2CHAPITRE 1Utilisation <strong>de</strong>s coupes forestières dans la forêtboréale par l’ours <strong>noir</strong>INTRODUCTIONLa forêt boréale est présentement sous exploitation intensive au Québec. La principaletechnique utilisée <strong>pour</strong> y récolter <strong>de</strong> la matière ligneuse est la coupe à blanc.Traditionnellement, la coupe à blanc correspondait à <strong>de</strong>s coupes totales. Cependant, au cours<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, il est <strong>de</strong>venu obligatoire d’assurer la protection <strong>de</strong>s sols et <strong>de</strong> larégénération préétablie (Gouvernement du Québec, 1996). Ces coupes sont donc maintenantconnues sous l’appellation <strong>de</strong> coupe avec protection <strong>de</strong> la régénération et <strong>de</strong>s sols (CPRS).Pour la forêt boréale, ces coupes peuvent atteindre 150 ha d’un seul tenant et sonthabituellement séparées entre elles par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 60 m <strong>de</strong> largeur (Gouvernement duQuébec, 1996). Les coupes forestières atteignent donc souvent <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s superficies etmodifient considérablement le paysage. L’influence <strong>de</strong> ces changements sur l’utilisation du
3territoire par l’ours <strong>noir</strong> (Ursus americanus) est cependant peu connue. L’objectif <strong>de</strong> cetteétu<strong>de</strong> était donc d’i<strong>de</strong>ntifier les facteurs qui déterminent l’utilisation <strong>de</strong>s coupes à blanc parl’ours <strong>noir</strong>.On peut considérer l’ours <strong>noir</strong> comme étant un omnivore dont le régime alimentaireest principalement composé <strong>de</strong> végétation. Partout dans son aire <strong>de</strong> répartition, les mêmespréférences alimentaires se <strong>de</strong>ssinent (Boileau et al., 1994; Elowe et Dodge, 1989; Hatler,1972; Holcroft et Herrero, 1991; Irwin et Hammond, 1985; Jonkel et Cowan, 1971; Juniper,1978; Kasbohm et al., 1995; Lan<strong>de</strong>rs et al., 1979; Larivière et al., 1994; Lindzey et Meslow,1977; Lindzey et al., 1986; Maehr et Brady, 1984; Noyce et Garshelis, 1997; Rogers, 1987;Rudis et Tansey, 1995; Schwartz et Franzmann, 1991; Unsworth et al., 1989; Young et Ruff,1982). Au printemps, l’ours <strong>noir</strong> se nourrit surtout <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> graminées et <strong>de</strong> plantes ouarbres ayant <strong>de</strong>s feuilles larges. À l’été, ce sont les petits fruits qui composent la plus gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong> son régime alimentaire. Pendant l’automne, ce sont les fruits durs, comme les faînes,les glands et les noisettes, qui sont le plus consommés. Dans la forêt boréale, la majorité <strong>de</strong>ces fruits durs ne sont toutefois pas disponibles. Dans ce cas, l’ours <strong>noir</strong> continue <strong>de</strong> se nourrir<strong>de</strong> petits fruits (Boileau et al., 1994; Holcroft et Herrero, 1991; Kasbohm et al., 1995;Schwartz et Franzmann, 1991; Young et Ruff, 1982). Irwin et Hammond (1985) rapportentque plus <strong>de</strong> 65% du volume <strong>de</strong>s fèces d’automne était constitué <strong>de</strong> petits fruits dans une forêten haute altitu<strong>de</strong> au Wyoming. Les ours dépen<strong>de</strong>nt gran<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s petits fruits <strong>pour</strong>constituer les réserves nécessaires <strong>pour</strong> la reproduction et l’hibernation, surtout dans lesendroits où la nourriture à forte concentration énergétique est rare ou absente (Welch et al.,1997). L’ours <strong>noir</strong> adapte donc son régime alimentaire en fonction <strong>de</strong> ce qui est disponible(Maehr et Brady, 1984).De façon générale, les activités humaines ont beaucoup d’effets sur l’habitat <strong>de</strong> l’ours<strong>noir</strong> (Mattson, 1990). Dans le cas <strong>de</strong>s coupes à blanc dans la forêt boréale, ces changementssont probablement bénéfiques puisqu’elles représentent <strong>pour</strong> l’ours <strong>noir</strong> un lieu à hauteproduction <strong>de</strong> petits fruits. Irwin et Hammond (1985) notent que <strong>de</strong>s coupes forestières,situées en haute altitu<strong>de</strong> au Wyoming, contiennent un grand nombre d’espèces pouvantproduire <strong>de</strong>s petits fruits consommés par l’ours <strong>noir</strong>. Rudis et Tansey (1995) affirment que les