong> renvoyer l’affaire au rôle,<strong>la</strong>issant aux parties le soin <strong>de</strong> « prendre telle initiative qu’elles jugeront appropriée si ellescroient <strong>de</strong>voir p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>r le fond du dossier ». Convaincu <strong>de</strong> son erreur et <strong>de</strong> l’impossibilité<strong>de</strong> corriger celle-ci (le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jour pour saisir le tribunal étant <strong>la</strong>rgementdépassé), le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> renonça à poursuivre son action.24Le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles avait déjà eu l’occasion <strong>de</strong>rappeler <strong>la</strong> règle selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong>vait être introduiteexclusivement par citation, <strong>dans</strong> une affaire ayant donné lieu, cette fois-ci, à une véritableprocédure préa<strong>la</strong>ble en conciliation.À l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure en conciliation qui n’avait pas abouti et qui avait doncdonné lieu à un procès-verbal <strong>de</strong> non-conciliation, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>avait fait inscrire par le greffe sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong>, au rôle général du tribunal, sursimple présentation du procès-verbal <strong>de</strong> non-conciliation. L’organisme producteur soulevaune exception d’irrecevabilité pour vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s règles d’organisation judiciaire (leCo<strong>de</strong> judiciaire ne reconnaissant pas <strong>la</strong> possibilité d’introduire une action par mise aurôle du procès-verbal <strong>de</strong> non conciliation). Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur soutenait en <strong>réponse</strong> que <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en conciliation produisait les mêmes effets que <strong>la</strong> citation et qu’en conséquence,elle avait va<strong>la</strong>blement saisi le prési<strong>de</strong>nt du tribunal siégeant comme en référé<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> contentieuse en <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>.Par jugement du 3 juin 2004 66 , le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instancerelève que « contrairement à ce qu’allègue le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, il ne se déduit pas [du <strong>de</strong>rnieralinéa <strong>de</strong> l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961] que <strong>la</strong> requête en conciliation produirait‘tous les effets d’une citation’ ; que le texte précise en effet uniquement que ce n’est que‘quant au dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours’ que <strong>la</strong> requête produit les effets d’une citation et ce, à <strong>la</strong>condition qu’une telle citation soit effectivement donnée <strong>dans</strong> les quinze jours du procèsverbal<strong>de</strong> non-conciliation ; qu’ainsi l’alinéa 2 <strong>de</strong> l’article 12 précité ne constitue pas unedérogation à l’article 700 du Co<strong>de</strong> judiciaire mais prévoit seulement que <strong>la</strong> requête en con-65. Civ. Bruxelles (prés.), 8 avril 2005, inédit, Grétry/R.T.B.F., Registre <strong>de</strong>s conciliations n° 05/89/T.66. Civ. Bruxelles (prés.), 3 juin 2004, A.& M., 2004, p. 84.416


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>25ciliation a, à l’instar <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation, un effet interruptif <strong>de</strong> <strong>la</strong> prescription et ce, pour autantque les conditions à <strong>la</strong>dite disposition soient réunies ; qu’il n’appert en revanche pas <strong>de</strong> cesdispositions que le requérant serait, après le non-aboutissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase gracieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong>procédure, exempté <strong>de</strong> l’obligation d’introduire <strong>la</strong> phase contentieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure parune citation ou par un <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s introductifs d’instance visés à l’article 700 du Co<strong>de</strong>judiciaire ; que l’invitation faite par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur au greffe d’enrôler l’affaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fixerà une audience du prési<strong>de</strong>nt du tribunal siégeant en référés ne constitue pas un <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>sprévus par ledit article 700 (…) ; qu’à tort, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur soutient qu’un nouvel acte <strong>de</strong> saisinene se justifierait pas dès lors que les objets <strong>de</strong> <strong>la</strong> requête en conciliation et ce nouve<strong>la</strong>cte seraient i<strong>de</strong>ntiques ; que l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> requête en conciliation était « <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> concilierles parties » alors que celui formulé actuellement <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> céans par le<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur est d’ordonner à <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> ».On ne peut évi<strong>de</strong>mment pas confondre <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure gracieuse enconciliation qui constitue, <strong>de</strong> droit et en toute matière 67 , un préa<strong>la</strong>ble <strong>la</strong>issé quant àson opportunité à l’appréciation <strong>de</strong>s parties, avec <strong>la</strong> procédure contentieuse visant àobtenir <strong>la</strong> condamnation par le juge <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie appelée à comparaître en justice.<strong>La</strong> conséquence <strong>de</strong> cette erreur d’appréciation est évi<strong>de</strong>mment grave puisque, eu égardau dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription extrêmement court, il n’a plus été possible au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>de</strong>corriger le tir et <strong>de</strong> réintroduire une nouvelle action. Or, comme le souligne à juste titrele prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>dans</strong> l’affaire précitée, « <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 700 du Co<strong>de</strong> judiciairerelevant <strong>de</strong> l’organisation judiciaire 68 , les articles 860 à 867 du Co<strong>de</strong> judiciaire netrouvent pas à s’appliquer 69 ; que le fait que les droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>ressen’auraient pas été violés dès lors que celle-ci a comparu et a conclu ne justifie partant pas<strong>la</strong> recevabilité d’une action qui n’a pas été introduite par citation ; que <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>l’article 700 du Co<strong>de</strong> judiciaire est sanctionnée par l’irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ; que <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur sera dès lors déc<strong>la</strong>rée irrecevable ».967. Pour autant que le litige oppose <strong>de</strong>s parties capables <strong>de</strong> transiger et qu’il porte sur un objet susceptibled’être réglé par transaction.68. Le jugement cite Cass., 27 mai 1994, Pas., I, 519 et Cass., 30 octobre 1997, Pas., I, 1102.69. Le jugement cite G. <strong>de</strong> Leval, Eléments <strong>de</strong> procédure civile, <strong>La</strong>rcier, 2003, n° 61 et G. Closset-Marchal, « Lesexceptions <strong>de</strong> nullité, fin <strong>de</strong> non-recevoir et vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s règles touchant à l’organisation judiciaire », note sousCass., 24 mai 1994, R.C.J.B., 1995, p. 646, n os 8-9.417


Les actions en cessation26C. L’impossible calcul <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is 70<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit être adressée à l’organisme producteur,par pli recommandé, au plus tard le trentième jour qui suit <strong>la</strong> date <strong>de</strong>l’émission 71 . Ce dé<strong>la</strong>i est prescrit à peine d’irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 72 . Il faut yvoir un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription préfix, et non un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> procédure stricto sensu 73 . Eneffet, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> est formulée <strong>dans</strong> une phaseprécontentieuse : aucune procédure judiciaire n’est encore introduite.Il s’en déduit que les règles <strong>de</strong>s articles 48 à 57 74 du Co<strong>de</strong> judiciaire, et spécialementcelle <strong>de</strong> l’article 53 qui prévoit une prorogation du dé<strong>la</strong>i jusqu’au premier jourouvrable suivant, lorsqu’il se termine un samedi, un dimanche ou un jour férié, ne sontpas applicables au dé<strong>la</strong>i fixé par l’article 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 75 .On notera à cet égard que le projet <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tif au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droitd’information du 17 juillet 2000 76 , prévoyait le renversement <strong>de</strong> cette règle en sonarticle 14 : « sauf pour les dé<strong>la</strong>is prévus à l’article 8 77 , <strong>la</strong> computation <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is prévus<strong>dans</strong> <strong>la</strong> présente loi est réalisée conformément aux articles 52, alinéa 1 er , 53 et 54 du Co<strong>de</strong>judiciaire » 78 .70. « Si le légis<strong>la</strong>teur a prévu <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is précis <strong>dans</strong> lesquels le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> doit être exercé, c’est parce que l’écoulementd’un <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> temps trop long entre l’émission comportant <strong>de</strong>s propos contestés et <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> diminue considérablementl’intérêt <strong>de</strong> celle-ci. L’exercice tardif d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> empièterait <strong>de</strong> façon déraisonnable sur lesémissions futures ; Il s’agit <strong>de</strong> trouver un équilibre entre les droits respectifs <strong>de</strong>s parties (…). Cet équilibre a été fixé parle légis<strong>la</strong>teur, à travers une succession <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>is à respecter par les parties respectives, enlevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte toute possibilitéau prési<strong>de</strong>nt du tribunal d’interpréter [au] cas d’espèce et <strong>de</strong> ba<strong>la</strong>ncer les intérêts particuliers en présence » (Civ.Bruxelles (réf.), 8 septembre 2000, inédit, Fournaux/R.T.B.F., RR 2000/822/C, disponible sur www.juridat.be).71. Loi du 23 juin 1961, art. 8, 1 er tiret.72. Si à <strong>la</strong> suite d’un premier refus <strong>de</strong> l’organisme producteur, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur adresse une secon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong><strong>de</strong> <strong>réponse</strong> rédigée <strong>de</strong> façon telle à ce qu’elle répon<strong>de</strong> aux objections émises par l’organisme producteur pourrefuser <strong>la</strong> première <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, cette secon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong>vra elle-même être introduite <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> trentejours après <strong>la</strong> date <strong>de</strong> l’émission sous peine d’être irrecevable (Civ. Bruxelles, réf, 8 septembre 2000, inédit, Fournaux/R.T.B.F.,RR 2000/822/C, disponible sur www.juridat.be).73. Civ. Bruxelles (réf.), 8 septembre 2000, inédit, Fournaux/R.T.B.F., RR 2000/822/C, disponible surwww.juridat.be.74. Qui constituent le chapitre VIII (« Dé<strong>la</strong>is ») <strong>de</strong> <strong>la</strong> première partie du Co<strong>de</strong> judiciaire.75. F. Tulkens et M. Verdussen, op. cit, p. 91, qui insistent sur <strong>la</strong> « procédure extrajudiciaire, aux méandres fortcomplexes » qui se situe en amont <strong>de</strong> <strong>la</strong> saisine prési<strong>de</strong>ntielle.76. Doc. parl., Chambre, S.O. 1999-2000, n° 50 0815/001.77. À ne pas confondre avec l’article 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi actuelle. Il s’agit <strong>dans</strong> le projet <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is <strong>dans</strong> lesquels doitintervenir « l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> », <strong>dans</strong> l’hypothèse où elle est acceptée par l’organisme producteur.78. <strong>La</strong> même disposition est reprise <strong>dans</strong> <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> loi du 11 août 2003 (Doc. parl., Sénat, S.E. 2003,3-144/1), qui pour rappel exclut <strong>de</strong> son champ d’application le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en matière <strong>audiovisuelle</strong>. Ainsi,si cette proposition <strong>de</strong>vait connaître une suite, on risquerait <strong>de</strong> se retrouver <strong>dans</strong> une situation où les dé<strong>la</strong>is <strong>dans</strong>lesquels <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> doit être introduite et <strong>dans</strong> lesquels il faut y répondre seraient soumis aux règles du Co<strong>de</strong>judiciaire pour les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite et <strong>dans</strong> les médias issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> l’informationmais ne seraient pas applicables en matière <strong>audiovisuelle</strong>, sauf en région f<strong>la</strong>man<strong>de</strong> (l’art. 191 <strong>de</strong>s décretsre<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong> et à <strong>la</strong> télévision, coordonnées le 4 mars 2005, reprenant presque à l’i<strong>de</strong>ntique <strong>la</strong> texte<strong>de</strong> l’article 15 <strong>de</strong> <strong>la</strong> proposition). On est loin <strong>de</strong> l’harmonisation tant souhaitée (voir supra, n os 5 et s.).418


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Exemple I :Si l’émission litigieuse est diffusée le 5 mai 2006, le trentième jour qui suit <strong>la</strong> date<strong>de</strong> l’émission est le dimanche 4 juin. Le pli recommandé contenant <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> doit en conséquence être impérativement remis aux services<strong>de</strong> <strong>la</strong> poste au plus tard le samedi 3 juin 79 .2728Si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> et le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> proposé sont « agréés » par l’organisme producteur,<strong>la</strong> loi ne précise pas <strong>dans</strong> quel dé<strong>la</strong>i celui-ci doit informer le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>de</strong> sonacceptation. Par contre, <strong>la</strong> loi précise <strong>dans</strong> quel dé<strong>la</strong>i <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> doit être diffusée 80 .Par contre, s’il refuse <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ou s’il accepte celle-ci <strong>dans</strong> son principe mais formuleune contre-proposition <strong>de</strong> texte, l’organisme producteur doit communiquer 81 sa<strong>réponse</strong> 82 , par pli recommandé, <strong>dans</strong> les quatre jours ouvrables prenant cours le len<strong>de</strong>main<strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>.Exemple II :Si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> a été adressée par pli recommandé le 3 juin 2006, on peut raisonnablementconsidérer qu’elle sera reçue par l’organisme producteur entre le lundi 5 etle mercredi 7 juin (personne ne pouvant déterminer avec une précision absolue letemps que mettront exactement les services <strong>de</strong> <strong>la</strong> poste pour acheminer le pli à son<strong>de</strong>stinataire). Admettons, pour les besoins <strong>de</strong> mon exemple, que le pli est présentépar <strong>la</strong> poste à l’organisme producteur le mardi 6 juin. L’organisme producteur doitcommuniquer sa <strong>réponse</strong> au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, au plus tard le lundi 12 juin (<strong>dans</strong> lesquatre jours ouvrables prenant cours le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>).79. Il est possible <strong>de</strong> connaître les bureaux <strong>de</strong> poste ouverts le samedi en effectuant une recherche sur le site<strong>de</strong> <strong>La</strong> Poste (www.<strong>la</strong>poste.be).80. Loi du 23 juin 1961, art. 11, § 1 er : « cette <strong>réponse</strong> est diffusée à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus prochaine émission oudu plus prochain programme <strong>de</strong> <strong>la</strong> même série ou du même type, à l’heure <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong> celle où cette émissionou programme a eu lieu. Si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> vise une édition périodique, le texte est inséré <strong>dans</strong> l’éditionsuivante. En cas <strong>de</strong> périodicité trop éloignée, le requérant peut <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> sa <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plus prochaineémission ».81. À défaut d’autres précisions, il n’est pas possible <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> raison d’être du choix par le légis<strong>la</strong>teur<strong>de</strong>s termes retenus. Il parle, s’agissant du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, <strong>de</strong> l’obligation d’adresser sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> (par pli recommandé),alors que l’organisme producteur doit, lui, communiquer sa <strong>réponse</strong> (toujours par recommandé). D’unpoint <strong>de</strong> vue purement procédural, adresser et communiquer ne sont évi<strong>de</strong>mment pas synonymes (voy. not. J.Englebert, « Requiem pour l’article 745, alinéa 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire », note sous Cass., 9 décembre 2005, J.T.,2006, pp. 4 à 9, ici p. 8, n° 8 et H. Bou<strong>la</strong>rbah, « Vous communiquiez ? J’en suis fort aise. Eh bien ! Déposez etenvoyez à présent », note sous Cass., 9 décembre 2005, J.L.M.B., 2006, pp. 7 et s., ici p. 11, n° 9). Il me sembletoutefois qu’ici cette distinction n’est pas <strong>de</strong> mise. S’il fal<strong>la</strong>it prendre en compte <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> remise <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision<strong>de</strong> l’organisme producteur au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur (en d’autres termes, sa communication effective), ce<strong>la</strong> ne <strong>la</strong>isseraitmatériellement quasi pas <strong>de</strong> temps à cet organisme pour prendre sa décision (vu le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours ouvrables).Il faut donc admettre que <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> doit être adressée au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours.82. Étrangement, F. Jongen parle d’un « accusé <strong>de</strong> réception » que <strong>de</strong>vrait envoyer l’organisme producteur <strong>dans</strong>le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours, accusé <strong>de</strong> réception contenant sa contre-proposition ou son refus (F. Jongen,« L’intervention du juge… », op. cit., p. 282, n° 12). Ce terme, à mon sens inapproprié et non repris par <strong>la</strong> loi, nedoit pas être retenu. Il est <strong>de</strong> nature à créer d’inutiles confusions.9419


Les actions en cessation29En cas <strong>de</strong> refus <strong>de</strong> l’organisme producteur, ou s’il n’est pas d’accord sur <strong>la</strong> contre-proposition,le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur peut, <strong>dans</strong> les quinze jours qui suivent <strong>la</strong> notification du refus ou<strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-proposition, saisir le prési<strong>de</strong>nt du tribunal (ou introduire une requête enconciliation).Pour rappel, en cas d’action en justice, c’est <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation(pour autant qu’elle soit ensuite va<strong>la</strong>blement mise au rôle) qui est à prendre enconsidération 83 . En cas <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en conciliation, ce sera <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> remise <strong>de</strong> <strong>la</strong>requête au greffe 84 .<strong>La</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification du refus peut également faire l’objet d’une controverseselon qu’on lui applique mutadis mutandis 85 <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassationqui considère que <strong>la</strong> notification (au sens du Co<strong>de</strong> judiciaire) a lieu au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong>remise du pli judiciaire à <strong>la</strong> poste 86 ou <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour d’arbitrage quiestime, au contraire, qu’en cas <strong>de</strong> notification, il faut prendre en compte <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong>réception du pli par son <strong>de</strong>stinataire (en pratique il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentationdu pli à son <strong>de</strong>stinataire) 87 . Le légis<strong>la</strong>teur a récemment tranché cette controverse en cequi concerne les notifications effectuées <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> procédures judiciaires, enfaveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception 88 .Selon F. Jongen, <strong>dans</strong> le silence <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, « <strong>la</strong> logique dutexte semble » imposer que l’on tienne compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> date d’envoi du recommandé,« même s’il eut été plus logique <strong>de</strong> compter le dé<strong>la</strong>i à dater <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception du courrierrecommandé » 89 . Vu l’extrême brièveté du dé<strong>la</strong>i pour agir (quinze jours), <strong>la</strong> différenced’un (ou <strong>de</strong>ux) jour(s), selon que l’on retienne l’une ou l’autre solution, peut avoir uneimportance capitale.83. Cass., 1 er octobre 1990, Pas., 1991, I, 102 (jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>puis lors constante).84. Pour rappel, par dérogation à l’article 732 du Co<strong>de</strong> judiciaire, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en conciliation doit, en matière<strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, obligatoirement être formulée par requête écrite (loi du 23 juin 1961,art. 12, al. 2).85. Ne s’agissant pas d’une notification judiciaire, rien ne permet <strong>de</strong> transposer purement et simplement cesrègles <strong>de</strong> procédure civile à <strong>la</strong> phase précontentieuse <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>.86. Cass., 26 novembre 2004, J.T., 2005, p. 554, avec obs. <strong>de</strong> J.-F. van Drooghenbroeck.87. C.A., arrêt 170/2003, 17 décembre 2003, J.T., 2004, p. 46, et note <strong>de</strong> J.-Fr. van Drooghenbroeck,« Revirement spectacu<strong>la</strong>ire : détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification par application <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong>réception ».88. L’article 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 13 décembre 2005 portant <strong>de</strong>s dispositions diverses re<strong>la</strong>tives aux dé<strong>la</strong>is, à <strong>la</strong> requêtecontradictoire et à <strong>la</strong> procédure en règlement collectif <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes (entré en vigueur — en ce qui concerne l’art. 2 —le 1 er janvier 2006), a introduit un article 53bis <strong>dans</strong> le Co<strong>de</strong> judiciaire rédigé comme suit : « A l’égard du <strong>de</strong>stinataire,et sauf si <strong>la</strong> loi en dispose autrement, les dé<strong>la</strong>is qui commencent à courir à partir d’une notification sur supportpapier sont calculés <strong>de</strong>puis : 1° lorsque <strong>la</strong> notification est effectuée par pli judiciaire ou par courrierrecommandé avec accusé <strong>de</strong> réception, le premier jour qui suit celui où le pli a été présenté au domicile du <strong>de</strong>stinataire,ou, le cas échéant, à sa rési<strong>de</strong>nce ou à son domicile élu ; 2° lorsque <strong>la</strong> notification est effectuée par pli recommandéou par pli simple, <strong>de</strong>puis le troisième jour ouvrable qui suit celui où le pli a été remis aux services <strong>de</strong> <strong>la</strong> poste,sauf preuve contraire du <strong>de</strong>stinataire ».89. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., p. 282, n° 12.420


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>30À défaut d’autres précisions, il sera pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> prendre en compte le dé<strong>la</strong>i leplus court pour éviter toute discussion et tout risque <strong>de</strong> voir <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> être déc<strong>la</strong>réetardive et, partant, irrecevable.Exemple III :<strong>La</strong> notification du refus (ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-proposition) étant, <strong>dans</strong> mon exemple,intervenue le 12 juin 2006, le dé<strong>la</strong>i pour saisir le prési<strong>de</strong>nt du tribunal expire lemardi 27 juin (15 e jour qui suit <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification), et ce même si le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urn’a reçu effectivement <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong> l’organisme producteur que le len<strong>de</strong>main(au mieux) <strong>de</strong> l’envoi du pli recommandé (voire même plusieurs jours après).À nouveau, si le 15 e jour <strong>de</strong>vait être un samedi, un dimanche ou un jour férié, i<strong>la</strong>ppartiendrait au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>de</strong> saisir le prési<strong>de</strong>nt le <strong>de</strong>rnier jour utile, soit le <strong>de</strong>rnierjour ouvrable avant l’expiration du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> 15 jours. Il n’y a pas en l’espèced’application possible <strong>de</strong> l’article 53 du Co<strong>de</strong> judiciaire 90 .Plus délicate enfin est l’hypothèse où l’organisme producteur ne répond pas à <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>. Dans ce cas (« en cas d’absence <strong>de</strong>s formalités prévues » à l’article 11, §§ 2 et3), l’action doit être introduite « <strong>dans</strong> les quinze jours à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle lerefus ou <strong>la</strong> contre-proposition <strong>de</strong> texte auraient dû être notifiés ». (loi du 23 juin 1961,art. 12, al. 1 er ).Première constatation : le légis<strong>la</strong>teur ne parle plus <strong>de</strong> quinze jours qui suivent <strong>la</strong>date à <strong>la</strong>quelle le refus aurait dû être notifié, mais bien <strong>de</strong> quinze jours à partir <strong>de</strong> cettedate. Le dé<strong>la</strong>i d’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est donc amputé d’un jour par rapport àl’hypothèse précé<strong>de</strong>nte.Secon<strong>de</strong> constatation — et celle-ci est plus fondamentale encore — : cette date(date à <strong>la</strong>quelle le refus aurait dû être notifié) est en réalité inconnue du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urpuisque, sauf s’il a pris soin d’envoyer sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> par pli recommandé avec accusé <strong>de</strong>réception, il ignore <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> par l’organisme producteur 91 .Or, l’organisme producteur doit normalement répondre <strong>dans</strong> les quatre jours qui suivent<strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>.Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur sera pru<strong>de</strong>nt en considérant que <strong>la</strong> date <strong>de</strong> réception <strong>de</strong> sa<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est <strong>la</strong> première date utile possible (à savoir le premier jour ouvrable qui suit lejour où il a envoyé sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>), même si rien ne dit que c’est réellement à cette dateque sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> a été réceptionnée.90. S’agissant d’un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription, les articles 860 à 867 C. jud. ne sont évi<strong>de</strong>mment pas applicables audé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> 15 jours visé à l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961. En ce sens : F. Jongen, « L’intervention du juge… »,op. cit., p. 281, n° 11 ; Civ. Bruxelles (réf.), 9 juin 1999, J.L.M.B., 2000, p. 1799 (somm.) et disponible in extensosur www.juridat.be ; Civ. Bruxelles (réf.), 8 septembre 2000, inédit, Fournaux/R.T.B.F., RR 2000/822/C, disponiblesur www.juridat.be.91. Il ne suffit donc pas simplement, comme le suggère F. Jongen (« L’intervention du juge… », op. cit., p. 282,n° 12), « d’additionner <strong>de</strong>s jours ouvrables — quatre — et <strong>de</strong>s jours francs — quinze ». Encore faut-il déterminerquand doit commencer le calcul <strong>de</strong>s quatre jours ouvrables.4219


Les actions en cessationExemple IV :Dans mon exemple, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ayant été envoyée le samedi 3 juin, elle peut êtreprésumée reçue par l’organisme producteur le lundi 5 juin. Dans ce cas, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>aurait dû être notifiée le vendredi 9 juin. L’action doit alors être introduite au plustard le vendredi 23 juin 2006 (15 jours à partir du 9 juin).Alors qu’on a vu que si <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> est effectivement réceptionnée le 6 juin, le dé<strong>la</strong>i<strong>de</strong> quatre jours ouvrables se termine le 12 juin, ce qui permet au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urd’introduire son action jusqu’au plus tard le 26 juin !31Enfin, on peut se <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r quelle date doit être prise en compte lorsque l’organismeproducteur répond (soit refuse, soit formule une contre-proposition), mais sans respecterle dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours ouvrables. Est-on <strong>dans</strong> ce cas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première hypothèsevisée par l’article 12, alinéa 1 er , c’est-à-dire « l’absence <strong>de</strong>s formalités » (qui ouvre undé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> date où le refus aurait dû être notifié 92 ) ou bienfaut-il considérer qu’à partir du moment où le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> reçoit <strong>la</strong>notification du refus (ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-proposition), il retombe <strong>dans</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> hypothèse(quinze jours qui suivent <strong>la</strong> notification effective du refus) ? 93Ces incertitu<strong>de</strong>s malheureuses pourraient inciter les organismes producteurs àne pas répondre afin <strong>de</strong> ne pas prolonger, le cas échéant, le dé<strong>la</strong>i d’action du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur,ou, au contraire, à répondre sciemment hors dé<strong>la</strong>i pour créer <strong>la</strong> confusion quant à<strong>la</strong> date <strong>de</strong> prise en compte du point <strong>de</strong> départ du dé<strong>la</strong>i 94 .Une chose semble certaine : l’absence <strong>de</strong> refus <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i légal <strong>de</strong> quatre joursn’implique nullement une acceptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>dans</strong> le chef <strong>de</strong> l’organisme producteur95 .En pratique, on constate que sans aucune intention malveil<strong>la</strong>nte, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong>l’organisme producteur peut parfois être notifiée au-<strong>de</strong>là du dé<strong>la</strong>i légal 96 qui est, <strong>dans</strong>92. C’est en ce sens que se prononce le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles : « Qu’il sembledonc qu’il faille assimiler le refus tardif à l’absence <strong>de</strong> refus » (Civ. Bruxelles (prés.), 7 avril 1992, J.L.M.B., 1992,p. 1245 et note P.H., « De l’amalgame portant atteinte à l’honneur », p. 1251.93. Si l’organisme producteur répond avant le <strong>de</strong>rnier jour du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours, il me semble certain quele dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quinze jours prend cours dès <strong>la</strong> notification <strong>de</strong> cette <strong>réponse</strong> (loi du 23 juin 1961, art. 12, al. 1 er ).94. F. Jongen estime que l’organisme producteur qui ne respecte pas le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours pour notifier sa<strong>réponse</strong> ne pourrait pas invoquer son propre retard pour soutenir que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en justice introduite quinzejour après <strong>la</strong> notification — tardive — <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>, serait elle-même tardive (« L’intervention du juge… », op.cit., n° 13, pp. 282 et 283).95. Civ. Bruxelles (prés.), 7 avril 1992, J.L.M.B., 1992, p. 1245.96. Voy. Civ. Bruxelles (réf.), 8 septembre 2000, inédit, Fournaux/R.T.B.F., RR 2000/822/C, disponible surwww.juridat.be, qui relève que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> a été reçue le 19 mai 2000 (vendredi) et que le refus n’a été notifiéau <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur que le 26 mai (vendredi) — alors qu’il aurait dû être envoyé le 25 mai. En l’espèce, le tribunal seréfère à <strong>la</strong> date effective <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification du refus (26 mai) et non à <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> notification aurait dûintervenir (25 mai), comme point <strong>de</strong> départ du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> 15 jours. Toutefois cette question n’a pas fait l’objet <strong>de</strong>débats dès lors que <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux hypothèses <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en justice (introduite le 13 juin) était tardive.422


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>certains cas, matériellement trop court pour permettre une prise <strong>de</strong> décision motivéequant à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> 97 .32Si le légis<strong>la</strong>teur persiste <strong>dans</strong> son intention <strong>de</strong> réformer <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, il serait sans doute souhaitable qu’il en profite pour apporter plus <strong>de</strong> simplicitéet <strong>de</strong> cohérence en matière <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>is 98 .D. <strong>La</strong> saisine, par erreur, du prési<strong>de</strong>nt siégeant « en référé »et non « comme en référé » — Conséquences1. Position du problème33Il arrive, apparemment plus souvent qu’il ne le faudrait, qu’un p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur, vou<strong>la</strong>nt saisirle juge d’une action au fond, introduise sa procédure <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunal,97. Ainsi, après que le pli recommandé contenant <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> soit remis à l’organisme producteur, il fautencore qu’il parvienne au service juridique <strong>de</strong> celui-ci qui, en principe, contactera ensuite le responsable <strong>de</strong>l’émission litigieuse afin <strong>de</strong> connaître son avis sur <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, avant <strong>de</strong> rédiger un projet <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> qui serasoumis à <strong>la</strong> signature <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne habilitée à représenter l’organisme producteur à l’égard <strong>de</strong>s tiers. Dans certainscas, il n’est pas inimaginable <strong>de</strong> considérer qu’avant <strong>de</strong> répondre, l’organisme producteur estimera nécessaire<strong>de</strong> consulter son conseil. Il n’est dès lors pas déraisonnable <strong>de</strong> constater qu’une <strong>réponse</strong> motivée ne puissepas toujours intervenir <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> quatre jours ouvrables.98. <strong>La</strong> lecture <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong> loi, récemment déposées ou <strong>de</strong>s dispositions insérées <strong>dans</strong> les décrets coordonnés<strong>de</strong> <strong>la</strong> Région f<strong>la</strong>man<strong>de</strong>, ne fait malheureusement pas apparaître un tel souci <strong>de</strong> cohérence ou <strong>de</strong> simplification.Ainsi, les décrets f<strong>la</strong>mands règlent comme suit <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is :« Art. 183. § 1 er . L’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> a lieu au plus tard <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première émission du programme après écoulementd’un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours francs, non compris les dimanches ou jours fériés, prenant cours à <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle<strong>la</strong> <strong>réponse</strong> est parvenue à une <strong>de</strong>s personnes visées à l’article 180.Si, <strong>dans</strong> les quinze jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> réception <strong>de</strong> <strong>la</strong> requête, aucune émission du programme n’est prévue, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> doitêtre diffusée, <strong>dans</strong> ce dé<strong>la</strong>i, à une heure d’émission accessible au public. (…).Art. 184. § 1 er . Le refus d’accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> requête visant l’insertion gratuite d’une <strong>réponse</strong> doit être communiqué aurequérant par lettre recommandée à <strong>la</strong> poste, <strong>dans</strong> les quatre jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> est parvenue àl’une <strong>de</strong>s personnes visées à l’article 180, § 1 er , et au plus tard le jour où l’insertion aurait dû avoir lieu conformémentà l’article 183. (…).§ 2. Dans le dé<strong>la</strong>i prévu au § 1 er et selon les mêmes modalités, une contre-proposition <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> peut être formuléepar une <strong>de</strong>s personnes visées à l’article 180, § 1 er . Si le requérant ne réagit pas <strong>dans</strong> les 15 jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> contre-proposition,celle-ci est réputée acceptée. (…).Art. 185.(…) toutes contestations résultant du présent titre sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence exclusive du prési<strong>de</strong>nt du tribunal<strong>de</strong> première instance, siégeant comme en référé.Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur saisit le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i d’un mois à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à<strong>la</strong>quelle, conformément aux dispositions du présent décret, <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> aurait dû être insérée ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quellele refus d’insérer a été porté à <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui a signé <strong>la</strong> requête, <strong>la</strong> contre-proposition a été refuséeou <strong>dans</strong> le mois <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle une insertion non conforme aux dispositions du présent décret a été insérée.(…) ».Les articles 11 et 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière proposition en date (Proposition <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droitd’information, Doc. parl., Sénat, S.E. 2003, 3-144/1), déposée au Sénat le 11 août 2003 par H. Van<strong>de</strong>nberghe,reprennent à peu <strong>de</strong> choses près, les mêmes règles que celles retenues par le texte f<strong>la</strong>mand.9423


Les actions en cessationsiégeant en référé. Le fait est assez rare, mais pas inexistant, lorsque le siège normalementcompétent pour connaître <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est une chambre « normale » du tribunal.On retiendra, pour l’anecdote, l’exemple <strong>de</strong> l’action en annu<strong>la</strong>tion d’une sentencearbitrale introduite, non pas comme le prévoit l’article 1704 du Co<strong>de</strong> judiciaire « <strong>de</strong>vantle tribunal <strong>de</strong> première instance », mais <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ce tribunal, siégeant enréféré 99 . Par contre, le fait est plus fréquent lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> litiges relevant <strong>la</strong> compétence<strong>de</strong> pleine juridiction du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance.En effet, à côté <strong>de</strong> sa compétence spéciale, permettant au prési<strong>de</strong>nt du tribunal<strong>de</strong> statuer au provisoire, en toute matière, lorsqu’il reconnaît l’urgence, compétence qu’ilexerce sous <strong>la</strong> dénomination <strong>de</strong> juge <strong>de</strong>s référés, dès lors que l’article 584 du Co<strong>de</strong> judiciairenous précise que <strong>dans</strong> ce cas, il est saisi « par voie <strong>de</strong> référé », le prési<strong>de</strong>nt du tribunalest compétent, au fond cette fois-ci, <strong>dans</strong> le cadre d’une compétence <strong>de</strong> pleinejuridiction, pour connaître d’une multitu<strong>de</strong> d’autres <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s, notamment — mais pasexclusivement — celles visées aux articles 585 à 587 100 du Co<strong>de</strong> judiciaire. Dans certainscas, le légis<strong>la</strong>teur précise que ces <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s au fond seront traitées (« introduites »et « instruites ») <strong>dans</strong> les formes du référé, c’est-à-dire qu’elles bénéficieront du traitementprocédural plus rapi<strong>de</strong> réservé aux actions en référé (dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> citation <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxjours, mise en état accélérée, fixations à dates rapprochées, jugement exécutoire <strong>de</strong>plein droit, etc.) 101 .Les actions relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> pleine juridiction quis’introduisent par requête uni<strong>la</strong>térale 102 ne posent, en pratique, pas <strong>de</strong> problème.N’étant pas traitées en audience publique, aucune confusion n’est possible avec <strong>la</strong> procédureen référé. Il n’en va, par contre, pas <strong>de</strong> même pour les procédures contradictoiressoumises au régime procédural du référé. En effet, au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>stribunaux, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal siège au cours d’une même audience, tant « enréféré » que « comme en référé ». En d’autres termes, sauf exception 103 , au cours d’unemême audience, généralement appelée « l’audience <strong>de</strong>s référés », le prési<strong>de</strong>nt siègeraselon les affaires qui lui sont soumises, au provisoire et sous le bénéfice <strong>de</strong> l’urgence, enréféré, mais également — accessoirement — au fond, comme en référé. Ce qui est évi<strong>de</strong>mment<strong>de</strong> nature à créer <strong>la</strong> confusion.99. Cass., 11 mai 1990, Pas., 1990, I, 1045 ; Civ. Bruxelles (réf.), 15 décembre 1995, inédit, Buy My Record/Verso, RR n° 95/1669/c.100. Voyez Ch. Dalcq, « Les actions ‘comme en référé’ », op. cit., pp. 145 et s.101. C’est ce que prévoit le second alinéa <strong>de</strong> l’art. 587 C. jud. On relèvera toutefois que <strong>la</strong> compétence du prési<strong>de</strong>ntdu tribunal <strong>de</strong> première instance en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> n’est pas visée par les art. 585 à 587 C.jud.102. Par ex. : <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’envoi en possession formée par le légataire universel, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’exequaturd’une sentence arbitrale, etc.103. Une exception notoire est établie au sein du tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Bruxelles dont le règlement prévoitd’une part <strong>de</strong>s audience <strong>de</strong> référés, au cours <strong>de</strong>squelles le prési<strong>de</strong>nt du tribunal siège au provisoire et d’autrepart <strong>de</strong>s audiences distinctes en cessation, où le prési<strong>de</strong>nt siège au fond.424


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Ces erreurs d’aiguil<strong>la</strong>ge suscitent <strong>la</strong> controverse en doctrine quant aux conséquencesqu’il convient d’en tirer et donnent lieu, en jurispru<strong>de</strong>nce, à <strong>de</strong>s décisions ensens divers. Cette question concerne évi<strong>de</strong>mment l’ensemble <strong>de</strong>s procédures « commeen référé ». Toutefois, le contentieux du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel ayantdonné lieu à une jurispru<strong>de</strong>nce re<strong>la</strong>tivement abondante à ce sujet, il m’a semblé nécessaire<strong>de</strong> faire ici le point sur cette controverse 104 .34En pratique, plusieurs cas <strong>de</strong> figure se rencontrent. Le plus c<strong>la</strong>ssique est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> citationmanifestement fondée sur l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, par lebiais <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur développe, sans invoquer une urgence particulière, <strong>de</strong>sarguments au fond en vue d’obtenir une mesure définitive (et non provisoire) à l’encontre<strong>de</strong> l’organisme diffuseur <strong>de</strong> l’émission litigieuse, mais qui porte comme intitulé« citation en référé » au lieu <strong>de</strong> « citation comme en référé », et qui cite le défen<strong>de</strong>ur àcomparaître <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunal « siégeant en référé » et non <strong>de</strong>vant lemême magistrat mais « siégeant comme en référé ».Si le défen<strong>de</strong>ur conteste <strong>la</strong> validité <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure, estimant qu’au sein du tribunal,ce n’est pas le bon juge qui a été saisi, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur peut être tenté <strong>de</strong> soutenirqu’il s’agit d’une simple erreur matérielle, une erreur « <strong>de</strong> plume », et qu’il est en conséquenceévi<strong>de</strong>nt que c’est le prési<strong>de</strong>nt siégeant comme en référé qui a été saisi <strong>de</strong> <strong>la</strong>cause (au fond) et non le juge <strong>de</strong>s référés (au provisoire).C’est en ce sens que le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles atranché <strong>la</strong> question, <strong>dans</strong> un jugement du 10 septembre 1997 105 : « Que <strong>la</strong> seule erreurmatérielle commise par l’huissier <strong>de</strong> justice est d’avoir ajouté <strong>dans</strong> <strong>la</strong> citation ‘siégeant enréféré’ après avoir précisé que <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>resse était citée à comparaître <strong>de</strong>vant leprési<strong>de</strong>nt du tribunal, au lieu d’avoir précisé ‘siégeant selon les formes <strong>de</strong>s référés’ ou‘comme en référé’ ; Que, compte tenu <strong>de</strong>s éléments autres <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation 106 , <strong>la</strong> rédactionimprécise <strong>de</strong> l’huissier <strong>de</strong> justice ne peut avoir induit en erreur <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>resse (…) ».Cette façon <strong>de</strong> traiter <strong>la</strong> question n’est, à mon sens, pas satisfaisante. Le problèmequi se pose est en réalité un problème <strong>de</strong> saisine du tribunal. Ce n’est qu’en soulevantun inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition 107 , conformément à l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong>104. Certains estimeront sans doute qu’il s’agit d’un problème mineur qui ne mériterait pas <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong> tellescontroverses (F. Jongen parle d’une « erreur légère », « L’intervention du juge… », op. cit., p. 284). Touchant enréalité à <strong>la</strong> saisine du juge, qui relève <strong>de</strong> l’ordre public, il convient à mon sens, au contraire, <strong>de</strong> traiter cette questionavec rigueur. <strong>La</strong> nature exacte <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue par le juge en dépend.105. Civ. Bruxelles (prés.), 10 septembre 1997, J.L.M.B., 1999, pp. 893 à 895.106. En l’espèce, le tribunal relevait que <strong>la</strong> partie <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse avait, sans équivoque, basé sa <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> surl’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et que si elle avait été fixée à une audience « <strong>de</strong>s référés », c’estau motif que le règlement du tribunal ne prévoit pas d’audience particulière pour les actions « comme en référé »(p. 894).107. On relèvera toutefois que <strong>dans</strong> l’affaire ayant donné lieu au jugement du 10 septembre 1997, le défen<strong>de</strong>urn’avait pas soulevé un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition mais avait opposé une exception d’irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>.9425


Les actions en cessationjudiciaire 108 , que ce problème pourra être résolu utilement et complètement. Pour <strong>de</strong>sraisons que je ne m’explique pas, les prési<strong>de</strong>nts répugnent toutefois, <strong>dans</strong> leur gran<strong>de</strong>majorité, à traiter <strong>de</strong> cette façon le problème. Les voies qu’ils empruntent, pour tenterd’échapper à l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, me paraissent toutes critiquables et doivent êtrerejetées.2. <strong>La</strong> saisine erronée du juge <strong>de</strong>s référés constitue bien un inci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> répartition3536Quelques semaines après <strong>la</strong> décision précitée, le même problème se posa à nouveau auprési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles. Cette fois-ci, <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>ressesouleva un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition.À tort, à mon sens, le prési<strong>de</strong>nt estima, par une ordonnance du 2 octobre1997 109 , qu’il n’y avait pas matière à inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition au motif « qu’il ne s’agitpas d’un problème <strong>de</strong> répartition d’une affaire entre les sections, les chambres ou les jugesd’un même tribunal <strong>de</strong> première instance », puisque « <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux cas, c’est le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal ou le juge qui le remp<strong>la</strong>ce qui doit connaître <strong>de</strong> l’affaire ».Si ce <strong>de</strong>rnier constat est formellement exact, le fait que ce soit le même magistrat(en l’espèce le prési<strong>de</strong>nt du tribunal) qui connaît <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> « en référé » ou <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> « comme en référé », n’empêche pas que se pose effectivement un problème<strong>de</strong> répartition entre <strong>de</strong>ux juges d’un même tribunal : d’un côté, il s’agit du prési<strong>de</strong>ntsiégeant <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> ses compétences <strong>de</strong> pleine juridiction, au fond ; <strong>de</strong>l’autre, il s’agit du prési<strong>de</strong>nt siégeant au provisoire, « en référé », sous le bénéfice <strong>de</strong>l’urgence.Si c’est bien le même organe du tribunal (« le prési<strong>de</strong>nt »), c’est à <strong>de</strong>s titres différentset en vertu <strong>de</strong> pouvoirs distincts qu’il peut connaître tantôt d’une action au fond,tantôt d’une action en référé.Il a été jugé, à juste titre, que le juge <strong>de</strong>s référés doit être considéré comme constituantune chambre du tribunal <strong>de</strong> première instance et, dès lors, que l’article 88, alinéa 2, duCo<strong>de</strong> judiciaire lui était applicable 110 .108. Et non une exception d’incompétence qui ne pourrait concerner qu’un conflit <strong>de</strong> juridiction entre <strong>de</strong>uxtribunaux différents.109. Civ. Bruxelles (réf.), 2 octobre 1997, J.L.M.B., 1999, pp. 895 à 897.110. Civ. Arlon (réf.), 9 août 1988, J.L.M.B., 1989, p. 331 (somm.) ; civ. Bruxelles (réf.), 28 mars 2000, J.L.M.B.,2000, p. 1800 (somm.) ; civ. Bruxelles (réf.), 11 janvier 2002, inédit, RR n° 2001/1839/C, www.juridat.be : « Ildoit être admis que le juge <strong>de</strong>s référés, comme tout siège du tribunal <strong>de</strong> première instance, doit appliquer les règlesdu renvoi lorsqu’il n’est pas compétent pour statuer sur une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>. Ce renvoi se fera sur base <strong>de</strong> l’article 660 duCo<strong>de</strong> judiciaire si le juge compétent est extérieur au tribunal et sur base <strong>de</strong> l’article 88, § 2 du Co<strong>de</strong> judiciaire, s’ils’agit d’un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition au sein du même tribunal ».426


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>A. Fettweis 111 explique d’ailleurs que l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire a étéintroduit pour tenir compte, notamment, <strong>de</strong> l’hypothèse « où <strong>la</strong> compétence du prési<strong>de</strong>ntdu tribunal <strong>de</strong> première instance est contestée parce que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> n’est pas urgente, ouparce qu’elle n’est pas susceptible <strong>de</strong> décision au provisoire alors que <strong>la</strong> juridiction compétenteest un <strong>de</strong>s autres sièges <strong>de</strong> son tribunal » 112 . C’est également en ce sens que se prononceG. <strong>de</strong> Leval 113 , analysant les arrêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation du 11 mais 1990 : si« le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur n’invoque pas l’urgence tout en s’adressant au juge <strong>de</strong>s référés. Il peuts’agir d’une erreur <strong>dans</strong> <strong>la</strong> désignation du magistrat compétent (…). Puisque l’urgencen’était pas alléguée et qu’il pouvait y avoir matière à renvoi, il faut en déduire que pouvaitsurgir un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> compétence, voire même, au sein du tribunal, un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition(…). Ainsi, une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> mal aiguillée en référé parce que l’urgence n’est pas invoquée,peut-être réorientée suivant le droit commun <strong>de</strong>s règles applicables en matièred’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition ou <strong>de</strong> compétence » 114 .3. Le juge <strong>de</strong>s référés doit appliquer strictement l’article 88, §2,du Co<strong>de</strong> judiciaire même si, <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux cas, <strong>la</strong> cause doit êtredistribuée au prési<strong>de</strong>nt du tribunal37S’il apparaît que c’est le juge <strong>de</strong>s référés qui a été saisi <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 115 et que <strong>la</strong> causea été inscrite au rôle particulier <strong>de</strong>s causes introduites en référé, mais qu’il ressort <strong>de</strong>111. A. Fettweis, « Une disposition légale souvent méconnue : l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire », in Mé<strong>la</strong>ngesen hommage au professeur Jean Baugniet, Fac. Droit U.L.B., 1976, pp. 263 et s., ici p. 268. L’auteur critiqued’ailleurs le fait que « <strong>dans</strong> un domaine particulier, celui <strong>de</strong>s référés, il semble bien que les inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> compétencesont toujours tranchés en faisant abstraction <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> l’article 88, § 2 » (p. 275).112. En ce sens également, H. Bou<strong>la</strong>rbah, « L’introduction <strong>de</strong> l’instance… », op. cit., p. 72, n° 24.113. G. <strong>de</strong> Leval, « Le référé en droit judiciaire privé », Act. Dr., 1992, p. 870.114. Contra : P. Marchal, Les référés, <strong>La</strong>rcier, 1992, p. 53, qui estime que « c’est au juge <strong>de</strong>s référés, et à lui seul,qu’il appartient <strong>de</strong> vérifier si l’urgence est alléguée, et par conséquent, <strong>de</strong> statuer sur le déclinatoire ». L’auteur préciseque cette solution se justifierait « par le caractère autonome <strong>de</strong> l’instance en référé, qui fait que les inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> compétencese rattachant à cette instance ne peuvent être considérés et réglés comme les inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> répartition visés àl’article 88, § 2 ». Étrangement, à l’appui <strong>de</strong> sa thèse, P. Marchal invoque l’arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation du 11 mai1990 (secon<strong>de</strong> espèce, Pas., 1990, I, 1050) qui vise un cas où le juge <strong>de</strong>s référés ne reconnaît pas l’urgence <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> alors que celle-ci était expressément invoquée en citation. Pour rappel, <strong>dans</strong> ce cas <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassationprécise que le juge est compétent pour connaître <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> (puisque sa compétence se détermine en fonction<strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> tel que formulé <strong>dans</strong> l’acte introductif d’instance), mais qu’après avoir constaté quel’urgence invoquée n’existe pas, il doit déc<strong>la</strong>rer <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> non fondée. Ce faisant, il épuise totalement sa juridictionet il ne peut donc pas être question d’appliquer, <strong>dans</strong> ce cas, l’article 88, § 2, C. jud. Par contre, <strong>dans</strong> l’autrearrêt rendu le même jour par <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation sur cette question (première espèce, Pas., 1990, I, 1045), <strong>la</strong> Courconstate que lorsque l’urgence n’est pas invoquée en citation, le juge <strong>de</strong>s référés constatant l’absence d’urgencene peut pas déc<strong>la</strong>rer <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> irrecevable ou non fondée et que ce faisant, il violerait l’article 9 C. jud. Il sedéduit <strong>de</strong> ce second arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation que, <strong>dans</strong> cette hypothèse, une exception d’incompétence ouun inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition doit bien être soulevé. Plus étrangement encore, P. Marchal se réfère expressément àl’appui <strong>de</strong> sa position à l’enseignement précité <strong>de</strong> G. <strong>de</strong> Leval, qui va pourtant en sens contraire.115. C’est-à-dire que le défen<strong>de</strong>ur a été cité à comparaître <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunal siégeant en référéet non « comme en référé ».9427


Les actions en cessationl’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> tel que libellé <strong>dans</strong> l’acte introductif d’instance que celle-ci neconstitue pas une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé, au provisoire et sous le bénéfice <strong>de</strong> l’urgence,mais bien une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> au fond en exécution <strong>de</strong> l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, et pour autant qu’un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition soit soulevé in limine litis parune <strong>de</strong>s parties ou d’office par le juge à l’ouverture <strong>de</strong>s débats, il appartiendra au juge<strong>de</strong>s référés <strong>de</strong> soumettre « le dossier au prési<strong>de</strong>nt du tribunal aux fins <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r s’il y alieu <strong>de</strong> modifier l’attribution <strong>de</strong> l’affaire ».L’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire est une disposition d’ordre public 116 . « Dèsqu’un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition est soulevé, quelle qu’en soit <strong>la</strong> nature, le renvoi du prési<strong>de</strong>ntest obligatoire » 117 .38Contrairement à ce qui est souvent décidé 118 , lorsqu’il reconnaît qu’il y a bien inci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> répartition, le juge <strong>de</strong>s référés ne peut pas, motu proprio, par une seule et mêmedécision, qui serait nécessairement rendue en référé, se redistribuer <strong>la</strong> cause en sa qualité,non plus <strong>de</strong> juge <strong>de</strong>s référés, mais <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt du tribunal 119 .C’est ce qu’a très justement relevé le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance<strong>de</strong> Bruxelles, siégeant en référé, <strong>dans</strong> une ordonnance du 28 mars 2000 120 . Bien queconstatant que certaines décisions « mettent en évi<strong>de</strong>nce le caractère paradoxal, sinonaberrant et en tout cas peu pragmatique ou efficace, d’une décision prononcée par le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal <strong>de</strong> première instance siégeant en référé qui renverrait, par application <strong>de</strong>l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire, au prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance une cause116. Bruxelles, 27 novembre 1974, R.W., 1974-1975, col. 2345 ; A. Fettweis, « Une disposition légale… », op.cit., p. 271.117. A. Fettweis, « Une disposition légale… », op. cit., p. 271.118. Civ. Bruxelles (prés.) 27 avril 1999, J.L.M.B., 1999, p. 897 ; civ. Bruxelles (réf.), 11 janvier 2002, inédit, RRn° 2001/1839/C, www.juridat.be. Dans cette <strong>de</strong>rnière décision, par un <strong>la</strong>psus, comme toujours révé<strong>la</strong>teur, lemagistrat précise que « le juge <strong>de</strong>s référés faisant fonction <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt du tribunal, il est en outre lui-même compétentpour régler l’inci<strong>de</strong>nt [<strong>de</strong> répartition] par une ordonnance basée sur l’article 88, § 2 du Co<strong>de</strong> judiciaire ». Il mesemble abusif <strong>de</strong> prétendre que le juge <strong>de</strong>s référés fait fonction <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt du tribunal. C’est plus exactementle prési<strong>de</strong>nt du tribunal qui fait fonction <strong>de</strong> juge <strong>de</strong>s référés. Le magistrat poursuit : « si le juge <strong>de</strong>s référés peutrenvoyer une cause <strong>de</strong>vant un juge du fond soit d’une autre chambre <strong>de</strong> son tribunal, soit d’un autre tribunal,lorsqu’il estime que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ne relève pas <strong>de</strong> sa compétence particulière au provisoire pour les causes urgentes,a fortiori, il doit pouvoir statuer lui-même comme juge du fond sur une cause erronément introduite au rôle particulier<strong>de</strong>s référés, soit après avoir « régu<strong>la</strong>risé » sa saisine par simple ordonnance fondée sur l’article 88 § 2 du Co<strong>de</strong>judiciaire, soit même directement sans une telle ordonnance, si l’inci<strong>de</strong>nt n’est pas soulevé avant tout examen <strong>de</strong>l’affaire ».119. En ce sens, H. Bou<strong>la</strong>rbah, « L’introduction <strong>de</strong> l’instance… », op. cit., p. 72, not. note (79) ; Si A. Fettweisadmet que le prési<strong>de</strong>nt ne doive pas « se renvoyer à lui-même » un dossier, c’est à condition qu’il s’agisse bien duprési<strong>de</strong>nt (et non d’un juge faisant fonction) qui siège à l’audience <strong>de</strong>s référés (« éventualité fréquente <strong>dans</strong> lespetits tribunaux, plus rare <strong>dans</strong> ceux <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations »). Mais, même <strong>dans</strong> ce cas, précise l’auteur, « ilreste que le prési<strong>de</strong>nt doit postposer sa décision pour permettre aux parties <strong>de</strong> déposer <strong>dans</strong> les huit jours un mémoireau dossier <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure. Il faut aussi que le procureur du Roi fasse connaître son sentiment par écrit » (« Une dispositionlégale… », op. cit., p. 279).120. Civ. Bruxelles (réf.), 28 mars 2000, inédit, RR 99/1805/C, disponible sur www.juridat.be.428


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>en vue <strong>de</strong> sa redistribution au prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance siégeant commeen référé », <strong>la</strong> décision précise que « si <strong>la</strong> solution du règlement ‘immédiat’ <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>répartition a le mérite évi<strong>de</strong>nt d’être simple et rapi<strong>de</strong>, elle ne peut en l’espèce êtreretenue ». Le magistrat relève en effet « que dès lors que <strong>la</strong> partie défen<strong>de</strong>resse soulèveavant tout autre moyen un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire prévoitque ‘<strong>la</strong> section, <strong>la</strong> chambre ou le juge soumet le dossier au prési<strong>de</strong>nt du tribunal auxfins <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r s’il y a lieu <strong>de</strong> modifier l’attribution <strong>de</strong> l’affaire’ ; que cette disposition necontient aucune exception au cas où un tel inci<strong>de</strong>nt est soulevé <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunalsiégeant en référé ; qu’au surplus, le règlement d’un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition supposele respect <strong>de</strong> certaines formalités telles que l’information <strong>de</strong>s parties par le greffier, <strong>la</strong> possibilitépour celles-ci <strong>de</strong> déposer un mémoire, l’avis du procureur du Roi et <strong>la</strong> communication<strong>de</strong> l’ordonnance au procureur général près <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour d’appel ; que le règlement ‘direct’<strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition ne permet pas l’accomplissement <strong>de</strong> ces formalités nullementaccessoires ». Le magistrat conclut que « le juge <strong>de</strong>s référés, compétent pour statuer auprovisoire et en premier ressort <strong>dans</strong> les cas dont il reconnaît l’urgence ne pourrait va<strong>la</strong>blement,sous le couvert du pragmatisme, se transformer par simple ordonnance <strong>de</strong> référé enjuge <strong>de</strong> pleine juridiction définitive, c’est-à-dire statuant au fond et en <strong>de</strong>rnier ressort ».Par cette décision, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles siégeanten référé soumet donc le dossier au prési<strong>de</strong>nt du tribunal en application <strong>de</strong>l’article 88, § 2 121 .4. À défaut <strong>de</strong> régler l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, un problème<strong>de</strong> saisine se pose39Si le juge <strong>de</strong>s référés estime qu’il n’y a pas matière à inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, un problème<strong>de</strong> saisine persiste : « que <strong>la</strong> question qui se pose en réalité est une question d’étendue<strong>de</strong> notre saisine : l’action est-elle fondée sur l’article 584 du Co<strong>de</strong> judiciaire — auquelcas le prési<strong>de</strong>nt statue en premier ressort à condition qu’il reconnaisse l’urgence <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 122 — ou l’action est-elle fondée sur l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive121. De façon difficilement compréhensible, <strong>la</strong> décision rendue ensuite, sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 88, § 2, C. jud.(civ. Bruxelles (prés.), 3 mai 2000, inédit — ordonnance rendue en l’espèce par un autre magistrat que celui quiavait prononcé <strong>la</strong> décision du 28 mars 2000) va, sans <strong>la</strong> moindre motivation, estimer que « conformément àl’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 complétée par <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977, c’est le prési<strong>de</strong>nt siégeant comme en référéqui connaît <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en matière <strong>audiovisuelle</strong> ; qu’en l’espèce, il ne s’agit dèslors pas d’un problème <strong>de</strong> distribution entre juge, chambre ou section d’un même tribunal comme le règle l’article 88,§ 2 du Co<strong>de</strong> judiciaire, mais bien d’un problème <strong>de</strong> compétence ; qu’il appartient au juge saisi <strong>de</strong> statuer sur celleci», pour déci<strong>de</strong>r que « <strong>la</strong> cause restera attribuée au prési<strong>de</strong>nt siégeant en référé ». Le juge <strong>de</strong>s référés, qui futressaisi <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> après l’ordonnance <strong>de</strong> renvoi, ne put que constater sonincompétence rationae materiae pour connaître <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, sans toutefois pouvoir renvoyer <strong>la</strong> cause au jugecompétent puisque conformément au <strong>de</strong>rnier alinéa <strong>de</strong> l’article 88, §2, C. jud., « <strong>la</strong> décision lie le juge auquel <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> est renvoyée » (civ. Bruxelles (réf.), 19 juin 2000, inédit).122. Et, quoique le juge ne le précise pas, son caractère provisoire.9429


Les actions en cessationau droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> — auquel cas le prési<strong>de</strong>nt du tribunal statue en <strong>de</strong>rnierressort 123 » 124 .Plusieurs décisions, procédant à une analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation et <strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, estiment sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ce constat, qu’en réalité <strong>la</strong> saisine du prési<strong>de</strong>nt s’estbien effectuée au fond, en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, et qu’il n’y adonc pas matière à inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition.40Cette façon <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r pose néanmoins un autre problème : celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise au rôle <strong>de</strong><strong>la</strong> cause.En effet, une particu<strong>la</strong>rité distingue les actions introduites au fond <strong>de</strong> cellesintroduites en référé. Toute action introduite au fond doit être inscrite au rôle généraldu tribunal (art. 711 C. jud.), alors que les actions en référé, sont inscrites <strong>dans</strong> un registreparticulier (art. 712 C. jud.). Outre cette distinction <strong>de</strong> rôle, les montants <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> greffe à payer au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise au rôle, diffèrent également : les actions enréféré, qui bénéficiaient jusqu’en 1994 d’une exemption totale, sont <strong>de</strong>puis lors soumisesà un tarif préférentiel.Les actions introduites « par erreur » <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt siégeant au provisoire,en référé et non <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt siégeant au fond, comme en référé, sont très généralementinscrites au rôle particulier <strong>de</strong>s référés et seul le tarif réduit <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>greffe est acquitté.Or, les affaires introduites « comme en référé » doivent être inscrites au rôlegénéral.Contrairement à ce qu’estime <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, cette mise au rôle imparfaite a,sur <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure, <strong>de</strong>s conséquence redoutables : <strong>la</strong> citation qui n’est pasva<strong>la</strong>blement mise au rôle général au plus tard <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> l’audience est <strong>de</strong> nul effet.Dans un arrêt du 14 septembre 1994, resté étonnamment inédit 125 , <strong>la</strong> courd’appel <strong>de</strong> Bruxelles confirme que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s introduites comme en référé, « encessation », doivent bien être inscrites au rôle général : « qu’il ressort d’une lecture combinée<strong>de</strong>s articles 711 et 712 du Co<strong>de</strong> judiciaire, que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référé et les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ssur requête sont inscrites à <strong>de</strong>s rôles particuliers, tandis que les autres causes sont inscritesau rôle général ; que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en cessation n’est pas une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé et n’est égalementpas une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> sur requête, mais constitue bel et bien une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> au fond 126et elle doit dès lors être inscrite au rôle général ».123. Et au fond.124. Civ. Bruxelles (réf.), 2 octobre 1997, J.L.M.B., 1999, p. 896 ; en ce sens également, civ. Bruxelles (réf.),11 janvier 2002, déjà cité, www.juridat.be.125. Cet arrêt faisant parfaitement le point sur ces questions, il m’a paru utile <strong>de</strong> le reproduire in extenso. Lelecteur trouvera en conséquence le texte <strong>de</strong> cet arrêt en annexe II à <strong>la</strong> présente note.126. L’arrêt cite un arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation du 15 décembre 1978 (Pas., 1979, I, 460).430


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Cet arrêt, notamment en ce qu’il affirme que les actions en cessation doiventêtre inscrites au rôle général, a fait l’objet <strong>de</strong> vives critiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> J.-Fr. vanDrooghenbroeck 127 , estimant que si <strong>la</strong> loi prévoit que ces causes sont introduites et instruitesselon les formes du référé, elles doivent aussi être inscrites au rôle comme les<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référé.Je ne partage pas cette analyse.41<strong>La</strong> façon dont une affaire est introduite et instruite en référé est réglée par les articles 1035à 1041 du Co<strong>de</strong> judiciaire, qui constituent le Titre VI (du Livre II) du Co<strong>de</strong> judiciaire, intituléprécisément « Introduction et instruction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé ». Aucune <strong>de</strong> ces dispositionsn’évoque <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise au rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé.Les formalités re<strong>la</strong>tives à l’inscription au rôle <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s sont exclusivementtraitées par les articles 711 à 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire, ainsi que par l’article 1060 en cequi concerne <strong>la</strong> procédure en appel. Il s’agit <strong>de</strong> dispositions d’ordre public puisque « <strong>la</strong>tenue <strong>de</strong>s rôles relève autant <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure civile que <strong>de</strong> l’organisation judiciaire » 128 .Toute cause introduite <strong>de</strong>vant une juridiction est inscrite au rôle général <strong>de</strong>celle-ci à l’exclusion <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s « en référé » et <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s « sur requête », quisont inscrites sur <strong>de</strong>s rôles particuliers 129 . L’inscription d’une affaire au rôle particulier<strong>de</strong>s référés constitue donc une exception au principe général <strong>de</strong> l’inscription <strong>de</strong>s causesau rôle général.Chaque inscription au rôle général doit mentionner, notamment, le droit <strong>de</strong>greffe perçu au moment <strong>de</strong> l’inscription 130 . Dans sa version originale, l’article 268, 1°,du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits d’enregistrement ne soumettait au paiement d’un droit <strong>de</strong> greffe queles seules inscriptions portées au rôle général et au registre <strong>de</strong>s requêtes. Aucun droit <strong>de</strong>rôle n’était dû pour les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s introduites en référé. Cette immunité fiscale <strong>de</strong>sactions introduites en référé a été supprimée par l’article 7 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi programmedu 24 décembre 1993 131 . L’article 10 <strong>de</strong> <strong>la</strong> même loi programme introduisantun article 269, 3°, <strong>dans</strong> le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits d’enregistrement, a toutefois maintenu unrégime préférentiel pour les procédures en référé par rapport aux procédures introduitesau fond 132 .127. J.-Fr. van Drooghenbroeck, « L’inscription <strong>de</strong> l’action en cessation, formée et instruite selon les formes duréféré : quand <strong>la</strong> mise au rôle appelle une mise au point… », R.D.C., 1995, pp. 272 à 279.128. Ch. Van Reepinghen, Rapport sur <strong>la</strong> réforme judiciaire, éd. Moniteur, 1966, p. 279.129. Article 712 C. jud.130. Article 711, 4°, C. jud.131. Qui a intégré les inscriptions au registre <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référé <strong>dans</strong> l’article 268, 1° du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droitsd’enregistrement, d’hypothèque et <strong>de</strong> greffe.132. Le montant dû en référé était fixé à 2.500 francs au lieu <strong>de</strong> 3.000 francs pour les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s inscrites aurôle général du tribunal <strong>de</strong> première instance et du tribunal <strong>de</strong> commerce. À dater du 1 er janvier 1995, ces montantsont été respectivement portés à 2.800 et 3.300 francs. En appel, le droit <strong>de</strong> rôle pour les affaires introduitesau fond est <strong>de</strong>puis le 1 er janvier 1995 fixé à 7.500 francs. Il est réduit à 5.600 francs pour les appels introduitscontre les décisions rendues en référé.9431


Les actions en cessationIl est unanimement admis que lorsque le juge <strong>de</strong>s référés est saisi <strong>dans</strong> le cadred’une procédure « comme en référé », il est saisi au fond 133 . Il est par ailleurs constantqu’à aucun moment le légis<strong>la</strong>teur n’a précisé, en instaurant les procédures « comme enréféré » — et l’occasion s’est présentée à <strong>de</strong> très nombreuses reprises — que les causesintroduites au fond mais bénéficiant <strong>de</strong>s règles régissant l’introduction et l’instruction<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé, <strong>de</strong>vaient être inscrites au registre particulier <strong>de</strong>s référés et nonau rôle général. Au contraire, <strong>dans</strong> une circu<strong>la</strong>ire ministérielle du 15 juin 1972 134 , leministre <strong>de</strong>s Finances invite les greffes à faire une application restrictive <strong>de</strong> l’exonérationfiscale existant à l’époque en faveur <strong>de</strong>s actions introduites en référé et préconiseen conséquence l’inscription <strong>de</strong>s actions introduites « comme en référé » au rôle généra<strong>la</strong>vec pour conséquence que le droit <strong>de</strong> greffe à acquitter est bien celui applicable auxactions introduites au fond.Outre le fait que l’inscription au rôle particulier <strong>de</strong>s référés est une exception à<strong>la</strong> règle <strong>de</strong> droit commun <strong>de</strong> l’inscription au rôle général, elle constitue également unedérogation fiscale au paiement <strong>de</strong>s droits ‘pleins’ <strong>de</strong> mise au rôle. Dérogatoire au droitcommun fixé par une règle d’organisation judiciaire d’ordre public et à un régime fiscal,également d’ordre public, l’inscription au registre particulier <strong>de</strong>s référés ne peut bénéficierque d’une interprétation restrictive.42<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> en audiovisuel, comme l’ensemble <strong>de</strong>s actions en cessation,n’étant pas introduite « en référé » au provisoire, mais « comme en référé » au fond,rien <strong>dans</strong> les textes légaux précités ne permet <strong>de</strong> soutenir que ces actions <strong>de</strong>vraient êtreinscrites non pas au rôle général mais au registre particulier <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s introduitesen référé.Le fait que l’article 100 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce,par exemple, précise que l’action en cessation est « formée et instruite selon lesformes du référé » ne me semble pas justifier une solution contraire.Selon G. Closset-Marchal, « le principe est que les actions sont formées selon lesformes du référé (article 100 L. 14 juillet 1991 ; 109 L. 12 juin 1991 ; 22, §1 er L. 4 décembre1990 ; 8 L. 21 octobre 1992 et 3 L. 12 janvier 1993), application doit dès lors être faite <strong>de</strong>sarticles 1035 et 1036 du Co<strong>de</strong> judiciaire (…) » 135 . L’auteur ne fait aucune référence auxarticles 711 et suivants du Co<strong>de</strong> judiciaire.Et même si l’on pouvait déduire le principe <strong>de</strong> l’inscription <strong>de</strong>s actions en cessationau rôle <strong>de</strong>s référés d’une formu<strong>la</strong>tion générale telle qu’utilisée par les légis<strong>la</strong>tionsprécitées, encore faudrait-il constater que cet argument <strong>de</strong> texte n’est pas transposableà l’action en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>. En effet, à l’inverse <strong>de</strong>s textes cités ci-<strong>de</strong>ssus, <strong>la</strong> loi du23 juin 1961 ne précise pas que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> serait introduite et ins-133. Cass., 15 décembre 1978, Pas., 1979, I, 460 ; J. van Compernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès… », op. cit.,p. 218, n° 21.134. Circu<strong>la</strong>ire traitant <strong>de</strong> l’article 5 <strong>de</strong> l’arrêté royal du 13 décembre 1968, Va<strong>de</strong>-mecum à l’usage <strong>de</strong>s greffes,annexe re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffe, p. 1/65-1/66, § 44.135. G. Closset-Marchal, « Eléments communs … », op. cit., p. 27 n° 31.432


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>truite selon les formes du référé, mais au contraire que « le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> premièreinstance, siégeant comme juge unique, statue au fond et en <strong>de</strong>rnier ressort selon <strong>la</strong>procédure prévue aux articles 1035, 1036, 1038 et 1041 du Co<strong>de</strong> judiciaire » 136 . Cetteénonciation limitative <strong>de</strong>s articles applicables à <strong>la</strong> procédure en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, exclut<strong>de</strong> façon explicite et certaine toute dérogation à l’article 711 du Co<strong>de</strong> judiciaire.43En conséquence, les articles 716 et 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire sont applicables à <strong>la</strong> mise aurôle <strong>de</strong>s causes introduites « comme en référés ». Le caractère objectivement urgent 137<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel (comme <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>sactions « comme en référé ») ne s’oppose pas cette solution. Le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> citation réduit à<strong>de</strong>ux jours francs permet le respect <strong>de</strong> l’obligation d’inscrire <strong>la</strong> cause au rôle général auplus tard <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> l’audience d’introduction. Et si une urgence particulière <strong>de</strong>vait justifierune abréviation du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> citer, encore le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur pourrait-il bénéficier <strong>de</strong> <strong>la</strong>dérogation prévue à l’article 716, alinéa 3, du Co<strong>de</strong> judiciaire, qui permet au prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre saisie « d’autoriser l’inscription le jour <strong>de</strong> l’audience pour autant que cetteinscription soit <strong>de</strong>mandée avant le début <strong>de</strong> l’audience » 138 .Il me semble dès lors tout à fait exagéré <strong>de</strong> prétendre que l’essence même <strong>de</strong>sprocédures « comme en référé » serait menacée par l’exigence d’une inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong>cause au rôle général, conforme aux articles 711 et 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire 139 . On relèverapar ailleurs « qu’en pratique, les actions comme en référé ne sont pas inscrites au rôleparticulier <strong>de</strong>s référés, mais bien au rôle général et donnent lieu à <strong>la</strong> perception du droit <strong>de</strong>mise au rôle ‘plein’, sans bénéficier du régime <strong>de</strong> faveur prévu pour les actions ordinairesen référé » 140 , sans que ce<strong>la</strong> ne semble nullement perturber exagérément le contentieux« comme en référé ».Dès lors qu’il est acquis que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisueldoit être inscrite au rôle général, il convient d’apprécier l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette exigencesur l’erreur <strong>de</strong> saisine décrite ci-<strong>de</strong>ssus.445. <strong>La</strong> non inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général empêche<strong>la</strong> saisine du juge — <strong>La</strong> citation est <strong>de</strong> nul effetConfronté à <strong>de</strong>s inscriptions <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au mauvais rôle avec en conséquence un paiementincomplet <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffe, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong>Bruxelles s’est montré aussi hésitant pour régler cette question que sur <strong>la</strong> façon qu’ilconvenait <strong>de</strong> trancher l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition.136. Loi du 23 juin 1961, article 12, al. 3.137. J.-Fr. van Drooghenbroeck, « L’inscription <strong>de</strong> l’action en cessation… », op. cit., p. 276.138. Selon Ch. Dalcq, « il nous semble que l’urgence pourrait, selon les cas, constituer un tel motif, particulièrementlorsque <strong>la</strong> procédure a été précédée d’une ordonnance abréviative <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> citation », « Les actions ‘comme enréférés’ », op. cit., p. 176.139. Contra : J.-F. van Drooghenbroeck, « L’inscription <strong>de</strong> l’action en cessation… », op. cit., p. 273.140. Ch. Dalcq, op. cit., p. 176 ; en ce sens, Civ. Bruxelles (prés.), 27 avril 1999, J.L.M.B., 1999, p. 897 ; Comm.Namur, 30 septembre 1998, J.T., p. 139.4339


Les actions en cessationDans sa décision, déjà citée, du 2 octobre 1997 141 , le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong>première instance <strong>de</strong> Bruxelles relève, après avoir décidé que sa saisine était bien intervenueau fond, qu’il y avait lieu, « <strong>dans</strong> le chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse, <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>riser le droit<strong>de</strong> rôle, un montant insuffisant lui ayant été réc<strong>la</strong>mé par le greffe » 142 . Étrangement, ceconstat étant fait, le juge ne sursoit pas à statuer avant que <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation n’intervienne.En outre, il ne tire aucune conséquence <strong>de</strong> ce constat <strong>dans</strong> son dispositif. End’autres termes, il ne condamne pas le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur à régu<strong>la</strong>riser le paiement <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> rôle. Je vois d’ailleurs mal qui aurait pu poursuivre l’exécution forcée du jugementsur ce point si d’aventure le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne procédait pas volontairement, après le prononcédu jugement, à <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> ces droits.Dans son jugement, déjà cité, du 27 avril 1999 143 , le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong>première instance <strong>de</strong> Bruxelles, après avoir estimé qu’il pouvait régler motu propriol’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition 144 , considère qu’il convient toutefois <strong>de</strong> vérifier si <strong>la</strong> cause aété inscrite au rôle particulier <strong>de</strong>s référés ou au rôle général, tout en précisant que « sil’inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle particulier <strong>de</strong>s référés n’a aucune inci<strong>de</strong>nce sur l’organisationdu service, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où <strong>de</strong> toute façon elle sera inscrite au rôle d’une audience<strong>de</strong>s référés, elle a, par contre, fait l’objet vraisemb<strong>la</strong>blement d’une perception irrégulière<strong>de</strong>s droits fiscaux ». Après avoir relevé que « cette matière est d’ordre public », le prési<strong>de</strong>ntestime qu’il lui incombe « <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité du paiement <strong>de</strong>s droits » et « le caséchéant, [d’]en prescrire <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation » pour en déduire que « le paiement <strong>de</strong>s droitsexigibles permettra <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> l’inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général ».En conséquence, le prési<strong>de</strong>nt sursoit à statuer et invite le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur à« acquitter les droits <strong>de</strong> greffe correspondant à une action au fond, introduite et traitéeselon les formes du référé, et à faire inscrire <strong>la</strong> cause au rôle général » et « à solliciterensuite fixation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause à une audience <strong>de</strong>s référés » 145 .141. Civ. Bruxelles (prés.), 27 avril 1999, J.L.M.B., 1999, p. 895.142. Faire supporter l’erreur par le greffe est surprenant. À partir du moment où le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur sollicite <strong>la</strong> miseau rôle au registre <strong>de</strong>s référés, le greffe ne peut évi<strong>de</strong>mment pas exiger le paiement <strong>de</strong>s droits ‘pleins’.143. Civ. Bruxelles (prés.), 27 avril 1999, J.L.M.B., 1999, p. 897.144. Voir supra, n° 37.145. <strong>La</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles, <strong>dans</strong> un arrêt du 7 janvier 2003 (inédit, rôle général 2002/KR/202, reproduiten sommaire sur www.juridat.be), estime quant à elle, que « le fait que le greffier ait attribué à <strong>la</strong> cause un numéro<strong>de</strong> rôle désignant les affaires en référé et n’ait perçu que <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffe correspondant à un enrôlement enréféré et non comme en référé, n’est pas davantage pertinent, les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs n’étant pas responsables <strong>de</strong>s éventuelleserreurs commises par le greffe à cet égard ». L’erreur, habituellement reprochée à l’huissier, est ici imputée augreffe. Je peux difficilement suivre cette décision <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où le <strong>de</strong>rnier alinéa <strong>de</strong> l’article 716 du Co<strong>de</strong>judiciaire, précise expressément que « l’inscription [au rôle] est faite à <strong>la</strong> requête <strong>de</strong> l’huissier <strong>de</strong> justice instrumentant,<strong>de</strong>s parties intéressées, <strong>de</strong> leur avocat, ou d’un porteur <strong>de</strong> pouvoir ». Le greffier n’a évi<strong>de</strong>mment aucune initiativeà prendre. Il ne peut que procé<strong>de</strong>r à l’inscription qui lui est <strong>de</strong>mandée, étant entendu qu’il <strong>de</strong>vra réc<strong>la</strong>merles droits <strong>de</strong> mise au rôle correspondant à l’inscription sollicitée par <strong>la</strong> personne qui <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> l’inscription.434


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>45Ces décisions oublient manifestement que, conformément au prescrit <strong>de</strong>s articles 716du Co<strong>de</strong> judiciaire, <strong>la</strong> mise au rôle général doit intervenir au plus tard <strong>la</strong> vielle <strong>de</strong>l’audience ou le jour même <strong>de</strong> l’audience, mais avant le début <strong>de</strong> celle-ci, lorsque lejuge l’autorise pour <strong>de</strong> justes motifs. Toute régu<strong>la</strong>risation autorisée après l’audienced’introduction est manifestement tardive.46<strong>La</strong> sanction <strong>de</strong> <strong>la</strong> non inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i légal n’est pas,contrairement à ce que relève généralement <strong>la</strong> doctrine, <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation 146 .L’article 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire ne dispose en effet pas que <strong>la</strong> citation non inscrite aurôle général <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i fixé serait nulle en <strong>la</strong> forme, mais bien qu’elle est <strong>de</strong> « nuleffet », ce qui signifie en réalité qu’elle ne saisit pas va<strong>la</strong>blement le juge.Dans son arrêt du 3 octobre 1997 147 , <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation a c<strong>la</strong>irement distingué<strong>la</strong> sanction prévue à l’article 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>s nullités, régie parles articles 860 à 867 du même Co<strong>de</strong> 148 .<strong>La</strong> première branche du moyen 149 soutenait que l’arrêt attaqué, en décidantque l’appel n’avait pas été inscrit <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i légal au rôle général, parce que le droit<strong>de</strong> greffe n’avait pas été versé entre les mains du greffier <strong>dans</strong> ce dé<strong>la</strong>i, avait ajouté auxarticles 711, 716 et 1060 du Co<strong>de</strong> judiciaire une condition que ces dispositions ne contiennentpas et avait, en conséquence, prononcé une nullité qui n’est pas formellementprévue par <strong>la</strong> loi.À cette branche du moyen, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation répond très sobrement « qu’ilrésulte <strong>de</strong> ces dispositions légales 150 que l’appe<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>vait, avant l’échéance du dé<strong>la</strong>i indiqué<strong>dans</strong> son acte d’appel ou avant <strong>la</strong> date <strong>de</strong> comparution, faire les démarches nécessairespour faire inscrire régulièrement <strong>la</strong> cause au rôle général, ce qui implique le paiement<strong>de</strong>s droits » et « que l’arrêt, qui constate que l’appe<strong>la</strong>nt n’a pas effectué le paiement entemps utile, déci<strong>de</strong> légalement que l’appel est <strong>de</strong> nul effet 151 ».146. Not. J.-F. van Drooghenbroeck, « L’inscription <strong>de</strong>s actions en cessation »…, op. cit., p. 272. Voy. toutefoisles précisions apportées par l’auteur en notes (10) et (16), p. 274.147. Cass., 3 octobre 1997, Pas., I, 383.148. Contra, à mon sens à tort : H. Bou<strong>la</strong>rbah, « L’introduction <strong>de</strong> l’instance… », op. cit., n° 22, p. 71.149. Qui invoquait expressément une vio<strong>la</strong>tion, notamment, <strong>de</strong>s articles 716, 717 et 860 à 862 du Co<strong>de</strong> judiciaire.150. Les articles 1060 et 711, 4°, du Co<strong>de</strong> judiciaire et l’article 15 <strong>de</strong> l’arrêté royal du 13 décembre 1968 re<strong>la</strong>tifà l’exécution du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits d’enregistrement, d’hypothèque et <strong>de</strong> greffe et à <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong>s registres <strong>dans</strong> lesgreffes <strong>de</strong>s cours et tribunaux.151. C’est moi qui souligne.9435


Les actions en cessation<strong>La</strong> sanction n’est pas <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation (ou en l’espèce <strong>de</strong> l’acte d’appel)mais le fait qu’à défaut <strong>de</strong> mise au rôle va<strong>la</strong>ble, cet acte n’aura pas d’effet. Il ne pourradonc pas va<strong>la</strong>blement saisir le juge.Devant <strong>la</strong> cour d’appel, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse en cassation avait aussi invoqué lebénéfice <strong>de</strong> l’article 861 du Co<strong>de</strong> judiciaire 152 et avait soutenu qu’« à supposer que l’inscriptionau rôle n’ait pas été effectuée <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i légal — quod non —, il n’en <strong>de</strong>meureraitpas moins que ce<strong>la</strong> n’a causé aucun préjudice [aux intimées], puisque celles-ci ont bieneu connaissance <strong>de</strong> l’appel interjeté <strong>dans</strong> le dé<strong>la</strong>i légal par [l’appe<strong>la</strong>nte], ont été informéesdu numéro <strong>de</strong> rôle donné par le greffe <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles à cette cause et,enfin, ont conclu au fond et versé leurs conclusions au dossier <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure ouvert par legreffe » et que « s’il est exact [...] que les articles 717 et 1060 du Co<strong>de</strong> judiciaire déc<strong>la</strong>rent« <strong>de</strong> nul effet », et non pas « nul », l’acte introductif d’instance non inscrit au rôle <strong>dans</strong> ledé<strong>la</strong>i qu’ils déterminent, il n’en reste pas moins que cette sanction s’analyse comme unenullité ».<strong>La</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Mons, <strong>dans</strong> l’arrêt attaqué, s’était contentée <strong>de</strong> répondre àce<strong>la</strong> qu’« aux termes <strong>de</strong> l’article 1060, l’appel est <strong>de</strong> nul effet et doit être considéré commenon avenu », écartant ainsi <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>s nullité <strong>de</strong> cette question 153 .C’était très exactement ce qu’avait déjà décidé <strong>la</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles <strong>dans</strong>son arrêt précité du 14 septembre 1994 en décidant que « que l’article 717 Co<strong>de</strong> judiciaireprescrit explicitement <strong>la</strong> sanction, à savoir que <strong>la</strong> citation n’est ‘d’aucune valeur’(‘gener waar<strong>de</strong>’), en d’autres termes, qu’elle ne peut pas remplir son rôle d’acte introductif<strong>de</strong> <strong>la</strong> cause, que le juge n’est pas saisi <strong>de</strong> façon régulière, qu’il n’est tout simplement passaisi » 154 .47Or, il est <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce constante <strong>de</strong>puis l’arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation du1 er octobre 1990 que lorsque « <strong>la</strong> cause est introduite par citation, le juge est saisi <strong>de</strong> <strong>la</strong>cause à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation, pour autant qu’elle ait été inscrite au rôlegénéral » 155 . Si <strong>dans</strong> son premier arrêt, en 1990, <strong>la</strong> Cour se contente d’indiquer : « pourautant qu’elle ait été inscrite au rôle général pour l’audience 156 indiquée <strong>dans</strong> <strong>la</strong>citation », dès son arrêt du 20 décembre 1991, elle précise que <strong>la</strong> cause doit bien152. À cet effet, <strong>dans</strong> ses conclusions d’appel, l’appe<strong>la</strong>nte invoquait explicitement les arguments développéspar J.-Fr. van Drooghenbroeck <strong>dans</strong> sa notre précitée, « L’inscription <strong>de</strong> l’action en cessation », op. cit., p. 274,spécialement en note (16).153. L’arrêt n’est pas critiqué sur ce point par le pourvoi qui s’est contenté d’invoquer, <strong>dans</strong> sa troisième branche,que <strong>la</strong> cour d’appel n’avait pas répondu aux conclusions. Vu <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> précitée <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour d’appel, <strong>la</strong> Cour<strong>de</strong> cassation estime que le moyen manque en fait.154. Traduction libre, voir infra, annexe II. C’est donc <strong>de</strong> façon imprécise que J.-Fr. van Drooghenbroeck indique,<strong>dans</strong> sa note précitée (« L’inscription <strong>de</strong> l’action en cessation », op. cit., p. 272), que <strong>dans</strong> cet arrêt <strong>la</strong> courd’appel <strong>de</strong> Bruxelles aurait « sanctionné <strong>de</strong> nullité <strong>la</strong> citation introduite sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 100 du 14 juillet1991 ».155. Cass., 1 er octobre 1990, Pas., 1991, I, 102.156. C’est moi qui souligne.436


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>être « inscrite au rôle général avant l’audience 157 pour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> citation a étédonnée » 158 .<strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation a confirmé sa jurispru<strong>de</strong>nce <strong>dans</strong> son arrêt du 4 mars1994 : « lorsque <strong>la</strong> cause est introduite par citation, le juge est saisi <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause à partir <strong>de</strong><strong>la</strong> citation pour autant qu’elle ait été inscrite au rôle général antérieurement àl’audience 159 indiquée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> citation ; attendu que lorsque, comme en l’espèce, l’arrêtconstate que <strong>la</strong> citation n’a pas été suivie d’une inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général, lejuge n’est pas saisi 160 <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause […] » 161 . Cet arrêt confirme bien que l’on est ici faceà un problème <strong>de</strong> saisine du juge et non pas à un problème <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> l’exploit <strong>de</strong>citation en tant qu’acte <strong>de</strong> procédure.<strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation a encore confirmé cette jurispru<strong>de</strong>nce <strong>dans</strong> ses arrêts <strong>de</strong>s31 octobre 1994 162 , 9 décembre 1996 163 et 2 mai 2002 164 .48Enfin, franchissant une étape supplémentaire <strong>dans</strong> son enseignement, <strong>la</strong> Cour a précisé<strong>dans</strong> l’arrêt précité du 3 octobre 1997 165 , qu’il résulte <strong>de</strong>s articles 711 et 1060 du Co<strong>de</strong>judiciaire et <strong>de</strong> l’article 15 <strong>de</strong> l’arrêté royal du 13 décembre 1968 re<strong>la</strong>tif à l’exécutiondu Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droits d’enregistrement que « l’appe<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>vait, avant l’échéance du dé<strong>la</strong>iindiqué <strong>dans</strong> son acte d’appel ou avant <strong>la</strong> date <strong>de</strong> comparution, faire les démarches nécessairespour faire inscrire régulièrement <strong>la</strong> cause au rôle général, ce qui implique le paiement<strong>de</strong>s droits 166 ; attendu que l’arrêt qui constate que l’appe<strong>la</strong>nt n’a pas effectué lepaiement en temps utile, déci<strong>de</strong> légalement que l’appel est <strong>de</strong> nul effet ».157. C’est moi qui souligne.158. Cass., 20 décembre 1991, Pas., 1992, I, 369. En l’espèce, le problème était <strong>de</strong> savoir si une requête en interventionvolontaire déposée au greffe après <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> <strong>la</strong> citation introductive d’instance, maisavant sa mise au rôle, était ou non va<strong>la</strong>ble. <strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation relève qu’aucune disposition légale n’interdit<strong>de</strong> déposer une requête en intervention volontaire au greffe <strong>de</strong> <strong>la</strong> juridiction désignée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> citation postérieurementà <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> l’exploit <strong>de</strong> citation et antérieurement à l’inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général, maisprécise <strong>la</strong> cour « s’il ressort ultérieurement que, en vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire, <strong>la</strong>cause n’a pas été inscrite au rôle au plus tard <strong>la</strong> veille du jour <strong>de</strong> l’audience [c’est moi qui souligne] pour <strong>la</strong>quelle<strong>la</strong> citation a été donnée, que celle-ci est <strong>de</strong> nul effet [i<strong>de</strong>m] en application <strong>de</strong> l’article 717 du co<strong>de</strong> précité et que, enconséquence, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en intervention volontaire est aussi sans effet [i<strong>de</strong>m] ».159. C’est moi qui souligne.160. C’est moi qui souligne.161. Cass., 4 mars 1994, Pas., 1994, I, 227.162. Cass., 31 octobre 1994, R.W., 1994-1995, p. 1277.163. Cass., 9 décembre 1996, Pas., 1996, 493.164. Cass., 2 mai 2002, C990518N, www.cass.be.165. Cass., 3 octobre 1997, Pas., 1997, I, 383.166. C’est moi qui souligne.9437


Les actions en cessationIl ressort <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier arrêt que, pour être va<strong>la</strong>blement accomplie, <strong>la</strong> mise aurôle implique nécessairement le paiement <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffe. En d’autres termes, uneinscription d’une cause introduite au rôle général du tribunal <strong>de</strong> première instance nesera va<strong>la</strong>blement effectuée que pour autant qu’elle intervienne au plus tard <strong>la</strong> vieille <strong>de</strong>l’audience d’introduction (sous réserve <strong>de</strong> l’exception prévue par l’article 716 du Co<strong>de</strong>judiciaire) et à condition que les droits <strong>de</strong> mise au rôle aient été va<strong>la</strong>blement payés. Enl’espèce, il s’agit <strong>de</strong>s droits « pleins ».Ce<strong>la</strong> signifie que si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel a étéintroduite par erreur en référé et inscrite au registre particulier <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référéet non au rôle général, mais que le juge considère qu’il est bien saisi au fond <strong>dans</strong> lecadre <strong>de</strong> sa compétence <strong>de</strong> pleine juridiction, au vu <strong>de</strong> l’exposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> tel qu’ilressort <strong>de</strong> l’acte introductif d’instance, le juge ne pourra pas inviter le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur àrégu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> mise au rôle. Puisque, par <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s choses, cette régu<strong>la</strong>risation, quinécessiterait, d’une part, une nouvelle inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général du tribunalet, d’autre part, le paiement du complément <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffes, n’interviendraque postérieurement à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> l’audience d’introduction.Le juge ne pourra donc que constater, <strong>dans</strong> cette hypothèse, l’absence d’effet <strong>de</strong>l’acte introductif sur sa saisine et, en conséquence, le caractère non avenu <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 167 .C’est donc en vio<strong>la</strong>tion manifeste du prescrit <strong>de</strong>s articles 716 et 717, tel que confirmépar <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation, que les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong> première instanceautorisent les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs à régu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> procédure par le simple paiement du complément<strong>de</strong>s droits dus.49En réalité, seule une application stricte <strong>de</strong> l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire permetd’éviter ce problème et d’échapper à <strong>la</strong> sanction.Dans le jugement déjà cité du 11 janvier 2002 168 , le juge <strong>de</strong>s référés précise quenonobstant le pouvoir qu’il s’arroge <strong>de</strong> statuer lui-même sur l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition,« <strong>la</strong> difficulté pour le juge <strong>de</strong>s référés rési<strong>de</strong> en ce qu’il ne pourrait, par le biais d’un tel renvoiou d’une telle régu<strong>la</strong>risation, transformer une saisine ‘au provisoire pour une cause prétendumenturgente’ en une saisine’ au fond’. <strong>La</strong> portée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision (ordonnance oujugement) est en effet radicalement différente ».Ce point <strong>de</strong> vue ne me paraît pas fondé. <strong>La</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> saisine et, partant, <strong>de</strong><strong>la</strong> mise au rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause ne se pose plus si le juge procè<strong>de</strong> correctement à l’inci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> répartition puisque <strong>dans</strong> ce cas, après qu’il ait été saisi <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt par le juge <strong>de</strong>sréférés, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal ordonnera le renvoi <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au juge à qui elle auraitnormalement dû être distribuée, renvoi auquel il convient d’appliquer mutatis mutandis167. Si l’on peut admettre, avec A. Fettweis (Manuel <strong>de</strong> procédure civile, 2 e éd., 1987, p. 213) que <strong>la</strong> sanctionest sévère, c’est au légis<strong>la</strong>teur — et non au juge — <strong>de</strong> <strong>la</strong> modifier.168. Civ. Bruxelles (réf.), 11 janvier 2002, inédit, RR n° 2001/1839/C, www.juridat.be.438


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong><strong>la</strong> règle <strong>de</strong> l’article 662, alinéa 1 er , du Co<strong>de</strong> judiciaire qui précise qu’après renvoi aujuge, en cas d’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> compétence, « <strong>la</strong> cause est inscrite d’office et sans frais au rôledu juge <strong>de</strong> renvoi » 169 . Ce qui est <strong>de</strong> règle pour un problème <strong>de</strong> compétence entre plusieursjuridictions doit trouver à s’appliquer pour un problème <strong>de</strong> distribution au seind’une même juridiction 170 .50Dans sa note d’observation déjà citée, F. Jongen ironise sur les retards qu’engendre untel inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition 171 . L’obligation <strong>de</strong> statuer « toutes affaires cessantes » ne dispensetoutefois pas les cours et tribunaux d’appliquer les règles <strong>de</strong> procédure civile quirégissent l’introduction et l’instruction <strong>de</strong>s causes, spécialement lorsqu’il s’agit, commeen l’espèce, <strong>de</strong> règles d’ordre public. Le retard <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, provoqué par un éventuel inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, ne résulte, il convient <strong>de</strong> lerappeler, que <strong>de</strong> « l’erreur » commise par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur (ou ses mandataires : avocat ouhuissier) <strong>dans</strong> <strong>la</strong> détermination du juge saisi.E. Le prési<strong>de</strong>nt statue en <strong>de</strong>rnier ressort - Justifications -Critiques5152Une autre particu<strong>la</strong>rité qui distingue l’action « comme en référé » en matière <strong>de</strong> droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, <strong>de</strong>s autres procédures « comme en référé », est que <strong>la</strong>décision du prési<strong>de</strong>nt est rendue en <strong>de</strong>rnier ressort.Si <strong>la</strong> loi a expressément exclu <strong>la</strong> possibilité d’interjeter appel 172 , par contre, <strong>la</strong>décision rendue par défaut est susceptible d’opposition. Toutefois, dérogeant encore audroit commun, celle-ci doit être formée « <strong>dans</strong> <strong>la</strong> quinzaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification » <strong>de</strong> <strong>la</strong>décision 173 .L’absence d’appel n’est nullement une caractéristique <strong>de</strong>s procédures « comme enréféré ». Au contraire, « en règle générale, les décisions rendues en premier ressort <strong>dans</strong>une procédure « comme en référé » sont susceptibles d’appel et d’opposition suivant lesmêmes règles que les ordonnances <strong>de</strong> référé ordinaires » 174 . <strong>La</strong> doctrine n’a relevé qu’un169. En ce sens, H. Bou<strong>la</strong>rbah, « L’introduction <strong>de</strong> l’instance… », op. cit., n° 23, p. 72.170. D’autant plus que le même problème <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> greffe peut se poser en cas d’application <strong>de</strong> l’article 660C. jud. Par exemple, <strong>dans</strong> l’hypothèse où <strong>la</strong> cause a été initialement introduite <strong>de</strong>vant le tribunal du travail (juridiction<strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle aucun droit <strong>de</strong> greffe n’est dû) et est ensuite renvoyée, pour incompétence, <strong>de</strong>vant letribunal <strong>de</strong> commerce, où le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur aurait dû, s’il avait saisi directement le juge compétent, payer un droit<strong>de</strong> rôle « plein ».171. F. Jongen, « Toutes affaires cessantes », op. cit., p. 900.172. Loi du 23 juin 1961, article 12, al. 3.173. Loi du 23 juin 1961, article 12, al. 5.174. Ch. Daclq, « Les actions ‘comme en référés’ », op. cit., p. 189.9439


Les actions en cessationseul autre exemple <strong>de</strong> mesures prises « comme en référé » qui ne sont pas susceptiblesd’appel. Il s’agit <strong>de</strong>s mesures visées à l’article 638 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sociétés, <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong>sconflits opposants les actionnaires d’une société entre eux 175 . Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédureen cession forcée d’actions pour juste motif 176 , qui doit être introduite <strong>de</strong>vant leprési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> commerce siégeant comme en référé 177 , il est prévu que dèsque <strong>la</strong> citation a été signifiée, le défen<strong>de</strong>ur ne peut plus aliéner ses actions, sauf avecl’accord du juge. Cette « décision du juge » n’est susceptible d’aucun recours. Le jugepeut par ailleurs également ordonner <strong>la</strong> suspension <strong>de</strong>s droits liés aux actions à transférer.À nouveau, cette décision n’est susceptible d’aucun recours. On le voit, il s’agit <strong>de</strong>mesures tout à fait particulières, prises en cours <strong>de</strong> procédure, et ne <strong>de</strong>vant sortir leurseffets que jusqu’à l’issue <strong>de</strong> cette procédure.<strong>La</strong> doctrine relève encore que le légis<strong>la</strong>teur aurait exclu, non pas l’appel mais <strong>la</strong>possibilité <strong>de</strong> faire opposition, <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure comme en référé mise enp<strong>la</strong>ce par <strong>la</strong> loi du 12 janvier 1993 sur <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement. Cette absenced’opposition est toutefois controversée 178 .53Mis à part ces exceptions très particulières, <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong><strong>dans</strong> l’audiovisuel semble bien être <strong>la</strong> seule à avoir exclu <strong>la</strong> possibilité d’introduire unappel contre <strong>la</strong> décision rendue par le prési<strong>de</strong>nt du tribunal.On peut s’interroger sur <strong>la</strong> raison d’être <strong>de</strong> cette exclusion. On peut égalementse <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r si elle n’est pas critiquable en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrimination qu’elle suscite,d’une part, au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure prévue en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><strong>presse</strong> écrite, mais aussi, d’autre part, au regard <strong>de</strong>s autres procédures « comme enréféré » prévues par <strong>la</strong> loi.54L’analyse <strong>de</strong>s travaux préparatoires qui ont précédé l’adoption <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977introduisant le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, fait apparaître que l’exclusion <strong>de</strong>l’appel est apparue comme une évi<strong>de</strong>nce pour le légis<strong>la</strong>teur et n’a pas suscité <strong>de</strong> réeldébat.Dans le rapport <strong>de</strong>s Commissions réunies <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et <strong>de</strong>s affaires culturelles,au Sénat, on constate que <strong>la</strong> possibilité d’un éventuel appel contre <strong>la</strong> décision du prési<strong>de</strong>ntdu tribunal a été évoquée, pour être rejetée à l’unanimité, aux motifs « qu’en unetelle matière, urgente par nature, il n’y a pas lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser durer <strong>la</strong> procédure et, que l’ondoit faire confiance à ce haut magistrat » qu’est le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première ins-175. Voy. P.A. Foriers, « Le référé en droit <strong>de</strong>s sociétés et <strong>de</strong>s offres publiques », in Le référé judiciaire, op. cit.,p. 233 ; Ch. Dalcq, « Les actions ‘comme en référés’ », op. cit., p. 190.176. Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sociétés, article 636.177. Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sociétés, article 637.178. G. Closset-Marchal, « Eléments communs … », op. cit., p. 34, n° 57 ; D. Van Gerven, « Le droit d’action enmatière <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement », op. cit., p. 620, n° 32 ; Ch. Dalcq, « Les actions ‘comme en référés’ »,op. cit., p. 189, n° 18.440


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>tance. Un commissaire précise par ailleurs que « si <strong>la</strong> procédure durait trop longtemps, <strong>la</strong><strong>réponse</strong> perdrait <strong>de</strong> son efficacité (…) » 179 .On notera que l’absence d’appel est maintenue <strong>dans</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s projets etpropositions <strong>de</strong> lois qui ont été déposés <strong>de</strong>puis une dizaine d’années 180 en vue <strong>de</strong> réformerle droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et notamment d’unifier <strong>la</strong> procédure applicable entre <strong>la</strong> <strong>presse</strong>écrite et <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>. Toutefois, pas plus qu’à l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi <strong>de</strong> 1977, cette exclusion <strong>de</strong> l’appel n’est soutenue par une quelconque motivationparticulière. Mais on relèvera aussi que, tant l’article 15 du projet <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tif au droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information du 17 juillet 2000 181 , que l’article 12, alinéa 3, <strong>de</strong> <strong>la</strong>proposition <strong>de</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et au droit d’information du 11 août2003 182 , et que l’article 185, alinéa 3, <strong>de</strong>s décrets f<strong>la</strong>mands re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong>et à <strong>la</strong> télévision, coordonnés le 4 mars 2005, reprennent tous une rédaction sensiblementdifférente <strong>de</strong> celle retenue par l’actuel article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961. Eneffet, ces articles précisent que « lorsque le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instanceordonne l’insertion d’une <strong>réponse</strong> ou d’une information, il statue au fond et en <strong>de</strong>rnierressort ». Ne faut-il dès lors pas en déduire que, lorsque le prési<strong>de</strong>nt du tribunaln’ordonne pas l’insertion d’une <strong>réponse</strong> et, en conséquence, déboute le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, ilstatue en premier ressort et <strong>dans</strong> ce cas sa décision est susceptible d’appel ? 183 .55L’exclusion <strong>de</strong> l’appel, qui semble ne susciter aucune interrogation en doctrine, nerepose sur aucune justification acceptable. Elle est, à mon sens, critiquable.Selon F. Jongen, « cette règle importante déroge pour d’évi<strong>de</strong>nts impératifs d’efficacitéet <strong>de</strong> rapidité au principe du double <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction » 184 . Le caractère urgent <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ainsi que <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> ne pas « <strong>la</strong>isser durer <strong>la</strong> procédure » n’est évi<strong>de</strong>mmentpas propre à <strong>la</strong> matière du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> et pourrait s’appliquer à toutes les procéduresurgentes, qu’elles soient introduites <strong>dans</strong> le cadre du référé c<strong>la</strong>ssique ou qu’ellessoient introduites « comme en référé ». Il n’est toutefois jamais venu à l’esprit du légis<strong>la</strong>teur<strong>de</strong> supprimer <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> recours ordinaire qu’est l’appel pour l’ensemble <strong>de</strong> ces procédures.Par contre, pour tenir compte du caractère urgent <strong>de</strong>s mesures sollicitées, lelégis<strong>la</strong>teur a prévu, tant en ce qui concerne les ordonnances <strong>de</strong> référé 185 , que les décisionsrendues « comme en référé » 186 , que l’exécution provisoire est <strong>de</strong> droit. Cette179. Doc. parl., Sénat, 1975-1976, 876/2, p. 16.180. Voy. supra, n os 5 et s.181. Doc. parl., Chambre, S.O., 1999-2000, 0815/001, p. 43.182. Doc. parl., Sénat, S.E., 2003, n° 3-144/1, p. 15.183. Voir infra, n° 56, in fine.184. F. Jongen, « L’intervention du juge … », op. cit., p. 278, note (11).185. Article 1039, al. 2, C. jud.186. Ch. Dalcq, « Les procédures ‘comme en référés’ », op. cit., p. 185, n° 13 ; G. Closset-Marchal, « Elémentscommuns aux procédures … », op. cit., p. 32.4419


Les actions en cessationmême règle appliquée au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, aurait donc permis <strong>de</strong>répondre aux préoccupations exprimées lors <strong>de</strong>s travaux préparatoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du4 mars 1977, et d’obtenir tout aussi rapi<strong>de</strong>ment que <strong>dans</strong> les autres procédures« comme en référé » ou « en référé », une mesure exécutoire.J’ai l’intime sentiment que c’est précisément le caractère provisoire <strong>de</strong> l’exécution<strong>de</strong> <strong>la</strong> décision qui, inconsciemment, pose problème et qui a justifié l’exclusion <strong>de</strong>l’appel. Ainsi, ce qui semble difficilement acceptable, c’est qu’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>accordé par le premier juge puisse être ultérieurement réformé en appel.56Ce problème est c<strong>la</strong>irement apparu lorsque s’est posée, essentiellement pour les droits<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite 187 , <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si le juge <strong>de</strong>s référés pouvaitêtre saisi, en raison <strong>de</strong> l’urgence, pour ordonner — nécessairement au provisoire — à unorgane <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>de</strong> diffuser le texte d’une <strong>réponse</strong>. Si <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> l’urgence n’a suscitéaucun problème, par contre le caractère provisoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure a suscité d’importantescontroverses conduisant une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce 188 àcontester le droit, pour le juge <strong>de</strong>s référés, à intervenir <strong>dans</strong> ce domaine : « <strong>la</strong> solution<strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence du juge <strong>de</strong>s référés pose peut-être plus nettement problème au regard <strong>de</strong><strong>la</strong> condition du provisoire. Si une décision <strong>de</strong> référé ordonne l’insertion d’une <strong>réponse</strong>, ilsera impossible au tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> revenir sur cette décision quand il serasaisi du fond » 189 . Pour éviter ce problème, selon F. Jongen, « <strong>la</strong> solution idéale, d’ailleursprônée par différents projets et propositions <strong>de</strong> lois actuellement pendants, rési<strong>de</strong>rait <strong>dans</strong>l’extension <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure « comme en référé » aufond et en <strong>de</strong>rnier ressort » 190 .On le voit ainsi c<strong>la</strong>irement, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l’appel a pour but d’éviter <strong>la</strong> contradictionpossible entre <strong>la</strong> décision du premier juge et <strong>la</strong> décision du juge d’appel(comme elle permettrait d’éviter <strong>la</strong> contradiction éventuelle, <strong>de</strong> même nature, entreune décision prise par le juge <strong>de</strong>s référés, au provisoire, et une décision ultérieure prisepar le juge au fond).C’est sans doute pour ce<strong>la</strong> que les projets et propositions <strong>de</strong> lois, ainsi que lesdécrets f<strong>la</strong>mands, précisent que <strong>la</strong> décision du juge siégeant « comme en référé » n’estpas susceptible d’appel que lorsqu’il ordonne l’insertion d’une <strong>réponse</strong>. En effet,lorsqu’il déboute le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, une solution contraire rendue en appel, autorisantcette fois-ci <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>, ne poserait évi<strong>de</strong>mment aucun problème auregard <strong>de</strong> l’éventuelle exécution provisoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> première décision, puisque précisémentle droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> n’aurait, par hypothèse, pas été autorisé par le premier juge.187. Pour lesquels il n’est pas prévu <strong>de</strong> procédure « comme en référés », simi<strong>la</strong>ire à celle prévue pour l’audiovisuel.188. Voy. not. civ. Bruxelles (réf.), 13 novembre 1992, inédit, Technipress/Groupe Dupuis, cité par F. Jongen,« L’intervention du juge <strong>de</strong>s référés… », op. cit., p. 294 ; civ. Namur (réf.), 28 mars 1997, inédit, cité par F. Jongen,ibi<strong>de</strong>m, p. 293 et Liège, 5 juin 1997, inédit, cité par F. Jongen, ibi<strong>de</strong>m, p. 293.189. F. Jongen, « L’intervention du juge <strong>de</strong>s référés… », op. cit., p. 193, n° 30.190. F. Jongen, « L’intervention du juge <strong>de</strong>s référés… », op. cit., p. 295.442


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>575859On peut toutefois se <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r pourquoi, particulièrement en cette matière, l’exécutionprovisoire pose tant <strong>de</strong> problèmes. D’autant plus que cette question ne semb<strong>la</strong>it pasavoir inquiété le légis<strong>la</strong>teur en 1961, lorsqu’il a voté <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong><strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite. À l’époque, en effet, il avait expressément reconnu au tribunalcorrectionnel, moyennant une motivation spéciale, le droit <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer que <strong>la</strong> partie dujugement ordonnant l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> serait exécutoire provisoirement nonobstantopposition ou appel 191 . F. Jongen précise que « cette mesure vise à garantir <strong>la</strong> rapidité<strong>de</strong> l’insertion dès lors, qu’à <strong>la</strong> différence du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instanceordonnant <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>, le juge pénal ordonnant l’insertiond’une <strong>réponse</strong> écrite ne statue pas en <strong>de</strong>rnier ressort » 192 . Mais le même auteur est bienobligé <strong>de</strong> reconnaître qu’« une insertion d’une <strong>réponse</strong> assortie <strong>de</strong> l’exécution provisoire,telle que le tribunal correctionnel peut le prononcer aux termes <strong>de</strong> l’article 5 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, peutavoir <strong>de</strong>s conséquences tout aussi irréversibles que celui qui serait prononcé au provisoirepar le juge <strong>de</strong>s référés, alors même qu’il n’est par essence pas définitif puisque toujours susceptibled’être réformé en appel » 193 .Pour F. Jongen, « le problème tient moins au caractère provisoire <strong>de</strong> l’intervention du juge <strong>de</strong>sréférés qu’à l’essence même d’un acte <strong>de</strong> publication d’une <strong>réponse</strong> » 194 . Nous y voilà ! Ceserait l’essence même d’un acte <strong>de</strong> publication d’une <strong>réponse</strong> qui s’opposerait à ce qu’unetelle publication puisse être ordonnée au provisoire. Or, refuser l’exécution provisoire <strong>de</strong><strong>la</strong> décision du prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé », en matière <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>,contreviendrait manifestement à l’objectif affiché du légis<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> pouvoir offrir au<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur une solution judiciaire rapi<strong>de</strong> 195 . <strong>La</strong> seule solution permettant <strong>de</strong> concilierl’exécution rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> diffuser avec <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> ne pas se retrouver, ultérieurement,face à une décision en sens contraire, était donc <strong>de</strong> permettre au juge <strong>de</strong> statuerau fond, <strong>dans</strong> les formes du référé tout en supprimant <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire appel.J’avoue que cette solution me <strong>la</strong>isse perplexe. D’une part, je ne partage pas totalementl’idée selon <strong>la</strong>quelle il serait inconcevable d’ordonner à un organe <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>de</strong> diffuserune <strong>réponse</strong> alors que cet ordre pourrait par <strong>la</strong> suite être réformé en appel. Je comprendsparfaitement qu’une fois le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> diffusée, le mal est fait et que <strong>la</strong>victoire en appel ne permettra pas d’effacer le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> qui aura été diffusé<strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’exécution provisoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> première décision 196 . Je partage le senti-191. Loi du 23 juin 1961, article 5, al. 3.192. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., p. 289.193. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., p. 294.194. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., p. 295.195. Puisqu’il semble admis que toute <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> — <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite mais plus encore <strong>dans</strong>l’audiovisuel — <strong>dans</strong> un <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> temps trop éloigné <strong>de</strong>s propos auxquels on entend apporter une rectification,perdrait sinon tout son sens, à tout le moins une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son efficacité.196. F. Jongen, « L’intervention du juge <strong>dans</strong> <strong>la</strong> procédure du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », J.L.M.B., 1990, p. 422, n° 3. ;S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit, n° 865.4439


Les actions en cessationment qu’il ne s’agit pas d’une situation heureuse. Néanmoins, celui qui pratique leréféré n’ignore pas que <strong>de</strong>s situations semb<strong>la</strong>bles se rencontrent en bien d’autres matières,sans pour autant que l’on ait songé à supprimer <strong>la</strong> possibilité d’introduire un appel.Et il me semblerait extrêmement dangereux <strong>de</strong> soutenir que <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>, à titreprovisoire, d’une <strong>réponse</strong> occasionnerait un préjudice irréparable aux organes <strong>de</strong><strong>presse</strong> 197 . Parce qu’a contrario, ce<strong>la</strong> signifierait que toute mise en cause fautive d’unepersonne par <strong>la</strong> <strong>presse</strong> serait elle-même constitutive d’un préjudice irréparable. Or, c’estcette thèse que soutiennent les tenants d’une intervention préventive du juge (notamment<strong>de</strong>s référés) pour censurer <strong>de</strong>s émissions (ou <strong>de</strong>s articles) qui mettraient, ou plusexactement qui risqueraient <strong>de</strong> mettre fautivement en cause telle ou telle autre personne.Thèse à <strong>la</strong>quelle je me suis toujours opposé 198 . Ce qui n’est pas irréparable pourles uns, ne peut pas l’être pour les autres.D’autre part, <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l’appel pour ce motif <strong>de</strong>vrait, pour exactementles mêmes raisons, justifier <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> l’opposition.En outre, il est surprenant <strong>de</strong> constater qu’aucune voix ne semble s’être jamaisélevée contre le fait qu’un juge puisse ordonner, que ce soit en référé ou au fond, enpremière instance et avec le bénéfice <strong>de</strong> l’exécution provisoire, <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> toutou partie du jugement prononcé et ce, en vue <strong>de</strong> contribuer à l’ordre <strong>de</strong> cessation ou,selon les cas, à titre <strong>de</strong> mesure particulière <strong>de</strong> réparation du préjudice subi par le<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur 199 . S’il n’est pas admissible qu’un organe <strong>de</strong> <strong>presse</strong> doive diffuser une<strong>réponse</strong> sur ordre d’un juge, aux motifs que cet ordre pourrait être réformé en appel, ilne me paraît pas alors admissible que le même organe <strong>de</strong> <strong>presse</strong> puisse être condamné àdiffuser, en tout ou en extraits, une décision qui le condamne au fond, alors que cettepublication ainsi que le principe même <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> l’organe <strong>de</strong> <strong>presse</strong>, pourraitfaire l’objet d’une décision en sens contraire en appel 200 .197. Seul <strong>la</strong> mesure causant un préjudice irréparable ne peut pas être ordonnée au provisoire par le juge <strong>de</strong>sréférés. Voy. J. Englebert, « Le référé judiciaire… » op. cit., pp. 36 et s.198. Voy. Not. J. Englebert et B. Frydman, « Le contrôle judiciaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> », A.&M., 2002, pp. 485 à 503.199. E. Montero et H. Jacquemin, « <strong>La</strong> responsabilité civile <strong>de</strong>s médias — vol. 2 », Responsabilités — traité théoriqueet pratique, Titre II/livre 26bis, pp. 41 et s., soulignent que « d’ordinaire, les juges accè<strong>de</strong>nt à pareille<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> », mais n’abor<strong>de</strong>nt pas le problème <strong>de</strong> l’éventuelle exécution provisoire d’une telle mesure <strong>de</strong> publicité.200. Voy. pour un exemple frappant : civ. Nivelles, 29 mars 1996, inédit, Moes et Cts./R.T.B.F. et Bruxelles,14 décembre 1998, inédit, R.T.B.F./Moes et Cts. Le tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Nivelles, après avoir admis <strong>la</strong>responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> R.T.B.F. à l’égard <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs, membres d’une A.S.B.L. qui avait été présentée commeappartenant à <strong>la</strong> mouvance <strong>de</strong> l’Eglise <strong>de</strong> scientologie, et après avoir condamné celle-ci à leur payer le franc symbolique,condamna en outre <strong>la</strong> R.T.B.F. à diffuser in extenso, au cours d’une émission Au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi, le jugement <strong>de</strong>plus d’une dizaine <strong>de</strong> pages (« texte à l’écran avec une lecture soignée (…) sans commentaire et sous le titre ‘Réparationjudiciaire’ »). Le jugement était assorti <strong>de</strong> l’exécution provisoire et l’ordre <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une importante astreinte,ayant contraint <strong>la</strong> R.T.B.F. à s’exécuter. Sur appel <strong>de</strong> <strong>la</strong> R.T.B.F., <strong>la</strong> cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles (14 décembre 1998,inédit, RG 1996/AR/1896), après avoir décidé qu’aucune faute ne pouvait, en l’espèce, être reprochée aux journalistes<strong>de</strong> <strong>la</strong> R.T.B.F., réforma <strong>la</strong> décision du premier juge, ce qui n’eut évi<strong>de</strong>mment pas pour effet d’effacer <strong>la</strong> dizaine<strong>de</strong> minutes <strong>de</strong> lecture du jugement sur les on<strong>de</strong>s, intervenue plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans auparavant.444


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Enfin, mon trouble s’accentue encore lorsque je constate qu’en matière <strong>de</strong> cessationfinancière 201 , le légis<strong>la</strong>teur a expressément prévu « que les mesures <strong>de</strong> publicité dujugement ordonné par le prési<strong>de</strong>nt ne peuvent être exécutées qu’au moment où <strong>la</strong> décisionqu’elle concerne n’est plus susceptible d’appel » 202 .60Certes, en matière civile le double <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction n’est ni un principe constitutionnel,ni un principe général <strong>de</strong> droit, ni une garantie offerte par <strong>la</strong> Convention <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong><strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme. Le légis<strong>la</strong>teur est en conséquence libre <strong>de</strong> prévoir un <strong>de</strong>gréunique <strong>de</strong> juridiction et ce, même si l’appel répond à un besoin social particulièrementimportant 203 .<strong>La</strong> Cour d’arbitrage a eu l’occasion <strong>de</strong> rappeler, à diverses reprises, qu’il n’existepas <strong>de</strong> principe général <strong>de</strong> droit assurant le double <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction.<strong>La</strong> plupart <strong>de</strong> ses arrêts, rendus en matière <strong>de</strong> double <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction, portentsur <strong>de</strong>s procédures fiscales 204 . Dans chacun <strong>de</strong> ceux-ci, <strong>la</strong> Cour précise que « dèslors que les intéressés peuvent en tout état <strong>de</strong> cause introduire un recours administratif spécialet un recours juridictionnel et qu’il n’existe pas <strong>de</strong> principe <strong>de</strong> droit général re<strong>la</strong>tif à undouble <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction, <strong>la</strong> mesure contestée n’a pas d’effet disproportionné ». Parailleurs, <strong>dans</strong> son arrêt du 18 avril 2001 205 , re<strong>la</strong>tif à l’intervention forcée en déc<strong>la</strong>ration<strong>de</strong> jugement commun introduit pour <strong>la</strong> première fois en <strong>de</strong>gré d’appel, <strong>la</strong> Cour justifiel’absence <strong>de</strong> second <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridiction pour l’intervenant par <strong>la</strong> nature purement conservatoire<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure en déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> jugement commun. Toutefois, <strong>dans</strong> sonarrêt du 1 er décembre 1993 206 , <strong>la</strong> Cour énonce c<strong>la</strong>irement que le double <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridictionn’est pas un principe général <strong>de</strong> droit mais précise en même temps que lorsquele légis<strong>la</strong>teur reconnaît le droit <strong>de</strong> faire appel, il ne peut pas le faire <strong>de</strong> façon discriminatoire.61On peut légitimement s’interroger sur <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> que donnerait <strong>la</strong> Cour d’arbitrage, siune cour d’appel, saisie d’un recours contre une décision rendue en <strong>de</strong>rnier ressort parle prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance, conformément à l’article 12 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tiveau droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, avant <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer cet appel irrecevable, lui soumettait unequestion préjudicielle.201. Article 221, § 4, al. 2 in fine <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 4 décembre 1999 re<strong>la</strong>tive aux opérations financières et aux marchésfinanciers : « Le prési<strong>de</strong>nt peut ordonner que son jugement soit publié par <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> journaux ou <strong>de</strong> toute autremanière, le tout aux frais du contrevenant. Ces mesures <strong>de</strong> publicité ne peuvent toutefois être ordonnées que si ellessont <strong>de</strong> nature à contribuer à <strong>la</strong> cessation du manquement incriminé ou <strong>de</strong> ses effets. Elles ne peuvent être exécutéesqu’au moment où <strong>la</strong> décision qu’elles concernent n’est plus susceptible d’appel ».202. J. van Compernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès … », op. cit., p. 219, n° 24.203. G. <strong>de</strong> Leval, Eléments <strong>de</strong> procédure civile, 2 e éd., <strong>La</strong>rcier, 2005, p. 299.204. C.A., 9 octobre 2002 ; C.A., 13 novembre 2002 ; C.A., 24 septembre 2003.205. C.A., 18 avril 2001.206. C.A., arrêt 82/93, 1 er décembre 1993, n° B.5.3.4459


Les actions en cessationSi une différence <strong>de</strong> traitement n’est pas exclue, pour autant que le critère <strong>de</strong>différenciation soit susceptible <strong>de</strong> justification et soit raisonnable, <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong> cettejustification doit s’apprécier par rapport aux buts et aux effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> norme considérée.Il doit par ailleurs exister un rapport raisonnable <strong>de</strong> proportionnalité entre les moyensemployés et le but visé 207 .On pourrait soutenir qu’il existe une éventuelle discrimination non justifiéeentre le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, qui exclut <strong>la</strong> possibilité d’interjeter appel<strong>de</strong> <strong>la</strong> décision du juge siégeant comme en référé et le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong>écrite, où toutes les décisions sont susceptibles d’appel. Alors que <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux cas, unesolution rapi<strong>de</strong> s’impose.Une autre discrimination, non justifiée, pourrait résulter <strong>de</strong> <strong>la</strong> comparaisonentre <strong>la</strong> procédure « comme en référé » re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuelet les autres procédures « comme en référé » <strong>dans</strong> les autres matières, pour lesquellesaucune restriction n’est prévue quant au droit <strong>de</strong> faire appel 208 .62Le légis<strong>la</strong>teur a, par l’insertion <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive audroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, créé une différence <strong>de</strong> traitement entre <strong>de</strong>ux catégories<strong>de</strong> personnes. D’une part, les personnes citées ou désignées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écriteet d’autre part, les personnes citées ou désignées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>.Comme j’ai eu l’occasion <strong>de</strong> l’expliquer ci-<strong>de</strong>ssus, le but poursuivi par le légis<strong>la</strong>teuren supprimant l’appel <strong>dans</strong> l’audiovisuel, est <strong>de</strong> permettre une solution rapi<strong>de</strong> etdéfinitive <strong>de</strong>s litiges. Il me semble qu’on peut légitimement se <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r s’il existe unrapport <strong>de</strong> proportionnalité raisonnable entre ce but et l’interdiction <strong>de</strong> l’appel <strong>de</strong> <strong>la</strong>décision rendue par le prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé ». De même, <strong>la</strong> différence<strong>de</strong> traitement entre <strong>la</strong> procédure « comme en référé » <strong>dans</strong> l’audiovisuel et les autresprocédures « comme en référé » me paraît difficilement justifiable.Expliquant les raisons du succès <strong>de</strong>s procédures « comme en référé », J. vanCompernolle écrit : « <strong>dans</strong> un certain nombre <strong>de</strong> contentieux mettant en cause <strong>de</strong>s enjeuxéconomiques, sociaux ou individuels importants, <strong>la</strong> nécessité est ressentie <strong>de</strong> pourvoir, rapi<strong>de</strong>ment,à <strong>de</strong>s situations conflictuelles par le prononcé <strong>de</strong> mesures diverses prenant le plussouvent <strong>la</strong> forme d’injonctions négatives ou positives susceptibles <strong>de</strong> mettre immédiatementfin à un comportement répréhensible, indépendamment <strong>de</strong> toute allocation <strong>de</strong> dommages etintérêts compensatoires d’un éventuel préjudice subi. Sous peine <strong>de</strong> n’être pas efficace, cesinjonctions ne s’accommo<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> lenteur d’une procédure ordinaire, civile ou pénale.Elles ne s’accommo<strong>de</strong>nt pas davantage du caractère provisoire d’une décision normale <strong>de</strong>référé dont l’autorité ne peut assurer un règlement définitif du litige. Tout ceci converge versun juge — le prési<strong>de</strong>nt du tribunal — statuant au fond <strong>dans</strong> les formes du référé » 209 .207. M. Uyttendaele, Précis <strong>de</strong> droit constitutionnel belge — Regard sur un système juridictionnel assez paradoxal,Bruxelles, Bruy<strong>la</strong>nt, 2002, p. 481.208. Voir supra, n° 52.209. J. van Compernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès … », op. cit., p. 209, n° 3.446


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Comme on le voit, le but <strong>de</strong>s actions « comme en référé » est le même, quelleque soit <strong>la</strong> matière concernée. Pour autant, comme j’ai déjà eu l’occasion <strong>de</strong> le souligner,le légis<strong>la</strong>teur n’a pas cru nécessaire <strong>de</strong> supprimer <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> l’appel, chaquefois qu’il instituait une procédure « comme en référé ».63J’estime que <strong>la</strong> solution <strong>la</strong> plus efficace serait <strong>de</strong> prévoir un système <strong>dans</strong> lequel <strong>la</strong> décisiondu premier juge pourrait être déférée à <strong>la</strong> censure du juge d’appel avant qu’elle nesoit exécutée, en prévoyant une procédure réellement rapi<strong>de</strong> en appel.F. Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuelpeut-il saisir le juge <strong>de</strong>s référés 210 ?6465<strong>La</strong> doctrine et spécialement F. Jongen 211 a, à maintes reprises, eu l’occasion <strong>de</strong> soulignerà quel point l’obligation, inscrite <strong>dans</strong> l’article 18 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>,faite au juge <strong>de</strong> statuer « toutes affaires cessantes » sur les actions exercées en vertu <strong>de</strong>cette loi, se révé<strong>la</strong>it souvent en pratique n’être qu’un vœu pieux tant il est vrai que<strong>de</strong>vant certaines juridictions, l’état d’encombrement <strong>de</strong>s rôles et l’existence d’autresaffaires tout aussi, sinon plus, urgentes ne permet pas matériellement au juge <strong>de</strong> traiteren priorité et sans aucun dé<strong>la</strong>i les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>.Il en serait plus particulièrement ainsi en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite où <strong>la</strong> loi neprévoit pas procédure « comme en référé » 212 .J’ai déjà eu l’occasion, au chapitre précé<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong> développer les aspects essentiels <strong>de</strong> <strong>la</strong>controverse qui divise doctrine et jurispru<strong>de</strong>nce sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si le juge <strong>de</strong>sréférés peut intervenir, en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite, pour ordonner au provisoire <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> 213 . J’analyserai donc brièvement <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir si210. Il ne s’agit plus ici d’envisager une action introduite par erreur en référé, mais bien <strong>de</strong> se <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r si, àcôté <strong>de</strong> l’action « comme en référé », le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur pourrait encore saisir, au provisoire et en raison <strong>de</strong> l’urgence,le juge <strong>de</strong>s référés d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel.211. F. Jongen, « Toutes affaires cessantes », op. cit., p. 900 ; « L’intervention du juge <strong>dans</strong> <strong>la</strong> procédure du droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », op. cit., p. 421 ; « L’intervention du juge… », op. cit., p. 290, n° 26.212. M. Hanotiau souligne pourtant qu’« en consultant <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, on constate que les procédures en correctionnelle,pour refus d’insertion d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, se poursuivent à un rythme tout à fait convenable » (op.cit., p. 188). F. Jongen, lui-même, reconnaît que « quelque peu dé<strong>la</strong>issée, <strong>la</strong> voie correctionnelle pourrait cependantretrouver les faveurs <strong>de</strong>s répondants contrariés dès lors qu’elle peut constituer pour <strong>la</strong> partie civile une manière efficace<strong>de</strong> suppléer aux lenteurs d’une procédure au fond <strong>de</strong>vant les chambres civiles : le présent jugement, rendu le25 février suite à une citation directe signifiée le 19 janvier, en atteste » (« Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> au pénal », note souscorr. Bruxelles, 25 février 1993, J.L.M.B., 1993, pp. 1220 à 1222, ici p. 1221). Les dé<strong>la</strong>is pour obtenir une décision<strong>dans</strong> le cadre d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, sont en pratique nettement pluslong que le dé<strong>la</strong>i décrit ci-<strong>de</strong>ssus. En moyenne, on constate que les décisions sont rendues <strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i d’environtrois mois à dater <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, et parfois nettement plus.213. Voir supra, n os 56 et s.9447


Les actions en cessationun recours au juge <strong>de</strong>s référés est possible <strong>dans</strong> le domaine <strong>de</strong> l’audiovisuel. Si en pratique<strong>la</strong> situation est nettement plus rare qu’en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite, elle n’est toutefoisthéoriquement pas exclue.6667On pourrait soutenir que, dès lors que <strong>la</strong> loi a prévu une procédure spécifique « commeen référé » présentant les mêmes caractéristiques procédurales <strong>de</strong> rapidité et d’efficacitéque <strong>la</strong> procédure en référé, le recours au juge <strong>de</strong>s référés ne se justifie plus.J’ai ainsi déjà eu l’occasion <strong>de</strong> souligner que « l’existence d’une autre voie procéduralepermettant d’obtenir un résultat aussi rapi<strong>de</strong>ment qu’en référé (action comme enréférés, <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en débats succincts, au fond, etc.) est parfois considérée comme exclusive<strong>de</strong> l’urgence à saisir le juge en référé » 214 . Selon le juge <strong>de</strong>s référés <strong>de</strong> Bruxelles,« l’urgence est habituellement déniée si une autre juridiction, normalement compétente,peut intervenir avec <strong>la</strong> même efficacité, ce qui est le cas en l’espèce » 215 . Après avoir constatéqu’en l’espèce, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse avait négligé d’introduire <strong>la</strong> procédure au fond« comme en référé », l’ordonnance déc<strong>la</strong>re <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> non fondée à défautd’urgence 216 .J’invitais toutefois les juges <strong>de</strong>s référés à être pru<strong>de</strong>nts <strong>dans</strong> l’application d’unetelle jurispru<strong>de</strong>nce, « en vérifiant, notamment, si <strong>dans</strong> les faits, les autres procédures offertesau <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur permettent réellement d’obtenir une solution aussi rapi<strong>de</strong>ment qu’enréféré » 217 .Ch. Dalcq, quant à elle, considère qu’« il n’est pas davantage interdit d’introduireune action en référé ordinaire, fondée sur l’urgence, parallèlement à une action ‘comme enréféré’, si, pour un tel motif particulier, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur trouve un intérêt à agir <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte.L’existence d’une action spécifique ‘comme en référé’ n’exclut pas <strong>la</strong> compétence du prési<strong>de</strong>ntsiégeant en référé ni ne <strong>la</strong> réduit » 218 . <strong>La</strong> question se résume en réalité à déterminer<strong>dans</strong> chaque cas d’espèce si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> répond aux exigences propres du référé, àsavoir l’urgence et le provisoire.On sait qu’il y a urgence « dès que <strong>la</strong> crainte d’un préjudice d’une certaine gravité, voired’inconvénient sérieux, rend une décision immédiate souhaitable » 219 . On ajoute traditionnellementque l’on peut avoir recours au référé « lorsque <strong>la</strong> procédure ordinaire seraitimpuissante à résoudre le différend en temps voulu » 220 . Au vu <strong>de</strong> cette définition, il nesera pas évi<strong>de</strong>nt pour le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur <strong>de</strong> justifier l’urgence, c’est-à-dire en quoi il ne lui214. J. Englebert, « Inédit <strong>de</strong> droit judiciaire — référés (5) », J.L.M.B., 2005, pp. 140 et s., ici, p. 160.215. Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur aurait pu introduire son action sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 587, 2°, du Co<strong>de</strong> judiciaire.216. Civ. Bruxelles (réf.), 16 mars 2003, J.L.M.B., 2005, p. 160.217. J. Englebert, op. cit., J.LM.B., 2005, p. 160.218. Ch. Dalcq, « Les actions ‘comme en référé’ », op. cit., p. 181 ; En ce sens également, Ch. Dalcq et S. Uhlig,op. cit., <strong>dans</strong> le présent ouvrage.219. Cass., 21 mars 1985, Pas., 1985, I, 908.220. C. H. Van Reepinghen, Rapport sur <strong>la</strong> réforme judiciaire, éd. Moniteur, 1964, p. 218.448


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>serait pas possible d’obtenir par <strong>la</strong> voie procédurale ordinaire qui prévoit précisément,en l’espèce, une procédure au fond selon les formes du référé, une mesure susceptible<strong>de</strong> résoudre, au fond, le différend en temps voulu.En ce qui concerne le provisoire, je ne reviendrai pas sur les développementsdéjà exposés au chapitre précé<strong>de</strong>nt à propos <strong>de</strong> l’absence d’appel.Si on accepte <strong>la</strong> condition du provisoire <strong>dans</strong> son acceptation <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge, quece soit en vertu <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation du 9 septembre1982 221 , ou que ce soit sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce majoritaire <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong>s référés222 , il faut admettre qu’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> peut être ordonnéeau provisoire par le juge <strong>de</strong>s référés, dès lors que cette mesure « certes irréversible,pourra toujours faire l’objet <strong>de</strong> réparation par équivalent », pour reprendre une expressionsouvent utilisée par les juges <strong>de</strong>s référés 223 .C’est au <strong>de</strong>meurant exactement l’enseignement dégagé par <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation,<strong>dans</strong> son arrêt du 9 septembre 1982, lorsqu’elle estime que <strong>la</strong> seule limite que le provisoireimpose au juge <strong>de</strong>s référés est « <strong>de</strong> ne point ordonner <strong>de</strong>s mesures qui produiraient[aux parties] un préjudice définitif et irréparable ». L’obligation <strong>de</strong> diffuser une <strong>réponse</strong>,ce qui constitue manifestement une mesure irréversible, est-elle <strong>de</strong> nature à créer <strong>dans</strong>le chef <strong>de</strong> l’organisme producteur un dommage définitif et irréparable, c’est-à-dire nepouvant pas faire l’objet d’une réparation par équivalent ?Il est permis d’en douter, notamment au regard d’autres mesures qui sont parfoisordonnées, certes au fond, mais qui présentent le même caractère provisoire quel’ordre prononcé en référé, lorsque <strong>la</strong> décision est frappée d’appel 224 . Or, on le sait, lescours et tribunaux n’hésitent pas à condamner une partie à publier tout ou partie dujugement qui <strong>la</strong> condamne et à assortir cette condamnation <strong>de</strong> l’exécution provisoire,ce qui évi<strong>de</strong>mment a pour conséquence, si <strong>la</strong> première décision est exécutée, <strong>de</strong> créerune situation irréversible, qui ne pourra qu’être réparée par équivalent, par l’octroi <strong>de</strong>dommages et intérêts 225 .On observera toutefois que le juge <strong>de</strong>s référés d’Anvers a, par une ordonnancedu 21 décembre 1999 226 , considéré que constituait une mesure définitive et irréparable<strong>la</strong> publication <strong>de</strong> l’ordonnance à intervenir.221. Cass., 9 septembre 1982, Pas., 1983, I, 48 et s.222. Voyez les décisions citées <strong>dans</strong> ma note « Le référé judiciaire : principes et questions <strong>de</strong> procédures », inLe référé judiciaire, op. cit., pp. 36 et s., nos 43 à 47.223. Voyez not. civ. Liège (réf.), 2 décembre 2002, J.L.M.B., 2003, p. 1018.224. On peut en effet faire un parallèle entre <strong>la</strong> décision prise en référé qui n’a pas autorité <strong>de</strong> chose jugée àl’égard du juge du fond avec <strong>la</strong> décision prise par le juge du fond en première instance qui n’a évi<strong>de</strong>mment pasautorité <strong>de</strong> chose jugée à l’égard du juge d’appel qui, c’est le principe même <strong>de</strong> l’appel, pourra statuer en senscontraire.225. Voir supra, n° 59.226. Civ. Anvers (réf.), 21 décembre 1999, A.&M., 2000, p. 296.9449


Les actions en cessationG. <strong>La</strong> nature <strong>de</strong> l’action en <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong> - Action en responsabilité - Preuve du fait inexact- Inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue « en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> »sur l’action en dommages et intérêts68Le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> est généralement présenté comme étant « une forme particulière <strong>de</strong>réparation civile, accélérée, supplétive et incomplète » 227 . Il s’agirait d’une forme <strong>de</strong> réparationen nature d’un dommage particulier 228 .Rappelons que <strong>dans</strong> l’audiovisuel, le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> n’est ouvert qu’« en vue <strong>de</strong>rectifier un ou plusieurs éléments <strong>de</strong> fait erronés » concernant le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en <strong>diffusion</strong>d’une <strong>réponse</strong> ou « <strong>de</strong> répondre à un ou plusieurs faits ou déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> nature à porteratteinte à son honneur » 229 . L’article 9 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> précised’ailleurs que <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> peut être refusée si elle « excè<strong>de</strong> ce qui est nécessairepour corriger les faits déc<strong>la</strong>rés inexacts ou dommageables pour l’honneur ».L’idée d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> visant à réparer le dommage causé par une émission,dommage qui résulterait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong> faits inexacts ou portant atteinte àl’honneur du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, conduit inévitablement à se poser <strong>la</strong>question <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute <strong>de</strong> l’organisme producteur. L’action introduite <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal <strong>de</strong> première instance siégeant « comme en référé », serait alors le lieu d’undébat c<strong>la</strong>ssique sur <strong>la</strong> responsabilité civile, impliquant <strong>la</strong> preuve d’une faute (qui résulterait<strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation d’un fait inexact ou <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rations attentatoires à l’honneurd’une personne) et qui justifierait le prononcé d’une mesure spécifique à titre <strong>de</strong> réparationd’un dommage qui semble présumé puisque le droit à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>existe dès qu’il convient <strong>de</strong> répondre à un fait inexact ou à une déc<strong>la</strong>ration attentatoireà l’honneur.<strong>La</strong> question prend une importance particulière dès lors que, par ailleurs, il estégalement unanimement enseigné que le prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé » statueau fond et qu’en conséquence, à l’inverse <strong>de</strong>s ordonnances <strong>de</strong> référé, sa décision a autorité<strong>de</strong> chose jugée 230 . Comme en matière d’action en cessation, certains en ont déduitque <strong>la</strong> décision du prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé », qui reconnaît au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urle droit <strong>de</strong> voir sa <strong>réponse</strong> diffusée, lierait le juge du fond saisi ultérieurement d’uneaction en dommages et intérêts, introduite sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 1382 du Co<strong>de</strong> civil.S’il fal<strong>la</strong>it suivre ce raisonnement, ce<strong>la</strong> rendrait encore moins justifiable le faitque le prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé » statue sur <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong> en <strong>de</strong>rnier ressort. Parce qu’alors, par le biais d’un débat inévitablement limité,227. M. Hanotiau, op. cit., p. 166 ; en ce sens, S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit., p. 566, n° 813.228. S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit., p. 569, n° 818 ; M. Hanotiau, op. cit., p. 566 ; pour une critique justifiée<strong>de</strong> cette qualification, voy. E. Montero et H. Jacquemin, op. cit., vol. 2 », Titre II/livre 26bis, p. 43.229. Loi du 23 juin 1961, article 7, al. 1.230. J. van Compernolle, « <strong>La</strong> rançon d’un succès… », op. cit., p. 218, n° 21.450


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>tant <strong>dans</strong> le temps (le juge <strong>de</strong>vant statuer toutes affaires cessantes) que par les questionsqui lui sont soumises, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> pourrait obtenir <strong>la</strong> reconnaissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité civile <strong>de</strong> l’organisme producteur, <strong>de</strong> façon définitive etsans appel.6970D’un autre côté, il me semble que l’on peut difficilement admettre qu’un <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en<strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel puisse obtenir gain <strong>de</strong> cause sans établir,sans prouver, <strong>dans</strong> le cadre du débat judiciaire, le caractère inexact du fait qu’il entendrectifier ou le caractère attentatoire à l’honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration à <strong>la</strong>quelle il souhaiterépondre. En effet, ne pas exiger qu’une telle preuve soit apportée par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urreviendrait à lui ouvrir un droit <strong>de</strong> rectification <strong>dans</strong> l’audiovisuel quasi aussi étenduque le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite, ce que le légis<strong>la</strong>teur a manifestement vouluéviter.Cette opinion n’est pas partagée par tous les auteurs. Ainsi, pour M. Hanotiau,« <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s personnes mises en cause (…) au cours d’une émission suppose non seulementqu’elles puissent redresser <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> fait, mais aussi — et surtout — qu’ellespuissent faire connaître leur point <strong>de</strong> vue et fournir leurs explications, en d’autres termes,qu’elles puissent opposer leur subjectivité à celle du journaliste. Il est d’ailleurs bien difficile(…) <strong>de</strong> déterminer quand les renseignements sont erronés — ce qui suppose que l’on possè<strong>de</strong>le renseignement exact, et que <strong>la</strong> question échappe à <strong>la</strong> controverse » 231 .C’est également en ce sens que s’est prononcé le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> premièreinstance <strong>de</strong> Bruxelles, <strong>dans</strong> une décision du 4 octobre 1995 232 : « qu’il n’est passans intérêt <strong>de</strong> rappeler qu’en autorisant ou en imposant l’émission d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>,le juge ne se prononce ni sur <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> l’émission ni même sur <strong>la</strong>véracité ou non <strong>de</strong>s affirmations contenues <strong>dans</strong> le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, qu’il se contente <strong>de</strong>permettre à <strong>la</strong> personne mise en cause <strong>de</strong> substituer sa subjectivité à celle <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong>l’émission (…) ». Écartant ainsi toute notion <strong>de</strong> responsabilité, <strong>la</strong> même décision précise« qu’il (…) est inexact <strong>de</strong> soutenir que <strong>la</strong> rectification <strong>de</strong>mandée ne pourrait que porter sur<strong>la</strong> réalité ou non <strong>de</strong>s faits allégués et qu’elle <strong>de</strong>vrait, en conséquence, s’accompagner d’unedémonstration <strong>de</strong> leur fausseté ».Il convient toutefois <strong>de</strong> noter que <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce actuelle du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong>première instance <strong>de</strong> Bruxelles s’inscrit <strong>dans</strong> une approche totalement différente dudroit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, plus conforme, à mon sens, à ce qui a été mis en p<strong>la</strong>ce par <strong>la</strong> loi du4 mars 1977.C’est, à ma connaissance, par une décision du 17 septembre 1996 233 , que pour<strong>la</strong> première fois, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles précise que,lorsqu’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> est sollicité <strong>dans</strong> l’audiovisuel, « il convient (…) <strong>de</strong> vérifier s’il9231. M. Hanotiau, op. cit., p. 97.232. Civ. Bruxelles (prés.), 4 octobre 1995, inédit, RG 95/7323/A, Sierra 21/R.T.B.F.233. Civ. Bruxelles (prés.), 17 septembre 1996, inédit, RR 96/902/C, Eykerman/R.T.B.F.451


Les actions en cessationexiste <strong>dans</strong> l’émission litigieuse <strong>de</strong>s éléments erronés ou attentatoires à l’honneur <strong>de</strong>s<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs et si le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> sollicitée apporte une rectification au fait prétendumenterroné ou une <strong>réponse</strong> aux déc<strong>la</strong>rations prétendument attentatoires à l’honneur ».Répondant à l’argument du <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur selon lequel « seule <strong>la</strong> juridiction saisie dufond 234 <strong>de</strong>vra se prononcer sur <strong>la</strong> véracité <strong>de</strong>s faits et propos querellés ainsi que sur <strong>la</strong> responsabilité<strong>de</strong>s auteurs et diffuseurs <strong>de</strong> l’émission », le prési<strong>de</strong>nt du tribunal précise « qu’i<strong>la</strong>ppartient au prési<strong>de</strong>nt du tribunal d’analyser les droits <strong>de</strong>s parties quant au fond, afin <strong>de</strong>déterminer s’il y a bien un dommage particulier causé au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur, qu’il y aurait lieu <strong>de</strong>réparer par <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> », qu’en conséquence, <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse« estime à raison qu’il ne peut être admis qu’une partie puisse apporter une rectification à<strong>de</strong>s faits ou déc<strong>la</strong>rations erronées sans établir préa<strong>la</strong>blement le caractère erroné <strong>de</strong> cesfaits ou déc<strong>la</strong>rations ».Cette jurispru<strong>de</strong>nce a été confirmée, notamment, par une décision du 7 mai2002 : « <strong>La</strong> mise en œuvre du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> exige que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur établisse que l’émissionlitigieuse comporte un ou plusieurs éléments <strong>de</strong> fait erronés le concernant ou un ouplusieurs faits ou déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> nature à porter atteinte à son honneur » 235 .Tout récemment, <strong>la</strong> même juridiction 236 s’est montrée encore plus explicite endécidant que « l’insertion d’un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> constituant <strong>la</strong> réparation en nature d’undommage particulier, (…) <strong>la</strong> mise en œuvre du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> exige que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urétablisse <strong>la</strong> preuve d’une faute et partant que l’émission critiquée comporte un ou plusieurséléments <strong>de</strong> fait erroné ou un ou plusieurs faits ou déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> nature à porter atteinteà son honneur ».Cette exigence met évi<strong>de</strong>mment le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> unesituation nettement plus difficile que s’il pouvait se contenter d’opposer sa propre subjectivitéà celle, présumée, du journaliste. Elle est toutefois <strong>la</strong> seule compatible avec <strong>la</strong>notion <strong>de</strong> « droit <strong>de</strong> rectification » qui caractérise, selon une doctrine unanime, le droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel.71Cette évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce repose évi<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> délicate question <strong>de</strong> l’autorité<strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue par le prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme enréféré » sur le juge qui serait ultérieurement saisi également d’une action au fond maiscette fois-ci en dommages et intérêts contre l’organisme producteur ou contre son journaliste,sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 1382 du Co<strong>de</strong> civil.L’émission « Babel », diffusée par <strong>la</strong> R.T.B.F. le 3 mars 1992, a donné lieu à <strong>de</strong>uxprocédures qui illustrent parfaitement <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong> cette question.234. Le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur visait en l’espèce le juge saisi <strong>de</strong> l’action au fond, en dommages et intérêts, par oppositionau juge saisi <strong>de</strong> l’action en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> (celui-ci étant aussi saisi au fond).235. Civ. Bruxelles (prés.), 9 mai 2002, inédit, n° rôle 2001/8720/A, Postal/R.T.B.F.236. Civ. Bruxelles (prés.), 1 er septembre 2005, inédit, RG 05/4412/A, Féret/R.T.B.F.452


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>L’émission intitulée « Enfants cachés : les leçons <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire — quand <strong>la</strong>terreur du passé éc<strong>la</strong>ire le fascisme d’aujourd’hui », mettait en perspective certains événementsayant précédé <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique d’extermination <strong>de</strong>s juifs parl’Allemagne nazie, avec les dérives que l’on pouvait retrouver, cinquante ans plus tard,<strong>dans</strong> les programmes politiques <strong>de</strong> certains partis d’extrême droite mais également <strong>dans</strong>les propos tenus par certains dirigeants <strong>de</strong> partis plus traditionnels.Pour illustrer ce propos, l’émission faisait notamment état d’un dépliant électoraldiffusé par Messieurs Draps et Van<strong>de</strong>n Haute, à l’époque membres du PRL, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>campagne électorale précédant les élections communales <strong>de</strong> novembre 1991. Ce tractcontenait <strong>de</strong>s caricatures stigmatisant les émigrés maghrébins. Messieurs Draps et Van<strong>de</strong>nHaute ont attaqué <strong>la</strong> R.T.B.F., <strong>dans</strong> un premier temps <strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunal<strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles, en vue d’obtenir <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’un droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong> qui leur avait été refusé par <strong>la</strong> télévision publique.<strong>La</strong> thèse <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs était que, bien que l’émission ne comportait à leurégard aucun fait inexact (ils ne contestaient nullement <strong>la</strong> paternité du tract litigieux nison contenu), ils estimaient toutefois que l’émission litigieuse avait « insinué qu’ils propageaient<strong>de</strong>s idées fascistes, voire qu’ils pourraient être fascistes eux-mêmes, et qu’il [leprésentateur] avait établi un parallèle et un amalgame entre <strong>la</strong> violence <strong>de</strong>s fascistes d’il ya soixante ans, le dramatique génoci<strong>de</strong> dont les juifs furent victimes durant <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>guerre mondiale et d’autre part, le dépliant électoral qu’ils diffusèrent en novembre 1991 »,ce qui conduisaient les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs à alléguer que « l’émission, <strong>dans</strong> son ensemble,[créait] un amalgame <strong>de</strong> notions telles que son impact sur le public [était] <strong>de</strong> nature à porteratteinte à leur honneur ».Après avoir procédé à l’analyse du contenu <strong>de</strong> l’émission litigieuse, le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal a estimé « que le cumul <strong>de</strong> ces images et <strong>de</strong> ces paroles apparaît comme unamalgame, rapi<strong>de</strong> et sans nuance, <strong>de</strong> tendances politiques très diverses ayant cours à <strong>la</strong>veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> 1940 ; que ce<strong>la</strong> ne semble pas correspondre à l’objectivité d’une émissionscientifique ; (…) que l’ensemble <strong>de</strong> cet amalgame insinue c<strong>la</strong>irement, contrairement àce qu’allègue <strong>la</strong> R.T.B.F., que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs propagent les idées fascistes ». Le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal en conclut que « l’amalgame, écueil fréquent pour ce <strong>la</strong>ngage audiovisuel, a,<strong>dans</strong> le cas présent, pu être ressenti par les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs comme étant <strong>de</strong> nature à porteratteinte à leur honneur » 237 .On peut sans doute considérer que cette décision s’inscrit <strong>dans</strong> le premier courant<strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles, dès lorsqu’il prend soin <strong>de</strong> préciser que <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> est justifiée en l’espècepar le seul fait que l’amalgame dénoncé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong> l’émission « a pu être ressentipar les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs » comme étant <strong>de</strong> nature à porter atteinte à leur honneur. En secontentant d’un « ressenti », le juge qui se p<strong>la</strong>ce au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> subjectivité, écarte manifestementl’obligation pour les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs d’apporter <strong>la</strong> preuve d’une atteinte réelle à9237. Civ. Bruxelles (prés.), 7 avril 1992, J.L.M.B., 1992, p. 1245.453


Les actions en cessationleur honneur. Toutefois, <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision conduit inévitablement à considérerque le juge reproche bien une faute à <strong>la</strong> R.T.B.F. <strong>dans</strong> <strong>la</strong> façon dont elle a réalisé l’émissionlitigieuse. Il lui reproche précisément d’avoir créé un amalgame rapi<strong>de</strong> et sansnuance, qui ne correspond pas à l’objectivité requise d’une émission scientifique etqui insinue c<strong>la</strong>irement que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs propagent <strong>de</strong>s idées fascistes. Le juge reprocheencore au présentateur, Paul Damblon, <strong>de</strong> n’avoir « pas rectifié ou attiré l’attention dutéléspectateur sur le fait qu’il fal<strong>la</strong>it éviter <strong>de</strong>s analogies ou <strong>de</strong>s amalgames simplistes » alorsque « l’émission provoquait ce type d’amalgame et d’analogie » 238 .72On comprend que, forts d’une telle décision, Messieurs Draps et Van<strong>de</strong>n Haute aientdécidé ensuite d’introduire une action en responsabilité contre <strong>la</strong> R.T.B.F. <strong>de</strong>vant le tribunal<strong>de</strong> première instance, en vue d’obtenir <strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong> celle-ci à leur payer àchacun une somme <strong>de</strong> 250.000 francs à titre <strong>de</strong> dommages et intérêts, en vue <strong>de</strong> réparerl’atteinte à leur honneur dont s’était selon eux rendue coupable <strong>la</strong> R.T.B.F., par <strong>la</strong><strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> l’émission litigieuse. Et comme il fal<strong>la</strong>it s’y attendre, les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs ontinvoqué <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> cette action, l’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendueen droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, pour soutenir que <strong>la</strong> faute était définitivement établie <strong>dans</strong> le chef<strong>de</strong> <strong>la</strong> R.T.B.F.Le tribunal <strong>de</strong> première instance 239 a écarté cet argument au motif que si, enl’espèce, il y avait bien i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> cause et <strong>de</strong> parties, « il n’y avait pas i<strong>de</strong>ntité d’objetentre <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> ayant donné lieu à <strong>la</strong> décision condamnant <strong>la</strong> R.T.B.F. à diffuser une<strong>réponse</strong> et <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> dommages et intérêts en réparation du préjudice prétendumentsubi ». À l’appui <strong>de</strong> sa position, le tribunal souligne expressément que le prési<strong>de</strong>nt siégeant« comme en référé » s’est borné à dire « non sans une certaine pru<strong>de</strong>nce d’ailleurs,que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs avaient ‘pu’ ressentir l’amalgame comme étant <strong>de</strong> nature à porteratteinte à leur honneur justifiant par là le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> » et qu’en conséquence, « lemagistrat s’est prononcé <strong>dans</strong> les limites que lui impose <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> 1961 (…) et donc, sans êtreautorisé à se pencher sur les éléments <strong>de</strong> fond constituant l’émission incriminée ».Une simple lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue par le prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme enréféré », le 7 avril 1992, dément toutefois ces <strong>de</strong>rnières considérations. Le tribunalpoursuit néanmoins son raisonnement en soulignant que « <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> introduite par lesrequérants <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> céans est fondée sur l’article 1382 du Co<strong>de</strong> civil introduit<strong>dans</strong> le présent débat <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> faute, notion qui était absente <strong>dans</strong> l’argumentation<strong>de</strong>vant le prési<strong>de</strong>nt du tribunal et dont ce <strong>de</strong>rnier n’avait pas à connaître ».Le tribunal en conclut que « <strong>la</strong> décision à intervenir, si elle <strong>de</strong>vait rejeter <strong>la</strong> présente<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, ne serait donc pas en contradiction avec l’ordonnance (…) du 7 avril 1992et ne détruirait pas le bénéfice qu’en ont retiré les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs, à savoir le droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>(…) ».238. Tous ces reproches pourraient parfaitement figurer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> motivation d’un jugement condamnant unorgane <strong>de</strong> <strong>presse</strong> à <strong>de</strong>s dommages et intérêts pour faute professionnelle.239. Civ. Bruxelles, 22 novembre 1994, R.G.A.R., 1995, n° 12451.454


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>Les magistrats saisis <strong>de</strong> l’action en dommages et intérêts procè<strong>de</strong>nt ensuite à uneanalyse détaillée <strong>de</strong> l’émission litigieuse pour aboutir à une conclusion diamétralementopposée à celle du prési<strong>de</strong>nt siégeant « comme en référé » : « qu’à aucun moment <strong>la</strong>défen<strong>de</strong>resse ne présente(…) les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs comme <strong>de</strong>s fascistes assimi<strong>la</strong>bles à ceux qui serendirent coupables <strong>de</strong>s crimes que l’on sait ; qu’elle ne cesse précisément tout au long <strong>de</strong>l’émission <strong>de</strong> prévenir le spectateur contre cette analogie ; (…) ; que <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse diffusenotamment <strong>de</strong>s caricatures parues en 1938 et diffusées par un membre du parti catholiqueanversois à l’appui <strong>de</strong> slogans revenant à dire : ‘Anvers aux Anversois et <strong>la</strong> racaille étrangère<strong>de</strong>hors (…) ; qu’il est parfaitement compréhensible que <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse ait été frappéepar <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s procédés (phrase percutante et caricature) et qu’elle ait fait part <strong>de</strong>cette impression aux téléspectateurs ; (…) ; qu’à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong>, il y apparaîtc<strong>la</strong>irement que <strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse ne s’est rendue coupable d’aucune faute ».73Quelle que soit l’argumentation développée par le tribunal en ce qui concerne l’absenced’autorité <strong>de</strong> chose jugée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue « comme en référé », on ne peut, après<strong>la</strong> lecture du jugement du 22 novembre 1994, qu’arriver à <strong>la</strong> conclusion que l’émissionlitigieuse ne portait pas atteinte à l’honneur <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs. Il y a donc bien une contradictionentre les <strong>de</strong>ux décisions.En toute hypothèse, on voit mal comment aujourd’hui <strong>la</strong> motivation retenue parle tribunal <strong>de</strong> première instance en 1994, en ce qui concerne l’absence d’autorité <strong>de</strong>chose jugée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision rendue « comme en référé » sur l’action en dommages etintérêts, pourrait encore être soutenue lorsque, comme on l’a vu, le prési<strong>de</strong>nt siégeant« comme en référé » considère que « <strong>la</strong> mise en œuvre du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> exige que le<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur établisse <strong>la</strong> preuve d’une faute et partant que l’émission comporte un ou plusieurséléments <strong>de</strong> fait erronés ou un ou plusieurs faits ou déc<strong>la</strong>rations pouvant porteratteinte à son honneur » 240 .D’un autre côté, je vois mal comment on pourrait imposer à l’organisme producteur<strong>dans</strong> le cadre d’une procédure au fond pour dommages et intérêts, l’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong>chose jugée sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute, d’une décision rendue en <strong>de</strong>rnier ressort et <strong>dans</strong><strong>de</strong>s conditions anormalement rapi<strong>de</strong>s d’un point <strong>de</strong> vue procédural.74<strong>La</strong> contradiction n’est qu’apparente.En effet, les preuves qui doivent être apportées <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’action en <strong>diffusion</strong>d’une <strong>réponse</strong> et <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’action en dommages et intérêts ne portentpas sur les mêmes éléments.Dans le cadre d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>, il appartient au<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur d’apporter <strong>la</strong> preuve du caractère inexact <strong>de</strong>s faits qu’il entend rectifier oudu caractère attentatoire à son honneur <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations auxquelles il souhaite répondre.Rien <strong>de</strong> plus. Au contraire, <strong>de</strong>vant le juge du fond saisi d’une action en dommages9240. Civ. Bruxelles (prés.), 1 er septembre 2005, inédit, RG 05/4412/A, Féret/R.T.B.F.455


Les actions en cessationet intérêts sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 1382 du Co<strong>de</strong> civil, il appartient au <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur d’établiren outre que <strong>la</strong> présentation d’un fait inexact ou <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> propos attentatoiresà l’honneur était, en l’espèce, constitutif d’une faute engageant <strong>la</strong> responsabilité dujournaliste (ou <strong>de</strong> l’organisme producteur). Or, en matière <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong>,il n’y a pas un lien nécessaire et automatique entre <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> faits inexacts ouattentatoires à l’honneur d’une personne et l’existence d’une faute.<strong>La</strong> faute s’appréciera, conformément au droit commun, par rapport au journaliste« normalement pru<strong>de</strong>nt et diligent » 241 . Par ailleurs, une condamnation d’un journalisteà <strong>de</strong>s dommages et intérêts ne pourra être prononcée que si, conformément à <strong>la</strong>jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour européenne <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, <strong>la</strong> mesure correspond à unbesoin social impérieux 242 . Si les débats présentent certaines similitu<strong>de</strong>s, ils se situentbien sur <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns différents, <strong>de</strong> sorte qu’une décision accordant <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong> n’aura pas d’effet direct et automatique — et certainement pas d’autorité <strong>de</strong>chose jugée — sur l’existence d’une faute <strong>dans</strong> le chef du journaliste, <strong>dans</strong> le cadred’une action en responsabilité professionnelle.75Sur cette question, il est encore intéressant <strong>de</strong> constater que <strong>dans</strong> le régime mis en p<strong>la</strong>cepar les décrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté f<strong>la</strong>man<strong>de</strong>, il est précisé que <strong>la</strong> requête en <strong>diffusion</strong>d’une <strong>réponse</strong> doit notamment « contenir <strong>la</strong> preuve » que les conditions visées àl’article 178, pour obtenir <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>, sont remplies 243 . Or, l’article 178précise qu’une personne a « le droit <strong>de</strong> requérir l’insertion gratuite d’une <strong>réponse</strong> si sesdroits légitimes, concernant notamment son honneur ou sa réputation, ont été lésés à <strong>la</strong>suite d’une allégation incorrecte faite au cours <strong>de</strong> l’émission ». À mon sens, cette rédactionoblige le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> à apporter, <strong>dans</strong> sa requête en <strong>diffusion</strong>,<strong>la</strong> preuve du caractère « incorrect » <strong>de</strong> l’allégation contenue <strong>dans</strong> l’émission et dufait que cette allégation incorrecte a porté atteinte à « ses droits légitimes ».241. Pour apprécier si le journaliste a commis une faute, le juge <strong>de</strong>vra notamment vérifier si les informationsdonnées étaient justifiées par le droit à l’information du public, si les faits inexacts ou attentatoires à l’honneuront été vérifiés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure raisonnable <strong>de</strong>s moyens d’un journaliste normalement pru<strong>de</strong>nt et diligent avantleur <strong>diffusion</strong>, si l’information diffusée faisait suffisamment <strong>la</strong> différence entre les faits rapportés et les opinionscommentées du journaliste et si <strong>la</strong> présentation du texte et les termes employés évitaient une agressivité ou unemalveil<strong>la</strong>nce dép<strong>la</strong>cée à l’égard <strong>de</strong>s tiers.242. Voy not. S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit., n os 237 et s. ; D. Voorhoofd, Handboeck…, op. cit., pp. 33 et s. ;K. Lemmens, <strong>La</strong> <strong>presse</strong> et <strong>la</strong> protection juridique <strong>de</strong> l’individu — Attention aux chiens <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s !, <strong>La</strong>rcier 2004,pp. 188 et s. ; E. Montero et H. Jacquemin, op. cit., vol. 1, Titre II/livre 26, pp. 16 et s. et p. 41.243. Décrets f<strong>la</strong>mands re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> radio<strong>diffusion</strong> et à <strong>la</strong> télévision, coordonnés le 4 mars 2005, art. 180, § 1 er ,3°.456


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>H. Le droit pour le juge <strong>de</strong> modifier le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>76S’il est admis en matière <strong>de</strong> <strong>presse</strong> écrite que le principe est celui <strong>de</strong> l’intangibilité 244 <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>réponse</strong> proposée, <strong>la</strong> question est nettement plus ouverte <strong>dans</strong> l’audiovisuel.77Le droit pour le juge d’apporter <strong>de</strong>s modifications au texte tel qu’il était initialementlibellé par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur en <strong>diffusion</strong>, a été admis <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>, par unedécision du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles du 19 mai 1982 245 .Cette décision a fait l’objet d’un pourvoi en cassation sur ce point, qui a été rejeté par <strong>la</strong>Cour <strong>de</strong> cassation <strong>dans</strong> son arrêt du 13 octobre 1983 246 .Dans cette affaire, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse en <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> avait modifié sa<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en terme <strong>de</strong> conclusions en se déc<strong>la</strong>rant disposée à supprimer quatre paragraphesdu texte initialement proposé en <strong>réponse</strong>. Le prési<strong>de</strong>nt du tribunal avait déc<strong>la</strong>récette <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> recevable sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 807 du Co<strong>de</strong> judiciaire et y avait faitdroit.<strong>La</strong> première branche du moyen développé par l’organisme producteur <strong>dans</strong> sonpourvoi en cassation soutenait que le prési<strong>de</strong>nt du tribunal « a pour seule mission <strong>de</strong>vérifier si le refus [<strong>de</strong> diffuser <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> formulée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> lettre recommandée] est ou nonillégal » et partant, « si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> (…) était fondée en son principe au sens <strong>de</strong>sarticles 7 et 10 <strong>de</strong> <strong>la</strong> (…) loi et enfin, si <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> pouvait être refusée en vertu <strong>de</strong>l’article 9 ; qu’il ne peut donc, même à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie qui le saisit, réduire oumodifier le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> ». <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> branche du moyen soutenait que <strong>la</strong> modificationformulée par <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>resse <strong>dans</strong> ses conclusions constituait en réalité une« nouvelle <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> » qui n’était pas recevable dès lors qu’elle n’avait pas étéformulée <strong>dans</strong> les conditions prévues par <strong>la</strong> loi. Les <strong>de</strong>ux branches du moyen reposaientainsi sur le postu<strong>la</strong>t que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> visant à un droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> dont est saisi le prési<strong>de</strong>ntdu tribunal en matière <strong>audiovisuelle</strong> doit se superposer exactement à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong><strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> qui a fait l’objet du refus.<strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation exclut explicitement cette thèse en rejetant <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>branche du moyen. Si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> judiciaire peut être modifiée sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>l’article 807 du Co<strong>de</strong> judiciaire, sans constituer une nouvelle <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, c’estbien parce qu’elle n’est pas enserrée <strong>dans</strong> les termes <strong>de</strong> <strong>la</strong> lettre recommandée initiale244. S. Hoebeke et B. Mouffe, op. cit., n° 867 ; civ. Liège (réf.), 19 décembre 1989, J.L.M.B., 1990, pp. 414 à423 et note <strong>de</strong> F. Jongen, « L’intervention du juge… », p. 421 — l’auteur critique toutefois <strong>la</strong> « pru<strong>de</strong>nceexcessive » du juge qui refuse <strong>de</strong> revoir le texte. F. Jongen semble néanmoins avoir revu sa position, puisque <strong>dans</strong>sa note publiée à <strong>la</strong> R.C.J.B. en 2001, il considère que l’article 807 C. jud. ne peut pas s’appliquer en matière <strong>de</strong>droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> écrite (op. cit., n° 44, p. 300) ; Bruxelles, 14 juin 1966, Pas., 1967, II, 106 ; Bruxelles,30 mai 1996, R.W., 1996-1997, p. 919 ; Anvers, 15 février 1991, R.W., 1991-1992, p. 445 ; Civ. Bruxelles(réf.), 14 février 2002, A.&M., 2004, p. 187.245. Civ. Bruxelles, 19 mai 1982, J.T., 1983, p. 152.246. Cass., 13 octobre 1983, Pas., 1984, I, 153.4579


Les actions en cessationet, partant, qu’elle s’en distingue. Le pouvoir du juge n’est dès lors pas limité à <strong>la</strong> vérification<strong>de</strong> <strong>la</strong> légalité du refus <strong>de</strong> diffuser <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>, celle-ci étant envisagée comme untout indivisible.Les motifs justifiant le rejet <strong>de</strong> <strong>la</strong> première branche du moyen, qui visait précisémentl’étendue du pouvoir du juge, confirment cette lecture. <strong>La</strong> Cour rappelle certesque l’ordonnance attaquée a légalement décidé que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> subsidiaire était recevablesur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’article 807 du Co<strong>de</strong> judiciaire, mais elle retient aussi que l’ordonnance« relève, en outre, que <strong>la</strong> loi organise un ensemble <strong>de</strong> mesures conciliatoires,rectifications spontanées, contre-propositions, appels en conciliation, qui, à défaut d’y avoireu recours, <strong>la</strong>isse entier le pouvoir d’appréciation du juge » pour en déduire « qu’ainsil’ordonnance justifie légalement <strong>la</strong> décision critiquée en cette branche du moyen ». End’autres termes, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation estime que le juge est appelé également à statuersur une <strong>réponse</strong> modifiée aux motifs que <strong>dans</strong> le système organisé par <strong>la</strong> loi en matière<strong>audiovisuelle</strong>, à défaut <strong>de</strong> recours à ces mesures conciliatoires, le pouvoir d’appréciationdu juge reste « entier ».7879Ainsi, doctrine et jurispru<strong>de</strong>nce estiment majoritairement, en s’appuyant sur <strong>la</strong> différence<strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> les écrits etle texte <strong>de</strong>s articles 7 et suivants re<strong>la</strong>tifs aux <strong>réponse</strong>s <strong>audiovisuelle</strong>s, que les régimesorganisés sont dissemb<strong>la</strong>bles également en ce qui concerne l’étendue <strong>de</strong>s pouvoirs conférésau juge. Le principal argument se fon<strong>de</strong> sur le fait que, pour les <strong>réponse</strong>s écrites,<strong>la</strong> loi <strong>de</strong> 1961 n’a pas prévu <strong>de</strong> procédure <strong>de</strong> contre-proposition en sorte que l’éditeurn’a d’autre choix que d’accepter ou <strong>de</strong> refuser l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> proposée et lejuge <strong>de</strong> s’y conformer s’il estime légal le refus <strong>de</strong> l’éditer. On en a déduit le principe <strong>de</strong>l’intangibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> écrite 247 . Par contre, le système <strong>de</strong> contre-proposition prévuen matière <strong>audiovisuelle</strong> a été interprété comme instaurant le principe <strong>de</strong> non intangibilité<strong>de</strong>s <strong>réponse</strong>s en <strong>la</strong> matière et <strong>la</strong> possibilité pour le juge d’adapter le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>réponse</strong> 248 . Il est dès lors incontestable qu’en vertu <strong>de</strong> l’article 807 du Co<strong>de</strong> judiciaire,le juge saisi d’une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> peut, à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’une <strong>de</strong>sparties, modifier le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> initialement soumis à l’organisme producteur.Al<strong>la</strong>nt plus loin, certains magistrats se sont autorisés à modifier le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> <strong>de</strong>leur propre initiative 249 . F. Jongen, qui semble approuver ces pouvoirs « très <strong>la</strong>rges » du247. Outre les références citées en note (243), voy. encore G. Leroy, « <strong>La</strong> jurispru<strong>de</strong>nce du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong>les écrits périodiques <strong>de</strong>puis 1961 », J.T., 1980, p. 43 ;248. F. Jongen, « L’intervention du juge … », op. cit., p. 299 ; F. Tulkens et M. Verdussen, op. cit., p. 91 ; Civ.Bruxelles, 30 décembre 1992, et note <strong>de</strong> D. Voorhoof, « Het recht tot antwoord in <strong>de</strong> audiovisuele media en <strong>de</strong>bevoegdheid van <strong>de</strong> voorzitter van <strong>de</strong> rechtbank van eerste aanleg », pp. 137 et s., ici sp. p. 139 ; Civ. Bruxelles(prés.), 17 avril 1981, R.W., 1981-1982, Col., 1627 et obs. <strong>de</strong> J.L. Ballon, Civ. Bruxelles (prés.), 12 février 1998,J.L.M.B., 1999, p. 955.249. Civ. Bruxelles (prés.), 17 avril 1981, R.W., 1981-1982, Col. 1627, Obs. <strong>de</strong> J.L. Ballon ; Civ. Bruxelles (prés.),12 février 1998, J.L.M.B., 199, pp. 955 et s. et A.&M., 2000, pp. 93 et s.458


<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong>juge s’agissant du droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, précise que « ce pouvoir <strong>de</strong> modificationdu juge peut également trouver son fon<strong>de</strong>ment <strong>dans</strong> <strong>la</strong> nécessité que le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>réponse</strong> remplisse les conditions légales, et notamment celles citées par l’article 9 <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi » 250 .80Il reste que <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation n’a jamais été amenée à trancher <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong>modification du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> lorsque aucune partie ne le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>. À cet égard,même si l’on admet que <strong>la</strong> loi du 4 mars 1977 n’a pas consacré le principe <strong>de</strong> l’intangibilité<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> en matière d’audiovisuel, le juge <strong>de</strong>meure néanmoins tenu par leprincipe du dispositif et par l’article 1138, 2°, du Co<strong>de</strong> judiciaire qui lui interdisent <strong>de</strong>se prononcer sur <strong>de</strong>s choses non <strong>de</strong>mandées. On voit mal comment, <strong>dans</strong> ces conditions,le juge pourrait <strong>de</strong> sa propre initiative, modifier le texte qui lui est soumis. Entoute hypothèse, s’il fal<strong>la</strong>it lui reconnaître un tel pouvoir, quod non, il s’impose qu’ilsoumette préa<strong>la</strong>blement son « projet » <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> à <strong>la</strong> contradiction <strong>de</strong>s parties.Dans une récente décision, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong>Bruxelles 251 semble rejeter <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> modifier d’initiative le texte sollicité par le<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur. Le prési<strong>de</strong>nt précise d’abord « que pour apprécier si le refus <strong>de</strong> [l’organismeproducteur] répondait aux conditions légales, il y a lieu d’avoir égard au texte <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>réponse</strong> tel qu’il lui a été présenté ». Ensuite, le tribunal souligne « que c’est à tort que le<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur soutient (…) qu’il appartiendrait au tribunal <strong>de</strong> rédiger une <strong>réponse</strong> en ses lieuet p<strong>la</strong>ce ; que si <strong>dans</strong> son arrêt du 13 octobre 1983, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation a décidéqu’aucune disposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 23 juin 1961 re<strong>la</strong>tive au droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> n’écartait <strong>dans</strong>le domaine <strong>de</strong> l’audiovisuel l’application <strong>de</strong> l’article 807 du Co<strong>de</strong> judiciaire en manière telleque le juge était en droit <strong>de</strong> réduire <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> dont il était saisi, encore convient-il <strong>de</strong> releverqu’en l’espèce [le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur] ne formule aucune <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> fondée sur l’article 807 duCo<strong>de</strong> judiciaire ; qu’il n’appartient dès lors pas au tribunal <strong>de</strong> céans d’ajouter un texte <strong>de</strong><strong>réponse</strong> qui n’est pas sollicité par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ni <strong>de</strong> substituer à <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> proposée parcelui-ci, qui épingle <strong>de</strong>s faits précis <strong>de</strong> l’émission, un texte ‘général’ répondant à un impactdéfavorable que le reportage, <strong>dans</strong> sa globalité, a pu avoir <strong>dans</strong> le public ».Après avoir énoncé <strong>de</strong> façon aussi c<strong>la</strong>ire les limites du pouvoir du juge statuantsur une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong>, quant au contenu du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>,le prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance va estimer que pour un <strong>de</strong>s quatre pointsauxquels elle entendait apporter une rectification, <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une<strong>réponse</strong> est partiellement fondée et va dès lors condamner l’organisme producteur àdiffuser l’extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> sollicitée par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur concernant ce seul point. Cefaisant, le juge reste <strong>dans</strong> les limites <strong>de</strong> son pouvoir, en faisant en réalité partiellementdroit aux arguments <strong>de</strong> l’organisme producteur qui contestait le bien fondé <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>.9250. F. Jongen, « L’intervention du juge… », op. cit., n° 45, p. 300 ; Civ. Bruxelles (prés.), 12 février 1998,J.L.M.B., 199, p. 958.251. Civ. Bruxelles (prés.), 1 er septembre 2005, inédit, RG 05/4412/A, Féret/R.T.B.F.459


Les actions en cessationPar contre, <strong>de</strong> façon surprenante et contradictoire au regard <strong>de</strong>s considérationsprécitées reprises <strong>dans</strong> <strong>la</strong> décision, le juge va en définitive retrancher une partie <strong>de</strong>l’extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> qu’il estime fondé et, en outre, ajouter une précision qui ne figuraitpas <strong>dans</strong> le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>.<strong>La</strong> question <strong>de</strong> l’étendue exacte du pouvoir d’intervention du juge par rapportau texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong> reste donc incertaine en matière <strong>audiovisuelle</strong> 252 .SECTION 3Considérations finales81<strong>La</strong> procédure en <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong>compétence du prési<strong>de</strong>nt du tribunal <strong>de</strong> première instance <strong>de</strong> Bruxelles, siégeant aufond, selon les formes du référé n’entre manifestement pas <strong>dans</strong> le moule c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong>sactions en cessations. Elle suscite par ailleurs, on vient <strong>de</strong> le voir, <strong>de</strong> nombreusesquestions <strong>de</strong> procédure et présente <strong>de</strong> multiples chausse-trappes pour le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urinattentif.Sans doute le légis<strong>la</strong>teur a-t-il voulu éviter que cette procédure ne connaissetrop <strong>de</strong> succès, au détriment <strong>de</strong>s organismes producteurs, craignant que leurs programmesse voient réellement perturber si le droit <strong>de</strong> rectification était trop <strong>la</strong>rgement outrop facilement reconnu.S’il n’est pas certain que toutes les règles entourant l’exercice du droit <strong>de</strong><strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel soient parfaitement judicieuses et s’il semble que sur certainspoints, <strong>la</strong> copie du légis<strong>la</strong>teur (en ce compris les projets en cours) pourrait êtreaméliorée (j’ai essayé, lorsque ce<strong>la</strong> me paraissait nécessaire, <strong>de</strong> le souligner <strong>dans</strong> <strong>la</strong> présentenote), encore faut-il constater qu’en pratique, ce contentieux ne déchaîne pas lespassions. Bon an mal an, le nombre <strong>de</strong> procédures reste apparemment constant — et endéfinitive peu élevé —, tant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phase précontentieuse que <strong>dans</strong> l’éventuelle phasejudiciaire.Certes, quelques controverses subsistent, quelques particu<strong>la</strong>rismes étonnent.Avant toutefois <strong>de</strong> remettre toutes ces règles à p<strong>la</strong>t, notamment en vue d’unifier les<strong>de</strong>ux régimes <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>, et ainsi <strong>de</strong> risquer <strong>de</strong> modifier un certain équilibrequi manifestement a été trouvé en pratique, il importe que le légis<strong>la</strong>teur s’interrogesérieusement sur ce qu’il souhaite modifier, pourquoi et en quel sens.252. Un pourvoi en cassation ayant été introduit contre <strong>la</strong> décision du 1 er septembre 2005, notamment sur cepoint, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation aura peut-être prochainement l’occasion <strong>de</strong> se prononcer sur cette question.460


Annexe IAnnexe ITABLEAU RÉCAPITULATIF DES DEMANDES DE DIFFUSION D’UNERÉPONSE DONT LA R.T.B.F. A ÉTÉ SAISIE ENTRE 1995 ET 2005 253(RADIO ET TÉLÉVISION)1995Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 15 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 7<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées suivies d’une action comme en référé 5 condamnation partielle 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s acceptées avec contre-proposition acceptée 31. le juge ayant retranché une partie du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>114déboutéprocédure sans suite2211996Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 11 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 8<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées suivies d’une action comme en référé 3 condamnation partielle 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée avec contre-proposition acceptée 01. le juge ayant retranché une partie du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>101désistement211997Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 20 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 17<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée suivie d’une action comme en référé 0<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s acceptées avec contre-proposition acceptée 2<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée + information complémentaire diffusée spontanément 11649253. Les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s introduites en 2001 et 2002 n’ont pas fait l’objet d’un relevé systématique.461


Les actions en cessation1998Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 9 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 6<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées suivies d’une action comme en référé 2 débouté 2<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée avec contre-proposition <strong>la</strong>issée sans suite 11999Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 8 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 4<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée suivie d’une action comme en référé 1 condamnation partielle 1 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> d’information complémentaire <strong>la</strong>issée sans suite 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée + information complémentaire diffuséespontanément11. le juge ayant retranché une partie du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>2000Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 10 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 6<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée + complément d’information1PV <strong>de</strong> conciliation 1suivie d’une action en conciliationDeman<strong>de</strong> refusée suivie d’une action comme en référé 1Débouté 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> abandonnée 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée avec contre-proposition acceptée 12003Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 10 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 9<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée avec contre-proposition acceptée 172716482462


Annexe I2004Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 5 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 2Deman<strong>de</strong> refusée suivie d’une action comme en référé 1Débouté 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> abandonnée 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> acceptée avec contre-proposition acceptée 1200541Nombre total <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s : 10 en télévision :en radio :<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus 4Deman<strong>de</strong> refusée suivie d’une action comme en référé 5 condamnation partielle 1<strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> refusée avec complément d’informationdiffusé spontanément1. le juge ayant retranché une partie du texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réponse</strong>641déboutéprocédure abandonnée221COMMENTAIRESSur 98 <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s (soit, en moyenne, entre 10 et 11 <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s par an), seules 18 ont fait l’objetd’une action comme en référé et seules 7 actions ont abouti à une condamnation partielle <strong>de</strong> <strong>la</strong>R.T.B.F. à diffuser une <strong>réponse</strong>.Les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s refusées sans que le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur ne conteste le refus, l’ont été soit pour <strong>de</strong>s questions<strong>de</strong> forme (irrecevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>), soit pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> fond (absence d’élément erronéou attentatoire à l’honneur <strong>dans</strong> l’émission litigieuse ou <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s manifestement farfelues).Les informations couvrant « l’affaire Dutroux », au sens <strong>la</strong>rge, ont suscité un nombre important <strong>de</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s <strong>de</strong> <strong>réponse</strong>s. Ce qui explique sans doute en partie le nombre plus élevé <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en1997.9463


Les actions en cessation464Annexe IIBruxelles (8 e ch.), 14 septembre 1994, RG n° 879/94, Optic 2011/ A.P.O.B.(traduction libre)Vu le jugement rendu contradictoirement le 26 janvier 1994 par le prési<strong>de</strong>nt du tribunal<strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Bruxelles, siégeant comme juge <strong>de</strong>s cessations (…) ;(…)C. Recevabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>Attendu que l’appe<strong>la</strong>nte soutient que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> n’est pas recevable dès lors que auregard du prescrit <strong>de</strong> l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire, <strong>la</strong> cause a été inscrite tardivement au rôlegénéral ;Attendu que l’intimé soutient que l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire ne trouve pas à s’appliquerdès lors que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> concerne en l’espèce une action en cessation, qui, conformémentà l’article 100 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sur les pratiques <strong>de</strong> commerce, est introduite et instruite comme enréféré ; que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé ne doit pas être inscrite au rôle général ; qu’il suffit, conformémentà l’article 1035, alinéa 1 er , du Co<strong>de</strong> judiciaire qu’elle soit portée au jour et heure indiquéspar le règlement du tribunal, à l’audience qui est présidée par le prési<strong>de</strong>nt du tribunal oupar le juge qui le remp<strong>la</strong>ce ;Attendu qu’il ressort d’une lecture combinée <strong>de</strong>s articles 711 et 712 du Co<strong>de</strong> judiciaire,que les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référé et les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s sur requête sont inscrites à <strong>de</strong>s rôles particuliers,tandis que les autres affaires sont inscrites au rôle général ;Que <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en cessation n’est ni une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en référé, ni une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> sur requête,mais bien une <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> au fond (Cass., 15 décembre 1978, Pas., 1979, I, 460) et doit dès lorsêtre inscrite au rôle général ;Attendu qu’en vertu <strong>de</strong> l’article 716, alinéa 1 er , du Co<strong>de</strong> judiciaire, les causes sont inscritesau rôle général, au plus tard <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> l’audience pour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> citation a été donnée ; quele <strong>de</strong>uxième alinéa <strong>de</strong> cet article précise qu’aucune inscription n’est plus possible lorsque cedé<strong>la</strong>i est échu ;Qu’en l’espèce, l’appe<strong>la</strong>nte a été convoquée par citation, signifiée le 14 octobre 1993, pourcomparaître à l’audience du 20 octobre 1993 ;Qu’il n’est pas contesté que l’affaire a été inscrite au rôle général le jour même <strong>de</strong>l’audience d’introduction, à savoir le 20 octobre 1993, c’est-à-dire après l’expiration du dé<strong>la</strong>idéterminé par l’article 716, alinéa 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire ;Attendu que l’article 716, alinéa 3, du Co<strong>de</strong> judiciaire, prévoit un assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>règle précitée, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre peut autoriser l’inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong>cause au rôle général, le jour <strong>de</strong> l’audience même, pour autant qu’il existe <strong>de</strong> justes motifs etque cette inscription soit <strong>de</strong>mandée avant le début <strong>de</strong> l’audience ;Que l’article 716, alinéa 4, du Co<strong>de</strong> judiciaire précise que l’inscription est faite à <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> l’huissier instrumentant, <strong>de</strong>s parties intéressées, <strong>de</strong> l’avocat ou d’un porteur <strong>de</strong>pouvoir ;Qu’il faut dès lors admettre que ce sont les personnes précitées qui peuvent introduire <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>, évoquée ci-<strong>de</strong>ssus, auprès du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre, afin <strong>de</strong> faire inscrire l’affaire ;Qu’en l’espèce, il n’apparaît pas qu’une <strong>de</strong>s personnes précitées ait <strong>de</strong>mandé au prési<strong>de</strong>nt,avant le début <strong>de</strong> l’audience du 20 octobre 1993, <strong>de</strong> pouvoir encore inscrire <strong>la</strong> cause au rôle,ni qu’il existait <strong>de</strong> justes motifs pour accor<strong>de</strong>r cette autorisation ;


Annexe IIQue le simple fait que l’huissier ait omis <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>r l’inscription au rôle entre <strong>la</strong> date <strong>de</strong><strong>la</strong> signification et <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> l’audience d’introduction, ne constitue pas, en soi, un justemotif ;Attendu que le premier juge a estimé que l’affaire avait « apparemment » été inscrite aurôle le jour <strong>de</strong> l’audience, avant 9h00, en application d’une procédure d’origine prétoriennequi est instaurée au tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Bruxelles, à savoir :– les inscriptions pour l’audience qui commence à 9h00 sont encore acceptées jusqu’à 9h00au greffe, qui est ouvert à partir <strong>de</strong> 8h30 ;– <strong>de</strong> plus, il est présumé que le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre a donné son consentement à cetteinscription tardive, puisqu’il n’y a pas <strong>de</strong> raison apparente pour que cette autorisation soitrefusée ;– qu’après 9h00, l’affaire peut encore être inscrite, sous réserve <strong>de</strong> l’autorisation explicite duprési<strong>de</strong>nt, mais il ne pourra pas être pris défaut <strong>dans</strong> un cas pareil ;Qu’un tel règlement est contraire, sur plusieurs points, au prescrit du Co<strong>de</strong> judiciaire,notamment <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où :– en ce qui concerne les inscriptions avant 9h00, il n’est en réalité pas <strong>de</strong>mandé d’autorisationau prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre, mais au contraire, ces inscriptions sont faites d’office parle greffe ;– que l’existence <strong>de</strong> justes motifs pour pouvoir inscrire <strong>la</strong> cause hors dé<strong>la</strong>is est présumée, sansplus ;– que l’inscription est encore autorisée quant elle est <strong>de</strong>mandée après le début <strong>de</strong> l’audiencepour <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> citation a été signifiée ;Attendu que, conformément à l’article 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire, <strong>la</strong> cause qui n’a pas été inscriteau rôle général pour l’audience indiquée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> citation, est <strong>de</strong> nul effet ;Que cette disposition précise <strong>la</strong> sanction applicable lorsque <strong>la</strong> cause n’est pas inscrite aurôle conformément à l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire et notamment lorsqu’elle n’est pas inscrite<strong>la</strong> veille <strong>de</strong> l’audience d’introduction ou le jour même <strong>de</strong> cette audience pour autant quecette inscription soit <strong>de</strong>mandée avant le début <strong>de</strong> l’audience et que le prési<strong>de</strong>nt l’ait autoriséepour <strong>de</strong> justes motifs (Fettweis, A., Manuel <strong>de</strong> procédure civile, 1985, n° 258) ;Que l’intimé soutient à tort que l’article 717 du Co<strong>de</strong> judiciaire concerne une hypothèsedifférente <strong>de</strong> celle qui est prévue par l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire, notamment quandl’affaire est inscrite au rôle général d’une autre instance que celle <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle il a été cité ;Attendu que <strong>la</strong> sanction du non-respect <strong>de</strong> l’article 716 du Co<strong>de</strong> judiciaire n’est pas <strong>la</strong> nullité<strong>de</strong> <strong>la</strong> citation, nullité qui est régie par les articles 860 et suivants du Co<strong>de</strong> judiciaire ;Que l’article 717 Co<strong>de</strong> judiciaire prescrit explicitement <strong>la</strong> sanction, à savoir que <strong>la</strong> citationn’est « d’aucune valeur » (« gener waar<strong>de</strong> »), en d’autres termes, qu’elle ne peut pas remplirson rôle d’acte introductif <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause, que le juge n’est pas saisi <strong>de</strong> façon régulière, qu’il n’esttout simplement pas saisi (Van Reepinghen, Rapport sur <strong>la</strong> réforme judiciaire, pp. 302 et 303) ;Attendu que <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong>, il s’ensuit que l’appel principal est fondé ;Par ces motifs,(…),réforme le jugement attaqué en ce qu’il a déc<strong>la</strong>ré <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> recevable (…) ;jugeant à nouveau,déc<strong>la</strong>re que <strong>la</strong> citation signifiée à l’appe<strong>la</strong>nte le 14 octobre 1993 est <strong>de</strong> nul effet (generwaar<strong>de</strong>) ; Qu’en conséquence, le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> n’est pas recevable.9465

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!