Les actions en cessationIl ressort <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier arrêt que, pour être va<strong>la</strong>blement accomplie, <strong>la</strong> mise aurôle implique nécessairement le paiement <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffe. En d’autres termes, uneinscription d’une cause introduite au rôle général du tribunal <strong>de</strong> première instance nesera va<strong>la</strong>blement effectuée que pour autant qu’elle intervienne au plus tard <strong>la</strong> vieille <strong>de</strong>l’audience d’introduction (sous réserve <strong>de</strong> l’exception prévue par l’article 716 du Co<strong>de</strong>judiciaire) et à condition que les droits <strong>de</strong> mise au rôle aient été va<strong>la</strong>blement payés. Enl’espèce, il s’agit <strong>de</strong>s droits « pleins ».Ce<strong>la</strong> signifie que si <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> en droit <strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel a étéintroduite par erreur en référé et inscrite au registre particulier <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>s en référéet non au rôle général, mais que le juge considère qu’il est bien saisi au fond <strong>dans</strong> lecadre <strong>de</strong> sa compétence <strong>de</strong> pleine juridiction, au vu <strong>de</strong> l’exposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> tel qu’ilressort <strong>de</strong> l’acte introductif d’instance, le juge ne pourra pas inviter le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur àrégu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> mise au rôle. Puisque, par <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s choses, cette régu<strong>la</strong>risation, quinécessiterait, d’une part, une nouvelle inscription <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au rôle général du tribunalet, d’autre part, le paiement du complément <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> greffes, n’interviendraque postérieurement à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> l’audience d’introduction.Le juge ne pourra donc que constater, <strong>dans</strong> cette hypothèse, l’absence d’effet <strong>de</strong>l’acte introductif sur sa saisine et, en conséquence, le caractère non avenu <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> 167 .C’est donc en vio<strong>la</strong>tion manifeste du prescrit <strong>de</strong>s articles 716 et 717, tel que confirmépar <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation, que les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong> première instanceautorisent les <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>urs à régu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> procédure par le simple paiement du complément<strong>de</strong>s droits dus.49En réalité, seule une application stricte <strong>de</strong> l’article 88, § 2, du Co<strong>de</strong> judiciaire permetd’éviter ce problème et d’échapper à <strong>la</strong> sanction.Dans le jugement déjà cité du 11 janvier 2002 168 , le juge <strong>de</strong>s référés précise quenonobstant le pouvoir qu’il s’arroge <strong>de</strong> statuer lui-même sur l’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition,« <strong>la</strong> difficulté pour le juge <strong>de</strong>s référés rési<strong>de</strong> en ce qu’il ne pourrait, par le biais d’un tel renvoiou d’une telle régu<strong>la</strong>risation, transformer une saisine ‘au provisoire pour une cause prétendumenturgente’ en une saisine’ au fond’. <strong>La</strong> portée <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision (ordonnance oujugement) est en effet radicalement différente ».Ce point <strong>de</strong> vue ne me paraît pas fondé. <strong>La</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> saisine et, partant, <strong>de</strong><strong>la</strong> mise au rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause ne se pose plus si le juge procè<strong>de</strong> correctement à l’inci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> répartition puisque <strong>dans</strong> ce cas, après qu’il ait été saisi <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt par le juge <strong>de</strong>sréférés, le prési<strong>de</strong>nt du tribunal ordonnera le renvoi <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause au juge à qui elle auraitnormalement dû être distribuée, renvoi auquel il convient d’appliquer mutatis mutandis167. Si l’on peut admettre, avec A. Fettweis (Manuel <strong>de</strong> procédure civile, 2 e éd., 1987, p. 213) que <strong>la</strong> sanctionest sévère, c’est au légis<strong>la</strong>teur — et non au juge — <strong>de</strong> <strong>la</strong> modifier.168. Civ. Bruxelles (réf.), 11 janvier 2002, inédit, RR n° 2001/1839/C, www.juridat.be.438
<strong>La</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>diffusion</strong> d’une <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>presse</strong> <strong>audiovisuelle</strong><strong>la</strong> règle <strong>de</strong> l’article 662, alinéa 1 er , du Co<strong>de</strong> judiciaire qui précise qu’après renvoi aujuge, en cas d’inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> compétence, « <strong>la</strong> cause est inscrite d’office et sans frais au rôledu juge <strong>de</strong> renvoi » 169 . Ce qui est <strong>de</strong> règle pour un problème <strong>de</strong> compétence entre plusieursjuridictions doit trouver à s’appliquer pour un problème <strong>de</strong> distribution au seind’une même juridiction 170 .50Dans sa note d’observation déjà citée, F. Jongen ironise sur les retards qu’engendre untel inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition 171 . L’obligation <strong>de</strong> statuer « toutes affaires cessantes » ne dispensetoutefois pas les cours et tribunaux d’appliquer les règles <strong>de</strong> procédure civile quirégissent l’introduction et l’instruction <strong>de</strong>s causes, spécialement lorsqu’il s’agit, commeen l’espèce, <strong>de</strong> règles d’ordre public. Le retard <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>réponse</strong>, provoqué par un éventuel inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> répartition, ne résulte, il convient <strong>de</strong> lerappeler, que <strong>de</strong> « l’erreur » commise par le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur (ou ses mandataires : avocat ouhuissier) <strong>dans</strong> <strong>la</strong> détermination du juge saisi.E. Le prési<strong>de</strong>nt statue en <strong>de</strong>rnier ressort - Justifications -Critiques5152Une autre particu<strong>la</strong>rité qui distingue l’action « comme en référé » en matière <strong>de</strong> droit<strong>de</strong> <strong>réponse</strong> <strong>dans</strong> l’audiovisuel, <strong>de</strong>s autres procédures « comme en référé », est que <strong>la</strong>décision du prési<strong>de</strong>nt est rendue en <strong>de</strong>rnier ressort.Si <strong>la</strong> loi a expressément exclu <strong>la</strong> possibilité d’interjeter appel 172 , par contre, <strong>la</strong>décision rendue par défaut est susceptible d’opposition. Toutefois, dérogeant encore audroit commun, celle-ci doit être formée « <strong>dans</strong> <strong>la</strong> quinzaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification » <strong>de</strong> <strong>la</strong>décision 173 .L’absence d’appel n’est nullement une caractéristique <strong>de</strong>s procédures « comme enréféré ». Au contraire, « en règle générale, les décisions rendues en premier ressort <strong>dans</strong>une procédure « comme en référé » sont susceptibles d’appel et d’opposition suivant lesmêmes règles que les ordonnances <strong>de</strong> référé ordinaires » 174 . <strong>La</strong> doctrine n’a relevé qu’un169. En ce sens, H. Bou<strong>la</strong>rbah, « L’introduction <strong>de</strong> l’instance… », op. cit., n° 23, p. 72.170. D’autant plus que le même problème <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> greffe peut se poser en cas d’application <strong>de</strong> l’article 660C. jud. Par exemple, <strong>dans</strong> l’hypothèse où <strong>la</strong> cause a été initialement introduite <strong>de</strong>vant le tribunal du travail (juridiction<strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle aucun droit <strong>de</strong> greffe n’est dû) et est ensuite renvoyée, pour incompétence, <strong>de</strong>vant letribunal <strong>de</strong> commerce, où le <strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong></strong>ur aurait dû, s’il avait saisi directement le juge compétent, payer un droit<strong>de</strong> rôle « plein ».171. F. Jongen, « Toutes affaires cessantes », op. cit., p. 900.172. Loi du 23 juin 1961, article 12, al. 3.173. Loi du 23 juin 1961, article 12, al. 5.174. Ch. Daclq, « Les actions ‘comme en référés’ », op. cit., p. 189.9439