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Frontalier magazine N° 110 - Groupement transfrontalier européen

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PORTRAIT FRONTALIERCatherine Aebischer, journalisteOn les croise tous les jours au volant d’un bus, aux guichets d’une banque ou dans les couloirs d’un hôpital. Ils, elles sont lesfrontalier(e)s ordinaires avec leur vécu, leurs difficultés et leurs passions et racontent leur itinéraire qui est aussi un peu le nôtre.Hervé JacommeA 54 ans, il commence avec plaisir une nouvelle vie : celle de frontalier !C’est par le plus grand des hasards qu’Hervé est devenu frontalier. Ce Franc-Comtois étaitemployé dans un groupement de recherches contre l’exclusion, une grosse structured’insertion installée dans le Doubs à Roche-lez-Beaupré. Elle fait travailler 136 personnes,réparties en trois pôles : bâtiment et travaux publics, hébergement et restauration, petitemécanique. C’est de cette dernière section qu’Hervé était responsable. Il voulait faire connaîtresa structure auprès d’entreprises suisses, dans le domaine de l’horlogerie haut de gamme etcette prospection a porté ses fruits. En tout cas pour lui, puisqu’il s’est fait embaucher àBallaigues (canton de Vaud) et qu’il est désormais responsable d’un atelier de roues et pignonspour l’horlogerie. Et le voilà prêt à travailler jusqu’à 65 ans… « au moins, parce qu’avec lesnouvelles législations à venir… Mais les collègues sont sympathiques, le rythme de travail agréableet l’entreprise a su garder les traditions de l’industrie horlogère. »Ce micro-mécanicien sait de quoi il parle. Après des études à Besançon, à l’école nationaled’horlogerie, devenue depuis lycée Jules Haag, il travaille dans plusieurs entreprises de micromécaniquequi, hélas, ferment souvent leurs portes. La dernière, où il était resté 26 ans, a suivile même chemin. Il a néanmoins su rebondir et il s’est retrouvé au Gare, groupement d’insertion,où il a fait preuve de créativité et d’inventivité dans les offres de formation proposées, enouvrant la structure à de nouveaux marchés.« Après 34 ans de travail en France, me voici désormais devenu frontalier !» La semaine, Hervéréside à Métabief, où il possède un petit chalet ; le week-end, il rejoint sa famille à Besançon,à moins que sa femme ne vienne le retrouver pour partager les joies de la randonnée ou lessoirées avec les copains au chalet. « Finalement, cela n’a pas changé grand-chose à notre modede vie. La semaine, on se voyait peu, on partait très tôt (sa femme, Marie-Jo, travaille à l’agencerégionale de santé, à Besançon), on revenait très tard. Là, quand on se retrouve le week-end,on a beaucoup à se dire et on apprécie encore plus. »Son arrivée en Suisse n’a pas été difficile : « Pendant cinq ans, j’avais travaillé sous la houletted’un patron suisse, j’allais souvent à La Chaux de Fonds ; dans ce domaine d’activité et danscette région, on a l’habitude de travailler avec les Suisses. Par contre, ce qui risque d’être unpeu compliqué, ce sont les déclarations d’impôts. Dès demain, j’adhère au G.T.E., car j’auraibesoin de conseils éclairés, au moins au début. » Autre nouveauté, qu’il découvre : « les joiesdes bouchons. Chaque matin, les quelque dix kilomètres qui me séparent de mon lieu detravail, on roule au pas. Mais cela se passe tranquillement, chacun s’y attend et a calculé sesdéplacements en fonction. L’hiver, bien sûr, il y a la neige ou le verglas, mais, ici, on esthabitué et équipé. »Quand il ne travaille pas, ce fervent de nature fait des raquettes (il a arrêté le ski après unaccident), cherche –et trouve- des champignons, surtout des morilles au mois d’avril et s’adonneà sa passion du bricolage. Il voit aussi régulièrement ses deux filles, l’une installée en Moselle,l’autre dans le Sud. Des filles qui découvrent un nouveau père, tout à sa joie d’être frontalier et,surtout, de pouvoir démarrer une nouvelle carrière à 54 ans. « Une opportunité qui ne se seraitjamais présentée en France et qu’on apprécie d’autant plus parce que l’on sait que c’est unechance rare. »42 <strong>Frontalier</strong> <strong>magazine</strong> N° <strong>110</strong> - Juin 2012

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