13.07.2015 Views

Frontalier magazine N° 110 - Groupement transfrontalier européen

Frontalier magazine N° 110 - Groupement transfrontalier européen

Frontalier magazine N° 110 - Groupement transfrontalier européen

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

www.frontalier.orgEn toute libertéSi chacun se dit heureux d’un développement qui ne pourra quedynamiser ce bassin <strong>transfrontalier</strong>, beaucoup de décideurs enFranche-Comté espéraient que les chômeurs en profiteraientd’abord. Sinon qu’ils seraient les seuls concernés. Certes, Tag Heuer,qui porte son propre projet dans le village limitrophe de Chenevez,avec 150 créations de postes, a prévenu qu’ils n’entendait pas quel’Etat ou des collectivités françaises se mêlent de ses affaires en Suisseet qu’il recruterait ses collaborateurs en toute liberté, en fonction deses besoins. Avec diplomatie, il a aimablement ajouté que celabénéficiera aux territoires des deux versants de la frontière. Legroupe Swatch, pour sa part, n’étant pas opposé à des échanges« raisonnables », le préfet Christian Decharrière et la présidente duconseil régional, Marie-Guide Dufay, ont constitué une cellule deveille pour répondre à l’appel à l’aide du président de l’Union desindustries et métiers de la métallurgie du nord Franche-Comté, GillesKohler. « S’ils recrutent des chômeurs, je ne peux qu’applaudir », avaitdéclaré celui-ci au quotidien romand Le Temps, le lundi 12 décembre2011. « Mais le risque est bien réel de voir partir en Suisse nos ouvriersqualifiés ». L’homme avait énuméré quelques-uns de cesemplois précieux et difficiles à remplacer qu’il voulait conserveren France : conducteurs de commandes numériques, usineurs,décolleteurs… une liste quasi identique à celle des « compétences »recherchées pour son « parc industriel » en gestation par le groupeSwatch dans sa publicité.Quoi qu’il en soit, le dispositif adopté avec l’accord du groupeSwatch devrait limiter les désagréments. Son maître d’œuvre, c’estPôle Emploi. Son credo, c’est de privilégier la reconversion par laformation. Sa méthode, c’est le recrutement par simulation. « Nouscommençons par procéder à des analyses fines des postes proposés,explique Christine Clémencier, directrice de Pôle Emploi à Belfortet Delle. Nous repérons les habiletés qu’ils requièrent. Nousconstruisons des tests pour identifier dans nos fichiers les demandeursd’emploi qui les ont, tests que nous validons ensuite prèsd’opérateurs déjà en poste au sein de la division ETA-Swatch.Lorsque leur efficacité est démontrée, nous les faisons passer auxcandidats possibles. Ce qui signifie que nous ne travaillons pas àpartir du CV mais des capacités réelles des personnes, qu’elles soientinnées, acquises dans une expérience professionnelle ou dans la pratiqued’un loisir ».Aptitude à la mobilitéCes postulants « présélectionnés » sont présentés à la direction desressources humaines du groupe Swatch qui, de son côté, décide s’ilssont susceptibles ou non d’intégrer leurs ateliers et donc s’il estopportun de les inscrire à l’un des modules de formation misen place et communs à la France et à la Suisse. Si un demandeurd’emploi dispose déjà de compétences significatives, l’horloger peutle dispenser de l’étape préliminaire et le former lui-même dans lecadre d’un tutorat dans l’une ou l’autre de ses unités en Suisse, ce quiimplique une aptitude à la mobilité. Ceux qui sont pris en chargedans le dispositif piloté par le Conseil régional, financé par cettecollectivité et par Pôle Emploi à hauteur de 100 000 € chacun à cestade, ont le statut de stagiaires de la formation professionnelle ettouchent une indemnité. Cette méthode innovante de sélection parsimulation « a été reconnue par la Halde, car elle est ouverte à toutle monde, sans aucune discrimination liée à l’âge, au sexe, auparcours antérieur », se félicite Christine Clémencier.Sur les 280 premiers demandeurs d’emploi « repérés » dans lesfichiers, 107 ont adhéré au projet, dont 27 % de jeunes de moins de26 ans et 15 % de seniors, et plus de 50 % ont passé avec succès letest de capacités. La DRH du groupe Swatch et les responsables dela formation les ont rencontrés, quelques-uns ont été recrutésdirectement pour un tutorat et trente autres entreront en formationprès de leur domicile. Ils ont été dix fin mai, dix suivront débutseptembre, dix autres fin novembre. « Nous allons accompagner lamontée en puissance de Swatch qui se fera sur plusieurs années »,souligne la directrice Pôle Emploi de Belfort et Delle. Au départ, celleciavait prévu de ne pas publier d’offres avant d’avoir « épluché » sesfichiers de demandeurs en attente, pour donner toute leur chanceà ces derniers. Sans contester cette philosophie sociale, ETA-Swatch,avec sa fameuse page de publicité, a rappelé qu’il ne s’interdisait paspour autant d’élargir la quête.Contretemps pour Tag HeuerC’est une mésaventure dont la marque aurait volontiers faitl’économie. Sur le chantier de sa manufacture à Chevenez,près de Boncourt, qui emploiera de 100 à 150 personnesdont 50 % de frontaliers courant 2013, une pelleteuse a misau jour des vestiges archéologiques de l’âge du fer. Il ne s’agitque des restes d’un feu et de quelques poteries, selon ladirection, mais les travaux de terrassement ont été aussitôtsuspendus sur instruction des services de la République etCanton du Jura. Le temps, pour les spécialistes, de déterminers’il ne s’agit que de traces isolées ou si elles sont révélatricesde la présence d’un site à préserver, ce qui serait une mauvaisenouvelle pour Tag Heuer. L’arrêt du chantier, selon cequ’il en adviendra, durera entre six semaines et trois mois.Juin 2012 - <strong>Frontalier</strong> <strong>magazine</strong> N° <strong>110</strong> 27

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!