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L’enfant de cet âge se met à faire <strong>un</strong> certain travail – peut-être absurde aux<br />
yeux de l’adulte – mais ceci n’a auc<strong>un</strong>e importance ; il faut qu’il mène son<br />
activité jusqu’au bout. Il y a <strong>un</strong> besoin vital d’achèvement de l’action et si on<br />
brise cet élan des déviations se manifestent par rapport à la normalité et<br />
l’enfant est sans but. On attache maintenant beaucoup d’importance à ce<br />
cycle d’activité qui est <strong>un</strong>e préparation indirecte <strong>pour</strong> l’avenir. Tout au long<br />
de la vie les hommes se préparent indirectement <strong>pour</strong> l’avenir et l’on a<br />
remarqué que, <strong>pour</strong> ceux qui ont fait quelque chose de grand, il y a eu <strong>un</strong>e<br />
période de travail préparatoire, pas nécessairement dans le même domaine<br />
que le travail final mais, dans <strong>un</strong> domaine quelconque, <strong>un</strong> effort intense qui a<br />
permis la préparation nécessaire de l’esprit et cet effort doit atteindre son<br />
plein développement – le cycle doit s’achever. Les adultes ne devraient donc<br />
pas intervenir <strong>pour</strong> arrêter <strong>un</strong>e activité enfantine, aussi absurde soit-elle, tant<br />
qu’elle ne met pas trop en danger la vie ou les membres ! Il faut que l’enfant<br />
accomplisse son cycle d’activité jusqu’au bout.<br />
Cette activité se manifeste de bien des manières intéressantes : l’<strong>un</strong>e<br />
consiste à porter des objets beaucoup trop lourds <strong>pour</strong> lui et sans auc<strong>un</strong>e<br />
raison apparente. J’ai vu <strong>un</strong> jour, chez <strong>un</strong>e amie, <strong>un</strong> bébé qui transportait<br />
péniblement de lourds tabourets, <strong>un</strong> par <strong>un</strong>, d’<strong>un</strong> bout de la pièce à l’autre.<br />
Les enfants de cet âge vont porter des choses, aller et retour, indéfiniment<br />
jusqu’à ce qu’ils soient fatigués. La réaction ordinaire de l’adulte est de<br />
s’apitoyer sur la faiblesse de l’enfant et d’aller à son aide en lui prenant<br />
l’objet lourd ; or les psychologues ont trouvé que le fait d’interrompre le<br />
cycle d’activité choisi par <strong>un</strong> enfant, est l’<strong>un</strong>e des plus importantes<br />
répressions à cet âge et source de difficultés <strong>pour</strong> après. Un autre effort favori<br />
c’est de grimper les marches des escaliers <strong>pour</strong> monter à l’étage supérieur,<br />
car arrivé en haut il lui faut revenir au point de départ <strong>pour</strong> compléter le<br />
cycle. J’ai vu <strong>un</strong> enfant grimper <strong>un</strong> escalier très raide, chaque marche arrivait<br />
au milieu du corps de l’enfant ; il devait se servir de ses deux mains <strong>pour</strong> se<br />
hisser et puis exécuter <strong>un</strong> mouvement tournant des jambes dans <strong>un</strong>e position<br />
plus que difficile, mais il a eu assez de persévérance <strong>pour</strong> arriver en haut,<br />
quarante-cinq marches ! Alors il se retourna <strong>pour</strong> regarder ce qu’il venait de<br />
réaliser, perdit l’équilibre et tomba à la renverse au bas de l’escalier. Il était<br />
recouvert d’<strong>un</strong> épais tapis, aussi y eut-il peu de mal, et après le dernier cahot,<br />
quand il arriva en bas, son point de départ, il se retrouva face à nous dans la<br />
pièce. Nous pensions qu’il allait crier mais au lieu de cela il riait, tout
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